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Le grand dictionnaire terminologique: enfant de la loi 101

Pourquoi le gouvernement du Québec en est-il venu à créer l'Office québécois de la langue française et, plus précisement, le grand dictionnaire terminologique?

Excellente question.

On se souvient de la situation qui prévalait au Québec avant les années 60: les francophones étaient économiquement minoritaires alors qu'ils représentaient la majorité de la population.

À partir de 1969 et pendant toute la décennie qui suivra, « les gouvernements québécois successifs ont, sous la pression de l'opinion publique francophone et au milieu de tensions considérables, élaboré une véritable politique linguistique. Cette élaboration est jalonnée par trois lois importantes, avec leur cortège de règlements d'application: la Loi pour promouvoir la langue française (loi 63) adoptée en 1969; la Loi sur la langue officielle (loi 22), en 1974; la Charte de la langue française (loi 101) de 1977. »

En gros, la loi de 1969 propose le libre choix mais promeut l'usage du français dans la société. En 1974, le gouvernement de Robert Bourassa crée le projet de loi 22 qui consacre le français comme langue officielle du Québec tout en reconnaissant deux langues nationales, l'anglais et le français. Cette perspective sera éliminée par la suite par la loi 101 qui consacre le français comme langue officielle du Québec. Un crescendo dans les mesures faisant du français LA langue du Québec.

« La politique linguistique, enfin, prévoit l'existence d'organismes spécifiques pour admnistrer les lois. Depuis 1961, existait l'Office de la langue française, chargée d'améliorer la qualité de la langue au Québec. La loi 63 élargit son mandat en lui confiant un pouvoir d'enquête et de recommandation. La loi 22 le remplace par une Régie de la langue, aux pouvoirs étendus, qui doit veiller à l'application et au respect de la loi. La Charte de la langue française [loi 101], enfin, établit trois organismes: un Office, chargé des programmes de francisation et des travaux de terminologie; un Conseil, qui évalue la situation linguistique; une Commission de surveillance, véritable "police linguistique" s'occupant des contraventions à la loi. »

Qui s'en serait douté? Le grand dictionnaire terminologique est un enfant de la loi 101. L'anglais étant la langue technique par défaut dans les entreprises, le gouvernement de René Levesque décida de prendre le taureau par les cornes et de créer un organisme responsable de la francisation du langage technique, pour qu'il n'y ait plus aucune barrière à l'utilisation du français dans le milieu de travail des Québécois.

Référence:
Histoire du Québec contemporain tome II: Le Québec depuis 1930, Paul-André Linteau, René Durocher, Jean-Claude Robert et François Ricard, chapitre 41 - La question linguistique, pages 595-604

Texte révisé de la ptafflist.

Économiser ou produire un kilowatt-heure

Suite à mon voyage à la Baie James, je me suis intéressé à la Paix des Braves. J'ai écouté un documentaire, produit par Jean Fugazza, portant ce titre et distribué par Zone3.

Voici un extrait d'une entrevue de Jacques Parizeau qui nous explique qu'il avait demandé à Hydro-Québec, alors qu'il était premier ministre du Québec et dans le cadre du projet Grande-Baleine, s'il était plus cher de produire ou d'économiser un kilowatt-heure.

Pour ou contre les femmes

Léger Marketing vient de m'appeler pour un sondage.

Il y avait la question «Êtes-vous pour ou contre qu'une femme soit première ministre du Québec ?».

Je ne pouvais pas être neutre, les choix étaient:
*Pour;
*Contre;
*Ne sait pas.

Moi je m'en fous que ce soit une femme ou un homme à la tête du parlement, mais ça ne se reflettera pas dans les résultats du sondage, par design du questionnaire.

Le programme d'histoire au Québec et le rôle du Canada dans le monde

Axiome: Les connaissances que l'on a sur un sujet influence notre opinion face à un enjeux impliquant ce même sujet.

L'État fournit une éducation de base obligatoire pour tous les citoyens. Au Canada, l'éducation est une compétence provinciale, il en revient donc au gouvernement du Québec de déterminer quelle forme prend cette éducation et quel est sont contenu. La formation de base à laquelle les citoyens doivent se présenter sont les niveaux d'école primaire et secondaire (quoiqu'il n'y ait pas de critères obligatoires de succès à aucun des paliers).

Ce qui est enseigné à ces niveaux se trouve dans ce que l'on nomme les programmes. Ceux-ci sont créés par le ministère de l'éducation. Les programmes sont une incarnation tangible de ce que le gouvernement estime essentiel au niveau du savoir, de la connaissance, et plus récemment des compétences.

