L'individualisme engendré par la société de consommation
Un des nombreux problèmes engendrés par la société de consommation, c'est l'individualisme qu'il entraîne.
En effet, le temps des individus de cette société est essentiellement consacré à 3 choses:
1- Accumuler le plus de revenus possibles, pour la plupart des gens par le moyen du travail rémunéré.
2- Dépenser ce revenu pour acheter, consommer. Ceci inclut le magasinage, c'est-à-dire l'accumulation de connaissances pour savoir quoi consommer.
3- Profiter des biens ainsi acquis.
Dans ces 3 champs de dépenses temporelles, on remarquera qu'il n'y a aucune notion de communauté. Bien sûr, les activités ayant une dimension communautaire sont bien vues dans cette société, mais elles sont en extra, elles ne sont pas essentielles. Toute personne ne s'investissant dans aucun type d'activité communautaire ne sera pas blâmée, elle sera simplement considérée dans les normes.
Les individus de cette société se voient donc dépourvus de sentiment d'appartenance, ce qui leur permet de se consacrer, dans un premier temps, à leurs propres besoins. À terme, cet individualisme pose un problème dans l'administration des affaires communes, aussi appelée politique, car seules les mesures ayant trait à la consommation, au pouvoir d'achat autrement dit, sont considérées comme importantes. Les autres aspects du bien commun qui doivent être gérés sont relégués au second plan, générant seulement de l'intérêt chez les personnes directement concernées.
Les politiciens devant gérer cette société de consommation, tout parti politique confondu, doivent solliciter un point commun à tous ces individus afin d'être élus. Exercice très difficile car les composante de cette société n'ont, en général, pas ou peu de liens entre eux autres qu'économiques. Les partis politiques en sont ainsi réduits à utiliser les sondages pour explorer les idées déjà présentes chez les individus, pour les défendre et ainsi gagner leurs votes. Les idées qui se dégagent de ce processus sont nécessairement tarées puisque l'on essaie de trouver des points communs existant déjà, rien de nouveau n'est proposé et expliqué. C'est une spirale descendante vers le plus petit dénominateur commun.
S'ensuit alors une rétroaction, les individus ne se voyant proposés aucun plan commun par les partis politiques se réfugient dans leurs activités personnelles, essentiellement les 3 champs décrits plus haut.
Comment cela peut-il changer? Grâce à un trauma infligé à la société de consommation. Un trauma qui touchera tous les individus de cette société, pas seulement une strate de celle-ci. Le réflexe naïf est de penser à un événement violent comme les attentats du 11 septembre 2001 ou encore le tsunami du 26 décembre 2004, mais ces événements ne perdurent pas dans le temps ou n'ont pas des effets directs sur toute la population.
Non, un événement beaucoup moins violent, tout simple et inévitable, causera le traumatisme qui permettra aux individus de prendre conscience de l'interrelation qu'ils ont avec leurs semblables. Il touchera directement le point de focus de ces individus: le pouvoir d'achat. Cette chose toute simple, c'est l'explosion du prix du pétrole. Cela aura un impact sur beaucoup d'aspects de leur vie commune qu'il faudra alors réorganiser: transport, alimentation, choix des biens de consommation.
Alors, les individus redeviendront population et se tourneront vers les politiciens pour obtenir des solutions. Au Québec, une nouvelle génération de politiciens pourra ainsi voir le jour, avec un discours permettant pour la première fois depuis les années '70 de rêver à une société ayant un but commun.
Ta conclusion peut aussi mener à quelque chose de pas mal moins jojo.
Je suis en train de terminer la lecture de "The Shock Doctrine: The Rise of Disaster Capitalism" http://www.naomiklein.org/shock-doctrine , et ça peut aussi être un scénario provenant des mêmes personnes qu'on met en place justement pour trouver des solutions alternatives. C'est un livre à thèse, faut en prendre et en laisser, mais c'est quand même une possibilité assez réelle.
