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Bacon, le film en version intégrale

L'ONF nous offre sur son site web l'intégrale du documentaire d'Hugo Latulippe, Bacon, le film.

Mes 2 citations préférées:

* Selon le Barreau du Québec, la loi 23 est une exception importante au régime normal de démocratie (61:44).

* Arretez de croire que l'on vous a élu pour assurer la compétitivité au niveau international […], on vous a élu pour gérer le bonheur des citoyens au maximum possible (79:00).

Pour une mise à jour sur le dossier du porc au Québec, vous pouvez lire l'article Coup de pouce aux producteurs de porcs publié sur Cyberpresse le 17 août 2009.

Les symptômes de la grippe H1N1

Les symptômes de la grippe H1N1 sont les mêmes que pour une grippe normale:

Symptômes de la grippe
Fièvre Habituelle
Entre 38 °C et 40 °C
(entre 100,4 °F et 104 °F)
Début soudain
Durée de 2 à 5 jours
Toux Habituelle
Durée d’environ 1 semaine
Maux de têtes Habituels et parfois intenses
Douleurs et courbatures Habituelles et parfois intenses
Fatigue intense Quelques jours
Peut parfois se prolonger
Nausées et vomissements Habituels surtout chez l’enfant de moins de 6 ans
Congestion nasale et écoulement du nez Rares
Éternuements Rares
Mal de gorge Rare
Douleur thoracique Habituelle et parfois intense

Source:
Santé et Service sociaux du Québec. Grippe A(H1N1) - Ce que vous devez savoir, ce que vous devez faire pour protéger votre santé et la santé des autres (document PDF). Consulté le 29 juillet 2009.

Liens complémentaires:
* Pandémie Québec, gouvernement du Québec.
* COMBATTEZLAGRIPPE.CA, Agence de la santé publique du Canada.

Projet de loi 51 du ministre de la Famille et des Aînés

Karine Leroux a utilisé la close sur les contribubeurs de ptaff.ca qui stipule que ptaff.ca encourage les auteurs à joindre ses rangs; il suffit d'une idée originale et d'un appétit pour le travail bien fait.

Je recopie son texte ici. Les hyperliens sont de l'éditeur.

Le ministre de la Famille et des Aînés, M. Tony Tomassi, a déposé le 13 mai 2009 le projet de loi numéro 51 visant la modification de la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance.

Ce projet de loi comporte des éléments très positifs concernant la reconnaissance des droits des RSG (Responsable de Service de Garde) et l'amélioration de leurs conditions d'exercice. Par contre, ce projet de Loi transforme "les besoins des enfants" par "les besoins des RSG" et fait voler en éclat la structure administrative (CPE-Bureaux coordonnateurs (BC)) dans laquelle les RSG exercent leurs fonctions. Cette même structure a été instaurée il y a seulement 3 ans! Tout le monde (personnel du BC et
parents membres du CA) avaient travaillé d'arrache-pied afin de mettre cette structure en place.

Le travail effectué a été colossal et très bien fait. Cette nouvelle façon de faire avait atteint sa vitesse de croisière et tout le monde s'entendait pour dire que c'était une excellente formule. Bref, il n'y a aucune raison de changer un système qui fonctionne à merveille.

Ce qui nous pend au bout du nez: Une baisse dans la surveillance, l'encadrement et la formation des RSG (bref un service de garde de moins bonne qualité). Il y aura alors émergence de deux réseaux de garde parallèles, à deux vitesses: celui des CPE et celui de la garde en milieu familial. De plus, la coût de la nouvelle structure est évalué à 12 millions de dollars par année. Ce montant pourrait servir à subventionner 1200 nouvelles places… Pouvons-nous nous permettre de cracher sur ces places dans le seul et unique but de brasser du papier et des organigrammes? Je ne crois pas!

En tant que maman, je suis très inquiète de toutes les répercussions que ces modifications pourraient avoir sur la qualité des services de garde en milieu familial. De plus, le Ministre propose de tout chambouler les structures administratives et ce sans aucune raison.

Ces changements seront tout aussi coûteux qu’inutiles. C’est pourquoi je vous demanderais de copier-coller la lettre qui suit et de l’envoyer au Ministre Tomassi.

