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Centrale de Jiyyeh : attaque à l'arme chimique d'Israël au Liban?

Les 14 et 15 juillet 2006, les Forces de défense d'Israël ont bombardé les réservoirs de la centrale électrique de Jiyyeh au sud du Liban, provoquant ainsi le déversement de 10 à 35 000 tonnes de mazout dans la mer Méditerranée. En comparaison, la tragédie de l'Exxon Valdez en 1989 avait provoqué le déversement de 40 000 tonnes de pétrole brut.

Contrairement à l'Exxon Valdez, le mazout déversé n'est pas du pétrole brut mais du combustible pour une centrale thermique, il contient des substances volatiles et hautement cancérigènes comme le toluène et le benzène.

L'utilisation d'une arme chimique est définie comme « l'utilisation des propriétés toxiques de substances chimiques pour tuer, blesser ou neutraliser ».

Israël étant un pays en état de guerre depuis plus de 50 ans, il est certain qu'il a tous les renseignements concernant l'emplacement des produits toxiques que l'on peut trouver sur son sol et celui des pays voisins. Il a également les renseignements sur le type de réservoirs utilisés pour entreposer ces produits, en plus des effets sur l'environnement et la population qu'aurait un tel déversement des différents produits toxiques.

De plus, tous les pays industrialisés, dont Israël, possèdent ce que l'on nomme des modèles environnementaux. Un modèle environnemental consiste à prendre les prévisions d'un modèle physique (météorologique, océanique, etc.) et de coupler ces données avec un autre modèle (chimique par exemple) afin d'obtenir une prévision d'un différent type.

Par exemple, les pays possèdent ce que l'on nomme des modèles « d'urgences environnementales ». Un sous-groupe de ces modèles sert à prévoir la dispersion des polluants en cas de déversement, que ce soit dans l'atmosphère ou dans un cours d'eau. Les prévisions de ces modèles utilisent, en plus des éléments météorologiques, l'information concernant les effets des polluants et les caractéristiques de la population (démographie, répartition géographique) qui sera exposée. Il est ainsi possible de prévoir assez précisément les conséquences d'un déversement d'un polluant.

Or, il est vraisemblable qu'Israël avait en sa possession, au moment où ce pays a choisi de bombarder les réservoirs de la centrale de Jiyyeh, les renseignements suivant:

  • Le type de carburant (substances toxiques) contenu dans les réservoirs;
  • Le type de réservoir utilisé;
  • Le type d'attaque conventionnel nécessaire pour endommager ces réservoirs;
  • La certitude qu'aucun déploiement ne pourrait être fait dans la région pour contenir le déversement qui s'ensuivrait;
  • Les modèles informatiques nécessaires pour leur permettre de déduire avec une bonne confiance :
    • La direction que prendrait la marée noire dans la mer Méditerranée;
    • La direction que prendraient les émanations qui surviendraient par la suite.
  • Les conséquences sur la santé de la population qui serait exposée aux émanations (notamment Beyrouth à cause de l'effet de brise de mer).

Il est possible qu'Israël ait détruit les réservoirs de Jiyyeh dans un autre but que celui de causer du tort au populations exposées aux polluants, sans parler des dégats environnementaux, mais les autorités Israëliennes étaient certainement au fait des conséquences néfastes à long terme qu'aurait une telle attaque : ils avaient tous les éléments en main.

Ils ont donc, en toute conscience, utilisé un produits, le carburant, qui a des « propriétés toxiques de substances chimiques pour tuer, blesser ou neutraliser ». Il s'agit, ni plus ni moins, d'une attaque à l'arme chimique d'Israël sur le Liban.

Sources:

Mise à jour: Un reportage de la BBC sur la marée noire causée par la destruction des réservoirs de la centrale de Jiyyeh.

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