Voici la première partie de l'histoire plus que rocambolesque qui m'arriva suite à ma fracture du tibia le 8 août 2002. Vous trouverez ici le récit de mon premier séjour d'hospitalisation qui s'étend du 8 au 13 août.
Replaçons-nous en contexte : c'était l'été 2002 et, comme l'été c'est fait pour jouer, c'est ce que j'ai fait. Mon jeu, l'Ultimate. Je faisais alors partie de deux équipes : le Real Villeray jouant les mardis et les Rotoculteurs Démoniaques jouant le jeudi.
Le jeudi 8 août 2002, les Rotoculteurs Démoniaques affrontaient DV8 au terrain Métro 1, sise sur un terrain en face de la station de métro Assomption. Notre équipe était à la défensive, le disque avait été lancé dans la zone de but que nous protégions et je courais dans sa direction afin d'empêcher un joueur de l'équipe adverse de l'attraper. Je suis le premier à l'atteindre, j'exerce un petit saut pour le tapocher et le rabattre au sol. J'y réussis fort bien.
Au moment où j'étais dans les airs, je sens que quelqu'un me donne une claque sur le mollet. Fait étrange car le disque était au-dessus de ma tête et que mon mollet en est très loin. Un joueur de DV8 aurait-il essayé de me faire tomber pour ne pas que je bloque le disque? Douteux car dans ce sport l'esprit est capital et c'est le genre de geste qui nous met tout le monde à dos, co-équipiers y compris. Sur ce, je m'écroule, tel un footballeur italien qui se tient la jambe et crie « Houla! Houla! Houla! » en regardant l'arbitre pour savoir si l'autre méchant va avoir un carton rouge.
Une fois au sol, je constate que personne n'est assez près de moi pour m'avoir accroché. Je regarde ma jambe gauche. A l'endroit où, jadis, une jolie ligne formée par mon tibia se rendait directement de mon genou à mon pied, se trouve désormais deux lignes, pas alignées du tout, loin de là.
C'est l'image dont je suis resté le plus imprégné de toute ma vie. Juste à y repenser et les émotions que j'ai eues à cet instant remontent en moi. Elle est toujours là, quelque part, intacte tellement le choc émotionnel fut grand.
Pendant les dix premières secondes, je n'ai aucune douleur physique lorsque je regarde ma jambe. Le fait que quelque chose cloche sérieusement est une information purement visuelle. Un joueur de l'équipe de DV8, médecin de profession, se précipite sur moi et place ma jambe dans les airs, le genou plié. La douleur en provenance de la jambe arrive à mon cerveau. Elle s'y installe pour très longtemps. Quelqu'un, aucune idée de qui il s'agit, appelle ensuite une ambulance à l'aide d'un téléphone portable.
Les boys arrivent, me mettent la jambe dans une attelle et on part. Direction l'hôpital Hôtel-Dieu. Mot d'ordre au chauffeur : rouler très, très, très, lentement. C'est qu'à chaque freinage, ma jambe se tasse sur elle-même au siège de la fracture et ça, ayoye. Le chauffeur jase avec Anaïck, une jolie co-équipière qui m'accompagne dans l'ambulance, et, se laissant aller sur le ton de la conversation (« Vous êtes française, ah oui? ») se remet à conduire normalement. Petit cri de douleur émis par moi-même suivi d'un sévère avertissement de l'ambulancier à mes côtés au chauffeur pour qu'il ralentisse. Il avait compris ce qui se passait. Vaines protestations du chauffeur qui se reconcentre sur son boulot. C'est rassurant des fois d'entendre quelqu'un gueuler à ses côtés pour son bien être. Encore plus lorsque c'est concluant.
Arrivé à l'urgence, c'est le passage obligatoire à la paperasserie. Couché sur une civière, l'infirmière me demande ma profession et je lui réponds que je suis un jeune professionnel. Elle juge ma réponse irrecevable ce qui fait que je suis physicien de profession dans les dossiers de l'hôpital.
Arrive après 15 minutes le médecin. Première petite piqûre qui soulage la Douleur.
