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Histoire de Toy

Une passe à Simon H.

Kisangani - critique culinaire

Drapeau de la République démocratique du Congo

Ce billet est le troisième d'un collaborateur de ptaff.ca qui est présentement en République démocratique du Congo. Le lecteur pourra retrouver l'ensemble de cette série en consultant les billets portant l'étiquette congo.

Kisangani est une ville qui surprend le voyageur moderne. Bien que le charme colonial de Stanleyville soit une chose du passé, il y a des tas d'activités à faire en ville, par exemple le magasinage de sculpture en ébène, wenge ou bois de fer. Le voyageur qui n'a pas froid aux yeux pourra aussi faire du lèche-vitrine dans les nombreux comptoirs de vente et d'échange de diamants. Apparemment, ces pierres poussent tout autour de la ville. Mais, après une journée à faire de petits achats, le temps de se restaurer s'impose. Voici donc une liste des restaurants et estaminets recommandés par notre critique qui n'a pas froid aux yeux.

O'Donnels

O'Donnels est définitivement happening les vendredis et samedis soirs. Pour un prix modique, on y déguste d'excellentes brochettes de poulet et frites, accompagné de pili-pili, épice locale particulièrement forte. Le tout arrosé par une excellente Primus, bien froide faut-il préciser. (La bière tablette n'est pas particulièrement recommandée au Congo) Les repas se prennent à l'extérieur, sur une terrasse à deux niveaux, dominant l'imposant fleuve Congo qui bouillonne à quelques mètres de là. À l'intérieur, une sympathique boîte de nuit s'anime vers 23h00. Musique africaine, arabe et indienne se mélangent aux vieux tubes de Britney.

Nourriture: 4 / 5
Ambiance 4 / 5

Blue Hawaii

Le Blue Hawaii nous sert la meilleure pizza en ville. Correction, le Blue Hawaii nous sert la seule pizza en ville. Elle est tout de même excellente. Au Blue Hawaii, on mange sur la terrasse, recouverte d'une magnifique paillote. Chapeau pour l'exotisme, particulièrement les soirs où les chants des crapauds peuvent presque enterrer les conversations. Le Blue Hawaii est le repère des vendeurs de souvenirs. C'est là qu'il faut aller pour faire provision de sculptures sur bois. Des pygmées y vendent parfois des amulettes qui protègent de la malaria. Pratique. Le voyageur un peu plus aventureux pourra y acheter sculptures en ivoire, or et diamants bruts. Je déconseille.

Nourriture: 3 / 5 (la faible diversité du menu impose cette piètre note)
Ambiance 2 / 5 (trop de vendeurs de gogosses viennent briser un endroit qui pourrait être charmant)

Le Chalet

Le Chalet est tenu par un Belge qui a bourlingué à travers l'Afrique pendant des décennies. Le resto qu'il a ouvert à Kisangani est probablement l'un des meilleurs de la ville. Il est doublé d'un motel avec une belle cour intérieure. Les chambres sont propres, ensoleillées et accueillantes. Pour 80$ on vous y reçoit.

Le Chalet est spécialisé dans les grillades. Un immense BBQ est au milieu de la cour intérieure, près de la piscine. On y grille diverses sortes de viandes locales, la spécialité étant sûrement une bonne brochette de Capitaine. Le Capitaine est un poisson d'environ 70 cm qui vit dans le fleuve Congo. Il est immense et particulièrement laid! Par contre, en grillade ou brochette, il est excellent. Accompagné d'une Primus, le tout est savoureux! Seul point faible du restaurant, non seulement il faut réserver sa table, mais il faut aussi réserver son repas! Il faut donc aller faire un tour dans l'après-midi au Chalet pour réserver table et repas, incluant les boissons alcoolisées. Le soir venu, il ne nous reste qu'à nous pointer.

Nourriture: 5 / 5
Ambiance: 3 / 5

Boyoma Boyoma

Le Boyoma Boyoma est le dance club le plus hot en ville. Nous dirons seulement que « ce qui se passe au Boyoma Boyoma, reste au Boyoma Boyoma »

Nourriture: On n'y va pas pour manger!
Ambiance: 5 / 5! [NDE: ce n'est pas un 5 factoriel mais un 5 avec un point d'exclamation!]

Ce billet est publié sous licence Creative Commons BY.

