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Comment fonctionne AdWords

ptaff.ca héberge une page où l'on vend des autocollants à l'effigie de de Tux, ce valeureux manchot symbole du système d'exploitation GNU/Linux. Tentant d'augmenter les ventes (en dépit de l'opinion de mon webmestre favori), je suis allé visiter le système de publicité AdWords de Google.

Le principe est simple: on achète des mots-clefs et lorsqu'un usager exécute une recherche sur ce mot-clef, la publicité apparaît à gauche de l'écran sous le titre « Sponsored Links » ou encore « Liens commerciaux » sur la version française du site. Par exemple, lorsque l'on effectue une recherche avec le mot-clef "voiture", on peut apercevoir la publicité de Volkswagen avec la courte description « Découvrez ses 120 innovations.
À partir de seulement 29 950 $. ». À chaque fois qu'un usager clique sur l'hyperlien de cette page, Volkswagen paie une somme d'argent X à google. Si on tape un mot en plus du mot-clef acheté, notre publicité n'apparaît pas. Voir les liens commandités pour la recherche pour "voiture libre" par exemple.

Bien, mais comment sont fixés les prix? Voilà une question intéressante à laquelle je n'ai pu trouver de réponse satisfaisante sur le site de Google. J'ai du en faire moi-même l'expérience.

Premièrement, chaque campagne a un coût d'activation qui dépend du pays où vous êtes. Une campagne consiste en une description (2 lignes d'un maximum de 35 caractères chacune) et un hyperlien. Pour le Canada, il en coûte 10 $CAN pour activer une campagne. On fixe également un coût maximum que l'on est prêt à payer à chaque jour, histoire de ne pas être endetté de 10 000$ si tout le monde se mets à cliquer sur notre publicité. Une fois le plafond atteint, la publicité n'apparaît plus pour le reste de la journée. J'ai choisi un plafond de 5$/jour.

Une fois le compte activé - il suffit d'une carte de crédit - il ne reste qu'à sélectionner des mots-clefs. Le montant initial des mots-clefs est minime. Par exemple j'ai acheté le mot « tux » pour 7¢, « linux sticker » et « wikipedia » pour 14¢ chacun. On a ensuite un tableau qui fait un résumé du nombre de gens qui ont vu la publicité, le nombre de gens qui ont cliqué et donc le montant d'argent qui sera prélevé sur ma carte de crédit.

« wikipedia » est un mot-clef bien choisi. Des milliers de gens font cette recherche à chaque jour, je l'ai constaté sur la page de description de ma campagne. Je croyais donc avoir un filon. Sauf que.

Le lendemain, j'ai essayé d'acheter différentes combinaisons de mots-clefs avec « wikipedia » et aucun de mes essais ne coûtait moins de 1.40$… Là je me suis dit que c'était une attrape, que Google laissait aller les premiers mots-clefs pour pas cher et que par la suite, ils chargeaient le total pour ajouter des mots-clefs. J'étais dans l'erreur. En fait, dans les heures qui ont suivis, mes mots-clefs (tux, linux sticker, wikipedia) ont tous été désactivés et je devais accepter de débourser plus de 1$ pour chaque usager cliquant sur le lien si je voulais les réactiver…

J'en déduis la chose suivante. Si l'on veut avoir de la publicité dans AdWords, il faut soit débourser un montant énorme pour chaque personne cliquant sur le lien (de l'ordre du dollar) ou il faut qu'un tas de gens sélectionnent ce lien. Ça a 2 effets. Premièrement, des petits joueurs comme moi sont exclus de ce genre de publicité, je ne fais pas assez d'argent à chaque vente d'autocollant pour me permettre de participer à un tel système. Deuxièmement, il faut que les requêtes soient pertinentes par rapport à la publicité pour que les gens visitent le site, sinon le prix par visiteur ne fait qu'augmenter, décourageant ainsi les éventuels polluposteurs. C'est pourquoi il y a si peu de liens commerciaux, c'est parce que les prix sont fixés de telle sorte qu'il faut que ce soit rentable en svp si l'on veut placer de la pub.

Google a donc, grâce à ce système, tenté de calquer la réalité matérielle en faisant en sorte que la publicité non rentable devienne dispendieuse, alors qu'il pourrait simplement mettre de la publicité pour n'importe quel mot-clef et attendre que plusieurs clients décident de l'acheter, créant ainsi une compétition et faisant monter les prix seulement à partir de ce système. Ils font d'ailleurs déjà monter les prix entre les différents participant, en plus du système expliqué ci-haut.

En conclusion, ça m'a coûté environ 12$ et j'ai appris pourquoi il y a si peu de publicité sur Google!

La Cour suprême donne raison au Doc Mailloux

Le 29 septembre 2005, la Cour suprême du Canada a reconnu la constitutionnalité, dans un jugement unanime, de la loi provinciale de la Colombie-Britannique permettant l'utilisation d'études non-directes prouvant les méfaits de la cigarette. Cette loi, nommée « Loi sur le recouvrement de dommages-intérêts et du coût des soins de santé imputables au tabac », permet au gouvernement de la Colombie-Britannique de poursuivre les fabricants de tabac pour recouvrer les frais encourue pour les soins de santé à cause de l'usage de la cigarette.

