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Le refroidissement éolien n'est pas en degré Celsius

La vague de froid de l'hiver 2013-14 a donné lieu à de nombreux articles où le refroidissement éolien est utilisé. Or, le refroidissement éolien est très souvent utilisé avec des « degrés Celsius » en tant qu'unité.

Ceci est une erreur.

En effet, comme il est indiqué sur la page web d'Environnement Canada consacrée à la question:

Comme l’indice de refroidissement éolien n’est pas la véritable température, mais représente la sensation de froid sur la peau, il est indiqué sans le signe du degré.

Par exemple, « Aujourd’hui, la température est de -10°C et le refroidissement éolien est de -20 ».

Il suffit de rechercher le mot "éolien" dans les moteurs de recherche de journaux québécois pour tomber sur des exemples dans les derniers jours.

  • Le Devoir: « Ces derniers jours, la Saskatchewan et le Manitoba ont enregistré des températures de -30 °C qui atteignaient les -50 °C en tenant compte du facteur de refroidissement éolien.» Le temps froid se remet de la partie, 7 janvier 2014
  • La Presse: « Le premier vol du FTV2, hier, a été beaucoup plus discret. Avec une température de 21 degrés au-dessous de zéro, ou - 31 degrés avec le refroidissement éolien. », CSeries: décollage du deuxième avion d'essai, 4 janvier 2014
  • Le Soleil: « alors que le mercure affichait - 42 degrés en incluant le refroidissement éolien », Le froid glacial n'arrête pas les canotiers, 4 janvier 2014
  • Le Droit: « Un avertissement de refroidissement éolien est en vigueur : les températures ressenties avoisineront les -35 °C ce matin, notamment à cause des rafales de vent.  », L'hiver fait un retour remarqué, 7 janvier 2014
  • Le Quotidien: « Avec des températures ressenties frôlant les -50 degrés Celsius (avec refroidissement éolien), ce type de blessure survient en seulement quelques minutes. », Nouveau record de froid, 4 janvier 2014
  • Associated Press: « Records also fell in Oklahoma and Texas, and wind chills across the region were 40 below (-40 C) and colder. » Dangerously cold temps spread from U.S. Midwest to South and East, 7 janvier 2014

J'ai transmis cette précision à ces journalistes afin qu'ils puissent ajuster le tir dans leurs prochains articles.

Pour plus d'information sur mon opinion sur le refroidissement éolien, je vous invite à consulter ma page web consacrée à la critique de cet indice.

Les nouvelles icônes des prévisions météorologiques (bis)

Cinq ans après la dernière mise à jour, Environnement Canada renouvelle sa page de prévision météorologique et par le fait même, nous offre de nouvelles icônes. Dans la continuité de ce j'avais publié à l'époque (2006, 2008), voici les gif animés des nouveaux icônes.

2013
icones_prevision_environnement_canada_2013_nestor.gif

2008:
Gif animé présentant les 45 icônes de prévision d’Environnement Canada en 2006

2006:
Gif animé présentant les 45 anciennes icônes de prévision d'Environnement Canada en 2008

Ma préférence va aux icônes de 2008.

Il ne fait pas souvent -30°C à Montréal

Il ne fait pas souvent -30°C à Montréal. Il y a eu seulement 27 jours avec une température de -30°C ou moins depuis 1953 (la température la plus froide enregistrée pendant cette période a été de -37,8°C le 15 janvier 1957). Ça fait 0,47 jour/année, ou encore une journée à tous les 2 ans.

Graphique du nombre de jours où il a fait -30°C à Montréal entre 1953 et 2010

Sauf que la dernière fois que c'est arrivé, c'est en 1994. Il y a 16 ans. Est-ce l'effet du réchauffement climatique? Probablement. Surtout si on tient en compte que le principal effet du réchauffement climatique est de rendre les températures minimales de moins en moins froides. Et les températures minimales à Montréal, c'est pas mal -30°C.

On remarque une tendance semblable pour les jours où il fait plus froid que -25°C.

Graphique du nombre de jours où il a fait -25°C à Montréal entre 1953 et 2010

Idem pour les jours où il fait plus froid que -10°C.

Graphique du nombre de jours où il a fait -10°C à Montréal entre 1953 et 2010

Mais si on regarde sur une carte, on voit que ce n'est pas à Montréal que le réchauffement va être le plus marqué. Plus on monte vers le nord, plus le réchauffement sera grand.