Ent'deux joints tu pourrais écrire un billet

Extrait de la biographie de Pierre Bourgault:

Guillement français, ouverture

Un jour, le texte d'une chanson lui vient presque d'un seul trait: « Ent' deux joints tu pourrais faire queq'chose/ Ent' deux joints tu pourrais t'grouiller l'cul ». Cette chanson, baptisée tout naturellement Ent' deux joints, sera sa plus célèbre.
« Il l'a écrite devant moi très vite, en moins de 30 minutes », se souvient Steve Fiset. Bourgault veut tout de suite la donner à Robert Charlebois. Afin de la lui présenter, il organise chez lui un repas auquel prend aussi part Geneviève Bujold, toujours belle, énergique, intelligente et tranchante.
La rencontre ce soir-là est très vive, se rappelle Robert Charlebois.

Ça avait été vraiment bien arrosé et bien « jointé » aussi. Bourgault m'avait alos montré Ent' deux joints. Je pense qu'il n'y avait pas encore de refrain. C'est moi qui avais trouvé le « grouille, grouille, grouille-toi l'cul ». Ce n'était pas monté comme une chanson. Mais je n'ai fait au fond que le montage et la musique. Tout était là! Je crois qu'il en a été fier toute sa vie. Bourgault était convaincu, dès le départ, qu'il avait quelque chose d'extraordinaire pour moi. Et c'est devenu en effet un très gros hit. Le lendemain de notre rencontre, la chanson était terminée.

La chanson dépeint tout à la fois une situation historique et ses conséquences, selon la perspective anticolonialiste de Bourgault, avec une remarquable économie de moyens. Le refrain est scandé comme un appel à l'action, urgente, nécessaire, alors que le coeur de la chanson s'applique à projeter des instantanés de la condition québécoise.

Ta soeur est aux États ton frère est au Mexique
Y font d'l'argent là-bas pendant qu'tu chômes icitte
T'es né pour un p'tit pain c'est ce que ton père t'as dit
Chez les Américains c'pas ça qu't'aurais appris

Y t'reste un bout' à faire faut qu't'apprennes à marcher
Si tu fais comme ton père tu vas t'faire fourrer
Ah j’sais qu't'es en hostie pis qu't'en as jusque là
Mais tu peux changer ça vite ça presse en maudit
Ent'deux joints tu pourrais faire qu'qu'chose
Ent'deux joints tu pourrais t'grouiller l'cul

T'as un gouvernement qui t'vole à tour de bras
Blâme pas l'gouvernement mais débarasse-toé z'en
Couche-toé pas comme un chien pis sens-toé pas coupable
Moé j'te dis qu't'es capable c'pays-là t'appartient

[…]

T'a pas besoin d'crier t'a juste à te t'nir debout
Ça sert à rien d'brailler mais faut qu't'ailles jusqu'au bout
T'a rien à perdre vois-tu parc'qu'ici au Québec
Tout commence par un Q pis fini par un bec
Ent'deux joints tu pourrais faire qu'qu'chose
Ent'deux joints tu pourrais t'grouiller l'cul

Cette chanson, en un sens, peut aussi être vue, comme d'autres qu'il a écrites, telle une synthèse de sa propre vie : les joints, les déceptions nombreuses, une famille vivant en bonne partie aux États-Unis, les difficultés économiques, la rage au ventre transmuée en force d'action, avec au final la joie que procure une histoire de cul confondue avec le bonheur lui-même. Tout l'homme est dans cette chanson, autant que son peuple lui-même.

Guillement français, fermeture

Source: Bourgault, Jean-François Nadeau, Lux, 2007, 610 pages, ISBN : 978-2-89596-051-5, pp. 366-368.

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Une autre affaire de réglée.

Un dimanche a Kisangani

Drapeau de la République démocratique du Congo

Ce billet est le deuxième d'un collaborateur de ptaff.ca qui est présentement en République démocratique du Congo. Le lecteur pourra retrouver l'ensemble de cette série en consultant les billets portant l'étiquette congo.

Voilà donc, je me trouve maintenant à Kisangani, ville typiquement congolaise située au coeur du pays. Anciennement connue sous Stanleyville, elle a connu sans aucun doute des jours meilleurs. Je reparlerai plus en détails de la ville dans un autre billet.

