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Lettre à Gilles Duceppe d’une ancienne militante du Bloc québécois

Bravo Monsieur Duceppe d’aller scander bien haut votre indignation face à la division du vote. Vous ne faites que renforcer ma position.

Je suis justement lasse qu’on prenne mon vote pour acquis, comme si, peu importe ce qui se passait au Parti québécois, mon vote leur appartenait. Vous n’êtes pas sans savoir Monsieur Duceppe, ce qui arrive aux partis qui prennent leur électorat, leur population ou leurs militants pour acquis.  Vous avez été chanceux toutefois, vous pouvez toujours  prétendre que vous ne l’aviez pas venu venir, mais le Parti québécois n’a pas ce luxe.

Quand le Parti québécois m’accordera le droit d’user de mon propre jugement pour décider du parti qui me rejoint le plus, alors il aura déjà franchi une belle étape de maturité politique, ou peut-être de respect de la démocratie. Pour l’instant, le Parti québécois est le seul responsable du mécontentement, de la désillusion, du cynisme qui a habité plusieurs de ses membres, et même de ses députés. Vous ne pouvez en aucun cas nous reprocher de prendre position, de vouloir quelque chose de différent, de penser différemment, de vouloir mieux, et peut-être même, de pouvoir mieux.

Ce qui m’attriste, c’est qu’aujourd’hui le message que le Parti québécois, et que vous Monsieur Duceppe, tentez de nous faire avaler, c’est que peu importe si un citoyen est mécontent d’un parti, d’un chef, d’un programme, de la démocratie d’un parti, et bien s’il a toujours voté pour lui avant, il doit continuer de le faire. Peu importe ce qu’il pense. Ce message est défaitiste, vide, amer et sombre.

Ce qui m’apparaît paradoxal aussi dans ce discours, c’est que vous espérez qu’on ne vote pas massivement pour le PLQ encore une fois aux prochaines élections générales. Pourtant, si les citoyens qui n’aiment pas « le parti, le chef, le programme et la démocratie de parti du PLQ » doivent quand même voter pour le PLQ puisqu’ils l’ont toujours fait avant, le PQ n’est pas sorti du bois. Ceux qui font ça s’inscrivent dans un comportement corporatiste et électoraliste qui est loin d’être reluisant pour l’image de la politique au Québec. En sommes-nous là, en 2012 ? Vraiment ?

Je milite parce que je crois qu’on peut changer les choses, que les sociétés, comme les institutions démocratiques et davantage les partis, doivent se renouveler, s’adapter, s’actualiser et finalement veiller à la prospérité des générations suivantes. Vous entrez en profonde contradiction avec ces principes qui m’habitent. Aujourd’hui, à quelques jours d’un déclenchement électoral, à quelques semaines d’un probable gouvernement du Parti québécois, j’ai beaucoup plus d’espoir en voyant que certains osent encore quitter les rangs du PQ par principe qu’en voyant ceux qui les rejoignent à la hâte, par intérêt personnel.

Qu’on soit fédéraliste, souverainiste, de centre, de droite ou de gauche, le principe même de la démocratie repose sur le droit des citoyens d’appuyer le parti qui représente au mieux de leur connaissance leurs intérêts. Accordez-moi un peu de respect en faisant confiance en mon jugement : le Parti québécois n’est définitivement pas le parti qui représente le mieux mes intérêts et, en conséquence, il n’aura pas mon vote.

Le Parti québécois ne détient pas le monopole du vote souverainiste, nationaliste ou progressiste au Québec, comme il ne détient aucun vote d’aucune manière. S’il est passé maître dans l'art de contrôler son Congrès, je vous certifie que le Parti québécois ne pourra jamais contrôler où nous apposerons notre X aux prochaines élections.

Cette vieille politique, cet abrutissement populaire, cet engouement pour un militantisme servile qui remet rarement les choses en question ou en perspective, je veux en débarrasser les générations qui nous succéderont.

Moi, et tous ceux qui ont quitté vos rangs, au Bloc et au Parti québécois, dans les dernières années, nous avons décidé de nous investir ailleurs. Nous ne baissons pas les bras. C’est ce qu’on appelle une santé démocratique plutôt que de l’acharnement aveugle ou de l’attentisme inutile.

