Les erreurs de La Presse et du Journal de Montréal
Au cours du printemps 2012, La Presse et le Journal de Montréal ont chacun commis une bourde monumentale pouvant être associée à de la propagande, se discréditant aux yeux de la population supportant les étudiants dans leur lutte.
L'erreur du Journal de Montréal
Le premier à avoir commis une faute est le Journal de Montréal. Au lendemain de la manifestation monstre du 22 avril, probablement plus de 200 000 manifestants, le Journal n’en parlait pas en une.
Il faut dire qu’ils s’étaient déjà pratiqués avec la manifestation du 22 mars, entre 100 000 et 200 000 manifestants, où ils avaient réussi à titrer que le mouvement perdait des appuis avec en arrière-plan une photo de la foule.
Quelques jours plus tard, au lendemain du congrès du PLQ à Victoriaville, une photo de mauvaise qualité apparaît à la une du Journal. Aussitôt, une rumeur de traitement Photoshop, par laquelle le Journal aurait ajouté une brique dans les mains de l'émeutier, se répand sur les réseaux sociaux. Rumeur démentie le lendemain.
L'erreur du La Presse
La faute de La Presse est d’avoir fait sa une avec les résultats d’un sondage indiquant que les Québécois appuyaient massivement la loi 78, loi spéciale jugée par plusieurs comme violant à la fois la charte québécoise et la charte canadienne des droits. Or, ce sondage a une méthodologie des plus douteuses.
Cela a soulevé l’ire sur la Toile. On ne badine pas avec les libertés civiles. Christian Bégin a signé un texte, assez représentatif de la colère ambiante, appelant une campagne de désabonnements de La Presse. Celle-ci a été diffusée et appuyée sur les réseaux sociaux.
Le lendemain de cette erreur, La Presse a fait une autre bévue, pouvant confirmer la mauvaise foi qui aurait causée la première. Lors de la 26e nuit de manifestation à Montréal, la journaliste de La Presse Gabrielle Duchaine a été arrêtée et un de ses gazouillis a alors été repris sur Twitter : « Toujours avec @fatrudel du JdeM en état d'arrestation. Le policier m'a dit se "calisser" du fait que je suis journaliste #manifencours #ggi » . Le lendemain, une partie de ce texte apparaît sur l’article en ligne de la journaliste, pour être ensuite retirée sans explication.
Cette modification a probablement été faite pour des raisons éditoriales, le style du commentaire jurant sensiblement avec le niveau de texte que l’on retrouve habituellement dans La Presse. Mais encore une fois, il n’en fallait pas plus pour que la rumeur de censure à des fins de propagande se répande dans les réseaux sociaux.
Pour chacun de ses deux journaux, la première erreur a créé un contexte favorable à la propagation d’une rumeur par la suite. Une lecture possible de cette propagation est de confirmer le manque de crédibilité des réseaux sociaux. Il faut plutôt y voir une mesure de la méfiance qui s’est installée chez ceux qui prennent leurs informations sur ceux-ci: ils croient que ces journaux manipulent leur information pour soutenir le gouvernement et n'hésitent pas à faire circuler des nouvelles confirmant cette opinion.
Malheureusement, ces grands médias s'adonnent peu à l’autocritique. Lorsque des journalistes se font molester par les manifestants, cela est déplorée, avec raison, par beaucoup d’entre eux. Cependant, il serait bien qu’ils poussent la réflexion jusqu’à se demander comment les manifestants ont pu en arriver là.