Le mur carmélite
Remontant la rue Henri-Julien jusqu'à la voie ferrée par un beau soir d'été, nous croisâmes un mur de pierre de 10 mètres de haut entourant une série d'édifices.
Bien que nous doutant qu'il s'agissait d'une institution religieuse, nous nous sommes demandé ce qui pouvait bien justifier la présence d'un mur aussi imposant. Servait-il à la protection contre les attaques des Indiens? Des Anglais? Des Américains?
Recherches effectuées, ce mur et ces établissements sont de style médiéval ont été construits en 1895-1896 (en seulement deux ans!) et constituent le Carmel de Montréal.
Le style utilisé a été développé 500 ans plus tôt sur un autre continent et répond à des critères, dont celui de défense contre l'ennemi, qui sont peu justifiés une fois transposés sur la rue Henri-Julien à la fin du XIXème siècle. La seule fonction du mur qui pouvait être utile à l'époque de sa construction est celle d'isolement de la communauté face au monde extérieur. On peut dire que la communauté est, effectivement, cloîtrée.
Il y aurait sûrement eu moyen d'avoir un cloître avec des murs moins hauts et atteindre le même but, comme l'on fait les moines à Oka à la même époque. Mais pour les Carmélites, l'architecture typique de leur ordre religieux importait plus que l'optimisation des ressources nécessaires pour s'isoler. L'identité historique de leur ordre étant lié à cette architecture, ils ne se sont peut-être même pas posé la question.
Comme quoi, parfois, le symbole est plus important que la fonction.