Le premier élément nouveau dans cette loi, inspirée de la Floride, est que la culpabilité des compagnies de tabac face aux effets « globaux » de la cigarette. Extrait du texte de loi: « [article 8] Essentiellement, il [le droit de poursuivre] peut être exercé de manière globale - c.-à-d. à l'égard d'une population de personnes pour lesquelles le gouvernement a engagé des dépenses ou s'attend raisonnablement à engager des dépenses. »

Mais surtout, l'article 9 du texte de loi stipule que: « Lorsqu'il procède par action globale, le gouvernement peut recourir à des éléments de preuve statistiques, épidémiologiques et sociologiques pour établir le bien-fondé de sa demande : al. 5b). Il n'est pas nécessaire qu'il identifie les membres individuels de la population pour lesquels il présente sa demande, qu'il établisse la cause de la maladie […] »

Autrement dit, dans le cas d'une poursuite contre l'industrie du tabac, les études épidémiologiques sont des preuves valables et sont acceptées comme prouvant un élément de causalité.

Depuis maintenant une semaine, fait rage au Québec un débat sur les propos fait sur les ondes de Radio-Canada du Doc Mailloux, à savoir que « les Autochtones et les Noirs ont un quotient intellectuel inférieur à celui des Blancs ». Cette étude, bien que n'ayant pu nommer cette source sur le vif, existe bel et bien, il s'agit du livre The Bell Curve. Pendant une semaine de temps, différents intervenants [1, 2], tout média confondu, ont expliqué à qui mieux mieux que ces études ont leurs biais, qu'elles ne tiennent pas compte de tous les facteurs possibles, qu'elles ne s'attardent que sur certains aspects de la question et qu'elles sont très réductrices, bref que la conclusion que les Noirs sont moins intelligents que les Blancs ne peut être autre chose qu'erronée.

Un des principaux griefs de ce genre d'études est justement qu'il ne tient pas compte de la situation de façon globale. La leçon qu'un intellect myope en tirerait est qu'on ne peut conclure que les Noirs sont moins intelligents que les Blancs. Une intelligence capable de passer du particulier au général pourrait en déduire que les études épidémiologiques ne peuvent être utilisées pour prouver la causalité d'un phénomène.

Or, la Cour suprême vient de valider l'utilisation de telles recherches dans le cas de poursuites contre les fabricants de tabac. Par souci d'impartialité, la Justice doit considérer la validité de preuves selon leur crédibilité, non selon la cause défendu.

Soit les Noirs sont moins intelligents que les Blancs, soit la Cour suprême est unanimement dans l'erreur.

De la justice du crâne

Fait un petit bout qu'elle me tombe royalement sur le coeur celle-là, mais maintenant que le couvercle a été soulevé au grand public, grand bien me fasse que je l'expulse.

La Nature aime et créé la diversité. Nous pouvons observer des plantes carnivores, des espèces vivant sans oxygène, des ruminants à plusieurs estomacs. Chez les humains, nous remarquons des yeux de plusieurs couleurs, des nains, des gauchers, des frisés, des poilus, ainsi de suite.

Les humains vivent en société (il paraît qu'on y trouve des avantages) depuis quelques dizaines de millénaires déjà. Qu'il ait existé plusieurs « souches » à l'humanité ou une seule, le résultat reste le même, le mode de vie sédentaire a assuré une « concentration génétique »: les gens d'une société procréant davantage avec les membres de ce même groupe.

La survie des membres d'une société est modulée par plusieurs facteurs - mais principalement le milieu immédiat de vie (qu'il soit donné ou façonné par l'humain lui-même); on comprendra facilement que dans un milieu très froid, l'avantage de reproduction revient aux personnes plus génétiquement avantagées à résister au froid. Élémentaire. Darwin 101.

Voilà donc deux explications simples à la ressemblance des humains d'un même milieu; la reproduction de gens portant les mêmes avantages compétitifs tend à créer des individus portant ces avantages.

Lorsqu'on divise grossièrement le globe géographiquement, on remarque certaines différences tout à fait normales et très souvent explicables par l'environnement. Les taille moyenne des Africains surpasse celle des Asiatiques par exemple.

Personne ne réfute ça.

Mais, mais, mais…

Dès qu'il s'agit de ce qui se passe dans le crâne, scandale. Tout à coup, tout le raisonnement plus haut tombe. Bien qu'on admette facilement que d'un humain à l'autre le potentiel cérébral varie, dès qu'une moyenne est impliquée - et qu'elle implique une couleur de peau, scandale. Aucune difficulté à lire que les gauchers en moyenne profitent d'un QI plus élevé. Ça, ça va.

Dès qu'il est question de race, dès qu'il est question du crâne, bing bang, il s'agit de racisme et de rien d'autre. On entend alors le classique « les tests sont conçus pour donner des résultats favorisant la race de l'expérimentateur ». Argument valide ou non, le principe sous-jacent à ces réactions reste le même : Peu importe comment on va mesurer l'intelligence ou toute autre faculté résidant dans la tête, le résultat devra toujours rester absolument le même : égal entre toutes les races.

Je n'endosse pas ici les dires de la personne ayant provoqué cet esclandre médiatique, il ne s'agit pas non plus d'un article pro-eugénisme, je m'insurge seulement contre l'espèce de dignité mal placée, de racisme inversé, de « wishful thinking » qui amène à croire que la « justice » existe dans la Nature - alors qu'il ne s'agit que d'une création abstraite de l'Homme.

Il existe d'ailleurs (surprenant? pas pantoute!) le même genre de conservatisme frileux qui prétend que les hommes et les femmes « ont la même tête ». Là il s'agit de sexisme quand on relève ce qui diffère.

Les autocollants sur les fruits

Vous êtes-vous déjà demandé à quoi servent les autocollants que l'on retrouve sur tous les fruits à l'épicerie ? Moi oui.

