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Les environnementalistes québécois

On me permettra de revenir sur le panel des Oui-Québec sur « l'environnement et l'indépendance ». C'est que, voyez-vous, ces panélistes permettent de mieux catégoriser le discours des environnementalistes québécois. Je m'explique.

On a d'abord Louis-Gilles Francoeur, qui représente l'axe classique « souverainiste-fédéraliste ». C'est un boomer, seul panéliste dont l'exposé répond à la thématique. Il présente l'environnement dans un contexte d'indépendance du Québec, en pesant le pour et le contre. Il le fait avec une grande culture, une réflexion et perspective politique, légale et territoriale toute québécoise, sûrement le résultat de ses décennies comme journaliste couvrant l'environnement au Devoir. Il profite d'ailleurs de sa liberté de parole retrouvée, maintenant qu'il n'a plus de liens ni avec le Devoir, ni avec le BAPE, pour s'exprimer en tant qu'indépendantiste. Il en profite pour partager ses réflexions qui sont pour l'essentiel inédites et dont le mouvement pourra profiter.

Vient ensuite Louise Vandelac, professeure de sociologie à l'UQAM spécialisée en environnement. Elle représente le courant « académique fataliste ». Elle présente une longue série de faits, plusieurs étant fort intéressants comme la croyance dans le « technological fix » et sa parenthèse sur l'excision du clitoris. Malheureusement, son énumération de défis manque de cohérence et, surtout, on ne voit pas l'espoir et ne termine pas avec un appel à l'action. Bref, du savoir en vrac dont on ne sait pas trop quoi faire et dont on ressort pessimiste.

Elle ne fera pas une fois référence à la situation politique du Québec dans le Canada, encore moins de l'indépendance, au cours de son allocution ou encore dans ses réponses aux questions. Si ça avait été un match d'impro, elle aura reçu une pénalité pour non-respect du thème.

Finalement, Karel Mayrand, militant écologiste de métier qui représente le courant « environnementaliste postmoderne ». Karel Mayrand débute en exprimant sa surprise d'avoir été invité par des « souverainistes » pour prendre la parole, car sa dernière invitation par ce groupe, lors du colloque d'ouverture de l'IRAI en septembre 2016, avait mal été reçue. Pour y avoir assisté, je confirme que plutôt de parler d'environnement, sujet pour lequel il avait été invité, il avait plutôt profité de sa tribune pour sermonner les souverainistes, comprendre le PQ et sa Charte des valeurs, sur leur fermeture envers l'Autre. Un moment malaisant pour tout le monde.

Karel tient un discours environnemental globalisant, j'irais même jusqu'à dire holistique. Il inscrit le Québec et ses problématiques environnementales locales (béluga, caribou forestier, etc.) dans les grands courants mondiaux. Il a du métier, il a fait partie de plusieurs initiatives et a parcouru le Québec de long en large pour parler d'environnement, ce qui rend son discours intéressant et structuré. Il termine sur une note d'espoir et fait un appel à l'action. Une belle construction positive.

Concernant le Québec, il fait cette mention lorsqu'il démarre sa conclusion: « [..] je pense que l'idée d'être un pays souverain ou une nation qui conserve son identité très très forte c'est quelque chose qui peut nous aider à faire cette transition ». Ce n'est pas clair pour moi si c'est une position d'indépendantiste ou de fédéraliste. Il me semble que Stephen Harper aurait bien pu prétendre que le Québec pouvait être « une nation qui conserve son identité très forte » à l'intérieur du Canada. Bref, tant dans cette allocution que dans celle tenue à l'IRAI, Karel Mayrand aurait pu être plus clair sur sa vision et l'intégrer dans sa présentation.

Tout ça pour dire, et c'est ce que je désirais mettre de l'avant ici, c'est que je trouve que la position de Karel Mayrand est typique d'une majorité des environnementalistes québécois. Pour préserver l'environnement, il n'hésite pas d'un côté à appeler à la fin du modèle néolibéral, voire capitaliste, mais de l'autre, il se refuse à une opinion critique du Québec dans le régime fédéral canadien. Peut-être dans l'espoir de ne pas brûler des ponts et de pouvoir faire avancer la cause de l'environnement peu importe l'interlocuteur, Québec ou Ottawa. C'est une position qui se défend, mais il s'agit d'une rupture avec la vision classique des années 70, où les militants des causes progressistes faisaient corps avec le binôme d'alors, le « PQ-souverainistes ».

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Il sera intéressant de voir comment Québec solidaire intégrera les deux courants en question. Car, d'une part, sa base militante est issue d'un amalgame de militants de différentes causes progressistes, qui portent ses causes avant toute chose. D'autre part, la fusion avec Option nationale a amené des militants, dont deux deviendront députés, qui défendent leur position avec le prisme de l'indépendance (note: je fais partie de ces militants).

L'environnement sera un (le?) grand thème de la prochaine élection: serait-il défendu par QS dans l'optique d'une cause en elle-même, ou sera-t-elle juxtaposée à l'indépendance du Québec?