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Le Sri Lanka et les trois règles pour gagner une guerre contre-insurrectionnelle

Tigre

Le Sri Lanka vient de vaincre les Tigres Tamouls, après une guerre sanglante qui durait depuis des dizaines d'années. Ce conflit a la particularité d'être un exemple d'une armée conventionnelle qui a défait un mouvement de guérilla. Ces exemples ne sont guères nombreux.

Le Sri Lanka y a réussi parce qu'il a appliqué 2 des 3 règles pour gagner guerre contre-insurectionnelle

La règle numéro 2 stipule que pour vaincre un mouvement de guérilla, il faut mettre des forces suffisantes en place et occuper le terrain. Dans les dernières années, le Sri Lanka a appliqué cette règle religieusement. Voyant que le conflit s'était enlisé depuis des décennies, le Sri Lanka pris les grand moyens. Il a entre autre doublé la grosseur de ses forces armées à 190 000 hommes.

En même temps, le Sri Lanka a tissé des liens étroits avec le Pakistan et la Chine. Voyant l'aide de l'Ouest diminuer pour causes de violations humanitaires, le Sri Lanka a décidé d'acheter des quantités importantes d'armes de pays qui sont beaucoup moins stricts concernant ce genre de violations (sources: Los Angeles Time, Times Online).

Grâce à cet arsenal, le Sri Lanka a débuté une longue offensive en 2007 visant a conquérir le territoire tenu par l'adversaire. Changement important de stratégie, l'armée nationale se concentrait désormais à occuper le terrain gagné et ainsi réduire petit a petit le territoire tenu par les tigres Tamouls. Fini les offensives éclairs et les replis stratégiques.

Ceci nous mène à la règle numéro 1: isoler le champ de bataille.

Equipé d'avions de combats chinois, et de navires de patrouilles très performants, le Sri Lanka a réussi à fermer le détroit séparant l'île, de l'Inde, par où passait la grande majorité de l'approvisionnement en armement des Tigres. Depuis l'assassinat de Rajiv Ghandi par les Tigres Tamouls, le support de l'Inde aux Tigres avait en effet grandement diminué, malgré une forte population tamoule sur le continent indien. La coopération "passive" de l'Inde sur ce point fut cruciale. Autre facteur important, les images satellites fournies par une grande puissance occidentale (!) aidèrent grandement la cause Sri Lankaise. Ainsi donc, les Tigres, privés de leur approvisionnement, ont perdu graduellement leur territoire depuis les 2 dernières années, jusqu'à l'effondrement final il y a quelques jours.

Le Sri Lanka n'a pas vraiment eu besoin d'appliquer la règle 3, offrir à la population une alternative pacifique au changement, mais si leur offensive militaire avait été supportée après une forte offensive de propagande, les résultats auraient sûrement été beaucoup plus rapides et moins coûteux en vies humaines. L'armée nationale aurait perdu près de 7000 hommes dans les 2 dernières années.

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2 commentaires à « Le Sri Lanka et les trois règles pour gagner une guerre contre-insurrectionnelle »

  1. Sabina
    1 juin 2009 | 14:28

    How to Defeat Insurgencies: Sri Lanka’s Bad Example
    By Bobby Ghosh / Washington

    http://www.time.com/time/world/article/0,8599,1899762,00.html

  2. yannick
    1 juin 2009 | 16:00

    Merci du lien. Intéressant du point de l'éthique des conflits armés. Je crois que ca touche directement la 3e règle: "offrir à la population une alternative pacifique au changement", qui n'a pas été appliquée par le Sri Lanka.

    On peut penser que le Sri Lanka aurait probablement eu de plus grands succès en l'appliquant et en tendant la main aux populations civiles tamoules, question de séparer la guérilla de son support populaire. Ceci aurait pu probablement réduire ses propre pertes militaires.

    J'en déduis que le Sri Lanka est probablement en fait fort peu intéressé â établir des relations normales avec sa minorité tamoule. Ils vont probablement chercher à les dominer. Ceci n'augure rien de bon pour les Tamouls dans les prochaines années.

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