Photo d'une banane sur laquelle on distingue un autocollant sur lequel est inscrit le nombre 94011

En fait, il s'agit d'un price look up ou encore PLU. Ce nombre est unique pour chaque espèce de fruit identifié par un consortium, le Produce Electronic Information Board (PEIB ). Voyant le nombre de produits offert au supermarché exploser, les entreprises se sont réunis pour trouver des solutions, donnant naissance au PEIB en 1988. Une de ces solution est incarnée par les PLU. Le PEIB se réunit annuellement et identifie les nouveaux fruits et leur assigne un PLU. Ces PLU sont utilisés dans plus de 100 pays.

En juillet 2004, le PEIB avait assigné plus de 1370 PLU. Bien évidemment il est possible de retrouver la liste des PLU sur internet. Cette liste est diffusée par un individu, Jim Culbert, et non par le PEIB lui-même. Il y a bien sûr des consignes pour la dimension de l'autocollant et du type de font à utiliser.

Ces nombres sont utilisés pour éviter au caissier à avoir à faire la différence entre un pomme Macintosh et une pomme Gala et aussi pour tenir l'inventaire des quantités de fruit vendus et ceux en stock. On pourrait sans trop forcer y voir une manifestation du taylorisme.

Un PLU est composé de 4 ou 5 chiffres. Les fruits organiques biologiques sont identifiés en ajoutant un 9 avant les 4 autres chiffres, pour un total de 5. Par exemple, une banane a pour code 4011, je vous invite à vérifier, ce qui fait qu'une banane biologique sera identifié par le code 94011. Une plante transgénique sera identifiée par l'ajout d'un 8 au lieu d'un 9. Personnellement, et je jette toujours un coup d'oeil attentif, je n'ai jamais rencontré de fruit transgénique. À quand le premier 8 sur un PLU sur notre table?

Un retour [dans le temps] sur les droits d'auteur et l'internet

Je suis profondément mal à l'aise par la position du Québec sur les droits d'auteurs sur internet.

Premièrement, répondre avec cette solution (les redevances) à l'affirmation que « la position des provinces occulte le fait qu'un grand nombre d'oeuvres protégées sont mises en circulation sur Internet à l'insu des ayants droit », est faire fausse route. Le problème doit être réglé à la source et les solutions existent, ce n'est pas via une autre loi/réglementation qu'il faut passer pour le régler.

De plus, certains aspects très importants me semblent avoir été négligés. On suppose que toutes les personnes ayant publiées du contenu sur internet peuvent être rejoignables (pour leur verser des redevances). Que faire dans le cas où une personne veut utiliser du matériel étant sur un site russe ? S'empêchera-t-on d'utiliser du contenu parce qu'on ne peut pas trouver, avec certitude, à qui l'on devrait donner des redevances ?

À qui ira les redevances, comment seront-elles établies et surtout qui décidera ce qu'est une juste rémunération pour les utilisations qui sont faites de leurs oeuvres ? De plus, on considère internet comme un dépositaire d'informations statiques, il n'en est rien. Comment pondérer la valeur d'une page dynamique, un correcteur de conjugaison par exemple, alors que l'information de base est du domaine public ? Qu'arrive-t-il dans le cas de contenu libre, comme wikipédia, où c'est la communauté qui offre à tous de réutiliser le contenu moyennant le respect de la licence ? Une foule de problèmes techniques se bouscoulent dans ma tête, problèmes auxquels une approche de ce type ne peut en aucun cas répondre.

Cette manière de redistribuer des redevances à l'utilisation correspond au monde matériel, pas au monde virtuel où tout peut être reproduit et diffusé à l'infini sans presque aucun coût. Il faut saisir cette réalité et utiliser les nouvelles possibilités qu'elle permet, pas se renfermer dans un étaut de réglementation. Cette solution fait preuve d'un manque de vision des possibilités que permet internet, spécialement dans le monde de l'éducation.

On veut prévenir un problème en le créant nous-même. S'il y avait eu une prise de conscience à avoir de la part des auteurs publiant du contenu sur internet, menant à une restriction à leur accès, elle aurait déjà eue lieu. Toute personne publiant sur internet est consciente de la vitrine qu'elle utilise, c'est d'ailleurs ce qui en fait sa force et non sa faiblesse.

La position des autres provinces me semblent tout à fait sensée et surtout elle correspond à l'utilisation que nous avons tous d'internet, comme des autres médiums par lequel nous nous procurons de l'information par ailleurs. Une utilisation libre et respectueuse des droits d'auteurs.

Mise à jour (27-09-2005 21h HAE): Je n'avais pas réalisé que ce que propose les autres provinces, c'est un non respect des droits d'auteurs pour le réseau de l'éducation. On forme des citoyens dans les écoles, on n'y modifie pas la législation.

Le temps de gestation des mammifères en fonction de leur poids

Dans la dernière année (2005), plusieurs de mes ami(e)s ont eu des enfants. Arrivées à la fin de leur grossesse, les mères en avaient souvent assez de porter toute cette masse supplémentaire: « 9 mois, c'est assez! ». La gestation de l'éléphant venait alors sur le sujet: l'éléphante doit porter son enfant pendant 21 mois, pratiquement 2 ans!

Tout naturellement, je me suis demandé si les mammifères avaient un temps de gestation qui soit proportionnel à leur poids, relation qui me semble naturelle. Ne serait-il pas normal que plus un animal est gros, plus ses enfants sont gros et plus il nécessite de temps pour qu'ils atteignent un grand poids avant leur naissance ?

C'est animé de cette réflexion que j'ai rédigé une liste de mammifères, essayant le plus possible de choisir les premiers que l'on nous apprenait à reconnaître dans notre enfance: l'éléphant, la girafe, le kangourou, le chat, la souris, le chien, le cheval, la baleine et le tigre.

