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Histoire du Canada, Les Frères de l'Instruction Chrétienne

Je suis tombé dans une brocante, tout à fait par hasard, sur un livre ayant pour titre Histoire du Canada, 6e et 7e années, écrit par Guy Laviolette et publié chez la Procure des Frères de l'Instruction Chrétienne, LA PRAIRIE, P.Q.

Je n'ai pu résister à la tentation et je l'ai acheté. Il est resté dans ma pile de «livre à lire» pendant pratiquement 1 an. La semaine dernière, je l'ai ouvert et j'ai lu un passage. Révélation. Je vous en recopie ici un extrait pour partager avec vous la conception de l'histoire qui était véhiculée par le système d'éductation du Québec à ce moment; témoignage de la perception et de ce que l'on transmettait à la jeune génération de cette époque.

Précisons que le livre a été publié en 1954 et qu'il était utilisé, je suppose, par les religieux des années 1950 à travers le Québec pour enseigner l'histoire du Canada. Le traitement historique, le ton, le choix des mots, même la ponctuation méritent une grande attention pour comprendre l'évolution qu'il y a eut entre cette vision de l'éducation et celle que nous avons présentement.

Remarquons notamment l'utilisation des mots Canadiens pour Québécois de langue française et Anglais pour tous désigner tout ceux qui parlaient cette langue. De plus, l'utilisation de la première personne du pluriels (le nous) dans un livre d'histoire a de quoi surprendre.

Je recopie ici une section du chapitre 6, chapitre ayant pour titre Les Canadiens prennent conscience de leur force et la section étant celle qui concerne la première session du Bas-Canada. Même si la ponctuation paraît curieuse en certains endroits — présence ou non d'espace après les deux points ou le point d'interrogation, titre de sous-section entre 2 paragraphes de citation — elle a été scrupuleusement respectée.

Dessin d'un orateur debout devant un assemblée d'hommes. La seule couleur est une teinte vert pâle et on y voit le titre du chapitre 6 en italiques.

1. Première session du Bas-Canada

Acte Constitutionnel de 1791

Le gouvernement Royal qui régissait le Canada au moment de la conquête fut remplacé par un gouvernement militaire auquel succéda le régime absolu dont quelques membres étaient favorables aux Canadiens.

Mais voici que de 1782 à 1784, l'arrivée de cinquante mille Loyalistes devait donner à notre pays un caractère plus anglais. Les nouveaux venus, en particulier, réclamèrent un gouvernement élu par le peuple, comme en Angleterre et aux Etats-Unis.

Londres se rendit finalement à leurs désirs, et en 1791, George III divisa le pays en deux provinces: le Bas-Canada (Québec) et le Haut-Canada (Ontario). Il mit un gouverneur général à la tête de la colonie, et à la tête de chaque province un lieutenant-gouverneur assisté d'un Conseil exécutif, d'un Conseil législatif et d'une chambre d'Assemblée dont les membres devaient être élus par le peuple.

Evénement extraordinaire

Il s'agissait là d'un fait vraiment extraordinaire dans nos annales, fait dont l'avènement fut célébré par des discours et des banquets. Puis on procéda sans retard à l'élection des premiers députés.

Villes et campagnes du Bas-Canada furent divisées en vingt-six comtés, auxquels les Anglais donnèrent des noms bien connus dans leur pays d'origine, comme Buckinghamshire, mais qui ne disaient pas grand-chose aux fils de la vieille France.

Premiers députés

Dans le Québec, les Anglais ne comprenaient que le quinzième de la population, et il n'étaient en majorité dans aucun comté. Ils n'avaient donc droit qu'à un, deux, ou trois députés, tout au plus. Généreux comme toujours, ou même un peu naïfs, nos ancêtres élurent seize députés anglais sur cinquante, soit près du tiers. Six de ces députés étaient cependant mariés à des Canadiennes.

Ajoutons que les Canadiens convoitaient peu le poste de député parce qu'ils étaient pauvres et que, non seulement la position ne rapportait rien, mais qu'elle les obligeait à négliger leurs propres affaires.

