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Les otolithes et la sclérochronologie

Un otolithe est une concrétion minérale de 3 à 19 mm de longueur, un petit caillou, que l'on trouve à l'intérieur de l'oreille interne des vertébrés, notamment les humains et les poissons (oui les poissons sont des vertébrés).

Leur fonction spécifique n'est pas très bien connue, elle varirait d'espèce en espèce, mais il semble certain qu'ils servent à l'orientation dans l'espace. Ils seraient, en quelque sorte, un de nos gyroscopes internes.

Chaque espèce a son type d'otolithe qui lui est propre. Chez les poissons, les espèces ayant à se déplacer dans un environnement complexe (récif, algues) possèdent des otolithes de plus grande dimension que les prédateurs qui se déplacent en ligne droite en eaux libres (thon, marlin). Vous pouvez consulter l'article de Cabinet pour des photos d'autres types d'otolithes.

Les otolithes auraient aussi un rôle à jouer dans l'audition des poissons. Les otolithes étant des caillous, ils ont une densité différente du celle du corps du poisson. Les otolithes ont ainsi une réponse aux ondes sonores différente de celle du reste du corps du poisson et cette différence est traduite en information acoustique, en son.

Otolithes du maigre
Otolithes du maigre

Puisque c'est un minéral, l'otolithe a la qualité de ne pas se décomposer. Il est donc possible, en inspectant l'estomac d'une baleine ou encore les détritus de nos ancêtres, de déterminer quelles sont les espèces de poissons qu'ils ont consommées.

Il existe même un laboratoire de recherche sur les otolithes, ici au Canada. Il fait parti de l'Institut océanographique de Bedford situé à Halifax.

Autre merveille de cette roche que l'on retrouve dans notre tête, sa croissance dure tout la vie de l'animal et évolue en fonction d'une foule de facteurs (température du milieu, absence/présence de composé chimique, saison). Il est possible d'observer la variation quotidienne des otolithes, ce qui fait qu'il est possible de connaître, par exemple, la température de l'eau où se trouvait un poisson le 22 avril 2003, pour peu que le poisson ait été en vie à cette journée. C'est un almanach extraordinaire.

L'étude de la variation dans la composition des otolithes afin d'en extirper de l'information sur l'environnement du passé se nomme la sclérochronologie. Ce joli mot n'est pas sans nous rappeler la dendroclimatologie, science qui consiste à étudier les cernes des arbres pour en déduire les variations climatiques du passé, que nous avions rencontré sur le billet de la Contribution du CO2 au réchauffement global.

Grâce à la sclérochronologie, il est possible de déterminer les conditions quotidiennes dans lesquelles évoluaient les poissons, notamment la température de l'eau. En aquaculture, cette spécifité des otolithes est utilisée pour créer un code barre chez les saumons d'élevages. Lorsqu'ils sont relachées dans la nature, ils emportent ce code barre avec eux et, lorsqu'ils sont capturés par la suite, il est possible d'identifier à quelle aquaculture ils appartiennent et, puisque ce sont des saumons, où ils tenteront de retourner pour frayer. Plus de 5 milliards de saumons du pacifique ont ainsi été marqués et relachées.

Références

*Cabinet, Issue 31, Fall 2008, Shame. Leftovers/The orienting stone, D. Graham Burnett, pp. 7-10

*Otolithe. (2008, novembre 25). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 00:34, novembre 27, 2008 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Otolithe&oldid=35600110.

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