Nous devons nous mobiliser RAPIDEMENT afin de faire renverser la vapeur. Envoyez ce message à tous ceux que vous connaissez et qui ont les enfants à cœur.

Merci !
Karine Leroux

Présidente du CA du CPE Tchou-tchou

Lectures complémentaires:
* La gestion entraînée par la loi 51 coûtera l'équivalent de 1200 places en garderie, selon l'AQCPE, Le Soleil, 24 mai 2009
* La qualité des services de garde en milieu familial menacée, Presse Canadienne, 21 mai 2009

Envoyer à ministre.famille@mfa.gouv.qc.ca

Monsieur Tomassi, Ministre de la Famille et des Aînés,

Étant donné votre projet de loi no51, je vous écris afin de vous demander

* de ramener les enfants au cœur de votre projet de loi.

* de ne pas toucher à la structure CPE-Bureau coordonnateur.

* d'utiliser les sommes d'argents ainsi économisés afin de subventionner l’équivalent d'un millier de places supplémentaires par année.

Merci,

Votre nom, pour qui le sort des enfants est important

1965: Le syndicalisme selon René Lévesque

Ce film, intitulé Le "vrai" syndicalisme, pourquoi?, a été donné à la Cinémathèque québécoise qui l'a restauré. Par la magie de l'internet, nous pouvons aujourd'hui écouter René Lévesque nous faire un exposé magistral sur sa vision du syndicalisme. C'était en 1965.

Une bonne partie de l'analyse de Lévesque tient toujours la route quarante ans plus tard, notamment lorsqu'il parle de l'anonymat des propriétaires d'entreprises.

Et il a une belle calligraphie le bougre.

Aidons le Canada à fonctionner

Vendredi 5 décembre 2008. En me rendant à mon travail, j'ai la surprise de voir cette affiche sur un poteau:

Aidons le Canada à fonctionner.
Aidons le Canada à fonctionner.
Devenons indépendants

Étonnement. Je m'approche pour voir qui est à l'origine de cette publicité et je lis la sibylline signature suivante:

Initiative populaire pour l’indépendance du Québec
Initiative populaire pour l'indépendance du Québec
Prenez. Imprimez et diffusez cette affiche!

Mon internet à moi ne contient rien avec la chaîne de caractères «Initiative populaire pour l'indépendance du Québec». Je suppose que ce sont des gens qui désiraient demeurer anonymes.

J'en arrive à la conclusion, une fois n'est pas coutume, que la politique fédérale est excitante et soulève les passions, d'un océan à l'autre.

Élections du Québec 2008: le nom des partis politiques

En vu du scrutin du 8 décembre 2008 pour les élections du Québec, j'ai reçu ma carte de rappel du Directeur général des élections du Québec. Sur cette carte, on retrouve le nom des candidats, ainsi que le nom du parti auquel ils appartiennent, de ma circonscription tels qu'ils apparaîtront sur le bulletin de vote.

Un aspect des noms des partis politiques a marqué ma curiosité. Ils peuvent être classés selon les catégories suivantes.

Les noms unilingues français

  • Parti québécois
  • Québec solidaire
  • Parti marxiste-léniniste du Québec
  • Action démocratique du Québec/Équipe Mario Dumont

Les noms bilingues

  • Parti vert du Québec/Green Party of Quebec
  • Parti libéral du Québec/Quebec Liberal Party

Le nom de parti incluant le nom du chef

  • Action démocratique du Québec/Équipe Mario Dumont

Il y a aussi un nom sans parti, j'en déduis que c'est un indépendant.

Le libellé pour le nom du parti indique quelle est la population visée, francophone dans tous les cas et anglophone pour seulement 2 partis. L'ADQ souvent accusé d'être le parti d'un seul homme voit cette réalité se refleter dans le nom du parti indiqué sur les bulletins de vote.

Position des partis politiques du Québec sur les logiciels libres

Dans le cadre de la Conférence sur le logiciel libre dans l'administration publique (CLLAP) qui a eu lieu les 9 et 10 octobre 2008 dans la ville de Québec, les partis politiques du Québec ont été invités à venir préciser leur position face aux logiciels libres.

Cinq formations politiques avaient été invitées: le Parti Québécois, le Parti libéral du Québec, le Parti Vert du Québec, l'Action Démocratique du Québec et Québec solidaire.

