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Étendue géographique des attaques des pirates somaliens

Les cartes suivantes montrent l'évolution du problème de la piraterie en Somalie. De 2005 à 2007, le problème n'était pas très répandu et les opérations des pirates s'effectuaient plutôt près des côtes.

Carte des attaques de pirates dans le golfe d’Aden pour 2005
Carte des attaques de pirates dans le golfe d’Aden pour 2005
Carte des attaques de pirates dans le golfe d’Aden pour 2006
Carte des attaques de pirates dans le golfe d’Aden pour 2006
Carte des attaques de pirates dans le golfe d’Aden pour 2007
Carte des attaques de pirates dans le golfe d’Aden pour 2007

Il semble que c'est en 2008 que se produit le plus grand changement. À partir de cette année, la majorité des attaques se produisent dans un secteur bien déterminé, entre le Yémen et la Somalie. On peut déduire qu'à partir de ce moment, ce qui était une activité locale commence à s'organiser. On peut présumer qu'avant 2008, les actes de pirateries étaient commis par des pécheurs désoeuvrés. Puis, à partir de 2008, le tout s'organise, un peu comme une grande entreprise. Les pirates acquérant de l'expérience, ils décident de cibler une zone particulièrement riche en objectifs.

Carte des attaques de pirates dans le golfe d’Aden pour 2008
Carte des attaques de pirates dans le golfe d’Aden pour 2008

Puis en 2009, c'est le choc. La piraterie côtière prend le large! Il semble que les pirates opèrent maintenant à partir de vaisseaux-mères qui naviguent au large pour plusieurs jours. Ces navires lancent des petites embarcations d'attaques rapides sur les objectifs. L'avantage est que la portée des attaques en est décuplée. Aussi le territoire devant être couvert par les forces navales internationales devient de plus en plus grand, diminuant donc les risques pour les pirates.

Carte des attaques de pirates dans le golfe d’Aden pour 2009
Carte des attaques de pirates dans le golfe d’Aden pour 2009

Ces derniers démontrent d'excellentes capacités d'adaptation. Chapeau.

Lire aussi Comment régler le problème des pirates en Somalie?

Référence

* Piracy Map 2008, de l'International Maritime Bureau Piracy Reporting Centre

Comment régler le problème des pirates en Somalie?

Pirates somaliens

Le problème de la piraterie dans le golfe d'Aden est couvert d'une manière plutôt sommaire par les anciens médias. À leur défense, il est en effet plutôt difficile de se rendre au Somaliland ou au Puntland afin de conduire une enquête en profondeur sur le terrain, le contexte de sécurité ne s'y prêtant pas.

On nous dépeint les pirates de la Somalie comme des criminels de la pire espèce. Mais pourquoi y a-t-il des pirates dans cette région du monde? La présence des pirates sur la côte somalienne est une conséquence directe de l'absence d'autorité étatique sur ce territoire. Cette absence d'autorité a comme conséquence que la Somalie ne peut ni défendre ses côtes ni assurer sa souveraineté maritime. Cet état de fait a eu pour conséquence de laisser le champ libre, depuis plusieurs années, aux pêcheurs asiatiques et européens qui ont dépouillé la côte somalienne de tout poissons. De plus, on a retrouvé sur les côtes somaliennes de mystérieux barils remplis de matières toxiques et radioactives. La mafia italienne (qui est souvent dans le business du « recyclage ») s'est servie de cette côte comme véritable dépotoir.

Ceci à pour conséquence que le pêcheur somalien n'a plus de revenu et doit trouver une méthode alternative pour gagner de l'argent. La piraterie s'impose rapidement comme une solution possible.

Y-a-t-il des solutions à ce problème? Évidemment, mais comme pour bien des problèmes, il s'agit avant tout d'une question d'intérêts, d'économie et de motivation. Le règlement du problème en vaudrait-il les coûts humains et financiers? Pour qu'il y ait intervention, il faut qu'il y ait bénéfice pour celui qui la mène. Ce bénéfice peut être économique ou géostratégique. Il pourrait même être au niveau de l'image et de la perception. Imaginez les grands titres: « Le Québec indépendant règle définitivement la question des pirates somaliens ». Belle opération de relations publiques.

Voici donc je crois les grandes lignes pouvant mener à la solution du problème.

1. La solution « beau, bon pas cher »

Augmenter les patrouilles maritimes de la région. Les Combined Task Forced 150 et 151, patrouillent dans la région depuis quelques années déjà. Ceci assure un minimum de présence, mais bien des pirates vont continuer de passer entre les mailles du filet.

2. La solution musclée

Il s'agit d'armer les navires. Les navires commerciaux est bien entendu. Cette décision relève de chaque compagnie maritime. Ça revient donc à comparer les coûts d'assurances au coûts pour engager une petite équipe de contractuels en sécurité (des gros bras!). Quoiqu'il en soit, le problème n'est pas réglé à la source et les pirates se tourneraient vers les navires non armés, cette solution n’est pas globale mais seulement limitée à une compagnie qui prend cette décision.

3. L'invasion!

Envahir et occuper la côte somalienne. Pour éliminer la menace, il faudrait sans aucun doute priver les pirates de leurs bases arrières en Somalie (voir les 3 règles pour gagner une guerre contre-insurrectionnelle). Ça a le mérite d'être diablement efficace! Par contre, la liste des pays ayant la capacité et la volonté de mener des opérations de combat en Somalie semble bien courte, sinon vide.

4. La solution « tous azimuts »

Aider le gouvernement somalien à rétablir son autorité sur le pays et à se développer. Évidemment, ceci serait la meilleure solution, reconstruire un pays est un noble but. Par contre, la liste des « success story » de reconstruction dans les dernières années est bien mince. Nous reste-t-il des milliards pour la Somalie?

5. La solution dite: « romantico-libertarienne »

La publication de lettres de marque. Une solution qui a le mérite d'être originale! Une lettre de marque ou lettre de course est une lettre patente d'un souverain permettant à un capitaine et son équipage de rechercher, attaquer, saisir et détruire les navires ou les équipements d'une nation adverse dans les eaux territoriales internationales ou étrangères. En 1856, le Déclaration de Paris mit fin à cette pratique pour beaucoup de pays, avec la notable exception des États-Unis. À cette époque, la marine américaine étant très petite, le gouvernement voulait se garder l'option d'utiliser cette méthode dans une éventuelle guerre (comme en 1812). Le pouvoir d'émettre des lettres de marque est même enchâssé dans la constitution américaine. À noter, ce pouvoir est détenu par le Congrès américain, non par le Président. Eh oui, il s'agiterait d'un retour au temps romantique des corsaires! Comme une intervention par des citoyens privés se ferait en eaux internationales, nous nageons (!) ici dans un joli flou juridique.

Références

*You are being lied to about pirates, The Independant.
*The two piracies in Somalia: why the world ignores the other? de Mohamed Abshir Waldo.