Le visiteur de passage à Kisangani doit absolument participer à l'événement touristique de la semaine, j'ai nommé la traditionnelle marche du club des marcheurs de Kisangani. Club composé d'une vingtaine de membres. Quelques Canadiens, Québécois, Indiens, Sénéglais, Sud-africains, Belges et Autrichiens s'y rencontrent à chaque dimanche. Eddy notre guide Belge possède une connaissance encyclopédique de la ville, il est le guide idéal.

Au programme une marche d'une dizaine de kilomètre à travers les villages environnant Kisangani. On commence tôt, car le soleil tape fort, nous sommes a 1 degré de latitude nord . Nous quittons la ville et traversons la campagne. Le pas est vif. Plus nous nous éloignons de la ville, plus les
gens sont gentils. Nous sommes observés avec la plus grande curiosité. Un bonjour ou un djambo brise vite la tension et les sourires fusent de toute part. Ce qui frappe probablement le plus pendant cette marche est la quantité phénoménale d'enfants qui sortent de partout. Ils courent derrière nous et rient de bon coeur. Nous sentons bien que la présence d'une dizaine de blancs dans leur village va animer les conversations pendant bien des jours.

Encore une fois, il faut faire attention quand on prend des photos, parfois les gens n'aiment vraiment pas ça. Mais en choississant bien son moment, on peut faire quelques bons clichés, l'idée étant de bien respecter les gens. La caméra reste la plupart du temps dans le sac, au coeur des villages. Je n'ai donc pas de photo des albinos, ces Africains tout blancs, mais avec les traits d'Africains (bizarre!), rencontrés sur le chemin.

Un regret tout de même: de ne pas avoir apporté avec moi sur la marche mon lecteur/enregistreur mp3. Le dimanche, les gens vont a l'église et chantent! avec une église à tous les 400 m, il y a un vacarme d'enfer dans les villages. Véritable atmosphère de kermesse.

Approuvé / réprouvé (à Kisangani)

Approuvé

  1. Les enfants qui nous sourient et qui nous appellent « mzungo » (homme blanc).
  2. Les congolais avec des chandails du Canadien et des Maple leafs. On a même vu le no. 10 Flower. On espère vous envoyer des photos bientôt!
  3. La faune et la flore.

Réprouvé

  1. Les enfants qui nous disent « bonjour, donne-moi de l'argent ».
  2. Les vendeurs de diamants.
  3. La nouvelle dévastatrice de l'élimination du CH à TV5 Monde, par Céline Galipeau.

Les photos

Deux petites filles nous regardent avec une grande curiosité
Deux petites filles nous regardent avec une grande curiosité

Les chemins de la “banlieue” de Kisangani.
Les chemins de la « banlieue » de Kisangani. On se retrouve rapidement dans la brousse. Fini les voitures et le diésel, il fait bon de respirer la campagne.

Les enfants nous suivent en courant, ils semblent apprécier de voir des mzungos dans leur village.
Les enfants nous suivent en courant, ils semblent apprécier de voir des mzungos dans leur village.

Un babouin ou un singe?
Babouin? Singe? Un lecteur peut-il m'aider à identifier cet animal?

La route se transforme peu à peu en sentier.
La route se transforme peu à peu en sentier.

La tondeuse à arbres

Comment se fait-il que les plus grands arbres dans une forêt soient tous de la même hauteur?

La forêt des montagnes Rocheuses

Est-ce un hasard? On peut en douter.

Est-ce que tous les arbres poussent au même rythme? Hum, il n'y a pas de raison. À partir du moment où il y en a un qui prend le dessus sur les autres, il devrait croître plus vite parce qu'il a plus de lumière. Force est de constater que ce n'est pas le cas.

Mais qui donc s'occupe de mettre tout ça égal? On peut penser à un géant qui fait le tour de la forêt le dimanche matin, après avoir bu son café de la taille d'un lac, et qui met ça a niveau à l'aide d'un taille-haie immense.

Si on exclut le dimanche et le café, c'est exactement le cas. Notre géant, c'est Zeus et le taille-haie, la foudre.

Un éclair tombant dans une forêt
Source: blaise.ca

Lorsqu'un arbre devient plus grand que les autres dans une forêt, la foudre s'occupe de le remettre à sa place en le choississant de préférence aux autres arbres lorsqu'un nuage vient à se décharger d'un surplus d'électrons. Ce phénomène a pour effet que les arbres composant la forêt sont contraints à avoir une hauteur maximale pratiquement uniforme.