Québec solidaire a décliné l'offre, disant qu'ils n'avaient pas eux de discussions sur ce sujet et qu'ils ne pouvaient donc pas avoir de position.

L'Action Démocratique n'a pas répondu à l'invitation.

Les 3 autres partis politiques ont envoyé des représentants pour s'exprimer sur la question.

Étant sur place et ne reculant devant aucune difficulté technologique, j'ai filmé les allocutions inaugurales des représentants de ces 3 partis. L'ordre de présentation a été déterminé au sort, je vous les présente en respectant cet ordre.

Le Parti libéral du Québec

Représenté par monsieur Henri-François Gautrin, député de Verdun.

Le parti Vert du Québec

Représenté par monsieur François Bédard, candidat dans Charlesbourg-Haute-Saint-Charles.

Le Parti Québécois

Le Parti Québécois, représenté par madame Marie Malavoy, député de Taillon.

Pourquoi les Italiens de Montréal parlent-ils anglais?

C'est vrai ça. Pourquoi les Italiens de Montréal parlent-ils anglais? Parce qu'à bien y penser, ils sont catholiques, les quartiers où ils ont d'abord émigré étaient dans la partie francophone de Montréal (Petite Italie et Saint-Léonard) et, linguistiquement parlant, l'italien est plus proche du français que de l'anglais.

En cherchant la réponse à cette question, je me suis rendu compte qu'une bonne partie de l'histoire qui répond à cette question illustre bien l'histoire du Québec du XXe siècle. Une réponse en trois partie:
1. Première vague d'immigration italienne
2- Deuxième vague italienne: l'après-guerre
3- De la loi 63, à loi 22, à la loi 101

Les extraits proviennent des 2 livres intitulés « Histoire du Québec contemporain ». Les références complètes sont dans la section Références à la fin du billet. J'indique de quelles pages sont tirées les extraits au début de chacune des trois sections.

1. Première vague d'immigration italienne

Tome I: pp. 60-61

Le Québec ne compte que peu d'Italiens au 19e siècle. Il s'agit surtout d'hommes d'affaires ou d'artisans statuaires trouvant un bon marché pour leurs produits dans les églises et les institutions religieuses. Ce noyau initial donnera à la communauté ses premiers notables. Vers la fin du siècle, toutefois, s'amorce un changement important avec le début d'immigration de masse. C'est l'époque où les Italiens, tout en continuant à fournir une abondante main-d'oeuvre à l'Europe du Nord, commencent à prendre la route des Amériques et de l'Océanie. Ceux qui viennent au Québec ne représentent qu'une mince partie de ce vaste mouvement migratoire, qui amène des millions d'Italiens, surtout en provenance du Sud, à fuir la mise qui règne dans leur pays.

Le flux migratoire vers le Québec est amorcé par des agents d'emploi fournissant aux grandes compagnies de chemins de fer les milliers de manoeuvres dont elles sont besoin en cette période d'intense construction. Eux-mêmes originaires d'Italie, ils y recrutent des paysans espérant accumuler le capital nécessaire à l'achat d'une terre et qui voient leur migration comme temporaire. Ces agents d'emploi, les padroni, exploitent de multiples façons une main-d'oeuvre connaissant mal les conditions prévalant dans le pays d'accueil. Le plus célèbre est Antonio Cordasco, que ses hommes consacrent roi des travailleurs italiens de Montréal en 1904. Ses agissements provoquent d'ailleurs, la même année, la mise sur pied d'une commission d'enquête par le gouvernement fédéral.

