Le symbole Richard Martineau
Richard Martineau, fort probablement à son corps défendant, est le porte étandard des aversaires du printemps érable. Comment a-t-il pu en arriver là?
Richard Martineau, c'est l'omniprésence médiatique de l'opinion
Tout d'abord chroniqueur estimé dans le journal Voir, un hebdomadaire culturel indépendant, il publie aujourd'hui dans un quotidien de l'empire Québécor, le Journal de Montréal, au rythme époustouflant de 6 fois par semaine. Décupler ainsi le débit de ses opinions n'est pas sans risque, la pertinence risquant fort d'être diminuée. Pour citer Dany Laferrière, Richard Martineau n'a pas suffisamment de ressources intellectuelles pour combler toutes ces pages avec pertinence, ses textes finissant par incarner la vacuité et la superficialité de l'information en continu qui pourrit notre paysage médiatique. Il effleure tous les sujets, il a été qualifié d'omnichroniqueur dans son ancien journal, le coup de gueule demeurant son principal outil.
Richard Martineau, c'est l'opinion qui peut être achetée
En changeant de journal, l'orientation de ses opinions a convergé vers celle de son patron, comme cela a été démontré avec éloquence dans le cas des frais de scolarité. Il rétorquera à cela que ses opinions ont évolué, et nous devons lui accorder le bénéfice du doute. Mais cela n'a au fond que peu d'importance. Que ses opinions aient évolué ou non, les apparences sont contre lui, ce qui dans le paysage médiatique actuel fait de lui un chroniqueur de plus promouvant les intérêts du propriétaire de son journal.
On peut dès lors supposer que Richard Martineau a bradé son opinion pour de l'argent, l'argent d'une mégacorporation tentant d'influencer le gouvernement pour qu'il suive son idéologie.
Richard Martineau, c'est le sophisme à l'oeuvre
Ce qui a fait lever le gâteau, c'est le gazouillis concernant la belle vie des étudiants au iPhone et à la sangria sur une terrasse à Outremont. Cette affirmation est si poreuse qu'elle donna une cible parfaite au feu convergent des adversaires de la hausse. Il a trouvé son vis-à-vis: à son opinion tirée quotidiennement à plus de 200 000 exemplaires, il a eu face à lui 200 000 manifestants qui ont répondu par leurs pancartes et leurs textes.
Le capharnaüm des idées de Richard Martineau et son arsenal de sophismes ont fait ici oeuvre utile: il a poussé ses adversaires à organiser leurs idées, à reposer leur argumentation sur des faits et à les diffuser pour contrer la présence de Québécor, ce qui n'est pas une mince tâche. Ça a donné de bons textes expliquant en quoi son affirmation était un tissu de sophismes (voir ici, là, là et cette parodie de Wikipédia).
Richard Martineau, c'est un symbole
On l'a vu sur des affiches à la manifestation du 22 mars, il est utilisé dans les discours des chefs étudiants, on l'invite pour se justifier à TLMEP (partie 1, partie 2). Richard Martineau est maintenant l'homme, à tort ou à raison, qui incarne le raisonnement facile, l'opinion tous azimuts et le pouvoir qui utilise toutes les plateformes pour mousser les positions qui l'avantagent. Qu'il soit d'accord ou non n'a maintenant plus d'importance; Richard Martineau est un symbole qu'il a lui-même créé et qu'il nourrit quotidiennement depuis des années.
Pour toutes ces raisons, c'est une aubaine pour le Québec d'avoir une personne telle que Richard Martineau: il incarne de façon caricaturale les raccourcis intellectuels d'une certain classe dominante. Et un adversaire est d'autant plus facile à combattre lorsqu'il a un visage!
C'est pour ces raisons que Richard Martineau est maintenant un symbole. Et paradoxalement, ce symbole est surtout utile à son adversaire.