Anomalies de température par rapport à la moyenne pour 2010
Anomalies de température par rapport à la moyenne pour 2010

S'il fait plus chaud sur la basse Côte-Nord et dans le golfe, par exemple, ça pourrait donner des printemps hâtifs où il n'y a pas de couverture de glace. Comme l'an dernier.

Quand un phénomène est global, c'est qu'on peut distinguer ses effets partout. Le Québec ne fait pas exception.

Sources des données:
* Normales climatiques pour Montréal (1970-2000), Environnement Canada.
* Archives nationales d'information et de données climatologiques, Rapport de données quotidiennes pour Montréal, Environnement Canada.
* Bulletin des tendances et des variations climatiques - 2010, Environnement Canada.

Où est passée la glace du golfe du Saint-Laurent?

En plein mois de février, il n'y a pas de glace dans le golfe du St-Laurent. Ou si peu.

Les zones en blanc et bleu sur cette carte représentent les endroits où il n'y a pas ou très peu de glace.

Couverture de glace du golfe du St-Laurent le 22 février 2010
Couverture de glace du golfe du St-Laurent le 22 février 2010. (source, Service canadien des glaces)

On peut constater que la situation est anormale en regardant la carte de l'anomalie de la couverture de glace. À pareille date, habituellement, les zones en rouge ont une couverture de 9 à 10 dixième plus élevée. Autrement dit, ces zones sont présentement libres de glace alors qu'elles devraient en être recouvertes en entier.

Anomalie de la couverture de glace du golfe du St-Laurent pour le 22 février 2010
Anomalie de la couverture de glace du golfe du St-Laurent pour le 22 février 2010 (source, Service canadien des glaces)

Et si vous n'êtes pas convaincus que la situation est hors de l'ordinaire, voici le graphique de la couverture de glace pour l'hiver 2009-2010 pour le golfe du St-Laurent. Le trait vert représente la moyenne, les barres en bleu sont les observations.

Graphique de la couverture de glace pour l’hiver 2009/2010 pour le golfe du St-Laurent
Graphique de la couverture de glace pour l’hiver 2009/2010 pour le golfe du St-Laurent (source, Service canadien des glaces)

Vous pouvez visualiser à quoi ressemble une année normale dans le golfe sur le billet portant sur la couverture de glace du golfe du St-Laurent.

Les villes de l'est du Québec ont connu des températures excessivement chaudes en janvier 2010. À Natashquan, la moyenne de température pour le mois de janvier est habituellement de -13,5°C. Elle a été de -8,1°C cette année. À Sept-Îles, la moyenne est habituellement de -15,3°C pour janvier. Il a fait -8,0°C. À Gaspé, habituellement il fait -11,9°C. Il a fait -6,1°C. Les autres villes de la Côte-Nord, et même du Saguenay, ont connu des écarts de température semblables.

Ça donne des paysages surréalistes, comme Natashquan sans neige au mois de février.

Vue de webcam de l’aéroport de Natashquan pour le 28 février 2010. On n’y voit le sable.

Les différences de température que connaissent ces villes ne sont pas des fluctuations auxquelles l'on pourrait s'attendre: elles sont de 2 à 3 fois plus élevées que l'écart-type habituel pour le mois de janvier. C'est, à tout le moins, excessif.

Effets

Quels sont les effets d'une telle absence de glace sur le golfe du St-Laurent?

On peut penser que l'érosion que subit la Côte-Nord sera plus grande cette année. L'augmentation de l'érosion dans les dernières années est principalement due, au premier degré, à la diminution de la couverture de glace dans le golfe du St-Laurent. Ce phénomène en sera donc fort probablement accentué.

La couverture de glace jouant un rôle sur la reproduction des phoques, cela aura un impact majeur sur le nombre de blanchons pour l'année 2010. Il sera bien sûr difficile pour les chasseurs de phoques d'aller sur la banquise, celle-ci n'existera pas selon toute vraisemblance.

Il n'y a pas que la couverture de glace dans le golfe du St-Laurent qui soit affectée par les températures chaudes de cet hiver. La couverture de glace sur le Saguenay est elle aussi plus mince. Cela a écourté la saison de pêche blanche de 3 à 4 semaines, empêchant tout un secteur de dépasser le seuil de rentabilité pour cette année.

