Le petit chaperon rouge (spécifications)
Le petit chaperon rouge, par le menu:
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La tomassisation est un néologisme issu du nom de l'ancien ministre Libéral de la Famille, Tony Tomassi. C'est une technique qui consiste à identifier et publiciser un prétexte afin de justifier une volte-face.
C'est cette technique que le gouvernement de Jean Charest a utilisée pour renvoyer le ministre de la Famille Tony Tomassi. Soupçonné d'avoir participé à un réseau de corruption permettant d'accorder des permis de garderie à des contributeurs du parti Libéral du Québec (PLQ), Tomassi a été renvoyé sous prétexte qu'il avait eu en sa possession la carte de crédit de son ancien employeur alors qu'il occupait son poste de ministre.
La gravité de cette accusation, par rapport à celle de corruption, était minime. Mais, si la direction du PLQ voulait se débarrasser de Tony Tomassi, il fallait un prétexte. Comme il s'agissait d'une volte-face, le PLQ avait jusqu'ici appuyé le ministre face aux attaques de l'opposition, il fallait invoquer une nouvelle information qui n'était pas reliée aux attaques concernant les garderies. Aussitôt qu'une autre histoire a fait surface, la fameuse carte de crédit, la direction du PLQ s'est indignée et a déchu Tony Tomassi, et du cabinet des ministres, et du parti Libéral. Personne n'y croit vraiment, mais quelques mois plus tard, c'est la raison qui est retenue pour son départ. Mission de communication réussi.
La technique de la tomassisation permet de changer d'idée et de pouvoir garder la tête haute, puisque c'est un nouvel élément qui influence le jugement, pas la réflexion, la prise de conscience ou la pression publique.
La ministre des Ressources naturelles du Québec, Nathalie Normandeau, doit en ce moment être en train de réfléchir à un moyen d'utiliser la technique de la tomassisation pour les gaz de schiste. Peut-être que son lit est fait sur la question, mais comme toute bonne politicienne, elle doit penser à un moyen de conserver une marge de manoeuvre dans ce dossier.
Peu importe l'imposition ou non d'un moratoire sur l'exploitation des gaz de schiste, la nouvelle dauphine de Jean Charest aura un coût politique à payer dans ce dossier. Soit elle persiste et se met la population contre elle, on ne touche pas impunément à l'eau au Québec, soit elle fait volte-face et montre ainsi un manque de caractère.
La meilleure façon de s'en sortir? La tomassisation. Une opportunité a été manquée lorsqu'une nouvelle étude a démontré que l'exploitation des gaz de schiste pouvait compromettre le bilan d'émission des gaz à effet de serre (GES) du Québec. Madame Normandeau aurait ainsi pu changer d'idée, non pas parce que la nappe phréatique est en danger, non sous la pression de la population, mais parce que le dépassement du plafond d'émission de GES coûtera éventuellement cher au Québec lorsque sera mis en place la bourse du carbone.
Le PLQ invoque des raisons économiques pour justifier son aveuglement pour exploiter les gaz de schiste, il peut aussi invoquer une raison économique pour changer d'idée. Il faut simplement que cette volte-face soit sur la base d'une nouvelle information, aussi faible soit-elle. Le département des communications s'occupera du reste.
autodafé: nom masculin. Action de détruire une chose par le feu, particulièrement un livre. Faire un autodafé de livres, de papiers. Source: Antidote
Exemple: L'attention médiatique portée au projet d'autodafé d'un exemplaire du Coran par un obscur pasteur de la Floride force les médias américains à faire un profond examen de conscience. ( Stéphane Baillargeon)
Ce billet est le cinquième de la série Du désintérêt politique. Cette série présente des hypothèses expliquant le désintérêt de la population pour la politique dans les démocraties occidentales. Vous pouvez consulter toute la série en vous rendant sur le billet d'introduction.
La culture commune connaît aujourd'hui une fragmentation qui suit plusieurs lignes de faille: classe sociale, groupe ethnique et consommation médiatique (journaux, télévision, radio, internet, etc.).
La société de consommation est, d'une part, responsable de cette fragmentation. Les corporations développent et offrent une diversité sans cesse croissante de produits pour chacun des champs d'intérêt pouvant s'avérer rentables. La publicité sert de support pour véhiculer l'information sur ces produits, et encourage ainsi les personnes à consommer et à se spécialiser dans leurs passions.
Bien que la diversité ne soit pas un problème en soi, l'augmentation du temps et des ressources consacrées à ces intérêts spécifiques se fait souvent au détriment des enjeux partagés par un groupe plus large. Cette absence d'intérêt survient, soit parce que les personnes n'entrent plus en contact avec les médias diffusant ces enjeux, soit parce qu'ils sont jugés comme peu intéressants, voire non pertinents.
De plus, la société de consommation tend aussi à glorifier l'individualisme, le bien-être passant par la satisfaction des besoins personnels. Le slogan de L'Oréal, Parce que je le vaux bien illustre à merveille ce principe. La promotion de cet individualisme amène à mésestimer les considérations relevant des collectivités.
L'arrivée d'internet a, d'autre part, favorisé l'éclosion des réseaux d'intérêts. Pour peu qu'il y ait une masse critique de personnes s'intéressant à un sujet (sport, musique, botanique, etc.), une communauté est créée et sert de lieu d'échange et de mise en commun d'informations sur ce sujet.
Ces réseaux se concentrent souvent sur des problématiques qui débordent les frontières de leur pays. Ce faisant, les sujets sur lesquels les individus s'attardent, dans la mesure où ils ont une composante politique, ne relèvent souvent plus du niveau de l'État. Cette conception est aussi favorisée par la mondialisation, les enjeux étant maintenant d'un ordre supérieur à l'État.
La dispersion culturelle a donc pour effet de détourner les individus des enjeux communs, tout en diminuant la perception que peut avoir le rôle de l'État sur les enjeux qui les préoccupent.
Les exemples québécois sont plus difficiles à trouver en ce qui concerne la fragmentation culturelle.
On pourrait, dans un premier temps, souligner l'offre extraordinairement diversifiée des sujets couverts par les magazines: jardinage, science, mariage, cuisine, informatique, etc. Bien que cette réalité soit loin d'être exclusive au Québec, l'esprit curieux peut probablement trouver satisfaction à l'une de ses passions au dépanneur du coin.
On peut aussi penser à ce qu'est le symbole des élections au Québec depuis 2 décennies: les pancartes électorales. La dispersion culturelle a eu pour effet de rehausser l'importance de la publicité dans la rue. Dans bien des cas, il s'agit du seul lieu où la population concernée par des enjeux locaux, au sens large, peut être rejointe.
Cette dernière constatation est paradoxale. Dans la mesure où la dispersion culturelle est causée en partie par internet, on pourrait être amené à penser que l'information ainsi dématérialisée conduirait les supports physiques à être reléguées aux ordures. Or, c'est tout l'inverse que l'on constate.
Dans cette optique on peut penser, par exemple, que la stratégie des partis politiques montréalais de ne pas utiliser de pancartes électorales, lors des élections municipales de 2009, était une erreur.
J'ai envoyé le texte du billet sur L’impératif d’un moratoire sur les gaz de schiste au courrier au lecteur du Devoir.
Il a été publié dans la section lettre de l'édition du 2 septembre 2010.