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À quoi ressemblerait l'armée du Québec indépendant?

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

L'accession d'un État à l'indépendance pose plusieurs questions capitales, notamment celle portant sur l'armée du pays qui serait créé. Tout projet sérieux d'accession du Québec à l'indépendance doit donc aborder cette question et fournir des réponses étoffées au peuple québécois. Afin d'inviter les Québécois à débattre de cet important sujet, j'ai esquissé sous forme de questions-réponses un portrait d'une armée possible pour le Québec.

Divisé en trois parties, les réponses aux questions donnent un point de départ pour permettre les discussions sur cet important sujet. La première partie exposait la mission et les alliances de l'armée du Québec. Voici la deuxième partie où j'expose ce que serait la composition de l'armée du Québec. La troisième partie couvre la transition des Forces armées canadiennes à l'armée du Québec.

À quoi ressemblerait l'armée du Québec?

L'armée du Québec serait composée d'une force mobile légèrement armée, capable de se déplacer par voie aérienne et de se déployer dans une zone d'opération, n'importe où sur la planète. Elle aurait des soldats bien entraînés, mais peu nombreux, à l'image des forces spéciales. Avec au plus 9 000 soldats, cela permettrait de maintenir environ 1 500 soldats en opération dans un pays étranger. Il serait possible de les ravitailler à l'aide d'avions de transport et de les appuyer par des moyens héliportés et des avions légers comme des Super Tocano ou des AirLand Scorpion. La mobilité serait privilégiée à la protection (véhicule légers et rapides au lieu de chars lourds), car elle combine efficacité et économie de coût.

Cette force de soldats professionnels serait appuyée par une milice nationale ayant une présence dans les communautés (Régiment du Saguenay, Régiment de la Chaudière, etc.) et connaissant bien sa région. Cette milice serait composée d'un effectif entre 10 000 et 15 000 réservistes qui seraient équipés pour intervenir en cas de catastrophe naturelle. Ce type d'équipement serait moins dispendieux qu'un équipement militaire, car il n'aurait pas à répondre aux normes militaires (blindage, communications encryptées, etc.). Seules quelques centaines de réservistes seraient en service au même moment, avec un pic de quelques milliers pendant l'été, lors d'entraînements estivaux. Ces «garde nationaux» auraient également comme mission d'appuyer le noyau de professionnels dans le scénario improbable où le Québec devrait défendre sa souveraineté.

En résumé:
• De 6 000 à 9 000 soldats d'élite, dont un groupe de 1000 soldats toujours prêts à être déployés n'importe où dans le monde;
• Milice nationale impliquée dans sa communauté;
• Force de surveillance garantissant l'intégrité du territoire.

À l'armée de quels pays celle du Québec pourrait-elle être comparée?

En termes de soldats et de budget, l'armée du Québec serait comparable à celle de :
• La Nouvelle-Zélande: une force régulière d'environ 7 000 soldats (2,7 milliards $CA de budget).
• Les Royal Marines britanniques: une force d'élite de 8 500 soldats qui est une branche semi-indépendante de l'armée britannique. Ils sont reconnus pour avoir les soldats les mieux entraînés de la planète.
• La Légion étrangère française: 7 700 soldats d'élite (3 milliards d'euros, ou 4,3 milliards $CA, de budget).

De quel type d'équipement l'armée du Québec disposerait-elle?

Au moment de la création de l'armée du Québec, cette question ne serait pas primordiale.

Il faudrait plutôt mettre en place un processus d'acquisition d'équipement flexible et sortir des programmes d'armement qui s'étendent sur des dizaines d'années. Nos adversaires potentiels seraient probablement des organisations non-étatiques qui sont très flexibles et qui peuvent s'adapter rapidement aux changements technologiques. L'armée du Québec devrait avoir un processus d'acquisition pouvant s'adapter rapidement à cette évolution.

La question de la surveillance du territoire serait intimement liée à une force aérienne. Drones et avions de reconnaissance seraient au cœur de cette surveillance. Il n'y aurait pas d'avion de chasse et d'interception, ce qui permettrait d'économiser des sommes importantes.

La mission la plus importante de l'aviation serait le transport de troupes vers l'étranger. Une capacité de transport est aussi un élément qui pourrait donner de la visibilité au Québec lors de missions internationales. Cette capacité pourrait être utilisée pour déplacer des vivres et autre matériel nécessaire lors d'un soutien d'aide humanitaire. Les avions de transport sont rares et l'impact politique d'un avion québécois livrant des sacs de vivres à une population en difficultés, par exemple, serait marquant.

La marine prendrait la forme d'une garde côtière légèrement armée pour faire face à des éléments criminels, mais insuffisamment armée pour engager le combat contre des navires de guerre modernes. Encore une fois, la technologie de drones maritimes, équipés de radars, caméras infra-rouge et autres systèmes de surveillance, permettrait de surveiller le golfe du Saint-Laurent, évitant ainsi les coûts importants d'une marine militaire traditionnelle. La composante maritime pourrait transporter des troupes vers un théâtre d'opération extérieur et assurer la patrouille et la souveraineté du golfe du Saint-Laurent, notamment en le maintenant libre de glaces en hiver.