Il y aura probablement d'autres effets sur la faune, la flore et l'économie qui pourront être mesurés après l'hiver.

Causes

Deux causes sont vraisemblablement à l'origine de ces températures exceptionnellement chaudes : le réchauffement climatique additionné à un épisode El Niño (valeurs numériques).

C'est d'ailleurs l'addition de ces 2 facteurs qui ont amené le UK Met office, l'équivalent anglais du Service météorologique d'Environnement Canada, à prévoir que l'année 2010 sera la plus chaude jamais mesurée, surpassant le record précédent de 1998 ( it is more likely than not that 2010 will be the warmest year in the instrumental record, beating the previous record year, which was 1998).

1998 était aussi une année El Niño. On peut penser que les épisodes El Niño représentent un réchauffement naturel de l'atmosphère qui s'additionne au réchauffement climatique artificiel, celui-ci augmentant sans cesse. On aurait alors un record de température à chaque épisode El Niño.

Il y a aussi comme cause potentielle le changement dans la circulation atmosphérique de l'hémisphère nord. C'est un effet du réchauffement climatique, puisque ce changement serait causé par la diminution de la couverture de glace dans l'océan Arctique. On peut dès lors penser que le curieux hiver que nous avons connu en 2009/2010 soit chose courante à l'avenir.

Cette diminution de la couverture de glace a une rétroaction positive: moins il y a de glace dans l'Arctique, plus l'air chaud des latitudes tropicales est amené loin au nord, entraînant la glace à fondre plus rapidement. Comme il fait plus chaud cet hiver dans l'hémisphère nord, il y a tout à penser que la glace de l'Arctique sera mince au mois de septembre prochain, moment où elle est à sa plus faible étendue. Peut-être même qu'un record d'étendue sera établi, battant ainsi celui de 2007. À suivre sur le Cryosphere Daily. Et sur Hors des lieux communs.

Portrait canadien des gaz à effet de serre

Environnement Canada vient de publier les données des émissions des gaz à effet de serre (GES) pour le Canada de 1990 à 2006.

Les résultats concernant les émissions globales du pays:

En 2006, les émissions ont été 22 % plus élevées qu’en 1990. Elles ont connu un sommet en 2004, où elles ont atteint 743 mégatonnes, puis ont diminué de 3 % entre 2004 et 2006.

Côté individuel:

Les émissions par personne ont augmenté de 3 % entre 1990 et 2006.

Côté intensité (tonne de GES/PIB):

Les émissions de gaz à effet de serre par unité de PIB ont diminué de 21 % entre 1990 et 2006.

On comprend pourquoi le gouvernement Conservateur souhaitait ardamment une réduction de l'intensité des émissions des gaz à effet de serre plutôt qu'une réduction absolue. Il n'y aurait rien eu à faire. C'est facile d'être bon là-dedans.

Les records de températures et de précipitations du Canada disponibles en format graphique

Logo de ptaff.ca

Un nouveau service est maintenant offert par ptaff.ca. Il s'agit d'une page qui permet de visualiser les records de températures et de précipitations pour tous les jours de l'année pour plus de 400 endroits au Canada. Elle se trouve à cette adresse:
//ptaff.ca/records_temperatures_precipitations_canada/

Vous trouverez aussi sur le graphique des températures les normales quotidiennes minimales et maximales. Vous pouvez visiter la page des records pour Montréal pour une mise en bouche.

Graphique des températures records et des normales quotidiennes pour Montréal

Note: Les graphiques peuvent être très lent à générer sous Internet Explorer. Pour ceux qui utilisent ce logiciel, nous vous proposons cordialement l'installation de Firefox et nous vous invitons, par la même occasion, à utiliser des solutions libres lorsque l'opportunité se présente.

Les données proviennent toutes de l'Almanach d'Environnement Canada. Nous avons simplement créé une interface graphique à ces données grâce au logiciel libre Table4Chart, un produit de ptaff.ca.

