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J'aime Hydro

Billet originalement publié sur Facebook. Vous pouvez consulter la série de mes critiques de livre en suivant l'étiquette Critique sur ce blogue.

Couverture du livre « J

Comme j’avais pas vraiment lu de théâtre depuis le secondaire, je me suis abonné il y a une couple d’années à Pièces d’Atelier 10. Quatre pièces québécoises livrées à la maison annuellement, ça diversifie les lectures sans trop alourdir le tout (lire du théâtre c’est comme lire une BD, mais sans les dessins). Je dis pièces québécoises car, bien que je n’aie rien contre Molière et Tchekhov, ce sont des sujets et des textes qui me parlent plus.

J’attendais la prochaine pièce, « J’aime Hydro », avec une certaine impatience. Tout d’abord parce que c’est une pièce de « théâtre documentaire », et que j’avais déjà vu une pièce de ce genre il y a quelques années sur Monsanto. J’en gardais un bon souvenir, notamment parce que la pièce m’avais permis de voir Monsanto comme autre chose qu’une corporation méchante à l’état pur. J’avais trouvé que ce format était parfait pour les teintes de gris.
En plus, j’avais entendu une partie de la pièce diffusée en direct sur le web il y a plus d’un an (il en est d’ailleurs question dans la pièce).

Ajoutons à cela que Mathieu Gosselin participe à la pièce. J'ai une alerte Google pour savoir ce Matthieu fait, car c'est un grand acteur de théâtre, de ma génération, et qui se retrouve dans 50% des pièces que je vois au théâtre (c’est comme ça qu’il s’est ramassé avec une alerte Google). J'aime Mathieu Gosselin.

Et Hydro-Québec, c'est important pour nous, Québécois.

Bref, j’ai reçu le livre à la maison la semaine dernière et j’ai plongé dedans. C’est un gros livre comparé aux précédentes pièces d’Atelier 10, et le premier à ne pas avoir de couverture noire. Il contient aussi des illustrations et des photos de Christine Beaulieu dans son périple, ce qui en fait tout de même un ouvrage différent de celui du texte de Molière de notre jeune temps.

Divisé 5 parties, dont les 3 premières sont plutôt centrées sur l’auteure, Christine Beaulieu, et sa démarche qui l'on amené à écrire ce docu-théâtre. Le contenu de fond, se trouve surtout dans les deux dernières parties.

C'est une lecture agréable, au cours de laquelle on apprend à connaître Christine, qui a les défauts-qualités de son peuple : elle est gentille et redoute les conflits. Ses histoires d'amour, plus ou moins réussies, sont utilisées pour illustrer ses doutes et ses remises en question dans sa démarche documentaire. Ça nous permet de mieux la connaître et de s’y attacher, avant d’aborder le contenu spécifique.

On suit donc Christine, qui remonte le raisonnement ayant mené à la construction du barrage de la Romaine, ce qui l’a conduit à rencontrer beaucoup d’experts, de responsables à Hydro-Québec, à participer à des audiences publiques, pour finir avec un road trip en Nissan Leaf à La Romaine.

L’essentiel de l’information se trouve dans la deuxième moitié de l’ouvrage, et devient plus intéressant à mesure que l’on progresse pour culminer à la fin, lors d’une interview avec le PDG d’Hydro-Québec, Éric Martel.

J'aime Hydro nous permet de mieux connaître, en une couple d'heure de lecture, les fondements philosophiques sur lesquels Hydro-Québec poursuit la construction de ses barrages. Les enjeux qui y sont rattachés sont nombreux : appels d'offres mal gérés, développement régional, coupe d'arbres sur les terres inondées, destruction d’écosystème, rôle et participation des Innus dans le projet, sacro-sainte expertise en construction de barrage à conserver, etc. Mais, surtout, on apprend que les dirigeants d'Hydro-Québec pensent que le passé est garant de l'avenir, et que leur prévision du prix de l'électricité dans les 50 prochaines années, autrement dit la rentabilité des projets comme La Romaine, est basée là-dessus.

Pour ceux qui auront la chance d'avoir la pièce jouée dans leur coin, Christine et Mathieu font présentement je tour du Québec pour la présenter, ce sera un exercice instructif ET divertissant que d'y assister. Dates et lieux ici:
http://porteparole.org/fr/pieces/jaime-hydro/

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