Et si j’utilise votre vocabulaire, vous comprendrez qu’aujourd’hui je nous souhaite qu’on divise tous massivement le vote et qu’aucun des vieux partis qui propagent un engourdissement social inavoué ne remporte cette élection. Le Parti québécois est incontestablement rangé dans ce camp.

Comprenez-moi bien, vous, Monsieur Duceppe, et les autres du PQ : mon vote, vous devez le mériter, il ne vous appartient pas. Il en va de même pour le vote de tous les citoyens du Québec.

J’ai quitté vos rangs par principe puis j’ai été quelques mois orpheline de parti. Mais, en réalisant que nous étions beaucoup trop à n’avoir plus de famille politique, il est devenu évident qu’il manquait un joueur essentiel sur la scène politique québécoise et qu’il y avait trop d’angles morts dans la vision du Parti québécois.

Aujourd’hui, je milite fièrement pour un parti où l’on fait de la politique autrement. On y cultive une politique assumée, claire, citoyenne, ambitieuse, contagieuse, renouvelée, et l'on est définitivement en terrain fertile pour réaliser l’indépendance du Québec.

Mon vote ira avec convictions, cœur et tête à Option nationale. Si ça vous embête, essayez de faire mieux qu’eux, et nous jaserons.

Pour l’instant, faites votre deuil, nous ne sommes plus des vôtres, nous ne divisons pas le vote péquiste, parce que nous ne leur avons jamais rien dû. Si vous l’aviez compris plus tôt, le Bloc québécois aurait peut-être plus que 4 députés et le Parti québécois ne serait pas en train de crier au feu et de paniquer en tirant dans tous les sens, sans trop savoir à qui il essaie de plaire et qui il est en train de sacrifier.

Le projet d’indépendance du Québec ne stagnera plus dans vos rangs, nous reprenons le flambeau. Nous faisons le pari qu’il faut parfois rebrousser chemin pour mieux repartir. Un peu comme dans la fable du lièvre et de la tortue : rendez-vous à la ligne d’arrivée! Ce jour-là, nous serons tous des frères.

Bien à vous Monsieur Duceppe,

D’une fière militante d’Option nationale,
Élisabeth Émond
20 juillet 2012

10 commentaires à « Lettre à Gilles Duceppe d’une ancienne militante du Bloc québécois »

  1. Danielle Pomerleau
    21 juillet 2012 | 9:46

    Bravo !
    Comme vous exprimez bien ce que je pense ! De tout coeur avec votre façon de voir les choses et, pour les mêmes raisons, de tout coeur, âme et vote avec Option Nationale.
    (Je me permets de vous tweeter)
    Bonne fin de journée et bonne campagne !

  2. Normand Paré
    21 juillet 2012 | 9:52

    Je partage entièrement votre position, j'ai toujours voté pour le PQ mais cette fois je changer pour les même raisons que vous, bravo! Nous sommes au moins 2 !

  3. Samuel Arto
    21 juillet 2012 | 9:53

    Bravo et encore bravo Mme Émond ! vous avez savamment exprimé ce que je ressent sur la question de division du vote.

  4. Catherine Fillion-Lauzière
    21 juillet 2012 | 11:01

    Merci Élisabeth pour cette lettre. Concrète et fondée. Nous sommes plusieurs à penser ainsi. Mon vote sera au rendez-vous que nous offre l'Option nationale. Bonne campagne à tous !

  5. Gravel Colette
    21 juillet 2012 | 12:20

    Merci, vous exprimez très bien mes états d'âme. Maintenant appliquons nous a faire connaître cette nouvelle " Option Nationnale".

  6. Diamond
    21 juillet 2012 | 13:15

    Bonne chance avec 1% d'appui aux intentions de votes à moins de deux mois d'une possible élection… Je voie beaucoup de gens se prononcer contre le PQ mais ils étaient des enfants lorsque le PQ étaient au pouvoir il y a 10ans… En plus votre chef n'a jamais vraiment tenté d'emmener ses idées à l'intérieur du parti Québécois car on ne retrouve aucune trace dans les procès verbales en ce sens. On verra la conviction de votre chef quand il n'aura plus son salaire de député lorsqu'il sera défait à la prochaine élection car contrairement à M. Lévesque M. Aussant n'est pas connu du tout du grand public. Que le PQ ne représente pas tout à fait vos intérêts c'est possible mais si on veut vraiment la souveraineté on doit emprunter le plus grand véhicule politique souverainiste et c'est le PQ, après on fera de la politique de gauche, droite, social etc.