Je voulais faire un graphique qui mettait en relation le poids de l'animal, choisissant la femelle plutôt que le mâle, lorsque l'information était disponible, en relation avec le temps de gestation. Rapidement, je me suis rendu compte que je ne pourrais mettre la baleine bleue sur le graphique. Celle-ci est beaucoup trop lourde (140 tonnes!) comparée aux autres animaux. Les points ne présentaient que la différence entre la baleine et les autres animaux dans leur ensemble et non pas ceux-ci entre eux. Qui plus est, je trouvais curieux que la gestation de la baleine bleue ne soit que de 10 à 12 mois. J'ai donc décidé de faire un graphique à part pour les baleines. D'autre part, le kangourou avait aussi un curieux temps de gestation de 30 jours et quelques. Après quelques lectures sur les marsupiaux, j'ai décidé d'exclure cette catégorie d'animaux de mon tableau. Je reviendrai par la suite sur leur cas.

Mettant les baleines et les marsupiaux de côté, je me suis concentré sur les autres animaux. Premièrement, il faut spécifier certains types d'animaux. Cheval, chat, chien et même le kangourou désignent en fait des familles d'animaux, pas des espèces en particulier. J'ai donc choisi, de manière tout à fait arbitraire, le chat domestique, le Labrador (chien), le Mustang (cheval), l'éléphant d'Asie et le puma (tigre). Je sais que ce n'est pas tout à fait ça mais ce n'est pas grave.

J'ai ensuite ajouté la chèvre et le rhinocéros (noir) pour combler les intervalles vides sur mon échelle de poids. J'ai retiré le chien pour des raisons esthétiques, son poids et son temps de gestation étant comparable à celui du chat, sa présence rendait le graphique plus confus.

Graphique du temps de gestation en fonction du poids de l'adulte de mammifères terrestres

Ces animaux étant terrestres, la plupart sinon l'intégralité, se sont déjà reproduits en captivité. On connaît donc assez précisément leur temps de gestation. C'est pourquoi je n'ai pas mis de barres d'erreur, seulement des points pour ce qui est de leur poids et leur temps de gestation. J'ai aussi négligé le nombre de petits que pouvait donner chaque portée, allant de 5 à 12 dans le cas de la souris, jusqu'à 1 dans le cas de l'éléphant.

Première constatation, marsupiaux et mammifères marins mis à part, la courbe semble assez exponentielle. L'éléphant d'Asie est assez seul dans son coin. Il faudrait voir s'il n'y a pas de mammifère avec un poids qui se rapproche de celui de l'éléphant, le rhinocéros noir n'ayant quand même que le quart du poids de l'éléphant (1000 kg. vs 4000 kg.)

Alors que je voulais étudier les mammifères en général, je me suis retrouvé à étudier le cas des baleines en particulier. Je me suis promené avec grand plaisir sur wikipédia à la recherche d'information sur les différentes espèces de baleines. J'ai lu plus que j'en avais besoin pour créer ce graphique tellement ce domaine de la nature est fascinant.

J'ai entre autre appris que la baleine boréale pourrait être l'animal le plus vieux sur la Terre. Des harpons retrouvés dans le cadavre de ces baleines ainsi que l'étude de la structure de leur oeil (?) fait croire que certaines d'entre elles pourraient atteindre le vénérable âge de 200 ans! Elles dépasseraient les tortues qui, elles, peuvent vivre jusqu'à 150 ans.

Saviez-vous que la baleine bleue est le plus gros animal à avoir vécu sur la planète Terre, toutes époques confondues ? On aurait pensé à un dinosaure quelconque si on nous avait posé la question. Mais non, il s'agit de l'un de nos contemporains.

Graphique du temps de gestation en fonction du poids de l'adulte de baleines

Il semble que la relation entre le poids et le temps de gestation soit inversée dans le cas des baleines. Étant très surpris de cette relation inverse, j'ai décidé d'ajouter les barres d'erreur, revisitant mes références et en ajoutant au besoin. Je crois qu'on ne peut pas vraiment savoir à quel moment une baleine bleue a été fécondée. Dans le cas contraire, je suis très intéressé par la méthodologie!

L'épaulard et le béluga, les plus petites des baleines de mon étude, sont celles qui ont le plus long temps de gestation! Même en considérant les variations sur le poids et les erreurs possibles sur le temps de gestation, cette courbe ne pourra en aucun cas avoir une pente positive. C'est très curieux. Autre remarque, aucun de ces animaux n'a une gestation plus longue que celle de l'éléphante, celle-ci étant la grande lauréate de la plus longue période de gestation du règne des mammifères.

En terminant, quelques mots sur les marsupiaux. Le temps de gestation de ceux-ci ne peut se vraiment se comparer à celui des autres mammifères. Leur truc est de mettre bas très rapidement et de faire en sorte que leur petit monte dans leur poche abdominale (le mot marsupial vient du grec marsipos qui signifie sac) où il s'attache à une mamelle et finit sa croissance. Par la suite, il se détache et va faire des tours à l'extérieur de la poche mais il revient pour se nourrir et être au chaud.

Par exemple, pour le kangourou, la femelle met bas après 31 à 36 jours. Ce qui correspondrait, pour avoir un bébé au même stade de développement, à ce que la femme accouche à 7 semaines de grossesse.