Finalement, nous avons aussi créé une couche pour GoogleMaps. Cette couche permet de visualiser sur une carte toutes les stations disponibles sur nos pages, en plus des records pour la journée courante et un hyperlien vers la page correspondante sur le site de ptaff.ca. Vous n'avez qu'à passer par ici pour y accéder (date du 6 juin donnée à titre d'exemple):
Records climatiques de ptaff.ca sur GoogleMaps(TM)

Saisie d’écran dans GoogleMaps(TM) où on voit les endroits où les records sont disponibles.

Télécharger les données de l'almanach d'Environnement Canada

Ce billet explique la marche à suivre pour télécharger toutes les observations climatiques pour une station à partir du site web d'Environnement Canada.

Mise à jour (2014-04-16): Les URL et les informations ont été mises à jour pour refléter les changements du site web d'Environnement Canada.

Sur le site web d'Environnement Canada, se trouve une page qui se nomme Archives nationales d'information et de données climatologiques. Pour y arriver, il suffit de cliquer sur le mot Statistiques dans la colonne de gauche sur la page web des prévisions météorologiques d'Environnement Canada.

Saisie d’écran de la page d’Environnement Canada avec une flèche rouge qui pointe vers le mot “Statistiques” dans la colonne de gauche

Cette section donne un accès direct aux archives des observations des stations météorologique d'Environnement Canada. Les saisies de données d'une station météorologique sont habituellement horaire, c'est-à-dire à toutes les heures. Il y a 635 stations météorologiques qui sont accessibles dans cette base de données.

Certes, il est possible d'aller visualiser directement sur le site web les données pour une station. Par exemple, les observations de la station Yellowknife pour la journée du 21 octobre 2008.

Il est même possible de visualiser un graphique, en cliquant sur l'icône au haut de la colonne, pour son élément du temps préféré. La température en degré Celsius pour la station de Yellowknife pour le 21 octobre 2008 par exemple:

On remarquera que les accents sont mals rendus dans le nom de l'axe vertical ainsi que dans le titre du graphique, mais on ne saurait leur en tenir rigueur, l'effort est déjà fort louable et les anglais n'y voient que du feu. Que celui qui n'a jamais eu des problèmes de conversion avec les accents lance la première pierre.

Il est bien sûr possible de prendre ces données et d'en faire un petit graphique maison, bien libellé, qui pourrait nous servir dans une éventuelle publication. C'est ce que j'avais fait, avec l'aide de gnumeric, pour le billet Pourquoi cette passion de la météorologie chez les Québécois?.

Pour un travail assez concis dans le temps et dans l'espace, il est donc aisé et simple de se servir de la page web pour arriver à ses fins.

Par contre, pour obtenir toutes les observations pour une station, le quidam devra cliquer pour chacun des 12 mois de l'année et ce pour chacune des années d'existence de la station. La station de Yellowknife existant depuis 1953, ça donnerait pas moins de 660 clics. C'est long.

Là où ça devient vraiment intéressant c'est que lorsque l'on regarde au bas de la page, on aperçoit qu'il est possible de télécharger les données pour tout le mois d'octobre 2008 dans un seul fichier, que ce soit en format CSV ou XML. Il est même possible, tenez vous bien, de télécharger toutes les données de la station depuis que celle-ci existe!

Ces données peuvent être grandement utiles pour toute personne s'intéressant au climat. Par exemple, pour l'étude sur la fréquence des événements météorologiques précurseurs des nids-de-poule, j'avais utilisé toutes les données d'observation disponibles pour 7 stations météorologiques canadiennes en les téléchargeant sur le web.

Comment faire pour télécharger toutes les données d'une station? Rien de plus simple. Dans ce combat, comme dans beaucoup d'autres, l'utilitaire wget est votre ami. La ligne de commande suivante s'applique sur les systèmes d'exploitation GNU/Linux, les amis sous Windows pourront passer par Cygwin pour effectuer le même travail avec cette ligne de commande.