C'est le moment de la radiographie. On m'amène dans la toute nouvelle salle de radio avec tout un tas d'instruments flambant neuf pas encore tout à fait fonctionnels. La table sur laquelle on m'a déposé est composée d'un plateau horizontal (ça c'est le dessus de la table) mobile qui est défectueux, c'est-à-dire qu'il est impossible de le barrer pour qu'il reste en place.
Radiographie latérale : Un technicien place une plaque photographique debout à la verticale entre deux sacs de sable à côté de ma jambe amochée. Lorsqu'il part se cacher derrière le bouclier pour prendre la radiographie, il accroche la table qui recule au bout de son axe, ce qui provoque, en plus du petit toc audible, une onde de choc qui se transmet au sac de sable, qui se transmet à la plaque photographique, qui tombe sur ma jambe en plein sur ma fracture, ce qui provoque une impulsion nerveuse en provenance de la jambe se dirigeant vers la zone de la douleur dans mon cerveau, ce qui fait en sorte que j'émets à mon tour un son que l'on pourrait qualifier de gémissement haineux. Le technicien n'était pas à portée de main, malheureusement.
Le sentiment de manque de professionnalisme, à commencer par la tête en l'air de technicien qui ne regardait pas trop ce qu'il faisait quand il plaçait les sacs et lorsqu'il se déplaçait, était omniprésent dans mon esprit et je me faisais violence pour ne pas lui dire ma façon de penser. L'ambiance a radicalement changé lorsque l'orthopédiste est entré dans la salle. Il n'a rien fait de particulier mais son calme et son assurance se sont tout de suite transmis aux autres, moi y compris. Il a replacé tranquillement les sacs de sable, s'est tassé en évitant simplement la table et le reste est allé comme sur des roulettes.
J'ai vu la radiographie sur l'écran une fois qu'elle fut faite. Ce n'était pas très beau. Mon tibia était cassé à 90°, la partie du tibia rattachée à mon pied se situait à côté de celle rattachée à mon genou. J'avais une double épaisseur d'os. Que ma fracture n'ait pas été ouverte m'étonne encore. L'orthopédiste a ensuite replacé les morceaux vis-à-vis et ça, ça procure un soulagement immense.
De retour dans la civière à l'urgence, on m'annonce ensuite que l'on va m'opérer le lendemain, soit vendredi, matin. On ne m'opérera que le samedi matin finalement, parce que des vieux s'étant cassé une hanche eurent préséance sur ma jeune et vigoureuse personne. Pendant un peu plus de 36 heures on m'a administré une drogue, du démérol de la famille portant le jolie nom d'opiacée. Cette expérience avec les opiacés, je goûterai à la morphine après ma chirurgie, m'a rendu la littérature surréaliste beaucoup plus abordable.
C'est vraiment cool le démérol, la sensation de douleur est toujours présente mais elle ne dérange pas. Je m'explique. Supposons que l'on regarde une feuille de couleur orange. On sait que la feuille est orange et ça ne nous fait pas mal (si c'est le cas je vous invite à consulter un spécialiste). Et bien le démérol, ça prend la douleur et ça la met dans cette catégorie. J'ai même trouvé le temps de compter fleurette à l'infirmière qui était de garde à l'urgence la nuit du jeudi au vendredi. On a passé un bon moment. Julie je crois. Mais je ne suis pas trop certain. C'est d'ailleurs pendant cette nuit que j'ai apposé ma signature sur le papier confirmant que j'acceptais de subir une opération. J'ai appris le nom de ma chirurgie : « enclouage du tibia ». J'ai ajouté un point d'exclamation sur le formulaire : « enclouage du tibia! », c'est mieux. De toute façon, l'état dans lequel j'étais enlevait toute validité à ma signature, autant s'amuser un peu.
Il a fallu que je demande à voir le médecin pour qu'on m'explique en quoi consistait cette opération. Aucune infirmière ne voulait me répondre officiellement; elles n'en ont pas le droit. J'ai donc dû, dans la salle d'opération, juste avant que l'on m'administre le sédatif pour mon opération, demander à voir le médecin pour connaître la nature d'un enclouage. Le mot est suffisamment effrayant, et tient surtout de la menuiserie tant qu'à moi, pour vouloir aller au fond des choses. Donc, pendant que j'étais sur la civière, sans lunettes (ce qui fait de l'interlocuteur une personne très floue), avec l'anesthésiste qui patientait à mes côtés, le docteur Tremblay m'a expliqué ce qui suit. La note historique provient par contre de mon microbiologiste qui a traité une des personnes ayant servi pour faire les expérimentations, à une époque et en un lieu où son peuple a beaucoup souffert.
