> Est-ce que quelqu.un qui s'y connait en P2P pourrait m'expliquer
> comment on va s'y prendre pour faire appliquer la loi. C'est à dire
> comment on va faire pour "pogner" quelqu'un qui télécharge via un P2P.
>
> 1. Est-ce techniquement faisable?

Théoriquement oui, dans la pratique non.

a) L'échange de fichier passe par différents protocoles (les plus
populaires, BitTorrent, eDonkey, Fasttrack) et ces échanges
s'identifient facilement sur un réseau. Pour faire une analogie, chacun
des paquets acheminés par internet est livré dans un type d'enveloppe
différent. Le web utilise des enveloppes jaunes, le courriel des
enveloppes bleues, BitTorrent des enveloppes brunes, etc.

On peut donc « tirer la plogue » sur certains types d'enveloppes, si on
a accès à tous les serveurs (« bureaux de poste ») qui relaient les
paquets. Pas facile mais faisable en théorie - si les fournisseurs
d'accès collaborent. Si toi et moi utilisons Sympatico dans le même
quartier, le nombre de relais ressemblera à 2 ou 3, ce qui rend tout
très difficile.

a') Les nouveaux protocoles changent plus vite que ce qui pourrait être
appliqué comme censure : Un peu comme les anti-virus jouent toujours à
rattraper les nouveaux virus.

D'appliquer des filtres demande beaucoup de traitement humain et
machine.


b) On tend de plus en plus à chiffrer les données, ce qui empêche les
« renifleurs » de savoir ce qui se promène. On aura beau dire « telle
machine a échangé 14 Gigabytes de stock avec telle machine », si on ne
peut connaître la nature de l'échange, on ne peut pas accuser.


c) L'échange passe souvent hors des frontières, et les législations
mondiales rendent tout très difficile à contrôler. Si toi et moi nous
connectons à un serveur au Népal, et échangeons via cette tierce partie,
le gouvernement canadien peut difficilement agir.


d) L'installation de logiciels-espions/DRM/backdoors sur les postes des
contribuables. Comme les paquets peuvent difficilement être analysés,
beaucoup plus facile d'entrer chez quelqu'un et de regarder ce qui se
passe quand il ouvre son paquet. On peut aussi, lors de la distribution
initiale d'une oeuvre à protéger, appliquer différents mécanismes pour
empêcher que ça fonctionne sur un autre poste.

Imagine un lecteur DVD que tu achètes par la poste, lorsque tu le
déballes il prend une photo de ton appartement et ensuite refuse de
fonctionner si tu es ailleurs que chez vous.

d') Ces méthodes - comme la protection physique des disquettes en 1988 -
sont vouées à l'échec. Il ne suffit que d'un codeur qui réussit à
détourner la protection et voilà, trop tard. Cherchez "Windows XP" sur
un logiciel P2P et vous en trouverez plein de versions qui ne subissent
pas la méthode de l'appareil photo. Même Microsoft -j'ai-des-moyens-
échoue lamentablement à ce jeu.

Quand au DRM, tant qu'il ne touchera pas le hardware, on peut rouler un
système d'exploitation libre et éviter ces tracas. Je n'ai même pas de
misère à imaginer dans quelques années, si microsoft réussit à implanter
son DRM tout partout, un LiveCD GNU/Linux destiné aux utilisateurs
Windows. Bootez le CD, téléchargez, brûlez, bonne journée.

> 2. Est-ce un procédé qui en vaut la peine? c'est à dire: est-ce
> qu''on peut le faire en utilisant minimum de ressources
> humaines/techniques/financière (bottom line: est-ce que ca en vaut
> la peine?)

Comme vu plus haut, coûteux et pas garanti - comme faire la chasse aux
gens qui conduisent en état d'ébriété. À moins d'arrêter et inspecter
CHAQUE VOITURE, on ne réussira qu'à en pincer quelques uns pour faire
peur aux autres. C'est d'ailleurs ça qui se passe tranquillement avec
le RIAA qui poursuit des gens pigés ça et là.

> 3. Est-ce que le colume d'échange est juste trop gros pour pouvoir
> l'analyser et faire le tri pour poursuivre les Canadiens seulement?

On estime à 33% (!!!) le trafic internet mondial utilisant BitTorrent.
On ne compte pas les autres protocoles d'échange, ÉNORME! Il faudrait
donc pratiquement renifler TOUT ce qui se passe sur internet.