Bonjour à tous,
Voici ma réplique a Yannick. Notez que ce courriel a été écrit avant
celui de Marcelin Joanis donc ca se recoupe par moment. Le courriel de
Marcelin a l'avantage d'être plus "focus".
En ce jour 2005-01-23 17:39 Yannick Lemieux ecrivit,:
>Je vous réfère encore au document de 70 pages du Fraser Institute.
>quelque citations concernant le point négatif mentionné dans le
>reportage, sur la probable diminution de la sélection des choix. en
>fait c'est tout le contraire qui est arrivé.
>
>"At the time of privatization, there were
>1,957 SKUs listed in the general stock, specialty stock, and expanded specialty
>stock catalogues and carried in the ALCB warehouse (see table 5).21
>There were also
>reported to be 1,221 SKUs carried in the warehouse as part of the
>Agent's Listing Program
>that were not listed in the stock catalogues. By December 1994 the number of
>SKUs in the ALCB warehouse had increased to 3,857. By December 1995
>the number of
>SKUs in the ALCB warehouse had increased further to 4,513. Some
>product categories,
>like wine, scotch, and rum, had double the SKUs in December 1995 compared to
>October 1993. Other product categories, like beer, gin/tequila/other
>spirits, liqueur,
>and coolers/cider, had substantially more than double (quadruple in
>the case of beer)
>the SKUs in December 1995 compared to October 1993."
>
>Sur la bière...
>
>"Next, consider Canadian beer. In October 1993, there were 42 brands
>of Canadian beer
>and 70 SKUs, produced by six different breweries. In December 1995,
>there were 114
>different brands of Canadian beer (a 171 percent increase), and 257
>SKUs (a 267 percent
>increase), produced by 20 different breweries (a 233 percent increase).
La situation albertaine par rapport à la bière ne s'applique pas
totalement au Qc car la distribution de bière canadienne au Qc est
privé. D'ailleurs on ne trouve presque pas de bière du ROC au Qc. Pourquoi?
>In terms of the impact that privatization has had on product
>selection, then, for a sample
>from 100 private liquor stores across Alberta, the average number of
>SKUs per private
>liquor store is higher than the weighted average number of SKUs per
>ALCB store.
C'est bien mais l'échantillonage de liquor stores privés n'est que de
100 alors qu'il y en a plus de 1000 maintenant. Cette échantillonage
limité est comparé à l'ancien réseau public au complet. Je ne remets pas
en doute cette conclusion mais disons qu'elle dépend beaucoup de
l'échantillonage choisi des liquor stores privés.
> Product
>selection in Calgary and Edmonton stores is greater than in stores in
>the rest of
>Alberta in every product category, but particularly in the wine
>category. The number of
>SKUs available at the ALCB warehouse has more than doubled under
>privatization, and
>this increase reflects both an increase in the number of brands in
>particular product
>classes, and an increase in the variety of package sizes."
>
>Aussi:
>
>"Overall product selection available in the warehouse has
>substantially increased.
>Post-privatization product selection in retail stores is higher, on
>average, in Alberta
>and there are now likely to be private liquor stores with perhaps
>triple the product
>selection of the larger, government-owned liquor stores."
La situation du Québec actuel est-elle comparable à celle de l'Alberta
pré-privatisation ou post-privatisation?
Quelle est la sélection de produits disponibles?
Voyons voir.
La vente d'alcool:
Selon le recensement de 2001, il y avait au Québec 5 945 905 personnes
de 15ans et +, et en Alberta, 2 357 230.
Selon les chiffres du Recensement 2001 (dernier recensement disponible)
au Qc la consommation de vin par personne de 15 ans et + était de 16.7
L/an et en Alberta de 13.6 L/an. A noter que ca fait du Québec et de
l'Alberta les buveurs de vin #2 et #4 par tête de pipe au Canada (le #1
étant le Yukon, le Yukon est le champion canadien toutes catégories de
consommation d'alcool). Pour la bière c'est Québec #2 et Alberta #3,
pour le fort c'est Alberta #9 (8 L/an) et Québec #12 (3.6 L/an). De
plus, en moyenne, le québécois dépensait 605$/an en boisson et
l'albertain 572$/an. Donc selon le recensement, la population du Québec
dépense en moyenne 3.4 milliard de dollars en boisson et l'Alberta 1.3
milliard de dollars.
Si on se fie à l'orgie de chiffre que je viens de vous servir. Le Québec
boit plus que l'Alberta. Donc on peut penser qu'une privatisation de la
SAQ ne se traduirait pas par une forte hausse de la consommation (et des
ventes) car nous buvons déjà beaucoup. Dans ce sens, on pourrait dire
que le système public albertain n'était pas aussi bon que le système
public de la SAQ. Donc la privatisation a probablement bénéficié aux
albertains car leur système public était poche.
Selon les chiffres d'octobre 2004
(http://www.gaming.gov.ab.ca/who/before_after.asp), les revenus de
ventes d'alcools en Alberta s'élevait à 1.5 milliard de dollars. En 1993
avant la privatisation, on parlait de 1.045 milliard de dollars (si on
tient compte de l'inflation on parle de 1.3 milliard de dollars de
2004). Ce qui fait qu'en dix ans, les revenus de l'alcool on augmenté de
15%. Dans le but de faire une comparaison juste avec la SAQ, excluons
les bières du calculs (qui ne sont pas monopole SAQ). Ca donne 563
millions pour 1993 (avec inflation de 2%/an, 700 millions de 2004) et
762 millions pour 2004. Donc une augmentation de 8% des revenus. N.B. Je
pense que les chiffres de l'Alberta sont des revenus bruts, donc
incluant les taxes. Comme je ne suis pas certain, je n'ai pas fait de
modification aux données. C'est une variable de plus dans la comparaison.