Références:
http://en.wikipedia.org/wiki/Elephant
http://www.upali.ch/weight_en.html
http://en.wikipedia.org/wiki/Blue_Whale
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chat_domestique
http://www.lakecountryfarms.com/labrador/index-stud.html
http://www.faqs.org/qa/qa-18091.html
http://animaldiversity.ummz.umich.edu/site/accounts/information/Puma_concolor.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Girafe
http://www.informatics.jax.org/mgihome/other/mouse_facts3.shtml
http://en.wikipedia.org/wiki/Kangaroo
http://www.vaughns-1-pagers.com/biology/gestation-periods.htm

Cachalot:
http://en.wikipedia.org/wiki/Sperm_Whale
http://www.tmmsn.org/mmgulf/physeter.html

Épaulard:
http://en.wikipedia.org/wiki/Orca
http://www.arches.uga.edu/~cmm24/project.html

Béluga:
http://en.wikipedia.org/wiki/Beluga
http://www.sheddaquarium.org/ani_faqs_02.html#m
http://www.vanaqua.org/education/aquafacts/belugas.html

Baleine boréale:
http://en.wikipedia.org/wiki/Bowhead_Whale
http://www.gi.alaska.edu/ScienceForum/ASF15/1529.html
http://www.sarkanniemi.fi/oppimateriaali/eng_spe1.html
http://en.wikipedia.org/wiki/Turtle

Baleine bleue:
http://en.wikipedia.org/wiki/Blue_Whale

Baleine grise:
http://en.wikipedia.org/wiki/Gray_Whale
http://www.orcanetwork.org/nathist/graywhales.html

OpenOffice et le grand dictionnaire terminologique

Ne serait-il pas logique et conséquent de la part de notre gouvernement provincial d'ouvrir toute grande la merveilleuse base de données qu'est le grand dictionnaire terminologique (GDT) ? Comment faire l'apologie de la philosophie des logiciels libres et des formats ouverts d'un côté et refuser de partager ce savoir qui appartient à tous les citoyens de l'autre?

Il est curieux que l'office québécois de la langue française (OQLF), créateur du GDT, n'ait pas déjà offert un interface plus convivial au site internet du GDT. Avez-vous déjà essayé de faire un hyperlien vers une définition d'un mot du GDT ? C'est impossible, la page est construite de telle sorte qu'il faut qu'un humain exécute lui-même la recherche, en inscrivant le mot à la main, et sans faute svp, et clique sur le mot recherché. Bien sûr, l'ami Wayne a codé un bookmarklet pour contourner ce problème mais, selon ses propres dire, la page a été codée de façon à rendre ce genre de passe-passe ardu. Ce n'est pas le souhait des dirigeants des l'OQLF qu'il soit possible de pointer directement une définition du GDT via un hyperlien. N'est-ce pas un choix curieux ? Je ne peux donc pas, si je crois qu'un mot mérite d'être relié à une définition, utiliser le GDT. Je suis confronté au choix de trouver une autre définition (donc de me passer du GDT) ou encore d'écrire la définition au complet quelque part dans le texte ce qui, on en conviendra, n'est pas toujours convivial, selon l'endroit où je désire l'insérer dans le texte.

Bien sûr, en agissant de la sorte, aucun mot du GDT n'est indexé dans aucun moteur de recherche. Toute cette connaissance n'est accessible que pour les personnes qui vont directement faire une requête sur leur moteur de recherche. Il faut connaître le GDT pour tomber dessus. Pourquoi se priver de toute cette visibilité et de toute cette aide pertinente que cet institut pourrait ainsi offrir? L'OQLF n'a-t-elle pas un mandat de diffusion ? J'ai bien peur que non.

Parlant de dictionnaire, je sursaute toujours lorsque ma copine me dit que « non, ce mot n'est pas correct puisque le dictionnaire me dit qu'il n'existait pas ». On parle bien sûr du dictionnaire du fameux logiciel Microsoft Word. J'ai cherché à savoir d'où venait ce dictionnaire; quelle institution l'a fait, est-il différent de celui de France ? En recherchant de l'information sur le site de Microsoft Canada à propos de Word, je me suis ramassé sur le site de Microsoft France, dois-je en déduire que le dictionnaire français est le même peu importe le pays d'où l'on provient ? Sans vouloir soulever de débats houleux, je doute que les Français soient aussi méticuleux que les Québécois dans l'adoption de termes francisés, surtout quand il est question de termes techniques. Microsoft Word étant un logiciel propriétaire, il nous est impossible d'ouvrir ce dictionnaire et de le triturer pour savoir ce qu'il contient. Le tout dépend du bon vouloir d'une corporation américaine.

  • Puisqu'il est possible que la fonction publique québécoise utilise un jour Open Office;
  • Puisque Open Office est déjà utilisé dans le milieu de l'éducation et le milieu de travail québécois;
  • Puisque le dictionnaire d'Open Office est ouvert et libre;
  • Puisqu'il existe un dictionnaire spécifique au Canada français;

Je propose que le gouvernement québécois incorpore la base de données de mots du GDT au dictionnaire canadien-français d'Open Office.

Pourquoi j'ai décidé de devenir blogueur

Je contribue depuis mars 2005 à une liste de diffusion: la ptafflist. Bien qu'étant suffisant pour mes besoins de l'époque, je me suis rendu compte que la visée de mes commentaires dépassait les buts et les moyens de ce médium de diffusion, sans parler du fait que je n'étais pas certain de ne pas ennuyer les abonnés de cette liste avec mes propos.

J'ai fait ma première contribution sur un blogue sur le site web de ptaff.ca, site auquel je contribue activement, le 4 juillet 2005, avec un texte ayant pour titre « Le paiement proportionnel au capital ». Je considérais que ce texte avait plus de raison d'être sur un blogue plutôt qu'un simple fil sur une liste de diffusion. Certains de mes récents messages sur la ptafflist (notamment celui sur « Le monde pointu ») me semble plus de ce registre que celui d'une liste de diffusion. J'en suis également à préparer des textes qu'il me semblerait curieux de retrouver sur une liste de diffusion mais qui seraient à leur place sur un blogue.