L'enclouage du tibia est une technique permettant de guérir les fractures plus rapidement et avec moins de complications que le plâtre traditionnel. Elle fut développée par les nazis, pas de farces, au cours de la Seconde Guerre mondiale en les testant sur vous savez qui.
Il s'agit de faire une incision verticale d'environ 10 centimètres, mesures à l'appui, sur le genou, de tasser la rotule, de perforer un trou dans la tête du tibia et d'insérer un tige de titane faisant toute sa longueur à l'intérieur de l'os. On la fixe ensuite à l'aide de deux vis; une à la cheville et l'autre un peu en bas du genou. On peut d'ailleurs voir la tête de cette dernière à travers la peau.
Petite piqûre de l'anesthésiste. Gros sommeil pour Miguel.
Dans ma grande naïveté, j'avais fait appeler mon patron le vendredi avec comme message que j'allais être là lundi matin. 12 août Après l'opération j'ai demandé au docteur Tremblay, que je baptiserai par la suite l'impérial Docteur Tremblay, après combien de temps je pourrais retourner au travail. À la question « quel genre de travail exercez-vous? », j'ai répondu que j'étais un tapotteux de clavier, version contemporaine du pousseux de crayon. Dans « 2 mois » fut sa réponse. 8 octobre
Je l'ai de plus interrogé pour savoir comment avait été le déroulement de la chirurgie. Il me raconte que normalement, vu la taille de mon tibia, il insère une tige de 10 millimètres de diamètre mais que, vu mon jeune âge et la force de mes os (étonnamment), il n'y avait pas assez de place et qu'il a été obligé de mettre une tige de 9 millimètres de diamètre. « Avez-vous forcé avec celle de 10 millimètres avant de choisir celle de 9 millimètres ? » fut la question qui me vint à l'esprit et que je lui posai sur le champ. Il a alors produit un petit rire accompagné de quelques secousses d'épaules, genre de réaction qu'aurait un adolescent ayant fait un mauvais coup dont il est fier et qui se fait ensuite demander « c'est toi qui a fait ça? », avant de me répondre par l'affirmative. Inquiétant.
On me remet dans ma chambre. Je tiens à souligner l'ignorance dans laquelle je suis. J'ai été obligé de demander en quoi consistait l'opération, sinon on ne me l'aurait jamais dit. Sans compter le fait que le moment auquel on me l'a expliqué est plus que discutable. Je n'ai aucune idée du nombre de jours d'hospitalisation après la chirurgie. Je n'ai aucune idée quand je serai sur pied. Alouette. C'est un combat de tous les instants pour avoir la moindre bribe d'information. Et encore, il faut y penser lorsque la personne habilitée à y répondre est présente, les personnes étant tout le temps présentes et veillant à tout, j'ai nommé les infirmières, ne pouvant pratiquement rien dire sous peine de se mettre vraiment dans le trouble. C'était très difficile car le (très) peu de présence d'esprit qui m'avait été attribué à la naissance avait été dissout soit par le démérol, soit par la morphine. C'est donc à partir de ce moment que je me suis équipé de cahiers pour prendre des notes. Ils m'accompagnent depuis ce moment et ce texte a d'ailleurs été rédigé dans l'un d'eux.
Je suis branché sur un soluté auquel est rattaché un câble muni d'un bouton à son extrémité. Lorsque j'appuie sur le bouton, une dose de morphine est envoyée dans le tuyau qui joint le soluté à une veine de mon bras droit. La limite programmée est d'une dose aux 9 minutes. Pour s'endormir c'est simple. J'ai baptisé la technique le « marathon du clic ». Il s'agit de se shooter une dose de morphine à toutes les 9 minutes sans sauter de tour. Le sommeil est garanti au bout de quelques clics. En cas de réveil, refaire un autre marathon. Inutile de dire que ceci se fait au sacrifice d'une quelconque lucidité.
