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Introduction sur le réchauffement climatique

J'ai lu relativement beaucoup de livres, textes, billets, et revues qui traitent du réchauffement climatique.

J'ai lu hier un article écrit par Kerry Emmanuel, professeur de météorologie au MIT, qui résume admirablement bien le sujet. Kerry Emmanuel couvre les différents angles de la problématique:

  • Historique de la prise de conscience du réchauffement climatique
  • Phénomènes physiques impliqués
  • Limitation des méthodes de simulation
  • Contribution de l'humain dans le réchauffement
  • Conséquences du réchauffement
  • La science, la politique et le traitement médiatique

Cet article est quand même assez long, une quinzaine de pages, mais il s'agit sans nul doute d'un incontournable pour quiconque s'intéresse à la question. Il s'agit d'un chef d'oeuvre de vulgarisation.

Petits bémols: l'article est en anglais et n'utilise que des degrés Fahrenheit.

L'article: Phaeton’s Reins

Billets de HDLC traitant plus en profondeur de sujets abordés dans l'article:

1960: Le Canada vu par les Français

J'ai à la maison l'Encyclopédie Universelle française, une édition datant de 1960 publié au Québec par la Société des éditions Leland, Limitée.

Je recopie ici la section « Population et gouvernement » de l'article sur le Canada où on y apprend, entre autre, que les Indiens vivent dans la forêt et que le Canada fut à une époque une « grande puissance ».

Bien que l'on puisse dire que la description de la population est obsolète, il en va autrement de celle du gouvernement qui est d'une actualité troublante. Je n'ai jamais entendu parlé du gouvernement canadien comme étant le conseil des ministres où la Chambre des communes et le Sénat y ont un rôle d'assistant…

L'AMÉRIQUE
LE CANADA

A peine moins étendue que l'Europe (9 964 000 km² avec le Labrador et Terre-Neuve, rattaché en 1948), le Canada n'est peuplé que de 14 millons d'habitants. La rudesse du climat limite la zone habitable, « le Canada utile », à une frange méridionale. Malgré ce faible peuplement, l'abondance des ressources naturelles, l'ampleur de la production agricole et un développement industriel récent placent le Canada au rang des grandes puissances.
[…]
Population et gouvernement. – Le Canada compte 14 500 000 habitants, presque exclusivement d'origine européenne. Les Esquimaux, dans le Grand Nord, et les Indiens, dans la forêt, ne sont pas plus de 165 000. Les descendants des 60 000 Français installés au XVIIIe siècle sur les rives du Saint-Laurent sont aujourd'hui plus de 4 millions (31 p. 100 du total), sans parler de 2 millions de Canadiens français venus s'établir dans le nord-est des Etats-Unis. Ils forment la majorité de la population des provinces maritimes et de la vallée du Saint-Laurent. Un petit nombre seulement a essaimé vers l'ouest, dans la Prairie. Les Canadiens anglais, venus de Grande-Bretagne ou des Etats-Unis, représentent 50 p. 100 du total. Plus entreprenants que les Français, ils ont colonisé la Prairie et les rives du Pacifique. Le reste se compose d'« étrangers » où se mêlent les représentants de tous les peuples de l'Europe. L'immigration européenne, qui avait été forte au début de ce siècle, était à peu près tarie en 1939. A présent, l'accroissement de la population est dû surtout à l'excédent des naissances, la natalité étant très forte, en particulier chez les Canadiens français.
[…]Le Canada est un Etat fédéral composé de deux territoires et de dix provinces ayant chacune un gouvernement représentatif. Le pouvoir fédéral est confié à un Conseil des ministres assisté d'un Sénat et d'une Chambre des communes. Le Canada fait partie de la communauté des nations britanniques, et le roi d'Angleterre continue d'être représenté par un gouverneur. Bien que ses intérêts l'orientent de plus en plus vers les Etats-Unis, le Canada fait preuve d'un grand loyalisme envers l'Angleterre.