  7. Renaud Guénette
    21 juillet 2012 | 15:36

    Merci pour cette lettre.
    @ monsieur ou madame Diamond. J'avais quitté la politique en 1995. Option Nationale m'a réveillé. Je suis maintenant prêt à reprendre le flambeau et militer ardemment pour défendre la plateforme d'ON. Le Parti Québécois nous a laissé tomber il y a longtemps. Je ne pourrais accorder ma confiance, de façon aveugle, à un tel parti.

  8. M. Diamond
    21 juillet 2012 | 15:54

    Je comprends que certains ont pu être déçu autrefois mais nous ne sommes plus autrefois et les acteurs sont différents. En plus le contexte politique Québécois-canadien est dans une situation propice à la souveraineté donc à un référendum. En ce sens le parti Québécois est le parti le mieux outillé pour rejoindre une majorité de citoyens. Que des gens aient de grandes valeurs et idéaux, c'est bien mais notre situation politique nous demande de franchir une étape importante avant, qui est la souveraineté.

  9. Karl Barrière
    21 juillet 2012 | 21:58

    Malheureusement, je comprend et partage, dans une certaine mesure, le cynisme et la frustration de Mme Émond. Le PQ est, et a toujours été, un parti qui se cherche, dont les chicanes intestines sont nuisibles et lassantes. Je ne peux pas dire que Mme Marois représente mon idéal de leader souverainiste, ni de première ministre. Par contre, je crois qu'assimiler M. Duceppe aux déboires et à la «malhonnêteté» du PQ est injuste, au sens où un appel à l'unité souverainiste ne devrait pas être perçu comme de l'hostilité démocratique.

    Au contraire, je préfère me croire lucide plutôt que rétrograde, et c'est pourquoi je ne suis membre d'aucun parti: étant souverainiste de tout coeur, j'ai toujours mis la cause avant les acteurs, et je crois fermement que c'est la clé pour gagner notre indépendance. J'en ai contre le militantisme souverainiste justement parce qu'il implique de prendre parti et de défendre ses positions *contre* des «adversaires» qui ont pourtant le même but ultime: nous donner un pays. Vous dites que voter PQ, c'est participer au cynisme et encrasser notre système. Je dis que voter PQ, c'est être réaliste, et comprendre qu'en juillet 2012, à quelques semaines d'élections, le PQ est le seul parti souverainiste capable de prendre le pouvoir et entreprendre les démarches nécessaires à l'obtention de notre souveraineté.

    Personnellement, je ne vote pas pour la santé. Je ne vote pas pour l'économie. Pas plus que pour l'éducation ou les ressources naturelles. Mon vote, élection après élection, ira au parti que je considérerai le plus apte à nous rendre souverain, tant que cela ne sera pas fait. Si Option Nationale était l'opposition officielle, s'il frôlait les 30% d'intentions de votes, je lui donnerais le mien. Mais avec 1% dans les sondages, il est impossible qu'ON se retrouve au pouvoir en septembre. C'est pourquoi je voterai PQ, dans l'espoir que le Québec devienne indépendant sous sa gouverne, ce que je crois à portée de main, si nous nous rallions. Une fois cette étape cruciale franchie, je pourrai me permettre de voter selon mes priorités sociales. Une fois le Québec souverain, d'autres partis se créeront, feront opposition, proposeront autre chose. Mais à ce moment-là, nous serons un peuple libre, nous aurons finalement ce que nous espérons depuis des décennies, et nous pourrons nous concentrer sur autre chose. L'indépendance d'abord, le choix du parti ensuite.

    Taxez moi d'imbécilité si vous voulez, mais je considère que la capacité d'un parti d'accéder à la souveraineté prône sur ses propositions politiques.

  10. Mister B
    21 juillet 2012 | 21:59

    @ M. Diamond. Le Parti Québécois, pour moi, a perdu son identité. Il vogue au gré des sondages et/ou tendances sans avoir d'idée claire et précise. Avec beaucoup de peut-être si les conditions s'y prêtent, sa seule raison d'être présentement semble être la soif de pouvoir et l'égocentrisme de sa chef Pauline Marois.

    C'est pourquoi, comme plusieurs, ma confiance ira du côté de l'Option Nationale car j'aime bien leur approche et la clarté du message diffusé.

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