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Les deux agoras

Si le conflit sur la hausse de frais de scolarité perdure, c'est notamment parce que chaque camp a son agora. Dans chacun de ces lieux, les auditeurs entendent les opinions qui les confortent dans leurs positions, chaque orateur croit qu'il a la bonne stratégie puisque son public cible l'appuie.

Le gouvernement et les 55 ans et plus ont comme lieu de rencontre les médias de la seconde moitié du XXe siècle: radio, journaux et télévision. Les gens prenant essentiellement leurs informations à ces endroits appuient la hausse plus que la moyenne de la population. Émetteur et récepteur sont en phases.

Les étudiants et la génération Y ont comme lieu de rencontre les médias sociaux (Facebook, Twitter et blogues). Les gens prenant essentiellement leurs informations à ces endroits sont contre la hausse, plus que la moyenne de la population. Émetteur-récepteur, ils se confondent dans ce cas, sont en phases.

Line Beauchamp se cherche un emploi dans le nord

La nouveauté de ce conflit, c'est le second agora: les réseaux sociaux. Le rôle qu'il faut en retenir dans ce conflit n'est pas celui d'un outil pour convaincre, mais bien celui de lieu de rassemblement pour les opposants à la hausse, ce que ne leur permet pas les médias traditionnels. Et dans ce lieu, une culture est née.

On pourrait penser que le gouvernement réalisera bientôt l'importance des réseaux sociaux et investira ce milieu. Or, ce n'est pas aussi simple. La communication à sens unique d'un organisme ne passe pas dans ce milieu. Pour apprivoiser les réseaux sociaux, il faut vraiment jouer le jeu, être sincère dans sa démarche d'échange, respecter les interlocuteurs et accepter de modifier son discours en fonction des échanges. Ce n'est pas un déversoir à propagande. Les partis politiques traditionnels du Québec se sont formés avec la communication à sens unique. Changer cette façon de voir les choses risque d'être difficile pour ces partis, et on peut légitimement se demander s'ils en seront un jour capables.

À l'inverse, il est tout aussi improbable de voir les boomers se diriger en masse vers les réseaux sociaux. Certes, on trouvera toujours des exemples de sexagénaires branchées qui font exceptions à la règle, mais l'immense majorité restera branchée sur la planète télé.

Les jeunes ne retourneront pas plus en arrière, après avoir connu ce nouvel espace qui n'est pas balisé par ceux qui ont construit l'environnement dans lequel ils baignent depuis leur naissance, que ce soit la famille ou l'école. Cet espace en est un de liberté pour eux, ils l'ont expérimenté et ils vont y rester.

Bref, la situation semble être dans un cul-de-sac. Personne ne sait comment cela va se terminer, jusqu'où iront les opposants. Et c'est peut-être un peu cette situation, cette sensation de vide que les plus jeunes n'ont jamais connu, qui soulève tant leur passion.