Il est pertinent de décrire quel était mon cycle de sommeil au cours des 2 premières semaines de cette aventure. J'avais déjà connu un rythme pareil lors de la douloureuse extraction de mes dents de sagesse, qui avait fait de ma tête une sphère presque parfaite. J'ai nommé le rythme des calmants.
La prise des calmants se fait, outre la morphine post-opératoire, aux 6 heures. Le cycle est le suivant :
Je subis cette routine 4 fois par jour. Les périodes habituelles de sommeil correspondant, pour la plupart des gens, à la nuit ne veulent plus rien dire. Il faut donc s'occuper pendant qu'il n'y a pas âme qui vive aux alentours. La solution : la radio de Radio-Canada. Fadi m'avait amené son baladeur et il était constamment synthonisé sur 95,1 FM. Cette habitude sera reprise lors d'un autre séjour hospitalier.
Physiquement, ce n'était pas la joie. Toute instruction de mon cerveau vers les muscles de ma jambe gauche était ignorée. Une ecchymose partant de la cheville et montant à la mi-cuisse couvrait une surface se mesurant en pieds carrés. Ça fait 3 jours que je n'avais pas uriné par moi-même, un tuyau directement relié à la source suppléait à cette nécessité avant l'opération.
Le dimanche après-midi, je me déplace, avec de l'aide tout de même, comme un super héros de mon lit jusqu'à la salle de bain. Ça fait au moins un bon mètre! Souffrant, j'essaie de détendre le sphincter... avec succès! Petit pipi dans le pot. Tout est mesuré. Je reviens dans mon lit, toujours avec de l'aide, plus épuisé et satisfait qu'un marathonien venant de battre son record personnel.
L'infirmière entre quelques instants dans ma chambre. Elle m'interroge sur mes fluides corporels à ammoniaque comme composante principale. Fièrement je réponds par l'affirmative, elle n'a qu'à jeter un regard dans le pot gradué. J'ai éliminé 500 millilitres. Je ne m'étais pas attardé sur la quantité sur le moment, j'étais plus absorbé par mes efforts pour parcourir le mètre en moins de 10 minutes. Si j'ai encore envie? Pas vraiment. Sceptique, elle me dit que l'on va mesurer la quantité de liquide présente dans ma vessie.
Petite note technique. Une description de l'appareil servant à mesurer la quantité d'urine contenue dans la vessie s'impose. C'est en fait un échographe. Il est noir et a la taille d'un clipper à cheveux. On doit bien sûr enduire le ventre de K-Y avant d'échographier le tout. La plus-value de cet appareil est qu'il est possible d'imprimer le résultat. On a tous déjà vu à quoi ressemble une échographie de bébé : c'est une image qui est sur une surface ressemblant à un cornet de crème glacée déplié. Et bien, l'impression de notre vesico-échographe se fait sur un papier de la taille d'un coupon caisse, avec autant de détails, c'est-à-dire qu'il ne peut y avoir, outre le blanc du papier, qu'une écriture noire. Imaginez-vous un coupon caisse avec un trait représentant notre cornet déplié et, à l'intérieur de ce cornet, une espèce de contour fermé plus ou moins circulaire. Ce contour, c'est en fait le liquide que contient ma vessie. Au bas du dessin, quelques lignes de caractères indiquant la date et la quantité de liquide.
Mon rapport indiquait que ma vessie contenait toujours 600 millilitres. Je procédais à un rapide calcul mental : 500 millilitres + 600 millilitres = 1,1 litre. J'ai une contenance vesicale de 1,1 litre! Wow. Bien sûr je suis retourné aux toilettes sous les pressions de l'infirmière mais sur mon C.V. se trouvait maintenant un nouvel attribut dont j'étais, et suis toujours, fier. De quoi donner du coeur au ventre après tant d'épreuves.
Ah oui, pendant mon opération on m'a volé tout mon argent, environ 100 $, qui se trouvait à l'intérieur de mon portefeuille dans mon sac à dos dans le garde-robe (l'arbre est dans ses feuilles, maluron, maluré) de la chambre. Pas besoin d'aller voir les Invasions barbares pour le savoir, il y a bel et bien un tas de vols dans les hôpitaux. Et pendant que j'étais sur le billard en plus. Les voleurs n'ont vraiment aucune éthique.
