La couverture de glace du golfe du St-Laurent
Je vous invite à découvrir la danse hivernale des glaces sur le golfe du St-Laurent. L'échelle des couleurs est en bas à droite de l'écran. Plus la couleur est chaude, plus la couverture de glace est importante. Le noir représente l'eau libre et le rouge une couverture de glace complète. Il s'agit d'un hiver relativement normal.
Ce film est une simulation effectuée dans le cadre d'une publication dans le Journal of Geographical Research, de la couverture quotidienne de glace sur le golfe du St-Laurent pendant l'hiver 96-97.
Pour le créer, l'IML a utilisé les données observées en novembre 2006 pour initialiser 2 champs du golfe du St-Laurent: la température et la salinité de l'eau. Par la suite, l'interaction entre l'atmosphère et les eaux du golfe ont été modélisées pour simuler la création et le mouvement de la glace. Ce sont les couleurs que l'on voit à la surface de l'eau.
Quelques faits saillants de cette animation. Premièrement, il n'y a pas vraiment de glace avant le mois de janvier. C'est que, pour faire geler l'eau, il faut retirer la chaleur dans toute la colonne d'eau (de la surface jusqu'au fond), ce qui fait que même s'il fait en bas de 0° Celsius, l'eau ne gèle pas. Le temps que l'air retire toute cette chaleur à l'eau, on est rendu au mois de janvier. De plus, la couverture de glace n'est jamais complète avant la mi-février ni après la mi-mars. Finalement, la glace disparaît du golfe du St-Laurent à la fin avril.
Cliquez sur les images pour les visualiser à plus haute définition.
Deuxième remarque, qui découle de la première, la glace commence à se former là où l'eau est le moins profond dans le golfe, c'est-à-dire en aval et en amont du Saguenay et sur les côtes du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de la Côte-Nord. Regardez l'image du mois de janvier ci-haut. Vous pouvez consulter la carte bathymétrique du golfe du St-Laurent pour vous en convaincre.
Troisième remarque, le fleuve St-Laurent gèle en amont et en aval du Saguenay, mais jamais à l'embouchure de celui-ci, peu importe le moment de l'année. Sur les images, le petit bout de ligne blanche qui est sur la gauche du fleuve représente le Saguenay. J'ai ajouté une grosse flèche rouge qui indique où est l'endroit qui ne gèle pas.
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Non, ce n'est pas que les eaux du Saguenay sont réchauffées par le bouillant caractère de ses riverains, mais bien à cause des eaux de l'océan Atlantique. Celles-ci, à environ 5° Celsius, empruntent le canal Laurentien (profondeur: 300-500 mètres, c'est le «corridor» qui est visible dans le fond du golfe) dans les eaux profondes du golfe, remontent celui-ci jusque dans le fleuve St-Laurent, suit la topographie du fleuve et, rendue à la hauteur du Saguenay, n'a d'autre choix que de remonter vers la surface. Ces eaux étant « chaudes », elles empêchent la glace de se former à cet endroit. C'est d'ailleurs ce même phénomène qui fait converger les touristes Français à Tadoussac chaque année, les nutriments dont se délectent les baleines étant ramenés à la surface à l'instar de la chaleur.
Voici la carte de la bathymétrie à l'embouchure du Saguenay:
Quatrième remarque, les glaces fuient par le détroit de Cabot.
Cinquième remarque, le vent a beaucoup d'effet sur le mouvement des glaces, le courant de surface ne varie pas à ce point. J'ai refait le film avec une plus haute vitesse de déroulement pour bien visualiser ce phénomène.
* Institut Maurice-Lamontagne;
* Observatoire du St-Laurent;
* Saucier, F. J., F. Roy, D. Gilbert, P. Pellerin, and H. Ritchie (2003), Modeling the formation and circulation processes of water masses and sea ice in the Gulf of St. Lawrence, Canada, J. Geophys. Res., 108(C8), 3269, doi:10.1029/2000JC000686.