Gil et TQS
Dimanche matin, je lis la chronique de Gil Courtemanche: Pour en finir avec TQS.
Sourire en coin et satisfaction.
Dimanche matin, je lis la chronique de Gil Courtemanche: Pour en finir avec TQS.
Sourire en coin et satisfaction.
Le 17 août 2007, l'association américaine des auteurs de science-fiction (Science Fiction Writers of America) a envoyé une mise en demeure au site web Scribd, les sommant de retirer une liste d'ouvrages de leur site sous prétexte qu'ils violaient le droit d'auteur.
Or, il s'avère que même si certains ouvrages violaient bel et bien le droit d'auteur, ce n'était pas le cas de tous les ouvrages. Mais, selon la loi américaine du DMCA, un fournisseur internet est tenu de retirer immédiatement tout contenu sur des demandes des "ayant droits". Le fardeau de la preuve, c'est-à-dire que lesdits ouvrages ne violent pas le droit d'auteur, revient à la personne qui est accusé. Ceci est un précédent. Dans le système anglais, auquel nous sommes soumis au Canada, il en revient à la personne qui fait l'accusation de faire la preuve de la culpabilité. Avec une loi comme celle-ci, on ouvre la porte à la censure puisqu'il suffit de prétendre qu'un texte viole un droit d'auteur pour qu'il soit retiré, sans autre forme de procès.
On pourrait croire que cette loi est un fait américain, que nous sommes à l'abri d'une telle dérive. Et bien non. La loi C-47, approuvé à l'unanimité par le parlement du Canada, qui porte sur les marques de commerce pour les Olympiques de Vancouver contient une telle exception. Juste pour se mettre en forme, voici une petite liste des mots tirés de l'annexe 3 du texte de la loi et qui sont des marques de commerce du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2010 à Vancouver («COVAN»):
*Jeux
*2010
*XXIe
*Xe
*Médailles
*Hiver
Vous ignoriez que le mot "Hiver" était une marque de commerce? Mal vous en prenne, parce que si le COVAN vous accuse de violer leur marque de commerce en utilisant ce mot sur un produit ou un service, quel qu'il soit, les autorités peuvent, et se doivent, de saisir immédiatement tout ces produits ou interrompre le service, sans aucun recourt de votre part. Le COVAN, selon la loi C47, « n'est pas tenu de prouver qu'il subira un préjudice irréparable » (article 6). C'est à vous de prouver par la suite que vous êtes innocents. Vous avez des pertes financières dû à ce retrait de vos produits ou service? Il vous sera toujours par la suite possible de poursuivre le COVAN, mais ce sera à vous de faire la preuve qu'il y a eu nuisance. Asymétrie de la justice.
D'autre part, les démarcheurs Américains ont réussi à faire adopter une loi en moins de 6 mois, encore une fois adoptée à l'unanimité par le Parlement canadien, qui interdit le caméoscopage dans les salles de cinéma du Canada. Quel effet sur notre vie de tous les jours me direz-vous? Et bien on se fait maintenant fouiller lorsque l'on va au cinéma. Imaginez qu'il soit possible de faire passer une loi qui a comme conséquence que des milliers de gens se font fouiller quotidiennement partout à travers le Canada. Et que cette loi passe à l'unanimité. C'est exactement ce qui s'est passé cet été. Tous les gens qui vont dans les cinémas Guzzo avec un sac, j'ai appelé pour vérifier, doivent l'ouvrir pour montrer qu'ils n'ont pas de caméra à l'intérieur.
Je me demande si Maka Kotto avait pensé à cet effet lorsqu'il a déclaré « Qu'attend le gouvernement pour légiférer, pour mâter cette industrie du piratage et pour traduire les trafiquants devant les tribunaux afin de faire cesser ce marché illégal de produits piratés? ». Ben c'est fait, basé sur des faux chiffres, il y a une belle loi qui est maintenant en vigueur et qui font en sorte que des milliers de gens se font fouiller quotidiennement.
En conclusion, puisqu'il existe déjà une loi canadienne qui reporte le fardeau de la preuve sur celui qui est accusé, puisque les démarcheurs américains sont capables de faire passer une loi avec ce genre d'effets sans que personne ne bronche, je prédis que le gouvernement nouveau du Canada va faire passer, dans sa nouvelle loi sur le droit d'auteur, des clauses très semblables à celle du DMCA américain. Les anciens médias n'auront que des bons mots pour cette loi plus musclée qui donnera de la poigne pour mâter les méchants pirates (à qui appartiennent les grands groupes de presse déjà?). Tiens, je pousse même jusqu'à prédire que ça va être adopté à l'unanimité.