Il serait logique de mettre les services de recherche et sauvetage sous le commandement d'une force militaire, par souci d'économies. Les services de recherche et sauvetage pourraient alors bénéficier des ressources de surveillance militaire, à des fins de sauvetage.

L'armée du Québec auraient-elles des «Casques blancs»?

Ce n'est pas une question qui relève de l'armée du Québec.

Les «Casques blancs» sont souvent définis comme des troupes entraînées et équipées, mais non armées, pouvant se déployer à l'extérieur des frontières d'un pays afin de venir en aide à la population d'un autre pays. Or, une armée est par définition une force armée.

La proposition de doter le Québec de Casques blancs pour construire des écoles est porteuse, mais cette force ne devrait pas être sous la responsabilité du ministère de la Défense car elle n'est pas une force militaire. Cette force devrait être sous la responsabilité du département des affaires étrangères ou encore d'un département de l'aide extérieure du Québec, à l'instar de l'Agence canadienne de développement international (ACDI) dans le cas du Canada.

Selon les circonstances, les Casques blancs pourraient ainsi être déployés de manière indépendante, accompagnés dans leur transport par des militaires, ou encore protégés par ces derniers lorsque déployés dans un environnement hostile.

Qui serait le commandant en chef de l'armée du Québec?

Le commandant en chef de l'armée du Québec serait un civil, le chef d'État. Il serait le supérieur du chef de l'état-major de l'armée (un général ou un lieutenant-général, selon la structure militaire qui serait choisie).

Le titre précis du chef du gouvernement est lié à la structure politique de chaque pays, il en serait de même pour le Québec. Par exemple, au Canada, c'est la reine, représentée par le gouverneur général, qui est commandant en chef de l'armée, tandis qu'aux États-Unis et en France, c'est le président qui assume cette fonction.

Un commentaire à « À quoi ressemblerait l'armée du Québec indépendant? »

  1. Christian Krajewski
    14 juin 2015 | 7:55

    Bravo pour votre audace.
    Il faut savoir que depuis l'effondrement du mur de Berlin, nous vivons dans une ère de mondialisation des marchés, dont le but est d'ouvrir de nouveaux marchés en réduisant le coût des produits,haussant ainsi notre pouvoir d'achat et permettant à tous d'obtenir de meilleurs rendements pour nos fonds de pension. En théorie, la mondialisation des marchés devrait finalement réduire les écarts entre les pays riches et les pays pauvres et ainsi assurer, à long terme, la stabilité économique de tous et conséquemment la paix mondiale. Dans ce contexte, les Forces armées, tant européennes qu'anglo-saxonnes, ne défendent plus des frontières contre un potentiel envahisseur, non, elles défendent nos libertés démocratiques, notre style de vie, notre qualité de vie et notre niveau de vie. Bref, elles défendent des valeurs communes, et chacun de ces pays réussit à le faire tout en conservant son indépendance et son identité CULTURELLE.

    Par son PIB, un Québec souverain serait comparable aux pays privilégiés de même taille, lesquels ont en commun une population bien éduquée, un État bien organisé, un revenu par habitant des plus élever, au même titre que la Belgique, le Danemark, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas et quelques autres.

    Comme eux, contribuer annuellement 1,2% de notre PIB dans nos Forces armées est dans l'ordre des choses afin d'indiquer concrètement à nos partenaires commerciaux et à nos ennemis potentiels, que nous avons les capacités militaires et surtout la volonté de nos Élus de les utiliser, en dernier recours, pour faire respecter l'ordre établi, pour assurer la liberté de mouvement des personnes, des biens, des produits et protéger la libre circulation des navires de commerce, ici comme ailleurs dans le monde. Aussi, et si c'est de notre intérêt, imposer la paix ou contenir un conflit régional afin de minimiser leurs impacts nuisibles sur l'économie mondiale, par laquelle, bien entendue, nous les Québécois sommes tous redevables. Cela dit, sachez que nous avons les moyens, puisque, depuis toujours, nous finançons les Forces canadiennes.

    Suggérer qu'une armée de Casque bleu, de Casque blanc, de garde-frontières est immature. C'est fuir nos devoirs et nos responsabilités envers nos partenaires économique et la communauté internationale. Ce serait de continuer de se comporter en provinciaux sans envergure. Renoncer à notre souveraineté militaire, obligerait, insidieusement et de façon naturelle de répondre aux attentes de ceux qui soi-disant assurent notre sécurité et notre bien-être collectif. Comment, en privatisant nos hôpitaux ou en leur offrant Hydro-Québec ? Faute d'argent, il faudra leur donner nos ressources naturelles, faute de garder nos cerveaux, nos universités deviendraient des institutions utiles qu'à la formation de travailleurs sociaux. Alors, nos enfants devront maîtriser l'anglais afin de s'inscrire dans des universités américaines ou canadiennes, dans le but d'obtenir un diplôme qui serait reconnu chez nous, par les gestionnaires d'entreprises, qui ne nous appartiennent plus.
    À cela, Je réponds NON MERCI.

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