Référence: Encyclopédie Universelle française, Première édition, Volume I, Le Canada, p. 163-164. ~ 1960

Histoire du Canada, Les Frères de l'Instruction Chrétienne

Je suis tombé dans une brocante, tout à fait par hasard, sur un livre ayant pour titre Histoire du Canada, 6e et 7e années, écrit par Guy Laviolette et publié chez la Procure des Frères de l'Instruction Chrétienne, LA PRAIRIE, P.Q.

Je n'ai pu résister à la tentation et je l'ai acheté. Il est resté dans ma pile de «livre à lire» pendant pratiquement 1 an. La semaine dernière, je l'ai ouvert et j'ai lu un passage. Révélation. Je vous en recopie ici un extrait pour partager avec vous la conception de l'histoire qui était véhiculée par le système d'éductation du Québec à ce moment; témoignage de la perception et de ce que l'on transmettait à la jeune génération de cette époque.

Précisons que le livre a été publié en 1954 et qu'il était utilisé, je suppose, par les religieux des années 1950 à travers le Québec pour enseigner l'histoire du Canada. Le traitement historique, le ton, le choix des mots, même la ponctuation méritent une grande attention pour comprendre l'évolution qu'il y a eut entre cette vision de l'éducation et celle que nous avons présentement.

Remarquons notamment l'utilisation des mots Canadiens pour Québécois de langue française et Anglais pour tous désigner tout ceux qui parlaient cette langue. De plus, l'utilisation de la première personne du pluriels (le nous) dans un livre d'histoire a de quoi surprendre.

Je recopie ici une section du chapitre 6, chapitre ayant pour titre Les Canadiens prennent conscience de leur force et la section étant celle qui concerne la première session du Bas-Canada. Même si la ponctuation paraît curieuse en certains endroits — présence ou non d'espace après les deux points ou le point d'interrogation, titre de sous-section entre 2 paragraphes de citation — elle a été scrupuleusement respectée.

Dessin d'un orateur debout devant un assemblée d'hommes. La seule couleur est une teinte vert pâle et on y voit le titre du chapitre 6 en italiques.

1. Première session du Bas-Canada

Acte Constitutionnel de 1791

Le gouvernement Royal qui régissait le Canada au moment de la conquête fut remplacé par un gouvernement militaire auquel succéda le régime absolu dont quelques membres étaient favorables aux Canadiens.

Mais voici que de 1782 à 1784, l'arrivée de cinquante mille Loyalistes devait donner à notre pays un caractère plus anglais. Les nouveaux venus, en particulier, réclamèrent un gouvernement élu par le peuple, comme en Angleterre et aux Etats-Unis.

Londres se rendit finalement à leurs désirs, et en 1791, George III divisa le pays en deux provinces: le Bas-Canada (Québec) et le Haut-Canada (Ontario). Il mit un gouverneur général à la tête de la colonie, et à la tête de chaque province un lieutenant-gouverneur assisté d'un Conseil exécutif, d'un Conseil législatif et d'une chambre d'Assemblée dont les membres devaient être élus par le peuple.

Evénement extraordinaire

Il s'agissait là d'un fait vraiment extraordinaire dans nos annales, fait dont l'avènement fut célébré par des discours et des banquets. Puis on procéda sans retard à l'élection des premiers députés.

Villes et campagnes du Bas-Canada furent divisées en vingt-six comtés, auxquels les Anglais donnèrent des noms bien connus dans leur pays d'origine, comme Buckinghamshire, mais qui ne disaient pas grand-chose aux fils de la vieille France.

Premiers députés

Dans le Québec, les Anglais ne comprenaient que le quinzième de la population, et il n'étaient en majorité dans aucun comté. Ils n'avaient donc droit qu'à un, deux, ou trois députés, tout au plus. Généreux comme toujours, ou même un peu naïfs, nos ancêtres élurent seize députés anglais sur cinquante, soit près du tiers. Six de ces députés étaient cependant mariés à des Canadiennes.

Ajoutons que les Canadiens convoitaient peu le poste de député parce qu'ils étaient pauvres et que, non seulement la position ne rapportait rien, mais qu'elle les obligeait à négliger leurs propres affaires.