Vous souvenez-vous des gros titres du Journal de Montréal l'été dernier? Il y était question du fait qu'il n'y avait pas de climatisation dans les hôpitaux de Montréal la très humide et que le mercure y atteignait des sommets dignes de l'Everest. Je le confirme, c'était intenable.
Heureusement que Vincent m'avait apporté un ventilateur. Il fonctionnait en permanence. Moi ce n'était qu'une fracture et j'étais dans la fleur de l'âge. Je pensais aux pauvres vieux pris du coeur ou des poumons, ceux-là même que l'on interviewait à la télé, qui devaient subir la lourdeur de cette chaleur moite. Horrible, vraiment.
Lundi matin. Le système de santé québécois a ceci de particulier que tout prend du temps, sauf lorsqu'il s'agit de vous mettre à la porte. On m'annonce que la physiothérapeute va venir me montrer comment utiliser des béquilles et hop! à la maison. Dois-je rappeler que je n'avais réussi comme exploit qu'à aller aux toilettes?
La physio débarque, me transbahute dans une chaise roulante, direction l'escalier. Elle essaie de m'apprendre comment les monter et les descendre en béquilles. Si les enfants qui vont à l'école le ventre creux ne sont pas en état d'apprendre, l'usage de drogues additionné d'une douleur fulgurante réduit à néant ce que l'on peut retenir. De cette leçon, je n'ai absolument aucun souvenir utile, seulement une colère sourde.
C'est finalement ma mère, merci maman, qui m'a sorti de ce mauvais pas. Elle a appelé l'infirmière en chef de l'étage, lui a fait un scandale en expliquant que ça ne se fait pas de mettre des gens dans mon état à la porte, chose dont elle était parfaitement consciente j'en suis certain. On m'accorde une journée de grâce.
Après une autre nuit de sommeil plus qu'intermittent, je reçois mon congé pour une deuxième fois. On me demande s'il va y avoir quelqu'un pour s'occuper de moi à la maison, mes déplacements pour la première semaine étant à toute fin pratique impossibles. Réponse : oui. Ma soeur et mes nombreux amis, particulièrement Vincent dit le coeur sur la main, me donneront nourriture, verres d'eau, médicaments et réconfort. On me donne une prescription pour des anti-douleurs et je refais un autre voyage de chaise roulante. C'est Vincent qui me ramène en Tercel vert Tercel à la maison.
La maison. Un autre lieu pour une autre partie de l'histoire
Les raisons qui ont fait que ma jambe s'est brisée? Ma fracture est dite « spontanée » ce qui, comme me l'explique gentiment l'impérial docteur Tremblay, est « due à la somme des contraintes mécaniques au mauvais endroit au mauvais moment ». Mes os ne sont pas faibles, ils sont même plutôt en santé étant donné l'erreur sur l'estimation du diamètre de la barre qui pouvait entrer dans mon os. Ce genre de fracture se produit rarement mais je suis la preuve que ça existe. Personnellement, je trouve que ça ressemble surtout à la réponse fourre-tout quand on ne connaît pas la cause d'une fracture. Les seuls cas de fracture spontanée dont j'ai trouvé trace sur internet sont une conséquence d'une maladie affectant les os comme l'ostéoporose ou un cancer des os.
Il faut toujours que les médecins donnent une réponse et en soient convaincus. Sur la dizaine de médecins de tout acabit que j'aurai rencontrée, un et un seulement m'a dit qu'il n'était pas certain à 100 % mais qu'il faisait au mieux de ses connaissances. Les autres agissaient tous comme s'ils étaient certains de leur diagnostic, qu'il n'y avait pas à en discuter ni aucune option pour le patient (moi en l'occurrence), ce qui est, la plupart du temps, faux. Il faut les cuisiner à fond afin de savoir de quoi il en retourne. C'est une habitude à prendre.
Mise à jour : 5 heures après le lancement de la page, Mélanie Mecteau, fière joueuse des Rotoculteurs, m'a envoyé un courriel pour me dire que c'est elle qui a appelé l'ambulance. Mélanie, merci.