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Mescaline, schizophrénie et épilepsie

Ce billet est le deuxième d'une série de trois portant sur les drogues hallucinogènes. Le lecteur pourra retrouver l'ensemble du triptyque en consultant les billets de ce blogue portant l'étiquette hallucinogène.

Tranche du livre « The hallucinogens »

À la lecture de l'extrait plus bas [1], on pourra s'étonner de la froideur technique du ton utilisé pour décrire comment des drogues hallucinogènes ont été administrées à des malades mentaux pour la simple curiosité de voir les effets ainsi obtenus.

Ce texte est à mettre en lumière avec les expériences qui ont été faites dans les années '50 sur les humains, notamment par les Américains. Le lecteur est invité à lire l'article Développement des concepts et des enjeux en éthique de la recherche qui décrit l'histoire de l'éthique de la recherche et comment elle s'applique dans le cadre juridique du Québec.

Mescaline et schizophrénie

[1] La mescaline et les autres hallucinogènes étaient intéressants pour les psychiâtres principalement parce qu'ils permettent à des sujets normaux d'expérimenter pour une courte période ce qu'ils auraient éprouvé pour une longue période s'ils avaient été schizophrènes. Ces substances chimiques altèrent les fonctions cérébrales et nerveuses de telle sorte que les réactions psychologiques finales étaient classées dans la schizophrénie plutôt qu'avec la névrose ou un état psychopathe.

[…]

Les patients schizophrènes réagissent à la mescaline à peu prêt de la même manière que les sujets normaux sauf que des doses plus massives sont requises. Le nombre de variables qui influencent les réactions à la mescaline et au LSD chez les sujets normaux est grand. Lorsqu'un sujet est aussi schizophrène un grand nombre de variables est ajouté. Certains de ceux-ci incluent la durée et le traitement déjà donné au patient. On ne doit pas s'attendre à ce qu'un schizophrène qui est malade depuis une semaine réagisse de la même manière qu'un autre qui a été malade dans un hôpital psychiatrique depuis 20 ans.

Thale et al. (1950) ont administré de 200 à 400 mg de mescaline oralement à 5 sujets schizophrènes. Malheureusement, ils ont sélectionné des sujets qui n'avaient jamais eu d'hallucinations visuelles auparavant. Ceci, à notre avis, fait en sorte qu'il est difficile d'en déduire des comparaisons valides. De plus, les doses administrées étaient plutôt petites pour des patients schizophrènes. Aucun des sujets schizophrènes n'a eu de changement de perception durant l'expérience mais un patient a signalé le lendemain matin qu'il a vu des changements terrifiants dans les caractères de l'examinateur et qu'il a vu d'étranges choses qu'il ne voulait pas décrire.
[…]

Hoch (1951, 1952, 1955) et Hoch et al. (1952) ont donné de la mescaline à des schizophrènes de trois différents types clinique. Un groupe était composé de schizophrènes manifestement non détériorés (nondeteriorated schizophrenics). Avec très peu d'exceptions ils ont subit une accentuation marquée de leurs symptômes et beaucoup de désorganisation. Certains patients étaient capable de différencier les changements de perception dus à la mescaline de ceux qu'ils ont naturellement. En général, la mescaline rendait évidente la symptomatologie schizophrène. Le groupe deux était composé de patients chroniques détériorées. Lorsque les symptômes n'étaient pas grand, la réaction était similaire à celle du groupe un. Mais les schizophrènes émotionnellement blasés, apathiques et indifférents ne se sont pas plaints d'aucune augmentation dans la sévérité de leurs symptômes. Le troisième groupe, des pseudo-schizophrènes, sont devenus nettement plus schizophrènes avec moins de conscience de la réalité et plus de désorganisation intellectuelle. Il y avait des signes soulignant leurs patterns émotionnels et une augmentation de l'anxiété à la panique est survenue. Ces patients étaient dominés par leur expérience de la mescaline et se comportaient envers eux comme des schizophrènes. Hoch croit que la mescaline a conduit à un épisode de schizophrénie temporaire dans ce groupe. Hoch conclu que les sujets normaux ont répondu à la mescaline avec des réactions organiques normales (organiclike) contenant certaines caractéristiques de la schizophrénie, alors que pour les schizophrènes les psychoses étaient aggravées en intensité.

