697 billets et 975 commentaires jusqu'à maintenant

De l'existence des êtres vivants, et de l'humain en particulier, sur la Terre

La Terre

Le concept d'être vivant est contre-intuitif. En effet, pourquoi l'Univers en serait-il venu à créer une entité qui nécessite constamment de l'énergie pour maintenir son équilibre interne par rapport au milieu dans lequel il se trouve?

La deuxième loi de la thermodynamique justifie l'existence des êtres vivants 1. Une des formulations de cette loi stipule que les formes d'énergies disponibles doivent se dégrader vers des formes moins utilisables à d'autres fins. C'est la fameuse augmentation sans fin du désordre, l'entropie, de l'Univers.

Attardons-nous sur les implications de cette loi dans le cadre des corps célestes.

L'énergie du Soleil qui arrive sur la Lune est dans sa très grande partie reflétée par la suite dans l'espace. Elle subit très peu de dégradation. Pour dégrader l'énergie, il faut qu'un corps céleste qui reçoit l'énergie du Soleil, la Terre par exemple, puisse la capter et la dégrader sous d'autres formes moins utilisables par la suite.

La photosynthèse, à cet égard, est une réussite: l'énergie solaire est utilisée afin de créer de la matière organique à partir de l'eau, du CO2 et de minéraux dans le sol. Tous des éléments présents sur la Terre en grande quantité avant l'apparition du vivant. Une partie de l'énergie est conservée sur la Terre elle-même sous forme de matière (la matière organique et surtout le carbone de l'amosphère fixé dans la croûte terrestre) plutôt que retournée dans l'espace.

On peut en déduire que, lorsque le milieu le permet, des êtres vivants apparaîtront pour servir la deuxième loi de la thermodynamique. Cette loi ne spécifie pas quelle forme aura ce vivant, seulement qu'il captera l'énergie pour la dégrader en d'autres formes.

Vu sous cette perspective, l'être humain moderne représente le fin du fin comme servitude de la deuxième loi de la thermodynamique:

  • Le mythe judéo-chrétien veut que la Terre appartienne à l'humain et qu'il doive la dominer. Il lui est ainsi loisible d'exploiter toutes les ressources qui sont à sa disposition sur sa planète.
  • La société de consommation supporte la dépense abusive d'énergie à des fins futiles: déplacer des tonnes d'acier sur des routes de façon quotidienne, l'obsolescence programmée qui mène à remplacer des objets encore fonctionnels, les symboles de réussites qui confondent biens et prospérité.
  • Le système de valeur de reproduction amène à augmenter sans fin le nombre d'humains, augmentant d'autant le nombre d'unités cherchant à s'approprier des biens.

Bref, une fuite exponentielle qui, prise sous cette optique, n'a d'autre finalité que de dégrader l'énergie le plus rapidement possible. Les prochaines décennies détermineront si l'homme n'est qu'un instrument d'une loi thermodynamique.

Dans le cas d'une réponse positive, l'humanité n'aura été qu'un épiphénomène au succès planétaire qui, une fois sa consommation maximale d'énergie atteinte, cèdera plus ou moins rapidement sa place aux organismes exploitant l'énergie disponible à un taux plus soutenable.

Dans le cas d'une réponse négative, nous assisterons à un changement notable dans la façon qu'a l'humanité de concevoir son milieu. Elle réussira à redéfinir son rôle et à respecter les réalités physiques qui l'entourent. Il y a du chemin à faire.

Référence

1. Schneider, E.D, Kay, J.J., 1994, "Life as a Manifestation of the Second Law of Thermodynamics", Mathematical and Computer Modelling, Vol 19, No. 6-8, pp.25-48 © James J. Kay and Eric Schneider, 1992