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Les dénégateurs du réchauffement climatique

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

Lors de la rédaction de ma réponse aux mensonges climatiques, j'ai été confronté à la difficulté de trouver un mot, ou une expression, permettant de désigner les personnes niant le réchauffement climatique. Je n'y suis pas parvenu et j'ai dû utiliser explicitement « personne niant le réchauffement climatique ». C'est ce problème que je propose de résoudre en utilisant l'expression dénégateurs du réchauffement climatique pour les identifier. Voici mon raisonnement.

Les mots climatosceptique et négationniste sont ceux qui sont le plus utilisés dans les médias pour qualifier ces personnes. Cependant, leur étymologie soulève des problèmes importants.

Le terme climatosceptique, comme l'Association communicateurs scientifiques du Québec se l'est fait rappeler lors de leur riposte à Friend of Science, contient le mot sceptique, qui est relié à la méthode scientifique. Or, on reproche justement à ces personnes de nier la méthode scientifique et ses résultats. Les affubler d'un mot incluant sceptique est élogieux à leur égard et ne correspond par à leur attitude. Un groupe de sceptiques américains a d'ailleurs publié en décembre dernier une lettre demandant à ce que ces deniers ne soient plus qualifiés de skeptics.

Quant au mot négationniste, il soulève encore plus de problèmes. Ce mot est en effet utilisé uniquement pour désigner ceux qui nient des événements historiques, plus particulièrement la Shoah. D'une part, le réchauffement climatique n'est pas un événement historique, mais bien une théorie scientifique. D'autre part, cela permet aux personnes ainsi étiquetées de se victimiser, car elles sont assimilées à une tendance néonazie. Cette victimisation a par exemple été le premier reflexe de l'auteur à qui je m'adressais dans ma réponse à ses mensonges climatiques, alors que le mot négationniste n'apparaissant pas dans mon texte:

- Vous utilisez l'attaque ad hominem classique du «négationnisme». Or, ce terme n'est utilisé que pour renier des faits indéniables comme l'Holocauste.

En raison des problèmes reliés à ces deux mots, il faut donc trouver un nouveau terme.

Les personnes que l'on tente de qualifier peuvent être regroupées dans trois catégories, soient les personnes qui:

  1. Nient l'existence du réchauffement climatique;
  2. Croient en l'existence du réchauffement climatique, mais nient le rôle de l'humain ;
  3. Nient que l'on peut déterminer s'il y a réchauffement climatique, ou si les humains y jouent un rôle, car les incertitudes sont trop grandes (ces derniers s'identifient souvent comme agnostiques).

Le terme «dénégateur du réchauffement climatique» désigne bien ces personnes, car:

  • Le mot dénégateur a pour définition « celui qui nie », le verbe que l'on retrouve dans la description des trois groupes;
  • C'est également un mot dans la même famille que déni, qui définit en psychologie un « refus de reconnaître une réalité à caractère traumatisant » (Larousse), le réchauffement climatique pouvant certes être vu comme étant traumatisant;
  • Il permet d'éviter le problème du mot négateur, qui est défini comme une personne « portée à tout nier, à tout critiquer » (Larousse). Or, les dénégateurs du réchauffement climatique nient un sujet bien précis, et non tous les sujets.
  • C'est une traduction qui correspond au terme anglais Climate change denialist.

Certains prétendront que les termes climatosceptique et négationniste sont déjà d'usages courants et qu'il serait contre-productif de les changer pour un autre terme. Mais comme il est certain que ces personnes continuent d'avoir un rayonnement médiatique, mieux vaut ajuster notre sémantique le plus tôt possible afin de mieux refléter la réalité. Ajuster le discours pour refléter la réalité est la force des scientifiques, et la faiblesse des dénégateurs du réchauffement climatique. Soyons conséquents et adaptons notre vocabulaire.

Un commentaire à « Les dénégateurs du réchauffement climatique »

  1. 5 février 2015 | 16:15

    Le problème n'est plus de nier, ce qui devient peu sérieux au point où en sont les choses, mais de se concentrer sur ce qui peut et ne peut pas être fait.

    On est pour la plupart limités aux actions personnelles que nous pouvons faire personnellement pour diminuer notre contribution. Mais on sait déjà que ceci n'est même pas suffisant pour nous ramener à un niveau juste. Ceci commence par la maison, qu'on a beau jeu imaginer à énergie neutre, le chemin est long pour y arriver. Ensuite, il y a le transport, pratiquement aucune de nos villes n'est conçue pour permettre la réduction significative du transport personnel, alors, nos intentions sont bonnes, mais on garde nos voitures. Enfin, il y a la population, en surnombre pour la capacité de la planète dit-on, et où notre tête ne va pas du tout avec nos sentiments. On ne veut tout simplement pas imaginer un monde où on réduirait encore le nombre d'enfant nous jouant dans les jambes. Déjà qu'on en fait déjà trop peu.

    Alors que voulez-vous qu'on fasse?

    Alors je pense qu'une partie des gens que vous qualifiez de "dénégateurs" pourraient bien être des gens qui croient au problème, mais qui ne voient pas de solutions viables et concrètes mises en place.

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