697 billets et 975 commentaires jusqu'à maintenant

Lettre aux Acadiens et aux francophones hors du Québec

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

Lors de mes deux campagnes électorales comme candidat pour Option nationale (ON), il m'est arrivé à plusieurs reprises de discuter avec des Acadiens. Lorsque j'expliquais qu'ON militait pour l'indépendance du Québec, ils avaient pour la grande majorité une réaction négative. Ils m'expliquaient que l'indépendance du Québec allait affaiblir les communautés francophones hors Québec, que leurs communautés seraient encore plus rapidement assimilées.

Amis acadiens et francophones hors Québec, le Québec pays sera plus utile à la prospérité de vos communautés qu'il ne peut l'être à l'intérieur du Canada. Voici pourquoi.

Observons d'abord que la survie de la langue française au Canada est étroitement liée au nombre d'habitants et au pourcentage relatif de francophones dans chaque province. Moins il y a de francophones dans une province, plus l'assimilation vers l'anglais y est rapide. Le déclin des communautés francophones est présentement rapide et avancé dans la majorité des provinces, alors même que le Québec fait partie du Canada.

Constatons ensuite que le Québec n'a aucun rôle officiel dans la protection de la langue française dans les autres provinces. C'est à chaque gouvernement provincial, sur son territoire, de même qu'au gouvernement fédéral, d'assurer cette protection. Que le Québec soit présent dans cette fédération ne représente aucune garantie que les autres juridictions protégeront le français. C'est d'ailleurs une réalité qui se vérifie tout au long de l'histoire du Canada. Prenons par exemple le règlement 17 de l'Ontario, qui fut en vigueur de 1911 à 1927, interdisant l'enseignement en français au-delà des deux premières années du primaire. Ou encore plus récemment, en 2003, alors que le gouvernement néo-écossais s'est fait blâmer de ne pas avoir suivi l'ordonnance d'un juge acadien, qui le sommait de construire des écoles françaises pour les Acadiens. On trouve de tels exemples dans chacune des provinces du Canada.

La présence du Québec dans la fédération canadienne n'assure donc aucune protection pour les communautés francophones des autres provinces. Le Québec lui-même peine à mettre en place des mesures de protection de la langue, notamment parce qu'il est soumis à la constitution canadienne. Comment pourrait-il aider politiquement les autres communautés francophones?

Même si leur gouvernement est menotté, rappelons que les Québécois ont déjà soutenu de façon indirecte les francophones des autres provinces. Avant la Révolution tranquille, cela se faisait grâce à un réseau d'entraide parallèle mis sur pied par l'Église catholique. Ce mouvement religieux, représentant l'écrasante majorité des Québécois francophones, a joué un rôle essentiel grâce aux prêtres québécois ayant mis sur pied des écoles de langue française dans les autres provinces. Avec la laïcisation de la société, ce réseau n'a plus les moyens, ni la mission, de soutenir de tels projets.

Lorsqu'il sera un pays, le Québec disposera de représentations dans les États étrangers, y compris le Canada. S'ajoutera alors tout un réseau d'institutions inexistant dans le Québec-province. Ces institutions auront des ressources pour promouvoir les intérêts et les valeurs des Québécois. Et comme la langue française sera une pierre d'assise de ce nouveau pays, la promotion de cette langue sera sans aucun doute au cœur de ses mandats. Ce soutient pourrait prendre la forme, par exemple, d'un réseau d'éducation calqué sur le modèle des collèges français, les « collèges québécois », dans les provinces du Canada.

Amis Acadiens et francophones de toutes les provinces du Canada, pourquoi défendre l'intégrité d'un pays qui, depuis sa création, utilise les outils politiques qu'il possède pour forcer directement ou indirectement votre assimilation? En appuyant l'indépendance du Québec, vous favorisez la création d'un pays francophone en Amérique du Nord qui sera en mesure de vous aider à sauvegarder votre culture. Le Québec province ne peut à peu près rien pour vous, alors qu'un Québec pays possédera les institutions, les moyens financiers et le mandat de renforcer les communautés francophones.

Aucun commentaire pour l'instant.

Réagissez