Denber et Merlis (1955) et Merlis (1957) ont administré 500 mg de sulfate de mescaline en intraveineux à 25 patients schizophrènes. L'expérience a atteint sont paroxysme en moins d'une heure. À la quatrième heure l'anxiété aigüe et la plupart des changements mentaux étaient partis mais les patients demeuraient antagonistes, hostiles et négatifs. Ils ont retrouvé leur état mental précédant en 24 heures. L'hostilité des patients, à notre avis, peut ne pas être une conséquence de la mescaline. Ces auteurs ne précisent pas comment les patients ont été sélectionné, s'ils ont eu le choix de ne pas prendre la drogue, s'ils ont adéquatement été préparé, etc. Il est vraisemblable que tout sujet à qui l'on administre de la mescaline contre son gré, ou sans préparation adéquate, puisse demeurer rancunier et hostile après avoir récupéré.

Effet de la mescaline sur les épileptiques

Denber (1955) a administré 500 mg de sulfate de mescaline intraveineux à 12 patients épileptiques. La réaction prédominante fut la somnolence, la léthargie, l'apathie et/ou le sommeil pour 8 patients. Deux sujets ont développé des illusions somatiques. Leur sensorium est demeuré clair en tout temps. Un patient a développé une réaction de panique aigüe avec de l'agitation, une instabilité psychomotrice, de la peur, et de l'anxiété. Elle n'a pas eu aucun changement de perception mais est devenue désorganisée et paranoïaque. Vingt-quatre heures plus tard elle était déprimée et s'est retirée et a eu une amnésie de son expérience de la mescaline. Plus tard il a été déterminé que ce patient souffrait de deux maux: épilepsie et schizophrénie.

[1]: Hoffer A & Osmond H (1967). The Hallucinogens. Academic Press, New York. ISBN 0-12-351850-4. p. 36-40

Références

Denber, H. C. B. (1955). Psychiat. Quart. 29:433
Denber, H. C. B., and Merlis S. (1955). Psychiat. Quart. 29:421, 430 and 433.
Hoch, P.H. (1951). Am. J. Psychiat. 107:607
Hoch, P.H. (1952). "Thie biology of Mental Health and Disease." Harper (Hoeber), New York.
Hoch, P.H. (1955). Am. J. Psychiat. 111:787
Merlis S. (1957). J. Nervous Mental Disease 125:432.
Thale, T., GAbrio, B. W., and Solomon, K. (1950). Am. J. Psychiat. 106:686

J'entends le silence

Ça a commencé en janvier dernier. J'étais dehors, le soir à la campagne, au bout d'un rang. Le ciel était clair et le crissement de la neige sous nos pas nous confirmait qu'il faisait très froid.
— Attends, bouge pas. T'entends pas comme le bruit d'une autoroute au loin?
— … Non.
— …

Ce bruit d'autoroute au loin que j'entends dans mon oreille droite, il ne m'a plus jamais quitté. Après consultation, on m'a appris que, selon toute vraisemblance, il serait là pour toujours. Il peut rester stable ou devenir plus fort avec la fatigue ou avec l'âge. Il y a très peu de chances qu'il diminue, encore moins qu'il disparaisse. Aussitôt que le silence se fait, je l'entends.

Une autre petite mort. Encore.

De la mescaline

Ce billet est le premier d'une série de trois portant sur les drogues hallucinogènes. Le lecteur pourra retrouver l'ensemble du triptyque en consultant les billets de ce blogue portant l'étiquette hallucinogène.

Tranche du livre « The hallucinogens »

Il y a quelques années de cela, mon frère m'a donné un livre qui était soumis à l'élagage à la bibliothèque où il travaillait à ce moment-là: The hallucinogens [1]. Ce livre, publié en 1967, est une monographie sur la question dont il porte le titre, les drogues hallucinogènes.

Il a trainé dans ma bibliothèque à la maison pendant quelques années, attirant le regard curieux des convives qui eurent la chance de passer un peu de temps dans mon salon. Je ne l'ai ouvert que récemment et, je dois dire, je ne suis pas déçu.

Contrairement à ce que le nom savant de monographie laisse présager, ce livre contient une bonne partie de témoignages et de notes des auteurs qui peuvent être lus comme un roman. Certes, des équations chimiques et des noms de molécules forment l'essentiel de son contenu, mais le texte qui peut être lu par le quidam de passage, comme moi, vaut largement le détour.

Je transcris ici un passage [2], traduit par moi, qui relate un des premiers témoignages (1922) d'une personne sous influence de la mescaline.