Une photo du beau-père en train de travailler la plomberie en dessous de l'évier.
Impression de déjà-vu: la belle photo des bottes des « agents provocateurs » de la SQ.
Un petit souvenir:
Ça me rappelle une bonne blague:
Une fois c'était 3 gars qui voulaient rentrer dans les manifestants.
Les manifestants se sont tassés, faque les 3 gars sont rentrés dans la police.
Le « food fight » ou bagarre de bouffe gagne du terrain dans les écoles secondaires du Québec.
Le phénomène n'est pas nouveau.
Mais Internet est en train de lui donner une nouvelle dimension.
Car l'appel aux armes se fait habituellement par le web.
Pourtant, l'encyclopédie en ligne Wikipédia ne parle pas de cette forme de défoulement collectif.
J'en déduis que tout ce qui passe « sur internet », peu importe ce que ça veut dire, se doit selon les médias de masse, d'avoir une entrée dans wikipédia.
Ah oui, c'est faux, il existe depuis le 16 septembre 2004 un article sur le food fight sur wikipedia, dans la version anglaise. Les vieux médias auraient-ils tourné les coins ronds dans un reportage? Je suis surpris là.
Suite du billet Internautes, du haut de ces octets, quarante siècles vous contemplent.
La recherche de textes traitant d'un sujet à l'époque pré-internet était beaucoup plus laborieuse qu'aujourd'hui.
Au XXe siècle, si l'on désirait s'informer sur le traitement qui avait été fait d'un sujet dans l'actualité, il fallait se déplacer physiquement pour consulter les microfilms des journaux et magazines.
On pourrait croire qu'avec le moyen de diffusion extraordinaire qu'est internet, les médias traditionnels ont sauté sur l'occasion pour mettre leurs archives en ligne ou, au minimum, les textes publiés depuis qu'ils ont pignon sur le web. Or, il n'en est rien. Leurs traces disparaissent parce qu'inaccessibles.
Si vous faites une recherche sur un sujet donné, les billets des blogues traitant de ce sujet vont fort probablement ressortir au haut de la liste des résultats, beaucoup plus souvent qu'un article de journal, si prestigieux soit-il. Pourquoi? Parce que le contenant des blogues est conçu de telle sorte que le contenu puisse être lu par le plus grand nombre de personnes. Ils suscitent la discussion, les débats et donc le référencement par des hyperliens. Toutes des qualités que n'ont pas la grande majorité des médias traditionnels, sous prétexte d'une possibilité de profit supplémentaire grâce à une seconde vente de ces articles.
Le débat à savoir si les blogueurs sont des journalistes ou non prend dès lors une toute autre saveur. Je ne suis pas un journaliste, je ne le revendique pas de toute façon, mais le texte que vous lisez présentement sera très probablement toujours librement accessible sur internet. Pas disponible sur CEDROM SNI contre 4$ avec une unique phrase pigée au hasard dans le texte pour tout résumer. Et l'impossibilité d'utiliser un hyperlien y menant pour que le lecteur puisse constater par lui-même ce dont vous parlez, plutôt que vous fier à ce que vous en dites.
Certes, ces articles pourront peut-être un jour se retrouver dans le domaine public, mais combien de décennies cela prendra-t-il? S'il y a un débat à faire sur un sujet, il y a plus de chances qu'il survienne dans les années qui suivent sa publication plutôt que dans les siècles suivant. Si discussion il y a, il y aura référencement, c'est-à-dire hyperliens. Donc, s'il y a recherche sur ce sujet par la suite, qu'est-ce qui se retrouvera en premier dans les résultats?
Bien sûr, si on se projette dans 100 ans et qu'une personne cherche le traitement d'un sujet dans une publication en particulier, elle saura le trouver. Mais cette technique date du XXe siècle, aucun avantage de la technologie n'est utilisé.