Je pousserais même le raisonnement en affirmant que, si ce phénomène avait été absent, la végétation telle qu'on la connaît serait fort différente, les plantes auraient trouvé d'autres astuces pour accéder à la lumière car il y aurait eux quelques géants qui auraient fait ombre à tout ce qui les entoure. De plus, ces géants eux-mêmes auraient été favorisés et il y a fort à parier que les arbres auraient pu avoir un croissance plus rapide, un peu comme le bambou, ce qui est présentement à éviter car un arbre qui pousserait vraiment plus vite que ses congénères se feraient, littéralement, foudroyé.

Sur une note finale, je vous invite à aller voir un arbre atteint par la foudre: film 1, film 2.

Note: Ce billet est distribué sous licence Creative Commons BY-SA.

A VENDE

A VENDE

La noix de muscade: la drogue des prisonniers

Ce billet est le troisième d'une série de trois portant sur les drogues hallucinogènes. Le lecteur pourra consulter l'ensemble de la trilogie en consultant les billets de ce blogue portant l'étiquette hallucinogène.

Tranche du livre « The hallucinogens »

Témoignage d'un ex-prisonier et ancien alcoolique, nommé P.R., extrait de Hoffer A & Osmond H (1967). The Hallucinogens. Academic Press, New York. ISBN 0-12-351850-4, pp. 52-54. Traduit par Miguel Tremblay.

Note du traducteur: L'utilisation alternée de la 3e personne (« il », « on ») et de la première personne (« je ») peut sembler étrange, mais est fidèle au texte original, où les mots anglais « one », « he » et « I » sont utilisés de cette manière.

Sur le comptoir de cuisine de la plupart des résidences, on trouve une des drogues les plus puissantes, une drogue vendue dans toutes les épiceries, utilisée par tous les cuistots et ignorée par tous les enquêteurs de la division des narcotiques du ministère de la justice. Même les hippies dans leur frénétique recherche de nouvelles sensations négligent son potentiel de créer des rêves et de stimuler la sensualité. Cette étrange drogue exotique qui provient de l'Orient est d'usage courant et, pourtant, malgré son air innocent d'épice, elle contient une substance chimique capable d'envoyer un personne hors de la réalité pour ressentir une transe hypnotique, où le monde des rêves dorés et de l'extase euphorique l'enlace.

Cette drogue, qui se retrouve parmi les épices de la cuisine, est connue sous le nom de noix de muscade.

Mon garde-manger avec vue sur les épices

Je n'ai jamais connu quelqu'un qui pouvait me dire comment les rares individus qui s'étaient perdus pendant des jours ou des semaines dans le monde irréel que cette épice peut produire, avait tout d'abord découvert que la noix de muscade était un narcotique aussi bien qu'une épice. Peut-être qu'un marin est tombé sur ce secret après s'être échoué sur une île tropical où elle pousse? Ou peut-être que les indigènes l'utilisent dans leurs rites religieux de la même façon que les Amérindiens communiquent avec les mondes des esprits à travers la transe du peyotl. Je l'ignore. Tout ce que je sais c'est que c'est horrible à prendre mais, une fois digérée, elle donne à la personne une paix de l'esprit et du corps jamais trouvée par la consommation d'héroïne ou de morphine.

Pour une raison étrange, la noix de muscade est une drogue qui semble être seulement utilisée en prison ou alors seulement par de rares individus. Je crois que la raison derrière ça est qu'il faut d'abord ingurgiter un breuvage répugnant. Ce breuvage doit contenir entre six et huit cuillères à soupe de noix de muscade. Elle est mélangée dans une tasse d'eau chaude. Le liquide est brassé frénétiquement jusqu'à ce que l'eau devienne d'un brun laiteux. Boire cette mixture est seulement le commencement. La noix de muscade ne se dissout pas et l'usager doit ingurgiter à la cuillère, aussi vite que possible, le reste de la mixture amère dans son estomac rebelle. Pour la demie-heure suivante, l'estomac essaie de s'en débarrasser mais l'usager héroïque combat la nausée et ne vomit pas.

Après environ 45 minutes, l'usager se retrouve à rire de tout d'une manière sotte. Peu importe ce qui est dit, ce qui est fait, ce qui est pensé, tout semble d'un ridicule amusant. Quiconque a fumé de la marijuana a expérimenté cette complète inhabilité à contrôler son rire. Certains ont même connu cette expérience avec le LSD.

