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La théorie du tout: un idéal esthétique

L'homme essaie depuis des temps immémoriaux de comprendre comment fonctionne la nature. Il observe des phénomènes autour de lui et cherche à en expliquer les causes, que ce soit par des divinités contrôlant certaines sphères de la nature (pour les Grecs, Poséidon contrôlait les phénomènes reliés à la mer) ou encore par ce que nous appelons aujourd'hui la science physique.

La physique est la science de la nature. Pour qu'un résultat soit valide au niveau de la physique, il faut qu'il soit mesurable et reproductible par expérience.

Or, au cours de l'histoire, il est fréquemment arrivé qu'une théorie physique soit mise au point pour expliquer un phénomène de la nature et que, par extension, cette théorie explique d'autres phénomènes. Un exemple célèbre est la théorie de la gravitation universelle de Newton. Newton développa cette théorie pour expliquer comment les corps tombaient sur la Terre (sa fameuse pomme). Il s'avéra qu'avec cette même théorie il soit aussi possible d'expliquer comment les planètes du système solaire tournent autour du Soleil. Ça a été un vif succès.

Ce genre d'extrapolation du domaine d'application d'une théorie physique plait beaucoup à l'esprit de l'homme: il y a un certain esthétisme dans cette conception. Certains scientifiques, dont Einstein, en sont venus à croire que la nature devait se comporter de la sorte, que toutes les théories physique doivent être reliées entre elles.

Il y eut plusieurs réussites qui pourraient justifier une telle conception de la nature. Pensons aux relations qui existent entre l'électricité et le magnétisme ou encore entre la mécanique quantique et la chimie. Dans l'histoire de la physique, plus les modèles deviennent complets, plus il semble qu'ils soient reliés entre eux.

Mais, rappelons qu'une théorie physique se doit d'expliquer la nature, une observation ou un phénomène inexpliqué et non répondre à des canons esthétiques. C'est la recherche de réponses à ces questions qui a motivé les avancées dans cette science et, tel qu'écrit plus haut, c'est même la base de la physique.

La théorie du tout est un modèle, ou une théorie, qui unifierait tous les phénomènes physiques, du nucléaire au niveau macroscopique (cosmologie). Il s'agit en fait d'une théorie qui expliquerait, ni plus ni moins, tous les phénomènes physiques de l'Univers.

Mais, même si demain matin quelqu'un inventait une théorie du tout valide, il n'y aurait aucune expérience qui permettrait de valider cette théorie. Cette théorie a pour postulat que la nature doit obéir à une idée esthétique que nous nous faisons d'elle, elle ne répond pas à une observation ou à un phénomène que nous ne comprenons pas. C'est le chemin inverse de ce qui est à la base de la physique, on construit une théorie et ensuite on observe la nature pour trouver un phénomène qui la justifierait.

Albert Einstein lui-même a passé la majeure partie de sa vie à tenter de trouver un modèle unificateur des forces de la nature. Il n'aimait pas la mécanique quantique, celle-ci ne convenant pas à l'idée qu'il se faisait de la nature; son fameux « Dieu ne joue pas aux dés ».

Il faut avoir un orgueil infini pour prétendre connaître ce que Dieu fait ou ne fait pas. Nous n'en savons rien. Ce que nous pouvons faire, c'est observer, tenter de comprendre et d'expliquer.

Je suis un objecteur idéologique de la théorie du tout: ce n'est pas de la physique, c'est de l'esthétisme.

Le tiers de siècle

C'est Vincent qui a rappelé à mon bon souvenir ce que j'avais dis, et que j'avais totalement oublié, à la fête de mes 25 ans. Ce jour-là je fêtais mon 1/4 de siècle et, semble-t-il, j'avais mentionné que la prochaine étape importante n'était pas lorsque j'aurais 30 ans mais bien lorsque je fêterais mon 1/3 de siècle, c'est-à-dire lorsque j'aurais 33 ans et un tiers.