Avec les années, au fur et à mesure que les effectifs de la communauté italienne augmentent, le monopole des padroni s'effrite. La migration s'organise de plus en plus dans le cadre de réseaux familiaux, ceux qui sont déjà installés à Montréal faisant venir leurs parents et leurs amis et les prenant en charge à leur arrivée. On assiste ainsi, comme le souligne l'historien Bruno Ramiez, au passage de la migration temporaire à l'installation permanente. En témoigne la création successive par l'Église catholique, en 1905 et 1910, de deux paroisses nationales pour les Italiens. La population d'origine italienne de Montréal atteint déjà 7000 en 1911 et plus de 20 000 en 1931. Elle vient principalement de deux régions du sud de l'Italie, le Molise et la Campanie. La majorité des nouveaux venus sont des travailleurs agricoles sans qualifications professionnelles; au Québec, ils occupent surtout des emplois de manoeuvres dans la construction. Au début, la migration est essentiellement masculine. Les nouveaux venus qui choisissent de s'installer font ensuite venir leur épouse ou leur fiancée. Mais avec le temps, comme le montre l'historienne Sylvie Taschereau, une proportion croissante d'immigrants épousent des jeunes filles d'origine italienne nées ou élevées au Québec. Ainsi se complète la transition d'une communauté immigrante à une communauté ethnique. En effet, même si les Italiens ont, dans leurs principaux lieux d'implantation, des institutions qui leur sont propres, églises, épiceries, cafés, ils s'insèrent dans la société ambiante et, d'Italiens, deviennent des Québécois d'origine italienne. Ils constituent le deuxième groupe en importance, après les Juifs, qui ne soit pas d'origine française ou britannique.

À la fin de cette période, Mussolini, au pouvoir en Italie depuis 1922, cherche à étendre son emprise sur la diaspora. Une partie de la communauté s'identifie au fascisme, ce qui est source de tensions et de divisions et entrainera l'internement d'un certain nombre de personnes pendant la Deuxième Guerre mondiale.

2- Deuxième vague d'immigration italienne: l'après-guerre

Tome II, pp. 221-222

Les pays d'origine de ces nouveaux Québécois sont beaucoup plus variés qu'avant la guerre, alors que 40% de tous les immigrants venaient des Îles britanniques; cette proportion n'est plus que de 18% dans l'après-guerre. Ce sont maintenant les Européens du Sud qui forment les contingents les plus importants: ils représentent 32% des étrangers qui s'installent au Québec entre 1946 et 1960, les italiens comptant à eux seuls pour plus de la moitié de ce groupe. Le visage du Québec, et en particulier celui de Montréal, est fortement transformé par cette vague d'immigration […]. Notons seulement, pour l'instant, que la proportion de Québécois nés à l'étranger passe de 5,6% en 1951 à 7,4% en 1961.

Ne voyant pas l'importance du phénomène et ne se sentant nullement concerné par l'intégration des immigrants, l'État québécois ne dispose d'aucune structure d'accueil officielle. Ce sont les communautés elles-mêmes qui se chargent de recevoir et d'aider les nouveaux venus. Les Juifs de Montréal, par exemple, ont des organismes communautaires et des associations bénévoles qui s'occupent de rapatrier les victimes du nazisme et de leur prêter main forte pour leur établissement au pays. Pour d'autres groupes, l'entraide repose souvent sur les réseaux de parenté ou sur les solidarités villageoises: parmi les immigrants italiens, par exemple, beaucoup viennent rejoindre des membres de leur famille ou de leur village d'origine déjà installés dans certains quartier de Montréal, et qui les aident à se trouver un logement ou un emploi et à s'habituer à leur nouvel environnement. Les divers communautés de Néo-Québécois ont aussi leurs paroisses nationales et leurs organisations.

Même s'ils ont tendance à vivre entre eux et à se regrouper dans certains quartiers de la métropole où ils conservent leur langue et leurs usages, les Néo-Québécois, de façon générale, choisissent de s'intégrer au groupe anglophone. Souvent mal informés de l'existence d'une majorité francophone au Québec avant leur départ pour le Canada, ils sont amenés, par leur désir de mobilité sociale et de réussite, à opter pour la langue la plus prestigieuse à leurs yeux, car elle est celle de la majorité du continent et du groupe qui, au Québec même, domine la vie économique. Pour les Italo-Montréalais, qui envoient leurs enfants dans les écoles catholiques, l'après-guerre marque à cet égard un net renversement d'attitude, la grande majorité choisissant maintenant l'instruction en anglais, contrairement à ce qui se passait jusque-là. Il faut dire, toutefois, que le système d'enseignement francophone se montre peu ouvert aux immigrants, et même carrément hostile aux non-catholiques, même s'ils sont de langue française.