Après 30 à 60 minutes de ce rire idiot, la bouche et la gorge commencent à s'assécher comme si on avait pris de l'atropine. Je crois que tout le système devient déshydraté parce que l'usager peut être jusqu'à 36 heures sans aller à la selle ou sans désir d'uriner. Lorsque la déshydratation prend place, les rires cessent et une grande léthargie s'empare de l'usager. Même si on peut penser qu'on peut s'étendre et lire, c'est impossible puisque nos yeux deviennent secs, rouges, contractés et il est impossible de les garder ouverts. La chose naturelle à faire est de s'étendre.

Une chose étrange survient lorsque quelqu'un commence à surfer sur la noix de muscade. J'en ai pris en solitaire dans un endroit où le plancher en béton faisait office de lit; et j'en ai pris où il y avait un lit confortable avec un matelas pour s'étendre. Cela n'avait aucune importance. Une fois que la léthargie prend le dessus, j'avais l'impression que je me reposais sur un nuage. Il semble qu'on ait tendance à s'étendre à plat sur le dos et que la léthargie est tellement grande que pas même un doigt ou un muscle ne bougera à moins d'y être forcé.

C'est lorsque la drogue prend vraiment le dessus que de merveilleuses visions remplacent la réalité. Ce sont habituellement des visions très exotiques. Les miennes, possiblement parce que je vis dans le Far East et que j'adore ça, m'amènent immédiatement sur une île tropicale. À ce moment, la noix de muscade commence à avoir les mêmes caractéristiques qu'une séance de LSD. Les visions et les rêves que l'on expérimente commencent à perdre leur continuité et arrivent en expériences non reliées entre elles. On peut trouver que sa propre enfance devient la réalité, sauf que c'est invariablement une enfance heureuse. Alors, ces visions vont continuer dans un tourbillon de couleurs inexplicables. Soudain, comme si elle provenait d'une distance de milliers de kilomètres, une musique se répandra avec tant de douceur, de lucidité et de couleurs qu'on s'y perd. […] Habituellement, la musique que vous êtes en train d'écouter provient de la radio de la prison. Parfois, tout comme la marijuana, on peut entendre une symphonie jouée de la manière la plus exquise alors qu'il n'y a aucune musique qui joue. Des voix, qui te parlent, font aussi parties de l'expérience.

Contrairement au LSD et à la marijuana – je parle seulement de mes propres expériences maintenant – lorsque quelqu'un m'adresse la parole et que je suis dans un coma de noix de muscade, je peux me ramener à la réalité et comprendre ce qu'il dit. Le seul problème, c'est qu'entre le moment où il pose sa question et ma réponse, on dirait qu'il se passe 10 minutes et que ma voix est très lente et lourde.

Le temps perd toute signification comme avec le LSD. On s'apprécie lorsque l'on est sur la noix de muscade, et on devient presque comme un enfant dans l'habileté de se comprendre soi-même et de se pardonner. L'usager devient très sensuel sous cette influence. Même si les effets durent de 24 à 36 heures, il a habituellement une érection la majorité du temps.

[…] Pour en revenir à la sensualité qu'on expérimente, les images sexuelles deviennent très intenses et palpitantes. Sans attention aucune au fait qu'un garde peut vous attraper, on peut se retrouver en train de caresser son pénis avec un grand plaisir jamais expérimenté auparavant. Peu après, il commence à se masturber et les images sexuelles deviennent tellement réelles qu'elles sont dans la cellule avec toi. On dirait que ça prend des heures et des heures avant l'orgasme final mais, pendant toutes ces heures, on a la sensation d'avoir un orgasme sauf qu'il n'y a aucune éjaculation. Si jamais l'éjaculation survient, elle semble aussi être prolongée pour au moins une heure et, même si la marijuana peut donner des sensations formidables durant une relation sexuelle, je ne connais rien qui crée un tel plaisir sexuel comme la noix de muscade. Je n'ai jamais eu de relation sexuelle sous son influence, mais je demeure convaincu que si un homme et une femme ressentent la même sensualité qu'un condamné a en prison en se masturbant sous son influence, un des deux deviendrait fou de plaisir.

Une autre similarité avec la marijuana qu'il est possible d'expérimenter avec la noix de muscade est le développement d'un appétit vorace, spécialement pour les bonbons. De la même manière que quelqu'un sous l'influence de la marijuana voudra manger n'importe quoi ('chuck-horrors'), de telle sorte que même une bouchée de pain sec goûte meilleur que le plus délicieux des mets du monde entier, la même chose survient avec la noix de muscade.