Voici la ligne de commande qui vous permettra de télécharger toutes les observations horaires pour la station de Yellowknife, de 1953 à aujourd'hui:

for annee in `seq 1953 2008`;do for mois in `seq 1 12`;do wget --content-disposition "http://climat.meteo.gc.ca/climateData/bulkdata_f.html?format=csv&stationID=1706&Year=${annee}&Month=${mois}&Day=14&timeframe=1&submit=++T%C3%A9l%C3%A9charger+%0D%0Ades+donn%C3%A9es" ;done;done


* format= [csv|xml]: pour le format de sortie
* timeframe=1 : pour les données horaires
* timeframe=2 : pour les données quotidiennes
* timeframe=3 : pour les données mensuelles
* day=*: la valeur de la variable "day" n'est pas utilisée et peut-être une valeur arbitraire

Cette commande ira chercher pour vous toutes les données d'observations horaire en format CSV pour la station de Yellowknife. Pour une autre station, il suffit de changer la valeur de la variable StationID. Pour avoir les données en format XML, il suffit de changer la valeur de csv par xml dans l'URL. Pour les données en anglais, changer ++T%C3%A9l%C3%A9charger+%0D%0Ades+donn%C3%A9es pour Download+Data, de même que _f par _e dans l'hyperlien.

Bon téléchargement!

Implication des scientifiques dans les processus de décision: les présentations

Au début de l'année, j'avais discuté de la session que j'allais tenir, aidé de Simon Hobeila, conseiller en éthique de la recherche à l'Université de Montréal, ainsi que Jacques Descurieux, conseiller national en communications à Environnement Canada, pour tenir une session ayant pour titre l'Implication des scientifiques dans les processus de décision au congrès 2008 de la Société canadienne de météorologie et d'océanographie.

Eh bien voilà, la session s'est tenue à la fin mai à Kelowna en Colombie-Britannique. Et comme, vous le savez, la pérennité est pour moi un sujet important, nous avons filmé chaque présentateur, recueilli les fichiers des présentations et fait signer des licences Creative Commons BY afin de retirer le maximum de cette manifestation.

Vous pouvez trouver le tout sur la page de ptaff.ca consacrée à cette session.

Pour vous donner un avant-goût, je vous suggère d'écouter la présentation de Charles Lin qui nous parle du passé, du présent et du futur du Groupe intergouvernemental sur l'évolution climatique (GIEC) sur lequel il a siégé. On y apprend plein de détails intéressants, notamment comment se déroulait les réunions lorsqu'il fallait arriver à un consensus et que, bien sûr, le temps venait à manquer. Vous pouvez aussi télécharger la présentation qui accompagne le film.

Le désert du Canada

Y a-t-il un désert au Canada?

Un désert est défini comme:

  • Une région très sèche marquée par l'absence ou la pauvreté de végétation et la rareté de peuplement (Source: Le petit Larousse illustré, 1996).
  • Une zone stérile, ou peu propice à la vie, en raison du sol impropre, ou de la faiblesse des précipitations (moins de 200 mm par an). Un désert est situé hors écoumène (Source: wikipédia).
  • En démographie, un désert est une région peu densément peuplée. Sa définition varie: au niveau mondial, on estime qu’en dessous de 5 habitants au km², une région est désertique (Source: wikipédia).

Il y a donc 2 aspects à respecter pour être en un désert: la précipitation et la population. Si l'on recherche un désert au Canada, il doit respecter ces 2 conditions:

  1. Faible précipitation (moins de 200 mm annuellement);
  2. Faible densité de population (moins de 5 habitants par km²).

Le désert démographique

Attardons-nous d'abord à la densité de la population canadienne. Nous trouvons une carte de cette densité sur le site de l'Atlas du Canada:

Carte de la densité de la population au Canada
Densité de la population au Canada, source:Atlas du Canada

Force nous est de constater que, dans sa grande partie, le Canada est un désert démographique. Sa moyenne de 3,3 habitants par km² est d'ailleurs sous la limite des 5 habitants par km² pour se qualifier comme un désert. Le Canada se classe d'ailleurs 184ème sur 192 pays pour la densité de sa population. Les seuls pays qui sont plus vides que nous sur la planète sont: Libye, Mauritanie, Botswana, Islande, Suriname, Australie, Namibie et Mongolie. C'est dire!

Bref, notre désert canadien ne sera pas situé dans la frange sud du pays, ce qui laisse encore quand même beaucoup d'espace.

Faiblesse de précipitation

Quels sont les endroits au pays où il pleut le moins? Allons faire un tour sur le site d'Environnement Canada, ils ont sûrement quelque chose pour nous.

Ce que l'on cherche se trouve dans la section des prévisions saisonnières. On y trouve une section nommée Climatologie de la température et des précipitations. Hum, y a des chances que l'on trouve ce que l'on cherche ici.