Je connais le blogue depuis quelques temps, j'en suis même quelques-uns régulièrement via les fils RSS (celui de mon ami Benoît St-André notamment). Ce qui me retenait de contribuer à un blogue, en tant qu'auteur, était le sentiment d'être obligé de contribuer à cette communauté ainsi que de poster sur d'autres blogues, de crainte d'être considéré comme égoïste et d'être ignoré si je ne m'exécutais pas. Mais, ayant pris habitude de lire régulièrement plusieurs blogues et sentant que ce moyen est le seul qui, pour l'instant, conviennent à mes buts qui sont l'archivage, la diffusion et l'interaction, j'ai décidé de faire le saut, qui je crois ne sera pas trop demandant.

Je vous invite donc à vous abonner au fil RSS du blogue de ptaff.ca, pour lire mes commentaires ainsi que ceux des autres contributeurs de ptaff.ca.

Aventure au soudan - partie 1

Introduction

Le 23 avril, je quitte le Canada pour participer a la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS). J'y participe en tant que capitaine des Forces armées canadiennes. Cette mission vise à faire cesser la guerre entre le gouvernement du Soudan (GoS) et l'armée de libération du peuple soudanais (SPLA) qui occupe la moitié sud du pays. Rien a voir avec le Darfour. En fait si, mais c'est complexe… Ce conflit dure depuis 21 ans et a fait environ 3 millions de morts. Bien entendu, on n'en parle pas dans le journal de Montréal.

Pour bien situer la situation, rien de tel qu'une bonne vieille carte du Soudan. http://www.unmis.org/english/map.htm On y est en mesure d'y voir clairement les différentes zones dans lesquels seront déployées des troupes internationales. Différents pays vont contribuer des troupes afin de patrouiller les zones a risque. Présentement, malheureusement, aucun pays occidental ne fournit de ses soldats. Les seuls militaires occidentaux, font parti du quartier général et occupent des postes ou l'on s'occupe de la planification des opérations. Pour une description des pays contributeurs: http://en.wikipedia.org/wiki/UNMIS

Donc les troupes onusiennes vont s'assurer que le SPLM et le gouvernement du Soudan (GoS) vont respecter les accords qu'ils ont signé le 9 janvier 2005. Selon ces accords, des troupes internationales seront sur le terrain, dans le sud du pays pendant au moins 6 ans. Après ces 6 années, le Sud pourra, s'il le désire, faire un référendum pour obtenir son indépendance. La découverte de pétrole au beau milieu du pays, sur la ligne de démarcation en fait, vient compliquer les choses. Les ramifications politiques sont tout aussi intéressantes que complexes et méritent un texte a part.

Arrivée

Le 24 avril, je mets le pied a l'aéroport international de Khartoum, vers 23h30 du soir. On se rend au Soudan en faisant escale a Frankfort et au Caire, sur les ailes de Lufthansa (on peut faire confiance aux Allemands pour nous amener partout dans le monde!). Température extérieure : 33 degrés celsius a minuit!. Ca promet! Dans l'airbus A340 de Lufthansa, entre Le Caire et Khartoum : une vingtaine de personnes. Quelques militaires, des travailleurs humanitaires, des employés civils des Nations Unies, un photographe de National Geographic. Pas de femmes.

Descendons dans le terminal. Les militaires soudanais me regardent d'un drôle d'Sil. Je ne leur prête pas attention tant je suis fatigué. L'aéroport est poussiéreux et mal éclairé. Pas de doute, je ne suis plus sur le Plateau Mont-Royal. Attente interminable pour les bagages. Je suis agréablement surpris de voir mes 3 « barrack boxes », et mon « kit bag » faire leur apparition. La dernière fois que je les avais vu, c'était a Dorval. Je fais donc la file pour l'immigration. Un employé des Nations Unies (c'est du moins ce qu'il affirme) me tire par ma chemise d'uniforme et me baragouine quelque chose en très mauvais anglais. Je crois qu'il est Indien ou Pakistanais. Peu importe. Il me tend une feuille, je regarde, j'y vois mon nom. Bon signe. Il prend mon passeport et part vers un bureau « officiel ». Ca va bien! A peine 10 minutes au Soudan et un inconnu se balade avec mon passeport! Pourtant bonne nouvelle, après 20 minutes, il me retrouve et me fait « bypasser » les douanes. J'aurais vraiment du apporter quelques bonnes bouteilles du Canada! J'ai manqué ma chance…

A l'extérieur, l'adjudant Steffen Carlsen de l'armée danoise m'attend. On se serre chaleureusement la main, nous nous connaissons depuis septembre 2004. Je fais en effet parti d'un groupe d'officiers qui forment le quartier général de la mission. Nous provenons d'une quinzaine de pays différents et nous nous somme entraînés ensemble pendant une vingtaine de jours en septembre et novembre 04, en Autriche et au Danemark.

On quitte prestement l'aéroport, direction l'hôtel. L'ONU a mis tous les militaires dans un hôtel en ville, Le Palace. Une belle surprise, moi qui m'attendais a dormir sous la tente. Je vais donc passer les 6 prochains mois avec une douche et une toilette dans ma chambre. Le luxe. Le Palace est sur le bord du Nil bleu. (le Nil blanc est a quelques kilomètres). Un 5 étoiles selon eux, moi je leur donne un bon 3 étoiles nord américaines. Fonctionnel, bonne nourriture, belle vue, piscine. Ça « fait la job » quoi!