Par ailleurs, ton portrait global de "consommation" sans action communautaire me semble réducteur. Le Québec n'est typiquement pas une société très communautaire, mais ce n'est pas le cas dans le ROC, dans des environnements qui étaient plutôt de confession protestante. Pas sur que société de consommation égale nécessairement disparition de l'aspect communautaire.
Est-il réaliste de penser qu'un "but commun" est réalisable? Il me semble que de nos jours une foule de gens aspirent à des objectifs différents.
Par exemple, j'ai des objectifs très différents de mes voisins, ce qui ne rends pas leurs objectifs plus ou moins nobles.
C'est peut-être pourquoi Socrate n'était pas un grand fan de la démocratie directe athénienne et qu'il pensait qu'un système rupublicain ou les citoyens avaient une moins grande voix, place et influence, était préférable.
Je crois que le choc que tu anticipes n'ait tout simplement pas lieu, du moins pas dans un avenir que l'on peut risque de voir dans les prochaines décennies. Il ne fait aucun doute que les réserves de pétrole sont limités, mais la diminution des réserves ne veut pas nécessairement dire une augmentation dramatique des prix.
Le pétrole à 150$ à démontré que un prix élevé du pétrole n'avait pas nécessairement des bénéfices. Outre un ralentissement économique provoqué par un coût de l'énergie trop élevé on peut aussi voir que les pays producteurs de pétroles ne sont pas nécessairement en faveur d'un prix élevé.
Par exemple, l'Arabie Saoudite. On pourrait penser qu'un prix élevé serait bon pour ce pays, mais il n'en est rien. Les puissances énergétiques cherchent à augmenter leur pouvoir national relatif à d'autres pays, et non leur pouvoir absolu. Par exemple, un prix élevé du pétrole fait que l'ennemi traditionnel de l'arabie saoudite, l'Iran, augmentera aussi son pouvoir. Par conséquent, l'arabie saoudite perd du pouvoir relativement à l'Iran, même si elle augmente son pouvoir absolu. C'est le pouvoir relatif qui est important et non le pouvoir absolu, en terme de puissance nationale. En ce sens, la Grande-Bretagne de 2010 a un pouvoir absolu beaucoup plus grand que la Grande-Bretagne de 1850, mais en terme de pouvoir relatif, la Grane-Bretagne de 1850 dominaient le monde beaucoup plus que la Grange-Bretagne comptemporaine,
L'arabie a besoin d'un baril à 51$ pour pouvoir boucler son budget avec de légers surplus. L'Iran a besoin d'un pétrole à 90$ pour faire de même. Ceci fait que le pris actuel de 79$ (qui tombe en plein dans la fourchette recherché par l'arabie, de 70 à 80$) fait que l'Arabie Saoudite augmente son pouvoir relatif à l'Iran beaucoup plus rapidement que si le pétrole était à 150$
http://shadow.foreignpolicy.com/posts/2009/11/13/is_saudi_arabia_ready_to_play_hardball_with_iran
La guerre par proxy que se livre les deux pays en ce moment au Yémen nous laisse à penser que les prix du pétrole ne devraient pas monter au dessus de 90$ avant longtemps, puisque l'Arabie veut à tout prix diminuer le pouvoir de l'Iran.
Autre point qui me fait penser que le choc pétrolier n'aura pas lieu: la capacité du système à conserver le statu quo. Il ne fait aucun doute que le système actuel bénéficie d'une manière outrageuse aux compagnies pétrolières. Ces dernières n'ont donc pas intérêts à ce que le système de consommation actuel change, car ca augurerait bien mal pour leurs profits. Ceci combiné au malheureux désir des occidentaux d'amasser des biens de consommation, fait que le partenariat comsommation-énergie devrait se maintenir pour des décennies à venir.
