Mon dépanneur
Mon dépanneur, il a pour nom Yireh. Yireh, c'est un des noms de Dieu. En hébreu, ça veut dire Le seigneur qui pourvoit.
Non, mon dépanneur n'est pas tenu par un juif, mais par une Salvadorienne. Elle a acheté il y a environ 10 ans cet établissement, alors sous un autre nom, à une Vietnamienne. C'est la propriétaire qui m'a confié ― je suis privilégié ― la signification de Yireh.
De toutes les femmes que je connaisse, c'est celle qui travaille le plus fort. Elle ouvre et ferme son dépanneur tous les jours, 7 jours sur 7, 264 jours par année (vous trouverez la porte close à Noël).
Le samedi après-midi, au dépanneur Yireh, c'est la Rumba du samedi qui joue à la radio. La fille, ou la nièce, de la propriétaire est souvent derrière la caisse. Les autres jours, elle écoute TVA en continu. Je l'ai d'ailleurs prévenu: « Tu vas finir par penser que le monde est une place dangereuse, si t'écoutes trop TVA ».
Pourquoi parler de mon dépanneur?
- Parce que c'est, de loin, le commerce que j'ai fréquenté le plus assidûment dans les 10 dernières années.
- Parce que ce n'est plus mon dépanneur depuis quelques semaines.
- Parce que, lorsqu'une Salvadorienne me dit dans le creux de l'oreille la signification du mot hébreu qu'elle a choisi comme nom pour son dépanneur, je trouve que Montréal est le plus bel endroit au monde.
- Parce qu'on y retrouve des flanneux de dépanneurs.
- Parce qu'il y a un livre, que je n'ai pas lu, qui vient de paraître sur le sujet.
D'ailleurs, vous ai-je parlé de ma fruiterie? Elle est tenue par un Chinois marié à une Iranienne…