Permettez-moi de vous soumettre ce courriel fleuve en ce vendredi.
J'ai la chance, j'insiste, la chance de faire environ 2 heures de
transport en commun par jour. Ça laisse beaucoup de temps pour la lecture
et peu d'hommes dans notre société peuvent se le permettre. Je suis un de
ceux-là et j'en suis très content.
Laissez-moi vous partager un peu de cette connaissance.
Ayant fini la lecture du premier tome de notre (Québec) histoire
contemporaine, je me suis lancé dans mon prochain livre qui était sur la
pile:
Free Culture
How big media uses technology and the law to lock down culture and control
creativity.
Auteur Lawrence Lessig
On y apprend entre autre que dans le texte original de la Constitution
américaine, le copyright (qui ne portait alors que sur la copie) des
livres (seulement les livres) était de 14 ans, renouvable 1 fois pour un
total de 28 ans. Il fallait s'enregistrer, ce qui permettait de construire
une archive puisqu'il fallait donner un copie de l'ouvrage à l'organisme
qui s'occupait de la chose, pour profiter de la protection et il fallait
faire la demande pour profiter de l'extension. Sinon, le tout devenait du
domaine public.
Aujourd'hui, toute création tangible qui est produite par quiconque est
automotiquement protégée par le copyright, que soit présent ou absent le
mot "copyright" ou le fameux "c" dans un cercle, non seulement pour la
copie mais également pour tout travail dérivé (derivative work). Le tout
automatiquement pour une période de 95 ans. Y a quand même une différence.
Le beau de l'affaire, c'est que l'existance de l'ordinateur n'est pas
tenu en compte. Prenez ce courriel par exemple, c'est une de mes
créations. Vous êtes en train de le lire, vous avez donc fait une copie de
ce courriel quelque part sur votre ordinateur. Vous êtes donc susceptible
de vous faire poursuivre par moi-même pour violation de copyright.
Vous pourriez me taxer de fieffé moron si j'agissais de la sorte et vous
pourriez plaider le "fair use". Vous avez raison, sauf que le "fair use"
est maintenant l'utilisation de facto alors qu'auparavant, il s'agissait
d'une zone grise rarement utilisée. Et quiconque utilise un travail en
plaidant le "fair use" peut être poursuivi et devra justifier en quoi il
s'agit d'un fair use. Qui dit poursuite dit avocat dit $. Si vous vous en
prenez a une mega-corp ou plutôt si une mega-corp s'en prend à vous, elle
vous mettra sur la paille.
Poussons le delire un peu plus loin. Mettons que les courriels aient un
format propriétaire (lotus-note?) et que tous les logiciels qui font des
courriers électroniques permettent de choisir une option qui bloque le
"copier" à partir d'un courriel si la personne qui l'a envoyé le décide.
Mettons que j'envoie une copie d'un texte qui est du domaine publique, une
poème de Nelligan tient. Si vous voulier le copier, puisque c'est du
domaine publique, mais que j'ai coché la case pour que vous ne puissiez
pas le copier. Que pourriez-vous faire? Hacker le code ? Vous n'avez pas
le droit, il y a du copyright sur le code. Vous êtes fourré. Le cas dont
je parle ici existe déjà et il y a un cas fameux entre Adobe qui a fait un
e-book avec Alice aux pays des merveilles, bloquant toute copie ou
redistribution.
Ceci ne pourrait arriver avec le bon vieux format papier, puisque
1- Il n'y a pas de copie si vous faites suivre la lettre (ou du livre);
2- Il n'y a pas de technologie qui contrôle ce que je fais avec la lettre.
Je peux être poursuivie en justice si j'enfreins la loi mais je ne peux
être contrôlé.
Je vous laisse deviner quel est la solution à cette emprise des
entreprises sur le contenu et sur la manière dont il est diffusé.
Fas-ci-nant comme livre. Des heures de plaisirs.
Miguel.