Je tiens à m'attarder plus précisément sur l'enseignement de l'histoire au niveau du secondaire au Québec, c'est-à-dire sur les connaissances que devraient posséder la majorité de la population Québécoise. Cet enseignement va changer avec la réforme sur l'éducation, les propos qui suivent tiennent pour les gens ayant fréquenté l'école secondaire entre 1982 (date de mise en application des programmes) et 2007, et possiblement avant.

Il y a 2 cours d'histoire au secondaire, un premier en secondaire II (les élèves ont environ 13-14 ans) et un second en secondaire IV (15-16 ans).

Le cours d'histoire du secondaire II est un cours d'« histoire générale », c'est d'ailleurs le titre du programme. Ce cours couvre la période allant de la préhistoire jusqu'au XXe siècle. Il y a un module, le dernier, qui s'intéresse au XXe siècle. Il a pour titre le siècle actuel et a pour but « de comprendre les aspects de la continuité et du changement au siècle actuel ». Dans ce module, l'élève apprend « le lien entre les changements technologiques et l'évolution récentes des sociétés occidentales ».

Ce premier cours apprend donc à l'élève les grands pans de l'histoire (préhistoire, Antiquité, moyen-âge, etc.). On effleure le XXe siècle et ceci pour situer la société occidentale dans le monde. Ce survol est macroscopique.

Le cours d'histoire du secondaire IV est un cours sur l'histoire du Québec et du Canada. Ce programme, tout comme le cours d'histoire générale, est divisé en 7 modules. Il n'y a que le dernier module (le module 7) qui traite du Québec contemporain, (de 1939 à nos jours) et que la troisième partie du dernier module (7.3) qui parle de l'époque allant de la Révolution tranquille à aujourd'hui. Cette dernière partie a fait l'objet d'une révision en 1998.

Première constatation: le traitement de l'histoire du Canada s'arrête en 1840 avec l'Acte d'Union. Il n'est alors plus question du Canada, si ce n'est que pour y situer les revendications du Québec. Le cours devrait plutôt s'intituler « Histoire du Québec », le Canada n'étant vu que comme un cadre historique où le Québec se situe.

Deuxième constatation: il y a un quinzième (1/15) de tout le contenu du deuxième programme, et donc de tout le programme d'histoire du secondaire, qui couvre l'histoire du Québec allant de 1960 au moment où la personne suit ce cours d'histoire (entre 1982 et 2007).

Troisième constatation: tout au long du cours d'histoire du Québec et du Canada, l'enseignement est polarisé par la division que j'appellerai, par convention, linguistique. Le programme est divisé en 3 parties: le régime français, le régime britannique et la période contemporaine.

Regardons plus attentivement la section « Aspect politique » de la section 7.3 du programme. Si on écarte la question linguistique et le nationalisme, dans lequel j'inclus la question constitutionnelle, il reste 2 points: la consolidation du Québec dans le monde et les revendications autochtones. Pour ces 2 points, on parle de moins de 2 heures de classes, dans le meilleur des cas.

Tout le programme d'histoire de secondaire IV est tourné vers l'intérieur des frontières, essentiellement celles du Québec. Il n'y a pas de place pour le rôle qu'a joué le Canada et le Québec dans le monde au XXe siècle. Rien sur l'histoire militaire (guerres mondiales, guerre de Corée), rien sur le rôle du Canada dans la guerre froide (création des Casques Bleus), rien sur le rôle du Canada dans les traitées de libre-échange ou sur tout autre position économique, politique ou sur tout autre enjeux mondial.

Conclusion

Je fais cette analyse non pas pour critiquer la manière dont a été enseigné l'histoire au Québec durant les 25 dernières années, mais pour mettre en lumière que cet enseignement de l'histoire est tournée vers l'intérieur des frontières et mets l'accent principalement sur la problématique Québec-Canada, anglais-français.

Lors des prises de positions du peuple Québécois, celui-ci a tendance à être isolationniste, à minimiser ou négliger le rôle que le Canada ou le Québec pourrait avoir dans le monde. On peut se demander si l'histoire telle qu'elle est enseignée est un reflet de cette vision ou si elle en est en partie la cause. Si les Québécois sont incapables de se visualiser dans le monde, toute implication de celui-ci dans une cause de cet ordre peut-être vue comme une perte de temps, de ressources et d'énergie.

Chose certaine, le programme d'histoire tel qu'il a été enseigné entre 1982 et 2007 ne donne aucun élément pour être capable d'appréhender le rôle que le Canada/Québec pourrait avoir dans le monde. Seulement un très bon aperçu du conflit linguistique qui l'afflige.

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