Pendant la session, les députés louaient une chambre dans les maisons privées de Québec et se nourrissaient le plus souvent d'aliments qu'ils avaient apportés: lard salé, porc frais rôti, pommes de terre, pain de ménage, mélasse, etc.

Certain venaient de très loin. Ils avaient dû voyager quinze jours en traîneaux avant d'atteindre l'ancien évêché de Québec, où devait se tenir la première session du Bas-Canada.

Moment solennel

La première session s'ouvrit à Québec le 17 décembre 1792. C'était une heure vraiment solennelle pour nous, car nous étions appelés à remplir des fonctions nouvelles. Le peuple aurait désormais le droit d'exprimer librement son opinion par la voix de ses députés.

Outre Joseph Papineau, dont nous reparlerons bientôt, on remarquait parmi les députés canadiens Jean-Antoine Panet, notaire et avocat, Pierre Bédard, le premier avocat de son temps, celui qui connaissait souvent mieux les lois anglaises que les Anglais eux-mêmes, parce qu'il les avait approfondies davantage. Il y avait aussi messieurs Taschereau, Chartier et Lotbinière…

Choix de l'“orateur”

Quand il fallut élire un président de l'Assemblée, messieurs Papineau, Taschereau et Bédard proposèrent un homme de leurs croyances et de leur nationalité : l'avocat Jean-Antoine Panet, député de la Haute-Ville de Québec. Il s'agissait d'un poste important puisqu'à la Chambre, c'est l'“orateur” qui dirige les discussions et préside l'assemblée. Parfait bilingue, bien au courant des lois, et du côté de la majorité parlementaire, Panet méritait certes d'occuper ce poste.

Or les députés anglais — seize, on s'en souvient — prétendirent que, dans une colonie anglaise, l'orateur devait être choisi parmi les députés de langue et de nationalité anglaises.

Les nôtres tinrent bon, et Panet fut élu par dix voix de majorité.

Quelle langue adopter?

Quelle langue adopterait-on pour la rédaction des lois, la langue française ou la langue anglaise ? Jusque-là, la langue française avait toujours été en usage dans les actes officiels, le pays étant composé presque exclusivement de Français. Mais en 1792, les descendants des vainqueurs prétendirent qu'il fallait introduire la langue anglaise au pays “pour attacher plus sûrement les Canadiens à la Grande-Bretagne”.

Dessin d'un orateur debout devant une table entourée d'hommes. La seule couleur est une teinte vert pâle.

Doué d'une stature imposante, d'une voix sonore et pleine, d'une éloquence vraiment extraordinaire, Joseph Papineau protesta vigoureusement contre ce qu'il appelait une injustice criante, et Pierre Bédard l'appuya disant:

“Si la langue anglaise est nécessaire pour attacher les colonies au Roi d'Angletterre, pourquoi les Etats-Unis d'Amérique, où la langue anglaise ets la langue dominante, se sont-ils révoltés et soustraits à la domination de la Grande-Bretagne, leur mère-patrie? N'est-il pas ridicule de vouloir faire consister la loyauté d'un peuple uniquement dans sa langue?”

Vif débat

“Rappelons-nous l'année 1775, continua Chartier de Lotbiniaire, qui s'était déjà rendu à Londres pour défendre les droits de la langue française. Ces Canadiens qui ne parlaient que le français ont montré leur attachement à leur souverain de la manière la moins équivoque. Ils ont aidé à défendre toute cette province. Cette ville, cette muraille, ont été en partie sauvées par leur zèle et par leur courage.

“On les a vus se joindre aux fidèles sujets de Sa Majesté et repousser les attaques de gens qui parlaient bel et bien l'anglais. Ce n'est donc pas l'uniformité de la langue qui rend les peuples plus fidèles ni plus unis entre eux.”