Les médias traditionnels se trouvent à être d'éphémères chroniqueurs: ils ont un impact précis dans le temps et, souvent, dans l'espace. Si tôt l'événement passé, leurs textes vont se retrouver dans les catacombes de la propriété intellectuelle. Le savoir-faire, le talent et la qualité sont très souvent présents dans ces publications mais, tristement, elles sont appelées à disparaître de l'horizon peu de temps après leur édification. À moins d'être un archéologue avec une carte détaillant précisément où trouver ce qu'il recherche, personne ne retrouvera ces textes. Les médias traditionnels construisent des cathédrales sur des sables mouvants.
Note: Dans le même ordre d'idée que ce texte, je vous invite à lire De la distribution du code source dans les publications scientifiques.
L'idée est simple. Une institution publie une étude où elle obtient les résultats qu'elle désire promouvoir. Les dépêches de 3 paragraphes des agences de presses internationales (AFP, Reuters), sans compter une partie de la blogosphère qui fait écho en temps réel des nouvelles, résument ensuite cette étude, en conservant toujours la conclusion et en réduisant le reste, en fonction de l'espace qu'ils décident d'y consacrer.
Tout ceci fait en sorte qu'il n'y a qu'une seule chose qui est diffusée partout: la conclusion de l'étude. Peu importe la crédibilité ou la méthodologie de l'étude, c'est la conclusion qui va faire les titres et qui sera présent; c'est le dénominateur commun.
Il est alors tentant pour une institution de se servir de cet amplificateur médiatique pour mousser son programme.
Des exemples?
1- L'importance du piratage des films américains par des Canadiens par caméoscopage (traduction libre de camcording). Dans la catégorie blogue de nouvelles en temps réel, il y a Bruno G qui en parle. On retrouve aussi un article sur cyberpresse. Que les médias de masse rapportent n'importe quoi passe encore, ce ne serait pas si grave. Sauf que la désinformation fait son chemin: Maka Kotto a repris les idées, sinon fausses du moins très très douteuses, communiquées dans ces textes pour en faire des vérités en posant des questions à la chambre des communes. Consulter le billet de Michael Geist à ce sujet sur son blogue.
Cette offensive sur les prétendues failles de la législation canadienne concernant le piratage survient justement alors qu'il va y avoir une révision sur la loi canadienne sur le droit d'auteur. Les groupes de pressions font oeuvre utile de cette caisse de résonance: ce sont les députés de l'opposition qui présentent leur point de vue. Pas mal.
2- De façon générale, tout ce qui touche les changements climatiques. Particulièrement ceux mettant en doute le réchauffement climatique.
Un article publié dans Science en décembre 2004(*), relate l'étude d'un échantillon de 928 articles scientifiques publiés entre 1993 et 2003 traitant du réchauffement climatique. Sur ces 928 articles, aucun ne mettait en cause la provenance anthropogénique du réchauffement climatique.
(*)Oreskes, N., 2004, "The scientific consensus on climate change," Science, 306:1686.
Le groupe FAIR (Fairness & Accuracy In Reporting) a fait une recherche sur les articles traitant du réchauffement climatique publié dans les journaux du New York Times, Washington Post, Los Angeles Times et le Wall Street Journal. Ils ont choisi au hasard 636 articles sur les 3543 traitant de ce sujet.
53% de ces 636 articles ont porté autant attention à l'opinion que les humains contribuaient au changement climatique qu'à celle qui attribue ces changements uniquement à des variations naturelles.
Les instituts économiques (Fraser Institute, Institut économique de Montréal) sont particulièrement friants de cet instrument d'amplification.
Par exemple, le Independent Summary for Policymakers du Fraser Institute, nommé ainsi pour vous confondre le plus possible avec le Summary for Policymakers publié par le GIEC. Bien que descendu en flamme par une analyse poussée des leurs affirmations et surtout de leurs chiffres (voir le billet sur le blogue de Real Climate sur la question), les médias de masse ont diffusé le lendemain la conclusion de cette étude.
Je n'ai malheureusement pas d'hyperliens à fournir: j'en ai entendu parlé à la radio et dans les journaux dans les jours suivant mais, leur modèle de distribution et d'archivage étant ce qu'il est, il est pratiquement impossible de rechercher des articles dans les journaux. Il faut les acheter et, bien entendu ils ne sont pas indexés, alors bonjour la recherche même si on est prêt à débourser.
Internet est particulièrement résilient à ce traitement d'information par les médias de masse mais… ce sera le sujet d'un autre billet.