Lundi prochain ce sera congé pour, au Canada, la fête de la Reine
et, au Québec, la Journée nationale des patriotes.
Ce jour des patriotes était auparavant la "fête de Dollard". On sait tous
à peu près ce qu'a fait Dollard (http://www.mef.qc.ca/Dollard.htm) et
pourquoi on (les Québécois) a décidé de fêter autre chose que la reine.
La question c'est "pourquoi avoir choisi Dollard?", et sous question,
pourquoi on a décidé de ne plus choisir Dollard mais plutôt les patriotes.
*Tout d'abord, réponse à la sous-question:
Selon l'OLF: « [...] des recherches historiques ont quelque peu terni
l'image de ce personnage légendaire, mort en 1660, et c'est sans doute un
peu pour cela que la fête de Dollard a été rebaptisée officiellement
Journée nationale des patriotes ».
*Attaquons-nous maintenant à la question principale. Pourquoi Dollard des
Ormaux ?
Je suis en train de lire le tome II de l'Histoire du Québec contemporain
et j'y ai trouvé la réponse ce matin. Vous me permettrez de citer le
contenu des pages 118-119. On est dans la section des années 1930-1945.
« Il est difficile de résumer la pensée corporatiste. Essentiellement,
elle vise à assurer l'ordre et la paix sociale par le moyen de la
concertation harmonieuse de tous les groupes sociaux, réunis dans autant
de "corporations" ou de "corps intermédiaires" voués à la poursuite de
bien commun. Ainsi, aux luttes de classes succéderait leur
"collaboration", puisque patrons et ouvriers d'un même secteur seraient
rassemblés dans une même corporation et travailleraient ensemble à
l'épanouissement de leur secteur comme à celui de toute la nation.
Celle-ci constituerait en quelque sorte la corporation des corporations,
représentée par un "Conseil économique et social" dont les membres
seraient à l'abri de tout esprit partisan comme de toute forme de
corruption. À la démocratie parlementaire, source de dissensions, le
corporatisme substituerait ainsi une société unanime, où chaque individu,
imprégné de la mystique nationale, se préoccuperait et en même temps
profiterait de l'harmonie et de la prospérité générales.
À travers le corporatisme s'expriment deux traits fondamentaux du
naionalisme traditionaliste. Le premier est le besoin d'ordre, la
volonté et la croyance en l'autorité comme principe organisateur. Dans le
Québec tel que rêvé par les nationalistes, tous seraient catholiques,
Canadiens français de sang et de langue, et respectueux des élites
religieuses et intellectuelles. Cette vision se traduit, chez beaucoup,
par le culte du Chef, l'attente d'un Mussolini ou d'un Dolfuss
canadien-français qui incarnerait l'essence de la nation et lui dicterait
les voies de son avenir. Le mythe de Dollard des Ormeaux, dont Groulx et
ses se font les ardents propagateurs, répond symboliquement à ce besoin. »
Delfuss:Engelbert Dollfuss (German: Dollfuß) (October 4, 1892 - July 25,
1934) was an Austrian politician and dictator.
Bref, suite à la promotion de Lionel Groulx (prochaine station), Dollard
est devenu l'emblême du chef tel que la Dépression à fait naître en
Europe.
Miguel
Note: Étonnament, la plus grande référence, en français, en ce qui
concerne ces fêtes, est l'OLF (http://www.olf.gouv.qc.ca/)
Références:
http://www.pch.gc.ca/progs/cpsc-ccsp/jfa-ha/victoria_f.cfm
http://cgi2.cvm.qc.ca/glaporte/1837.pl?out=article&pno=1050
http://www.olf.gouv.qc.ca/actualites/capsules_hebdo/
victoria_dollard_patriotes_20050512.html
http://w3.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?T1=Dollard
http://en.wikipedia.org/wiki/Engelbert_Dollfuss