L'illusion des sens est le facteur intéressant à cette étape. Des objets forts ordinaires peuvent paraître tout à fait merveilleux. En comparaison, le monde normal tel qu'il nous apparaît à tous les jours semble pâle et morne. Des symphonies de couleurs sont perçues. Les couleurs luisent avec une délicatesse et une variété qu'aucun être humain ne pourrait produire. Les objets baignent dans des couleurs tellement vives, bougent et changent leurs teintes si rapidement que la conscience est à peine capable de suivre. Alors, après un bref instant, des arabesques colorées et des figures apparaissent dans un jeu sans fin, estompées par des ombres noires, ou brillant d'une lumière radieuse. Les formes qui sont alors produites sont de variétés charmantes; des formes géométriques de toutes sortes, sphères et cubes changeant rapidement de couleur, triangles avec des points jaunes desquels émanent des chaînes dorées ou argentées, tapisseries rayonnantes, tapis, dentelles en filigrane bleu ou sur un fond sombre, des rayures rayonnant en rouge, vert, bleu ou jaune, des motifs de carrées sur une broderie dorée, étoiles avec une teinte bleu, verte ou jaune, qui semblent être des réflexions de cristaux magiques, paysages et champs lumineux avec des pierres précieuses de plusieurs couleurs, arbres avec des fleurs jaunes pâles, et plusieurs choses dessous. En plus de ces objets, des personnes de forme grotesque peuvent fréquemment être aperçues, nains colorés, créatures fabuleuses, plastiques et bougeantes ou immobiles, comme dans une photo. À la fin de la psychose un homme avec les yeux ouverts voit des oiseaux blancs et rouges et, avec les yeux clos, des demoiselles blanches, des anges, la Vierge Marie et le Christ dans une couleur bleue pâle. Une autre patiente a vu son propre visage lorsqu'elle fermait les yeux.

C'est avec difficulté que j'ai traduit ce texte, les mots utilisés étant d'une grande précision dans la langue de Shakespeare. Ce qui me fait émettre la recommandation suivante: si jamais vous faites de la mescaline, ou une autre drogue hallucinogène, arrangez-vous pour ne pas être avec un unilingue anglophone ayant du vocabulaire, vous risquez de ne pas saisir grand chose.

Suite à cette lecture, j'ai compris pourquoi les dessins psychédéliques (consulter l'origine de ce mot, ça vaut le détour) proposaient une orgie de couleurs. J'ai aussi pris conscience, paradoxalement, que ces drogues offraient une expérience d'un autre niveau de conscience, me rappelant ainsi L'Heptade d'Harmonium ou encore la théorie des niveaux de conscience de Timothy Leary, très à la mode dans les années 60 et 70, les années psychédéliques.

L’autobus magique

De plus, les personnes à qui j'ai parlé de cette lecture et ayant eux-mêmes fait l'expérience de drogues hallucinogènes, principalement du PCP (ou LSD?) je crois, se sont tous montrés très enclins à me raconter leurs expériences. Le meilleur exemple que l'on m'ait donné est celui d'un voyage, on visite un autre endroit et on en revient avec de nouvelles sensations, de nouvelles expériences que l'on ne connaît pas ici. Curieusement, ces personnes ne désiraient pas consommer de nouveau des drogues hallucinogènes, elles étaient contentes d'en avoir fait l'expérience mais ne voulaient pas recommencer. J'en déduis que le pouvoir toxicomanogène de ces drogues est très réduit, sinon nul.

Sur le même sujet, je vous recommande l'écoute du témoignage de Claude Gagnon, artiste contemporain du Québec, qui nous parle de son expérience du LSD dans une capsule de l'expo 67 diffusée à Radio-Canada. Son commentaire est aussi inspirant et clair que le témoignage copié ci-haut.

Finalement, on m'a proposé de regarder de ce vidéoclip d'Alain Bashung, si jamais j'étais sous l'influence d'un hallucinogène. Bonne écoute!

[1]: Hoffer A & Osmond H (1967). The Hallucinogens. Academic Press, New York. ISBN 0-12-351850-4.
[2]: Ibid., p. 5

La haute troposphère est hockey

Jeudi 11 avril 5 heure UTC, dans un vol d'Air Canada, quelque part au-dessus de l'Atlantique.

Ici le capitaine Lemieux. Ceci est un message pour les amateurs de hockey, le Canadiens a gagné 4 à 1 contre Boston.

