Stratégie inusitée pour un référendum
La saison s'y apprétant, je me suis mis à réfléchir politique, particulièrement concernant le débat sur l'indépendance du Québec.
Voila le résultat de ma réflexion:
Il semble de plus en plus probable que le parti Libéral du Québec ne sera pas réélu aux prochaines élections. Il semble aussi que nous aurons un référendum sur la souveraineté dans les premiers mois d'un gouvernement du PQ. La stratégie que le PQ prend pour atteindre ses objectifs me semble bonne et tenir la route. Par contre, la stragégie des libéraux me semble quant à elle, plutôt boiteuse et est même peut-être contre-productive et ne les aidera pas à atteindre leurs objectifs. Selon moi, les actions prises présentement par le gouvernement (bonnes ou mauvaises, ce n'est pas là le point de la discussion) ne vont pas contribuer à sa ré-élection.
Je me suis donc demandé quelle serait la meilleure stratégie à adopter pour les fédéralistes/libéraux du Québec, afin de réaliser leurs objectifs: c'est-à-dire gagner le prochain référendum. Évidemment, la meilleure facon pour les libéraux de gagner un référendum c'est de s'assurer qu'il n'aura jamais lieu mais soyons réalistes, on peut assumer sans risque de se tromper qu'il aura bel et bien lieu.
Commencons par poser les hypothèses de départ:
1. Le mouvement souverainiste va toujours continuer d'exister;
2. Le parti Québécois sera surement réélu un jour, c'est inévitable dans une démocratie, selon l'alternance naturelle des partis (même si ça peut prendre du temps parfois);
3. Le PQ va tenir un référendum s'il est élu, c'est évidemment une de leur priorité.
Mettons-nous dans la peau des Libéraux. La meilleure solution pour eux, ça ne serait pas plutôt de tenir eux-même un référendum? Tant qu'à laisser les péquistes le faire avec une question du genre de celle de 95, ne vaudrait-il pas mieux en tenir un avec une question choisie par des fédéralistes du genre: « voulez-vous que le Québec se sépare du Canada et devienne un pays indépendant? oui ou non. » ?
Il peut alors arriver deux choses, selon l'analyse que j'en fais:
Les forces fédéralistes gagnent le référendum
Avec une question du genre, ça serait surement dans les proportions de 55% pour le NON et 45% pour le OUI, plus ou moins 2 %. Suite à ce reférendum, les fédéralistes devraient immédiatement discuter constitution avec le reste du Canada, question de régler la question contitutionnelle, ça fait depuis 1982 que ca stagne. Avec ce genre de résultat, les fédéralistes auraient peut-être un meilleur rapport de force avec Ottawa. Car ils pourraient utiliser l'argument : « on a gagné pas mal juste avec une question très claire. Si vous (Ottawa) ne voulez pas répondre aux demandes traditionnelles du Québec, réalisez bien qu'un jour le PQ va faire un référendum avec une question moins claire et alors ça va passer et vous ne serez pas plus avancés ». Bon argument selon moi. À la limite ça pourrait même fonctionner et le Québec pourrait avoir quelque chose qui ressemble aux Accords de Meech et les 4 revendications traditionnelles de la province. (droit de veto pour les questions concernant le Québec, nomination de juges à la Cour suprême, contrôle de l'immigration, reconnaissance de la société distincte.)
Le référendum gagné par les fédéralsites, ça laisse alors peu de marge de manoeuvre pour le PQ pour un autre référendum car ils viennent d'en perdre un avec une question claire. Donc, les libéraux sortent gagnants.
Les péquistes gagnent le référendum
Si les péquistes gagnent un référendum organisé par des fédéralistes avec une question de ce genre, on peut donc tirer comme conclusion qu'il était inévitable qu'un jour le référendum soit gagné. Ça se serait fait de toute facon dans quelques années, dans un autre référendum cette fois organisé par le PQ.
Donc les libéraux se retrouveraient avec l'obligation de faire l'indépendance et c'est eux qui passent pour les bons gars dans cette histoire et sortent gagnants de l'affaire (ou alors ils se retrouvent dans l'obligation de démisionner, déclencher des élections et laisser les péquistes négocier l'indépendance).
Elle ne serait pas surprenante celle-la comme conclusion à tous ces débats? Personne ne l'aurait vu venir!
Ca rendrait la politique au Québec diablement exitante.
Yannick Lemieux