dans l'histoire québécoise il va sans dire.
Je sais pas pour vous, mais dans mon imaginaire à moi, le Québec avec fait
son cash avec les grands projets exploitant les ressources naturelles. Ma
vision doit être d'autant plus biaisé que venant du Saguenay, tout le
monde travaille soit pour Alcan, soit pour une papetière.
La vérité est beaucoup plus nuancé que cela. En fait, la production
manufacturière, essentiellement basé à Montréal et dans ses environs,
était une composante plus qu'importante dans l'économie québécoise. En
1900, les industries les plus importantes étaient:
1- Aliment et boisson (pensez Molson et Redpath), 22%;
2- Articles du cuir (je ne comprends toujours pas comment la chaussure a
pu être aussi importante) 13,7% ;
3- Vêtements, 11,1%;
4- Produit du bois, 11,0%;
5- Produit du fer et de l'acier 8,6%;
Le pourcentage indique le ratio par rapport à la valeur totale de ce que
produise les industries au Québec.
Le tableau que je présente ici est la situation qui prévaut en 1900. Les
années qui suivent voient le top 10 changer (notamment une chute des
"articles du cuir" de la deuxième à la dixième place) mais, pour les
années précédantes, à aucun moment les grandes industries exploitant les
ressources naturelles n'ont eu plus d'importance.
Le tout a changé lors de l'apparition de l'hydro-électricité. L'énergie
étant plus coûteuse (sinon impossible) à déplacer sur de longues distances
que les matières premières, les grandes industries vinrent s'installer
près des régions productrices (Shawinigan, Montréal, Saguenay). Une fois
rendu là, ils faisaient une première transformation que je qualifierais de
grossière (lingots d'aluminium, rouleau de papier journal) avant de les
expédier à l'étranger (la plupart au states) où les transformation
ajoutant une valeur (édition pour le papier par exemple).
Ce type de production, tout comme celui qui prévalait avant
(manufacturier) à la caractéristique de demander une main-d'oeuvre
abondante et peu dispendieuse, main-d'oeuvre incarner par le
canadien-français.
Petite digression.
Il est choquant de lire à quel point nous fûmes exploités. On a tendance à
blâmer le régime catholique et/ou les anglais pour une telle exploitation.
L'Église catholique avait tout intérêt à maintenir le canadien-français
dans un état de soumission, l'homme n'est-il pas né pour souffrir? et
d'ignorance; elle gardait ainsi le contrôle sur le peuple. Le beau de
l'affaire c'est que cette volonté allait dans le même sens que ceux des
hommes d'affaires qui, comme je viens de le montrer par la ventilation des
principales industries, avait aussi intérêt à garder le canadien-français
dans un état "primitif" au niveau des aspirations et de son éducation.
Il suffit de dire, pour expliquer tant d'années d'exploitation, que les
hommes d'affaires (qui ne sont pas exclusivement anglophones, la petite
bourgeoisie canadienne-française y trouve aussi son compte) sont les mêmes
qui occupent toute la scène politique pour voir qu'il ne pouvait pas se
passer grand chose.
Je vous laisse sur l'élément déclancheur de ce courriel, le paragraphe
d'introduction du chapitre 19, La production manufacturière (p.425):
« À cause du caractère nouveau et parfois spectaculaire de leurs
installations et en raison de leur implantation dans les régions neuves,
les entreprises liées à l'exploitation des richesses naturelles provoquent
l'intérêt, sinon la fascination des contemporains. Les historiens n'y ont
pas échappé et plusieurs d'entre eux ont eu tendance à ramener
l'industrialisation québécoise à ces seuls secteurs et à voir dans leur
implantation le signe du démarrage industriel. Il s'agit là d'une vision
pour le moins tronquée de l'histoire économique québécoise.
Comme nous l'avons vu, pendant la seconde moitié du 19e siècle, le Québec
s'est doté d'une structure manufacturière qui s'appuyait principalement
sur l'industrie légère (chaussure, textile, vêtement) et secondairement
sur l'industrie lourde (fer et acier, matériel de transport). Or cette
structure antérieure ne disparaît pas au 20e siècle. Elle connaît des
réaménagements importants et, si sa place dans l'ensemble diminue, elle
n'en continue pas moins à dominer la production manufacturière. »
Miguel