Je n'ai jamais eu de désir pour la nourriture avec le LSD sauf que, tout comme avec la noix de muscade, j'avais une soif immense pour les jus de fruits.

Que l'effet de la noix de muscade dure 24 ou 36 heures, on ne dort pas vraiment durant ce temps-là. Mais on est dans une hébétude ensommeillée et capable de faire taire tout les bruits détestables. Il ne semble pas être possible d'avoir froid lorsque l'on est sous son effet. Bien que les nuits dans le trou soit une horreur pour moi à cause du froid et que je n'avais pas de couvertures, pendant les nuits et les jours où un copain réussissait à me faire parvenir clandestinement de la noix de muscade, je ne sentais aucun inconfort. Pas plus qu'il ne m'importait d'être dans un endroit lumineux ou dans un endroit sombre. Les yeux sont clos et on voit la plupart des visions dans des couleurs érotiques de toute façon. Je pense que la plus grande ressemblance qu'a la noix de muscade par rapport au LSD est la sensation de reculer loin, très loin dans le temps, à des époques que l'on a seulement connu dans les livres. Une autre chose est la perte complète et l'absence de toute référence au temps tel que nous le connaissons.

Lorsque les effets de la drogue finissent par se dissiper, on tombe dans un sommeil de plomb. Mais le réveil est une torture. Les séquelles de la noix de muscade sont très douloureuses. Chaque os et chaque muscle du corps est douloureux comme si on avait la malaria. À eux seuls, les globes oculaires provoquent une douleur lancinante. Le nez coule sans cesse. Bien qu'en prison – à moins d'un confinement solitaire – il faille aller travailler à moins d'être tellement malade que c'est impossible, personne ne se fait porter malade par le docteur pour une gueule de bois à la noix de muscade. […] Il faut alors se trouver un coin tranquille et essayer de se masser les jambes, les épaules et les bras. Je pense que ceci entre en compte dans le fait que très peu de prisonniers se gâtent ainsi. Lorsque vous le faites, vous vous arrangez pour que ce soit la fin de semaine.

Étrangement, vous voyez rarement un accro aux drogues narcotiques ou un alcoolique faire une rechute à cause de la noix de muscade en prison. C'est habituellement ceux qui ont fumé beaucoup de hashish ou de la marijuana, c'est le plus proche qu'ils ont trouvé pour parvenir au même effet. Je n'ai jamais connu personne qui en utilisait quotidiennement et qui était accro; je n'ai jamais vu personne en consommer à l'extérieur [de la prison].

Kinsasha, premières impressions

Drapeau de la République démocratique du Congo
Ce billet est le premier d'un collaborateur de ptaff.ca qui est présentement en République démocratique du Congo. Le lecteur pourra retrouver l'ensemble de cette série en consultant les billets portant l'étiquette congo.

Étant donné que je serai en République démocratique du Congo pour quelques mois, j'ai pensé profiter du blogue ptaff.ca pour partager quelques observations qui, je l'espère, vous aideront à mieux planifier votre prochain voyage dans ce pays.

Se rendre à Kinsasha à partir de Montréal est d'une simplicité désarmante. C'est presque décevant, considérant ce que devaient endurer les voyageurs pour s'y rendre au début du siècle. On peut ainsi passer du monde nord-américain, au coeur d'un album de Tintin en moins d'une journée, via chez nos cousins les parisiens. Ne pas oublier son certificat de vaccination, les autorités locales vérifient que l'on a reçu le vaccin contre la fièvre jaune.

Ce qui frappe immanquablement à Kinsasha, ce sont les barbelés. Ici tout le monde ayant une maison relativement moderne, l'entoure de barbelé. Le marché du fil de fer me semble en effet être en plein essor. Entendons-nous, Kinsaha n'est pas la ville la plus sécuritaire d'Afrique. On voit bien que cette ville devait être fantastique sous les Belges en 1960. Mais depuis 1960, rien n'a été fait pour améliorer les infrastructures. Tout semble se dégrader lentement. Mobutu et les dictateurs successifs n'ont pas investi dans les infrastructures, ils se sont surtout concentré sur le pillage des ressources naturelles du pays. On a même inventé un mot pour décrire ce genre de régime: une kleptocratie.