Les Nations-Unies a Khartoum

Les Nations Unies ont donc pignon sur rue, au centre-ville de Khartoum. Quelques bâtiments ont été réquisitionnés. En fait il y a un bâtiment principal et des contracteurs sont en train d'installer des dizaines et des dizaines de containers maritimes (ISO containers) blancs, autour de ce bâtiment. On y installe l'électricité et l'air climatisé et ceux-ci deviennent des bureaux. Efficace et rapide, ca se monte en une seule journée. Le quartier est calme et les gens semblent sympathiques à notre présence. L'armée soudanaise nous surveille discrètement. Voila pour l'aspect physique des choses.

Les gens. On trouve en gros 3 types de personnes ici. Les militaires, les « internationaux » et les « locaux ». Les militaires proviennent de nombreux pays, occidentaux pour la plupart. Un major-général du Bengladesh est a la tête de la mission, il est secondé par un brigadier général canadien. Ça fait du bien de savoir qu'un militaire de « l'ouest » est bien placé dans cette mission. On a quelques russes qui traînent ici et la. On parle de hockey avec eux, question de détendre l atmosphère. Les « internationaux » sont des employés civils qui remplissent des fonctions importantes au sein du QG. Certains travaillent en logistique, d'autres font des cartes et il y a bien entendu les experts en informatique qui tentent d'installer un réseau et de faire rouler des serveurs dans une salle qui n'est pas climatisée adéquatement… Les agences majeures des NU sont aussi représentées : UNIFEC, World Food Program, Human Rights Watch, etc. Finalement, au bas de l'échelle, il y a les employés « locaux », c'est à dire des Soudanais qui s'occupent de l'entretien et qui nous servent de chauffeurs. On imagine facilement que plusieurs d entre-eux travaillent aussi pour les services de renseignements soudanais… Mais bon, l'ONU n'a supposément aucun secret!

Khartoum

Un peu de géographie! Khartoum : 5 millions d'habitants (approx, aucun recensement depuis des années!) et 2 millions de réfugiés de la guerre (sud du pays et Darfour). Khartoum est au confluent du Nil bleu et du Nil blanc. Je confirme que les deux sont bruns. Allez savoir pourquoi on leur attribut une autre couleur… Mais j'avoue que ça fait exotique!

Khartoum est chaude et poussiéreuse. Il y fait entre 40 et 45 degrés à l'ombre. Un vent brûlant y souffle constamment. Ce vent fait exactement le même effet qu'un séchoir a cheveux. Donc pas très plaisant. Khartoum est au milieu du désert. Le vent y amène donc en permanence du sable et de la poussière (haboob). Les bons jours, on arrive presque à l'oublier. Les mauvais jours, on ne peut pas voir de l'autre côté de la rue. Une espèce de mur brun frappe alors la ville. Il va s'en dire que les habitants rentrent alors chez eux.

Khartoum est très religieuse. Pas d'alcool, charia oblige. Pas vraiment de crime non plus, charia oblige. Une multitude de minarets domine la ville et l'appel a la prière retentit plusieurs fois par jour. Les soldats soudanais qui sont dans le coin se déchaussent, trouvent la direction de La Mecque et prient. J'ai repéré 2 églises chrétienne jusqu'à maintenant, de confession « koptique » je crois, comme en Ethiopie.

La circulation est désorganisée, mais étrangement empreinte de civilité. On ne respecte pas vraiment les lois de la route, mais on le fait avec courtoisie. On n'hésite pas a couper quelqu'un, mais on le fait a vitesse réduite en lui envoyant la main. J'ai donc le sentiment que la conduite en centre-ville n'est pas si dangereuse que ça. Ça m'apparaît rempli de lois non écrites que tous semblent connaître.

Le night life

Inexistant, ou presque… L'alcool est interdit, mais il semble toléré dans les maisons privées et chez les occidentaux. Le restaurant chinois Panda nous sert du « thé » avec de la broue et 5% d'alcool. On peut toujours faire confiance aux Chinois! Pour les locaux, ca semble assez tranquille, mais la communauté des travailleurs internationaux, sait comment s'amuser. La bière fait son chemin depuis le Kenya, via les pilotes des NU. Chaque semaine voit donc une organisation internationale, organiser un BBQ dans une maison ou des employés habitent, ou encore carrément au bureau. Une terrasse est un bon plus.

Évidemment ces soirées sont l'occasion de rencontrer de jeunes et jolies travailleures humanitaires qui veulent sauver le monde!

Le paiement proportionnel au capital*

Le rapport Ménard a mis en lumière le problème auquel sera confronté la société québécoise dans son avenir. Le vieillissement de la population du Québec aura pour effet d'augmenter considérablement le coût du système de santé. La proportion des coûts reliés au système de santé représente actuellement 43% des dépenses du gouvernement provincial alors qu'il n'était que de 35% en 1995 et on prévoit qu'il sera de l'ordre de 68% en 2030.

Ce rapport propose différentes solutions pour faire face à ce problème. Ces solutions vont de la trivialité (améliorer l'efficacité du réseau, contrôler l'évolution de la dette de l'État) aux revendications traditionnelles du Québec (maintenir la pression sur le gouvernement fédéral afin d'accroître les transferts d'argent aux provinces) en passant par l'augmentation des revenus de l'État (augmentation des tarifs d'Hydro-Québec, augmentation de la taxe de vente du Québec [TVQ]) et des solutions se voulant novatrices (Régime d'asurrance contre la perte d'autonomie, compte de santé et services sociaux distinct des fonds consolidés du gouvernement).  Elles ont en communs de ne pas augmenter les impôts puisque les Québécois ont le fardeau fiscal « le plus élevé du Canada ».