Le débat dura trois jours. A force de luttes, Lotbinière, Bédard et Papineau obtinrent que les lois seraient rédigées en français et en anglais. C'était leur deuxième victoire: une victoire dont les répercussions durent encore aujourd'hui, puisque les deux langues ont toujours droit de cité, non seulement à Québec, mais même au parlement fédéral d'Ottawa.

Du bon et du moins bon

Nous allions bénéficier désormais d'une forme de gouvernement plus en rapport avec nos besoins et nos aspirations. Nous possédions des députés de notre choix, moins craintifs et plus indépendants que les conseillers précédents.

Maintenant qu'on nous accordait le droit de vote, il devenait plus facile de montrer à tous que nous étions, dans la province au moins, l'immense majorité.

Par ailleurs, le gouverneur restait assez indépendant et conservait un pouvoir personnel très étendu. Qui, par exemple, nommait aux fonctions publiques? Le gouverneur et son Conseil. C'est dire que, dans la pratique, les fonctionnaires jouissaient de pouvoirs plus étendus que nos députés et c'était dangereux pour la bonne administration du pays.

Tant que le gouverneur demeurait juste et bon, tout allait bien; mais quand il venait à se montrer défavorable aux Canadiens, comme ce sera bientôt le cas pour sir James Craig, il fallait s'attendre au pire.

Notre premier journal, “Le Canadien”

Il était question, vers 1805, de fonder un journal canadien qui exposerait les idées de la majorité et défendrait sa cause, journal semblable au Mercury des Anglais. Mais à cette simple rumeur, le Mercury protesta:

“Cette province est déjà beaucoup trop française pour une colonie britannique. La défranciser autant qu'il est possible devrait être notre but primordial. Le moment actuel est-il bien opportun pour lancer des publications tendant nécessairement à rendre la province encore plus française quand elle l'est trop? Et cela en opposition à un journal anglais dont les effets bienfaisants sont généralement reconnus… Après quarante-sept ans de possession britannique, il est temps que la province de Québec devienne anglaise!”

Le journal annoncé n'en parut pas moins pour la première fois le 23 novembre 18061. Fièrement intitulé Le Canadien(1), il fit tout de suite preuve d'une grande vigueur. Son apparition marquait une date dans notre histoire politique.

Nouveau gouverneur

Telle était la situation du pays quand, au mois d'octobre 1807, débarqua sur nos rives sir James Craig, le nouveau gouverneur de la province.

Craig était un soldat de carrière, poli, affable, et très digne d'allure; cependant son caractère autoritaire allait compromettre son action chez nous.

(1) Au premier rang des fondateurs du “Canadien” figurait Pierre Bédard.

DGLF: Le tue-mouches

Bien que le dictionnaire général de la langue française au Canada ne considère pas ce mot comme un canadianisme, le mot tue-mouches pris comme un nom commun en est bel bien un, les autres dictionnaires de la langue française ne considérant ce mot que comme adjectif dans l'expression papier tue-mouche (avec un s à mouche dans le Larousse et sans dans le Petit Robert).

Notez également le savoureux exemple donné en italique où le tue-mouches pris comme exemple est le D.D.T. C'est un exemple de mot dont la définition, puisqu'il est question de technologie, représente ce qui était utilisé à cette époque.

On remarque aussi la langue de l'étiquette sur le tue-mouches, signe démontrant que les produits manufacturés de cette époque n'était pas obligés d'avoir d'étiquette en français ou encore, si la marque du produit est fictive, que l'imaginaire de l'époque avait une représentation anglaise de l'étiquette.

Dessin d'une canne de tue-mouches

tue-mouches n.m.invar. Sorte de raquette en treillis métallique ou en matière plastique ajourée qui sert à tuer les mouches.Étoile en forme de losange Papier tue-mouches, buvard imprégné de poson pour faire mourir les mouches.Étoile en forme de losange Substances chimiques servant à faire mourir les insectes: le D D T est un puissant tue-mouches.Étoile en forme de losange Appareil destiné à faire mourir toutes les mouches qui s'en approchent.