Les paramètres disponibles dans cette section ne nous permettent pas d'avoir une carte annuelle, seulement des cartes pour des périodes de 3 mois. Séparons donc notre recherche en deux: été et hiver. Prenons juin-juillet-août (jja) pour l'été, et décembre-janvier-février (jfm) pour l'hiver, puisque c'est ce que le menu déroulant nous suggère comme choix de saison.

Carte du climat des précipitations du Canada pour les mois de juin-juillet-août
Carte climatique des précipitations au Canada pour l'été (juin-juillet-août)
Carte du climat des précipitations du Canada pour les mois de décembre-janvier-février
Carte climatique des précipitations au Canada pour l'hiver (décembre-janvier-février)

Première constatation, si on exclue la Colombie-Britannique, la vallée du St-Laurent et les provinces de l'Atlantique, il y a pas mal moins de précipitation en hiver qu'en été. Notre désert ne se situera donc pas dans une de ces 3 régions exclues.

Sur la carte des précipitations pour l'été, on voit que toutes les régions se trouvant au sud des territoires du Nord-Ouest et du Nunavut reçoivent 200 mm ou plus de pluie durant ces 3 mois. Ces régions sont donc exclues de notre zone d'intérêt.

Reste donc le Grand Nord canadien. Regardons la climatologie des stations météorologiques du Nunavut. Allons-y avec les plus connus: Alert et Eurêka. Si on regarde l'intersection de la colonne année et de la ligne Précipitation (mm), on trouve la valeur recherchée, c'est-à-dire la quantité de précipitation en mm pour l'année.

Pour Alert, on a 153,8 mm de précipitation et, pour Eurêka, 75,5 mm! Ces deux endroits se qualifient donc comme désert! Il y a très peu de précipitations et une densité de population très, très basse. Il n'y a pas vraiment de végétation non plus dans cette région.

Si on regarde un peu plus au sud, à Yellowknife par exemple, on constate qu'il y tombe 280,7 mm de précipitation par année. Ce n'est pas très mouillé comme endroit, mais c'est quand même trop pour se qualifier comme un désert.

On peut donc conclure que: le Grand Nord canadien, au nord de 70° de latitude nord, est un désert.

À propos d'Osoyoos

L'internaute qui ferait une recherche sur internet sur les mots «désert canada» pourrait tomber sur des articles (Environnement Canada, Office du tourisme de Colombie-Britannique, etc.) prétendant que la région d'Osoyoos, dans le sud de la vallée de l'Okanagan est aussi un désert.

Sud de la vallée de l’Okanagan
Sud de la vallée de l’Okanagan, près de la ville d'Oliver

Pour y être déjà allé, il est vrai que, à l'intérieur des terres, la végétation rappelle celle d'un désert. Mais, la quantité de précipitation annuelle moyenne enregistrée à la station d'Ossoyos est de plus de 300 mm. Ce régime précipitation est plutôt semi-aride, selon la classifcation de Köppen. Ce n'est donc pas un désert.

Pourquoi cette passion de la météorologie chez les Québécois?

Lorsque le touriste ou l'immigrant arrive au Québec, une des choses qui le surprend, c'est la relation passionnée que le Québécois entretient avec la météorologie.

Force nous est de constater que c'est un trait culturel bien de chez nous. Et ce n'est pas un hasard. Peu d'endroits à travers le monde connaissent une si grande variabilité de la température, que ce soit sur une base annuelle, hebdomadaire ou quotidienne.

Un exemple concret: la température pour Montréal pendant la semaine du 13 au 19 septembre 2008 (source: Environnement Canada):


Température en degrés Celsius pour la station météo CYUL pour la semaine du 13 au 19 septembre 2008

Température en degrés Celsius pour la station météo CYUL pour la semaine du 13 au 19 septembre 2008

On peut voir que,le dimanche 14 septembre, la température est pratiquement montée jusqu'à 27°C. Le lendemain, le 15 septembre, le mercure est en chute libre, passant de 25°C à 7°C en 24 heures!

Alors, au touriste de passage qui s'étonnera que le Québécois n'en a que pour la météo, vous lui demanderez où est-ce qu'il était, la dernière fois qu'il a subit une baisse de température de 18°C en une journée. Et dites-lui que, chez nous, c'est chose courante.

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