3- De la loi 63, à loi 22, à la loi 101

Tome II, pp. 603-605

La crise éclate à Saint-Léonard, en banlieue de Montréal, où la minorité d'origine italienne envoie ses enfants dans des classes dites bilingues où près des trois quarts des cours sont donnés en anglais. En 1967, les commissaires d'école décident que les classes bilingues seront remplacées par des classes unilingues francophones. Des Italo-Québécois résistent à cette mesure et créent la Saint Leonard English Catholic Association of Parents. En retour, des francophones mettent dur pied le Mouvement pour l'intégration scolaire (MIS). La bataille se déroule sur plusieurs fronts à la fois: auprès du gouvernement, devant les tribunaux, dans les médias et même dans la rue. Une manifestation organisée à Saint-Léonard par le MIS, en 1969, tourne à l'émeute. Chaque groupe obtient des appuis de l'extérieur et le conflit prend une envergure nationale.

Dès les événements de Saint-Léonard , les enjeux sont posés. D'un côté, les tenants du libre choix veulent laisser tous les parents du Québec libres de choisir la langue d'enseignement de leurs enfants. De l'autre, les partisans de l'unilinguisme français veulent imposer l'école française à tous, bien que certains soient prêts à reconnaître des droits acquis à la minorité d'origine britannique. À la primauté des droits individuels s'oppose ainsi la primauté des droits collectifs. Les Italo-Québécois sont à la fois acteurs et enjeux de ce confilt. Ils défendent des positions qui leur sont propres, en choisissant l'anglais pour leurs enfants et en s'opposant à une attitude qui leur semble discriminatoire puisqu'elle leur imposerait un traitement différent de celui des Britanniques. En même temps, ils se trouvent impliqués dans un conflit qui n'est pas d'abord le leur: la lutte de pouvoir entre Canadiens anglais et Canadiens français. Les premiers les utilisent comme troupes de choc pour défendre leurs propres intérêts, alors que les seconds veulent les intégrer à l'univers francophone ou à tout le moins les empêcher de grossir les rangs des anglophones.

Après une première tentative en 1968, le gouvernement unioniste de Jean-Jacques Bertrand intervient en faisant adopter, en 1969, la loi 63 qui consacre le principe du libre choix tout en proposant des mesures incitatives pour promouvoir l'usage du français dans la société. Cette orientation est vivement contestée dans les milieux nationalistes francophones. Un Front du Québec français s'organise et mène une vigoureuse campagne d'opinion publique. À l'Assemblée nationale, quatre députés mènent la lutte au projet de loi 63, alors que dans les rues de nombreuses manifestations ont lieu. Cette agitation contribue à la défaite du gouvernement Bertrand.

Le nouveau premier ministre, Robert Bourassa, décide d'attendre, avant d'intervenir dans ce domaine, le rapport de la Commission d'enquête sur la situation de la langue française et sur les droits linguistiques au Québec, créée en 1968 par son prédécesseur, et présidée par le linguiste Jean-Denis Gendron. Le rapport n'est déposé qu'à la fin de 1972. La commission fait un grand nombre de recommandations sur plusieurs aspects de la question linguistique. La première donne le ton à l'ensemble: «Nous recommandons que le gouvernement du Québec se donne comme objectif général de faire du français la langue commune des Québécois, c'est-à-dire, une langue qui, étant connue de tous, puisse servir d'instrument de communication dans les situations de contact entre Québécois francophones et non francophones.» La commission s'intéresse particulièrement au monde du travail qu'il importe de franciser. Elle affirme que le gouvernement a tous les pouvoirs pour légiférer en matière de langue d'enseignement mais ne propose pas de politique à cet égard.

S'inspirant du rapport Gendron, le gouvernement Bourassa fait adopter en 1974 le projet de loi 22 qui consacre le français comme la langue officielle du Québec et qui veut lui assurer la primauté dans le monde du travail et dans plusieurs secteurs d'activité. Le libre choix de la langue d'enseignement est désormais limité: seuls les enfants pouvant témoigner, au moyen de tests, de leur connaissance de l'anglais auront accès à l'école anglaise. L'adoption de la loi 22 relance la bataille linguistique: les groupes nationalistes et indépendantistes lui reprochent d'accorder trop de privilèges à l'anglais et de ne pas affirmer suffisamment les droits du français, alors que de ce nombre anglophones l'attaquent pour les raisons inverses. Les tests linguistiques deviennent bientôt, aux yeux des anglophones et des allophones, le symbole de l'autoritarisme francophone et de l'inégalité de traitement dont ils se sentent victimes. Pour la deuxième fois, en 1976, la question linguistiques contribue à la défaite d'un gouvernement.