Or, les moyens pour augmenter les revenus sont très discutables. L'augmentation de la TVQ et surtout des tarifs d'Hydro-Québec a pour effet direct de diminuer le revenu disponible des couches les plus démunies de la société. D'autre part, augmenter les impôts de la population active serait insuffisant, dans 20 ans il n'y aura plus que 2 travailleurs pour chaque personne agées de plus de 70 ans, sans compter le fait que la population québécoise est déjà la plus taxée en Amérique du Nord.  De plus, si le gouvernement optait pour ce dernier moyen,la génération du baby-boom se trouverait à surtaxer les générations suivantes pour leurs propres soins alors qu'eux-mêmes ont eu accès à un revenu disponible très important au cours de leur vie active.

Il faut, selon les recommandations mêmes du rapport, « éviter de transmettre une facture disproportionnée aux générations futures ». Le vieillissement de la population nécessitera des sommes d'argent supplémentaires; il n'y a pas à y échapper. La question est de savoir d'où proviendront ces sommes. La génération des baby-boomers a pu profiter de la conjoncture dû, entre autre, à leur poids démographique au cours de leur vie active. Cette conjoncture leur a permis d'acquérir une importante quantité de biens (que ce soit en placements, en biens immobiliers, etc.).

Or, nous devons considérer les coûts d'une système à long terme et non à l'échelle de quelques années, voire des décennies. Une génération n'a pas à assumer l'accumulation de richesse de la précédente. Il faut donc aller puiser dans la valeur que représente cette accumulation de biens pour pallier au déficit qu'entraînera inévitablement le vieillissement de la population. Évidemment, c'est de façon globable que cette richesse s'est créée au cours des années; ce n'est pas le cas de tous les individus. Il faut veiller à ce que ces derniers aient accès aux mêmes soins, et dans le même système, que ceux ayant des avoirs importants.

En prenant comme principe qu'il ne faut pas augmenter les impôts, je propose donc un système de paiement pour l'accès aux soins de santé basé sur l'actif des individus.  Les individus (ou une autre forme d'association à déterminer comme la famille ou les conjoints) auraient, pour avoir accès aux soins de santé, à payer un montant qui dépenderait de leur actif. Des taux seraient fixés et pourraient être changés au besoin. Par exemple, les individus possédant un actif supérieur à 1 million de dollars devraient débourser 90% des coûts de leurs soins alors que ceux ayant un actif inférieur à 100 000 dollars n'auraient rien à payer. Les taux pour ceux ayant un actif entre ce plafond (1 million) et ce plancher (100 000) seraient échelonnés.

De cette manière, les individus ayant un actif supérieur au plancher devraient, pour avoir accès à des soins, dégager des sommes d'argent afin de payer leur partie des frais encourus. Ces individus, disposant de biens dont ils peuvent se départir contre une somme d'argent, pourraient l'utiliser pour payer leurs soins. Un autre moyen de fournir cette somme serait en souscrivant à un régime d'assurance santé privé qui garantirait le paiement de ces soins, gardant ainsi intact l'actif, et le taux à payer, des individus. Cette mesure s'appliquerait à toute la population, et donc à toutes les générations, mais en mettant l'accent sur ceux qui ont le plus accès aux services à condition qu'ils aient des biens.

Soulignons que le système de santé actuel et le système unique de santé privé sont les cas limites de la solution proposée. Dans le cas du système de santé gratuit et universel, la valeur du plancher est infini. En bas du plancher, donc tous les individus, le taux à payer pour avoir accès aux soins est de 0%. Dans le cas du système unique de santé privé, c'est le plafond qui est fixé à 0$, c'est-à-dire que tous les individus doivent payer 100% des frais pour avoir accès aux soins de santé. En fait, dans le cas du système privé, le plancher est plutôt de l'infini négatif puisque même une personne avec un actif négatif, c'est-à-dire endettée, devra payer.

La solution du système de paiement basé sur l'actif permet donc de faire une transition continue à partir de maintenant (en faisant payer ceux qui ont un actif de plus de 10 millions de dollars) et de revenir au système de soins gratuit et universel. Ce sera au gouvernement du Québec d'établir les taux selon ce qu'il juge juste et nécessaire. Le taux maximal de 100% ne devrait jamais être atteint, peu importe le montant de l'actif. De cette façon l'État serait incité à la performance, il ne pourrait refiler le coût total de la facture aux usagers et l'amélioration de l'efficacité se traduirait en économies, mais surtout, on évite ainsi de se retrouver avec un système de santé privé.

Ce système semble avoir le défaut que les gens en santé pourraient profiter de leurs richesses, ce qui ne serait pas le cas pour ceux nécessitant des soins. L'existance d'un plancher, en deça duquel les individus n'ont pas à payer pour avoir accès aux soins, prévient justement ce possible déséquilibre. Ce sera à la société de juger à quel montant a droit un individu de telle sorte que son droit au bonheur ne soit pas compromis (équivalent du revenu de citoyenneté appliqué à l'actif) et utilisant l'excédant de cette somme pour le bien commun.

*Le terme de capital est utilisé au sens keynésien, c'est-à-dire aux richesses utiles de toutes sortes. Le capital comprend par conséquent les moyens de production, l'outillage, les stocks de marchandises, les maisons d'habitation, etc. En aucun cas ce mot n'est pris dans le sens restreint de monnaie qu'on lui donne parfois, par exemple lorsqu'on parle de mouvements internationaux de capitaux (source: Département des sciences économiques et sociales de l'Académie de Versailles).

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