Qu'est-ce qui va remplacer le pétrole alors? probablement le gaz natuel. Le Gas and Oil journal nous informe que dans les dernières années les grandes pétrolières ont fait l'acquisition de nombreuses compagnies gazières.
http://www.ogfj.com/index/Mergers-Acquisitions.html
Les pétrolières savent très bien que le pétrole va bientôt se tarir, elles cherchent donc à maintenir les intérêts de leurs actionnaires en achetant des compagnies gazières et en se préparant pour l'époque "post pétrole".
Il reste énormément de gaz naturel sur la planète, bien assez pour combler nos besoins énergétiques pour très longtemps. On découvre aussi du "shale gas" en quantités phénoménales un peu partout en Europe, Amérique du Nord et dans le bassin de la Caspienne.
En termes de capacité énergétique, les réserves prouvées de gaz naturel sont équilaventes à 1094 milliards de barils de pétrole, soit environ 92% des réserves de pétrole connues.
http://www.thenation.com/doc/20060123/klare/single
Un touriste qui visite l'Argentine aura remarqué que les voitures la bas sont graduellement converties au gaz naturel. On peut y voir des vieux tacots et des voitures neuves qui roulent au gaz naurel. Les stations services offrent aussi presque tous le remplissage de gaz naturel des bonbones des voitures.
C'est ce qui nous attends pour le futur je crois. On va aller "tinquer" au gaz naturel chez Esso et Pétro-Canada et le système économique actuel va probablement perdurer pour encore longtemps.
Bonjour, je viens de lire votre article avec passion !
Si je devais compléter ce que vous dite : l'individualisme engendre une surconsommation des "biens" essentiel à notre "confort" qui parallèlement et malheureusement a notre "survie". Je vais vous donner un exemple concret.
J'habite en France dans la région parisienne, je n'ai pas de permis, je travaille régulièrement avec mon père, dans la région parisienne. Tous les matins, le périphérique de la ville de Paris est constamment embouteillé (hors vacances scolaire, il faut compter au heures de pointes jusqu’à 320km de bouchon, MATIN ET SOIR).
Quand je regarde autour de moi, je peux me permettre de constater les points suivant :
1- Nos infrastructures n'ont pas évolué avec l'augmentation de la circulation.
2- Le nombre de personne qui se trouve dans les véhicules, et en moyenne.. d'UNE personne pour CINQ places !
Imaginez seulement, que le covoiturage soit imposé juste à certaines heures… les embouteillages, pourrait être diviser par trois, voir quatre..
L'objet social qu'est la voiture aujourd'hui représente un confort individuel, liberté de déplacement et de transport (courses, objets, etc..).
Cette liberté, engendre une forte pollution, une consommation accru de carburant (..accélération, ralentissement, accélération ralentissement et ceci a répétition). Ce qui engendre, une demande grandissante de carburant, donc une augmentation du prix au litre et je vous parle de cela a titre économique. Sans même parler du temps perdu dans les embouteillage qui pourrait être utiliser pour d'autre activité..ou tout simplement pour aller voir un docteur, faire une petite course, acheter un bouquin, aller chercher ses enfants à l'école etc.. s'occuper de formalité administrative ..
C'est une source de stress énorme et de désespoir, sachant que les choses ne vont qu'en s'empirant et depuis plusieurs années déjà.
Comme vous devez le savoir aujourd'hui, le prix du pétrole à fortement augmenté. et Je suis totalement d'accord avec votre point de vue.
Je sais que ce problème n'est pas local à la France, mais universelle, dans les pays fortement industrialisé.
et puis pour globaliser ce que je viens de dire :
Prenons tout simplement notre langage : Je = individualisme.. Nous = unité..
Si nous arrêtions de penser a soi même, mais d'abord a "NOUS" l'Humanité comme une seule Entité.. le monde se porterait bien mieux..
[…] Tremblay, Miguel, L’individualisme engendré par la société de consommation, http://ptaff.ca/blogue/2009/12/24/lindividualisme_engendr_par_la_socit_de_consommation/ […]