Après réflexion, c'est pas si bête:

  • 5 ans: 1/20 de siècle
  • 10 ans: 1/10 de siècle
  • 20 ans: 1/5 de siècle
  • 25 ans: 1/4 de siècle

Si je vous offrais, comme suite possible de la série, de choisir entre 1/3 de siècle (33 ans et un tiers) et 3/10 de siècle (30 ans), que choisiriez-vous?

Allez, on se donne rendez-vous le 22 août 2010 pour mon 1/3 de siècle.

Centrale de Jiyyeh : attaque à l'arme chimique d'Israël au Liban?

Les 14 et 15 juillet 2006, les Forces de défense d'Israël ont bombardé les réservoirs de la centrale électrique de Jiyyeh au sud du Liban, provoquant ainsi le déversement de 10 à 35 000 tonnes de mazout dans la mer Méditerranée. En comparaison, la tragédie de l'Exxon Valdez en 1989 avait provoqué le déversement de 40 000 tonnes de pétrole brut.

Contrairement à l'Exxon Valdez, le mazout déversé n'est pas du pétrole brut mais du combustible pour une centrale thermique, il contient des substances volatiles et hautement cancérigènes comme le toluène et le benzène.

L'utilisation d'une arme chimique est définie comme « l'utilisation des propriétés toxiques de substances chimiques pour tuer, blesser ou neutraliser ».

Israël étant un pays en état de guerre depuis plus de 50 ans, il est certain qu'il a tous les renseignements concernant l'emplacement des produits toxiques que l'on peut trouver sur son sol et celui des pays voisins. Il a également les renseignements sur le type de réservoirs utilisés pour entreposer ces produits, en plus des effets sur l'environnement et la population qu'aurait un tel déversement des différents produits toxiques.

De plus, tous les pays industrialisés, dont Israël, possèdent ce que l'on nomme des modèles environnementaux. Un modèle environnemental consiste à prendre les prévisions d'un modèle physique (météorologique, océanique, etc.) et de coupler ces données avec un autre modèle (chimique par exemple) afin d'obtenir une prévision d'un différent type.

Par exemple, les pays possèdent ce que l'on nomme des modèles « d'urgences environnementales ». Un sous-groupe de ces modèles sert à prévoir la dispersion des polluants en cas de déversement, que ce soit dans l'atmosphère ou dans un cours d'eau. Les prévisions de ces modèles utilisent, en plus des éléments météorologiques, l'information concernant les effets des polluants et les caractéristiques de la population (démographie, répartition géographique) qui sera exposée. Il est ainsi possible de prévoir assez précisément les conséquences d'un déversement d'un polluant.

Or, il est vraisemblable qu'Israël avait en sa possession, au moment où ce pays a choisi de bombarder les réservoirs de la centrale de Jiyyeh, les renseignements suivant:

  • Le type de carburant (substances toxiques) contenu dans les réservoirs;
  • Le type de réservoir utilisé;
  • Le type d'attaque conventionnel nécessaire pour endommager ces réservoirs;
  • La certitude qu'aucun déploiement ne pourrait être fait dans la région pour contenir le déversement qui s'ensuivrait;
  • Les modèles informatiques nécessaires pour leur permettre de déduire avec une bonne confiance :
    • La direction que prendrait la marée noire dans la mer Méditerranée;
    • La direction que prendraient les émanations qui surviendraient par la suite.
  • Les conséquences sur la santé de la population qui serait exposée aux émanations (notamment Beyrouth à cause de l'effet de brise de mer).

Il est possible qu'Israël ait détruit les réservoirs de Jiyyeh dans un autre but que celui de causer du tort au populations exposées aux polluants, sans parler des dégats environnementaux, mais les autorités Israëliennes étaient certainement au fait des conséquences néfastes à long terme qu'aurait une telle attaque : ils avaient tous les éléments en main.

Ils ont donc, en toute conscience, utilisé un produits, le carburant, qui a des « propriétés toxiques de substances chimiques pour tuer, blesser ou neutraliser ». Il s'agit, ni plus ni moins, d'une attaque à l'arme chimique d'Israël sur le Liban.

Sources:

Mise à jour: Un reportage de la BBC sur la marée noire causée par la destruction des réservoirs de la centrale de Jiyyeh.