Selon le rapport annuel 2004 de la SAQ, les revenus nets des ventes
d'alcool sont de 1.83 milliards de dollars (j'ai exclu les 240 millions
de dollars des ventes de bières importées). En 1995 (le plus loin que
j'ai trouvé), les revenus nets de la SAQ (sans les bières imp.) donnait
918 millions de dollars (avec infl. 1.14 milliard). On a une
augmentation de 60%.
Il est évident que la croissance de la SAQ est assez phénoménale. Ya pas
à dire, c'est une société d'état qui semble bien géré et qui rapporte
beaucoup. C'est certain qu'en temps que monopole, les prix sont
probablement gonflés mais pas au point de faire une différence entre 60%
et 8%? Je ne pense pas. Donc, la SAQ semble (commercialement) torcher la
distribution privé de l'Alberta.
Prix de détails pour des articles comparables: Là on parle d'une étude
sérieuse, pas d'un dimanche soir devant son écran...
Sélection de produits:
Selon les données 2004 de l'Alberta, il y aurait 12 296 produits
alcoolisés vendus dans la province.
Après un appel au service à la clientèle de la SAQ, on m'a dit entre 4
et 5000 produits alcoolisés. Pas de chiffres exacts car le département
qui aurait pu me le dire est en grève. On peut effectivement penser
qu'une privatisation aurait comme résultat une plus grande diversité de
produits.
Selon les chiffres que j'ai trouvé, la SAQ est plus performante que le
privé albertain mais la sélection disponible est moins grande. Est-ce
que ca vaut la peine pour le gouvernement de vendre la SAQ alors qu'elle
est très profitable et compétitive? Après ma petite recherche, mon
opinion est non. Il me semble que la seule raison de vendre la SAQ est
d'ordre idéologique car ça ne fait pas de sens économique (pour le
gouvernement).
>Le reportage parlait de la perte de taxes que le gouvernement du
>Québec aurait à éponger (600 millions). Une conditions de la
>privatisation de la vente d'alcool en Alberta était qu'il fallait que
>cette privatisation n'ait pas d'effets sur les revenus que la province
>recevait des taxes sur l'alcool. L'étude du Fraser Institute nous
>montre avec chiffres a l'appui que la province ne percoit ni plus, ni
>moins de revenu en taxes, suite à la privatisation.
Le reportage ne parle pas de perte de taxes mais de pertes des profits
de la SAQ qui sont projeté à 600 millions pour 2005 selon le rapport
annuel 2004 de la SAQ. Je ne m'attendrais pas à une baisse de revenu des
taxes au Québec après une privatisation de la SAQ.
C'est certain que l'Alberta ne perçoit pas moins de taxes. Son seul
moyen de percevoir moins de taxes sur l'alcool, c'est de baisser les
taxes sur l'alcool.
>Et bon j'ai trouvé faible l'argument que le privé ne pense qu'aux
>profits. Le pense que le gourvement pense aussi aux profits, puisque
>le SAQ rapporte 600 millions par année...
Ca c'est vrai, et c'est sans compter les taxes. En tout ca fait prêt de
900 millions (600 de dividendes, et 300 de taxes). Mais c'est quand même
vrai que le but du privé c'est de faire des profits. Ca ne fait pas de
différence dans ce débat en particulier mais c'est vrai en général.
>Anyways, le dossier est compliqué et la lecture des 70 pages du Fraser
>Inst est intéressante.
1. Cette étude sur l'Alberta n'est pas nécessairement applicable en
totalité au Qc.
2. L'Institut Fraser est biaisé de manière générale envers la privatisation.
3. Corollaire de 2, pour avoir une idée plus compplète, il faut lire
d'autres études.
Voici un extrait d'un article trouvé dans Le Devoir
(http://www.ledevoir.com/2005/01/15/72623.html) qui cite d'autres
études. Je n'ai pas lu ces études car j'ai mis assez de temps sur ce
courriel. Je l'ajoute pour mettre du piquamt dans le débat.
Début de la citation:
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La seule province ayant privatisé les vins et spiritueux est l'Alberta,
passée à l'acte en 1993. Aujourd'hui, elle réglemente l'industrie, émet
les permis et récolte les revenus, tandis que le secteur privé fait
l'entreposage, la distribution et le détail. Si certains affirment qu'il
s'agit d'un succès, comme l'écrivait le Globe and Mail dans un éditorial
cette semaine, les études ne sont généralement pas aussi catégoriques.
Dans un volumineux rapport publié en juin 2003, le Canadian Centre for
Policy Alternatives et le Parkland Institute reconnaissaient que le
nombre de points de vente est passé d'environ 300 à 1000 et que le
nombre d'emplois est passé de 1300 à 4000. Or les salaires ont chuté de
14 $ à 7 $ l'heure, et les prix ont augmenté d'environ 5 % de 1993 à
1994 alors que l'inflation des prix de l'alcool, à l'échelle canadienne,
était presque nulle. Ils se sont par la suite stabilisés lorsque le
gouvernement a réduit certaines taxes.
De plus, le nombre de produits dans certaines succursales est restreint
car le propriétaire cherche avant tout à vendre des produits populaires
pour que cela soit rentable. Le rapport mentionne par ailleurs le danger
de voir les points de vente se regrouper pour éventuellement donner
naissance à des oligopoles de chaînes.
L'Alberta croyait économiser au moins 67 millions par année. Quant aux
revenus perçus par le gouvernement, ils sont demeurés stables de 1993 à
2001. Selon le rapport, si on tient compte de l'inflation et des
modifications fiscales, les pertes de revenus dans leur ensemble se
chiffrent à 500 millions de 1993 à 2002.
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Fin de la citation
Débat à suivre...
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