Je vais vous prendre un Antarctique. Sans glace s'il vous plaît.

Supposons qu'on laisse le char virer trop longtemps dehors et que la glace sur l'Antarctique finit par fondre, au grand complet. À quoi ressemblerait le continent ainsi libéré?

À ca:

L’Antarctique libéré de la glace

Sur l'image, on distingue en bleu pâle les limites actuelles des glaces des l'Antarctique. Cette image ne tient pas compte de la hausse du niveau des océans qui suivrait une telle fonte, ni de l'ajustement isostatique (un autre mot à ploguer demain au bureau) des terres ainsi libérées de toute cette glace.

Ah ben ça alors, l'Antarctique est composée d'îles. J'aurais jamais cru.

Exercice laissé au lecteur: À quoi ressemble un Groenland sans glace?

Roberval est hockey

Après 2 années en Ontario, c'est la ville de Roberval, dans le nord du Royaume, qui recevra un match pré-saison de la LNH pour l'an prochain. C'est grâce au vote populaire dans le concours Hockeyville que Roberval a mérité cet honneur.

Roberval est hockey

En plus d'exalter la fierté québécoise, et surtout jeannoise, ça va nous faire un match du Canadiens de plus à regarder à la télévision d'état (CBC).

C'est donc un rendez-vous, le 23 septembre prochain: Sabres vs. Canadiens (on peut dire que ce sont les Canadiens qui seront à domicile).

Source: Le Quotidien

Les zombis et le gouvernement du Canada

J'écoutais hier soir un film canadien de zombis: Fido. Il est produit, entre autres, par Téléfilm Canada.

Zombi canadien

J'ai un doute pour ce film. Est-ce que les zombis sont pour ou contre l'ordre public?

C'est une question difficile. Je sais ce qu'est un zombi mais, pour ce qui est de l'ordre public, ce n'est pas défini dans la loi C-10. Comment faire?

La beauté de cette loi réside dans le fait que les créateurs vont toujours devoir se poser cette question à l'avenir avant de demander du financement au gouvernement fédéral.

Pis des fois, la réponse n'est pas évidente.

Je suis riche

Quand j'étais jeune, mon grand-père me disait qu'une personne riche, ce n'était pas quelqu'un qui a plein d'affaires, mais quelqu'un qui a une piastre dans ses poches et qui peut dire: « c'est peut-être juste une piastre, mais cette piastre-là, elle est moi, y a personne qui peut venir la réclamer parce que je lui dois ».

20 piastres à moi

Eh bien grand-père, toi qui dois sûrement être abonné à mon fil RSS de là-haut, voilà, c'est fait. Depuis mercredi dernier, j'ai un 20 piastres (j'ai ajusté en dollars constant) dans mes poches que personne ne peut venir me le réclamer.

Depuis mercredi dernier, je suis riche.

La neige de ville et la neige des champs

La neige des champs, c'est bien connu, est beaucoup plus blanche que celle de la ville. Nous, citadins, aussitôt que la neige tombe, on se dépêche de la salir. Une photo en bordure de l'autoroute 40 saura nous en convaincre.

Neige après être tombée:

De la neige propre

Neige quelques heures plus tard:

De la neige salle

Albédo: rapport de l'énergie solaire réfléchie par une surface sur l'énergie solaire incidente.

On peut dire que l'albédo de la neige de ville est moins grand que celui de la neige des champs (un albédo de 0 c'est noir, un albédo de 1 c'est comme un miroir). Dites cette phrase-là, en ayant l'air sûr de votre affaire, à votre prochain dîner au bureau. Vous allez avoir du succès.

Qu'est-ce que ça implique dans la vie de tous les jours? À se dire que le printemps va arriver plus tôt en ville qu'à la campagne, la neige fondant plus vite ici parce que l'énergie du soleil est absorbée plus rapidement par un corps sombre (la neige salle) que par un corps blanc (la neige propre).

Or la neige, les eskimos le savent depuis longtemps, c'est un excellent isolant. Elle empêche la belle énergie du soleil de pénétrer dans le sol pour ensuite réchauffer l'air de la couche limite (de la surface jusqu'à 1 km d'altitude, à peu près). Une fois débarrassé de la neige, notre beau sol urbain peut accumuler la chaleur et la diffuser dans l'air pendant l'après-midi.

Une fois qu'il n'y aura plus de neige, ça va être le signal pour les terrasses en après-midi sur St-Denis. Je rêve de cette journée.