Les souffrances invisibles : Pour une science à l’écoute des gens
Billet originalement publié sur Facebook. Vous pouvez consulter la série de mes critiques de livre en suivant l'étiquette Critique sur ce blogue.
J'ai connu Karen Messing grâce à Wikipédia, ayant créé l'article à son nom dans un effort pour compenser le peu de biographies de femme sur l'encyclopédie collective (entre 15 et 20%, selon la langue). Lors de notre rencontre, elle a souvent mentionné son dernier livre, qui pourrait servir de référence. Ne faisant ni une ni deux, je suis allé le chercher à la bibliothèque.
Cette lecture m'a permis d'apprendre que Mme. Messing est une scientifique engagée avec ses sujets, c'est-à-dire les travailleurs et, très souvent, les travailleuses. Elle utilise le concept de "fossé empathique", qui empêche les scientifiques d'orienter leurs recherches afin de venir en aide aux travailleurs, ou simplement aux employeurs de se mettre à la place de leurs employés.
Son livre est jalonné d'exemples de ce fossé empathique, qu'elle a rencontré tout au long de ses différentes études, en étant elle-même frappée avec ses étudiantes à la maîtrise. On peut penser par exemple aux caissières, qui sont toujours obligées de travailler debout en Amérique du nord, alors qu'elles peuvent travailler assises en Europe. J'ai également appris de quelle façon le pourboire pouvait nuire aux conditions de travail.
On apprend également sur l'histoire scientifique du Québec, Mme. Messing ayant débuté sa carrière universitaire dans les années 70 à l'UQAM, alors que le monde syndical et universitaire mettaient en place du financement pour des études directement appliqué à l'amélioration des conditions des travailleurs (la profession d'ergonome prend alors toute son importance). Son approche qui est celle de la comparaison de classes sociales, aujourd'hui plus rarement utilisée, va droit au but. On réalise d'ailleurs que la lutte pour l'égalité homme/femme est loin d'être terminée.
L'auteure sort à l'occasion de son rôle de scientifique pour donner son opinion, qui semble parfois peu appuyé par les études, dans un livre qui autrement est fort étayé de références dans la littérature scientifique.
Un livre de 300 pages qui permet d'ouvrir ses horizons aux sciences sociales, à la lutte des classes et à l'histoire scientifique du Québec.
Livre:
http://ecosociete.org/livres/les-souffrances-invisibles