Arrivés au pouvoir, les péquistes de René Lévesque présentent à leur tour, en 1977, leur solution. La loi 101 va plus loin que la loi 22 dans l'affirmation de primauté du français au travail et sur la place publique. Elle restreint encore plus l'accès à l'école anglaise. Elle est surtout beaucoup plus contraignante que la précédente. Adoptée après un long et houleux débat à l'Assemblée nationale, la loi 101 jouit d'un solide appui dans l'opinion publique francophone. Elle est cependant combattue énergiquement par les dirigeants anglophones et allophones. Regroupés au sein de l'organisation Alliance Québec, ceux-ci choisissent de contester la loi devant les tribunaux et réussissent à en faire invalider plusieurs parties. Même si la question linguistique continue à susciter des débats, les données du problème ont changé car vers la fin des années 1970, les francophones sont plus solidement établis aux commandes de l'économie et de la société qu'ils ne l'étaient une décennie plus tôt.

Références

Histoire du Québec contemporain, tome I, De la Confédération à la crise (1867-1929), Linteau-Durocher-Robert, Boréal compact, Montréal, 1989, ISBN 2-89052-297-0

Histoire du Québec contemporain, tome II, Le Québec depuis 1930, Linteau-Durocher-Robert-Ricard, Boréal compact, Montréal, 1989, ISBN 2-89052-298-9

Le nouveau dépanneur

Le dépanneur est un endroit où, tout comme vous probablement, je me retrouve pratiquement quotidiennement pour tous mes petits achats. C'est au coin de la rue, c'est pratique et il y en a partout.

Or, depuis mai (juin?) 2008, le look du dépanneur a énormément changé. Il y a deux choses qui sont survenues, pratiquement en même temps.

Les panneaux gris dissimulant les cigarettes

Les paquets de cigarettes sont maintenant dissumulés de la vue du client, obligeant le caissier à faire une quête en soulevant multiples panneaux de plastique gris pour trouver la marque demandée par le client.

En même temps que les cigarettes ont disparu de le vue des clients, des écrans plats qui tentent de nous vendre un petit extra ou d'autres produits de Loto-Québec sont apparus. Est-ce une tactique marketing de Loto-Québec pour passer inaperçu et éviter un débat? Pourrait-on vraiment croire que la simultanéité de ces deux événements est due au hasard? N'est-ce pas justement là l'expertise de Loto-Québec, de prévoir le hasard?

Écran plat de Loto-Québec pour de la publicité

Je doute que notre dépanneur du coin subisse un changement d'une aussi grande ampleur dans les prochaines décennies.

Maurice Duplessis et l'éducation religieuse

Voici un discours de Maurice Duplessis, fait à Sainte-Anne-de-la-Pocatière en 1959, portant sur le rôle de l'Église dans l'éducation.

Voici la transcription de son discours (l'hyperlien est de moi):

Monseigneur, il me fait plaisir comme premier ministre de la province, comme citoyen, et je suis sûr de représenter l'opinion de tout le monde ici, de remercier notre clergé, le clergé du diocèse, pour le rôle indispensable qu'il a joué dans tous les paliers, à tous les paliers de l'enseignement et particulièrement dans le domaine de l'enseignement agricole.

Ils font erreur, grave erreur, ceux qui préconisent la neutralité de l'enseignement. Il ne peut être question de neutralité entre le vrai et le faux, entre le bien et le mal! Il ne peut être question de neutralité dans le domaine de l'éducation parce que la principale lumière, qui répand de la vie, qui permet de voir dans le domaine éducationnel, c'est la lumière éternelle!

Ça me renverse qu'il ait fallu attendre à septembre 2008 pour que l'école soit finalement laïque. Des fois ça prend du temps, faut croire.

Je tiens, sincèrement et chaleureusement, à rendre hommage aux personnes qui ont mené ce combat au cours de toutes ces décennies pour sortir la religion du système de l'éducation.

Qu'est-ce que remplacera les cours de religion? Écoutez la réforme de l'enseignement religieux, une entrevue à la radio de Radio-Canada de Georges Leroux, professeur de philosophie à l'UQAM.

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