Du chiac pour la Fête nationale
Il est paradoxal de fêter le Québec en écoutant du chiac.
Hier soir, 24 juin 2010, le groupe de musique Radio Radio était l'attraction principale pour célébrer la Fête nationale dans Villeray. La rue De Castelnau, où se tenait l'événement, débordait de spectateurs: plus de 10 000 personnes, selon mes sources Facebook. L'ambiance était festive, il y avait des enfants et des poussettes à profusion, une réussite au niveau de la participation et de l'organisation.
Mais, bien que j'aime la musique de Radio Radio, j'ai éprouvé lors de cette soirée une sensation dérangeante. La même que lors de l'ajout de la vidéo Dekshoo sur le billet pour annoncer la Fête nationale dans Villeray. Fêter le Québec en écoutant Radio Radio scander en chiac, je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée. Voici pourquoi.
1- Radio Radio est un groupe du Nouveau-Brunswick
C'est sous le premier gouvernement Levesque, en 1977, que la Saint-Jean-Baptiste est officiellement devenue la Fête nationale du Québec. Aller chercher un groupe d'une autre province pour souligner la fête du Québec c'est, à tout le moins, non conventionnel.
Certes, on peut toujours invoquer que ce sont des Acadiens et qu'ils font partie de la grande famille canadienne-française, ce qu'on célébrait jadis à la Saint-Jean-Baptiste. Sous cette optique, on ne force pas trop la note.
Radio Radio pour la St-Jean-Baptiste, peut-être, pour la Fête nationale du Québec, c'est moins évident.
2- Radio Radio chante en chiac
Le chiac, c'est ce qui est arrive à langue française en absence d'institutions pour la protéger, lorsque le peuple qui la parle est ceinturé par d'autres de langue anglaise: toute addition linguistique se fait avec des mots anglais, la syntaxe elle-même devient teintée de l'autre langue.
Note: Cette interprétation du chiac ne fait pas l'unanimité. Pour plus d'information sur le sujet, voir le documentaire Élogue au chiac par Michel Brault.
L'Office québécois de la langue française a d'ailleurs été créé lors de la Révolution tranquille pour que le français soit non seulement un langage d'usage courant, mais aussi la langue de travail. C'est en partie cette affirmation nationale et culturelle que l'on fête à la St-Jean-Baptise.
À cet égard, des chanteurs ou des groupes de langue anglaise du Québec, comme ceux participant à l'Autre St-Jean, seraient plus légitimes d'être sur scène pour la Fête nationale du Québec que Radio Radio. La langue anglaise est celle d'un peuple historiquement établi au Québec, qui a son histoire, partagée avec celle des francophones, et ses institutions. Ils ont au même titre que les francophones, et quoiqu'en pensent certains nationalistes, le droit de fêter le Québec dans leur langue.
Le chiac, c'est un mélange pauvre des 2 langues principales du Québec: l'anglais et le français. C'est peut-être savoureux à l'oreille, mais il faut réaliser que ce dialecte est, si on n'y prend garde, l'avenir de la langue française au Québec. C'est contre cette acculturation que les francophones doivent lutter. Je doute que célébrer le pays en utilisant le chiac soit une façon porteuse de le faire.
Bref, Radio Radio pour taper du pied, c'est bien, mais pour fêter le Québec, c'est moyen.
Faudrait-il deux fetes a deux dates differentes? Une pour les canadiens francais et une pour la province du Quebec?
Je counnais des buddies de la Côte Nord, d'la Gaspesie pis d'ailleurs (coumme les Maggies) qui tymons avec Radio Radio - c'est capoté malade, man! C'est coumme no big deal pour eux, right, so pourquoi se mettre à dos c'te monde là 'citte? Relax, un autre festival de sauvé, c'est d'même moi j'vois ça!
Besides - le français survivra point si c'est austère - seulement si le monde trouve ça cool et veulent le parler…