À Kinsasha, on peut trouver tous les produits qu'un occidental aime retrouver chez le Loblaws du coin. Mais il s'agit d'y mettre le prix. Par exemple, c'est 12 dollars pour une boites de corn flakes et 300 g de parmesan
se négocie pour 20 dollars. Par contre, les fruits sont presque donnés. Labanane congolaise doit se manger rapidement, car elle n'est pas pleine de préservatifs comme la banane québécoise.

Il y a un nombre tout de même un nombre appréciable d'occidentaux dans les rues. Des gens des Nations-Unies et de différentes ONG, en grande partie, ils se promènent tous dans leur gros 4x4 blancs climatisés. Le modèle Toyota Land Cruiser semble être le modèle de choix du travalleur humanitaire moderne. Par contre, on me dit qu'ils ne viennent pas tous avec le lecteur CD. Déception.

Selon Wikipédia, il y aurait 7,5 millions de personnes a Kinsasha. Selon les estimés des Nations-Unies, ça serait probablement beaucoup plus, peut-être 9 ou 10 millions. La population du Congo croit à un rythme de plus de 3% par année. C'est considérable. En face de Kinsasha, de l'autre coté du fleuve Congo, on peut voir les immeubles de Brazzaville, la capitale de la République du Congo ancienne colonie française (je suis en république démocratique du Congo, ancienne colonie belge…).

Le fleuve est incroyablement puissant et il inspire le respect. Le Rhin me semble de la petite bière à coté de celui-ci. Je comparerais sa largeur à celle du St-Laurent entre Trois-Rivières et Québec. Hydro-Québec s'intéresse à ce fleuve et le potentiel hydro-électrique est tel que l'on pourrait probablement fournir de l'électricité à la moitée sud de l'Afrique avec des barrages sur le fleuve. À investiguer…

A Kinsasha, prendre des photos est fortement découragé, voir interdit. On l'apprend vite a ses dépends. Je pensais que seulement la police locale serait intéressée d'appliquer ce règlement. Erreur. À peine une photo prise que l'on est vite entouré d'une vingtaine de personnes nous criant d'arrêter. Il semble que le Congolais moyen est particulièrement suspicieux d'un Blanc qui prend des photos. Il doit obligatoirement être un espion! Je
confirme que l'expérience d'être au milieu d'une foule de Congolais en colère n'est pas particulièrement plaisante. On se fait demander nos permis de photographes ou encore de l'argent. c'est bien connu, prendre des photos d'endroits public est payant! Et on doit payer à tout le monde qui nous a vu.

Je ne peux pas dire que j'adore Kinsasha. C'est beaucoup trop gros à mon goût et la qualité de l'air s'en ressent fortement. On dirait un gros jour de smog a Montréal en juillet, mais à chaque jour. Ca devient un peu difficile sur les poumons. Début mai, je me déplace a Kisangagi, région que je visiterai pour les 2 prochains mois. Puis, de juillet à novembre, je
serai dans ce qui pourrait être la perle touristique du pays: Goma. Ah Goma, son lac, ses volcans! On a bien hâte!

Approuvé / réprouvé (à Kinsasha)

Approuvé

  1. Se balader sur le bord du fleuve Congo, dans le quartier des ambassades;
  2. Rencontrer des Québécois Chez Nicolas, la pizzéria à la mode;
  3. La disponibilité des téléphones cellulaires, cartes d'appels et les cartes SIM;
  4. Les jeunes Hollandaises qui travaillent pour le CICR.

Réprouvé

  1. Les congolais qui veulent vous « collecter une taxe » quand on prend des photos;
  2. L'odeur des cochons, que gardent nos voisins;
  3. Les effets secondaires des médicaments contre la malaria;
  4. Les gens qui refusent les dollars américains n'étant pas en parfait état.

Les photos

Cuisine Zaïroise
Service de traiteur disponible…. en 1961
Dieu
Dieu est au Congo et il conduit un vieux char. Voici la preuve.
Images typique du centre-ville de Kinsasha

Images typique du centre-ville de Kinsasha

Images typique du centre-ville de Kinsasha
La fameuse carte pour traverser la ville et se rendre aux singes bonobos!
La fameuse carte pour traverser la ville et se rendre aux singes bonobos!
Chèvre sur une auto
Transports en commun
Le 30 juin 1960 est la date de l’indépendance du Congo
Le 30 juin 1960 est la date de l’indépendance du Congo