Pendant la session, les députés louaient une chambre dans les maisons privées de Québec et se nourrissaient le plus souvent d'aliments qu'ils avaient apportés: lard salé, porc frais rôti, pommes de terre, pain de ménage, mélasse, etc.

Certain venaient de très loin. Ils avaient dû voyager quinze jours en traîneaux avant d'atteindre l'ancien évêché de Québec, où devait se tenir la première session du Bas-Canada.

Moment solennel

La première session s'ouvrit à Québec le 17 décembre 1792. C'était une heure vraiment solennelle pour nous, car nous étions appelés à remplir des fonctions nouvelles. Le peuple aurait désormais le droit d'exprimer librement son opinion par la voix de ses députés.

Outre Joseph Papineau, dont nous reparlerons bientôt, on remarquait parmi les députés canadiens Jean-Antoine Panet, notaire et avocat, Pierre Bédard, le premier avocat de son temps, celui qui connaissait souvent mieux les lois anglaises que les Anglais eux-mêmes, parce qu'il les avait approfondies davantage. Il y avait aussi messieurs Taschereau, Chartier et Lotbinière…

Choix de l'“orateur”

Quand il fallut élire un président de l'Assemblée, messieurs Papineau, Taschereau et Bédard proposèrent un homme de leurs croyances et de leur nationalité : l'avocat Jean-Antoine Panet, député de la Haute-Ville de Québec. Il s'agissait d'un poste important puisqu'à la Chambre, c'est l'“orateur” qui dirige les discussions et préside l'assemblée. Parfait bilingue, bien au courant des lois, et du côté de la majorité parlementaire, Panet méritait certes d'occuper ce poste.

Or les députés anglais — seize, on s'en souvient — prétendirent que, dans une colonie anglaise, l'orateur devait être choisi parmi les députés de langue et de nationalité anglaises.

Les nôtres tinrent bon, et Panet fut élu par dix voix de majorité.

Quelle langue adopter?

Quelle langue adopterait-on pour la rédaction des lois, la langue française ou la langue anglaise ? Jusque-là, la langue française avait toujours été en usage dans les actes officiels, le pays étant composé presque exclusivement de Français. Mais en 1792, les descendants des vainqueurs prétendirent qu'il fallait introduire la langue anglaise au pays “pour attacher plus sûrement les Canadiens à la Grande-Bretagne”.

Dessin d'un orateur debout devant une table entourée d'hommes. La seule couleur est une teinte vert pâle.

Doué d'une stature imposante, d'une voix sonore et pleine, d'une éloquence vraiment extraordinaire, Joseph Papineau protesta vigoureusement contre ce qu'il appelait une injustice criante, et Pierre Bédard l'appuya disant:

“Si la langue anglaise est nécessaire pour attacher les colonies au Roi d'Angletterre, pourquoi les Etats-Unis d'Amérique, où la langue anglaise ets la langue dominante, se sont-ils révoltés et soustraits à la domination de la Grande-Bretagne, leur mère-patrie? N'est-il pas ridicule de vouloir faire consister la loyauté d'un peuple uniquement dans sa langue?”

Vif débat

“Rappelons-nous l'année 1775, continua Chartier de Lotbiniaire, qui s'était déjà rendu à Londres pour défendre les droits de la langue française. Ces Canadiens qui ne parlaient que le français ont montré leur attachement à leur souverain de la manière la moins équivoque. Ils ont aidé à défendre toute cette province. Cette ville, cette muraille, ont été en partie sauvées par leur zèle et par leur courage.

“On les a vus se joindre aux fidèles sujets de Sa Majesté et repousser les attaques de gens qui parlaient bel et bien l'anglais. Ce n'est donc pas l'uniformité de la langue qui rend les peuples plus fidèles ni plus unis entre eux.”

Le débat dura trois jours. A force de luttes, Lotbinière, Bédard et Papineau obtinrent que les lois seraient rédigées en français et en anglais. C'était leur deuxième victoire: une victoire dont les répercussions durent encore aujourd'hui, puisque les deux langues ont toujours droit de cité, non seulement à Québec, mais même au parlement fédéral d'Ottawa.

Du bon et du moins bon

Nous allions bénéficier désormais d'une forme de gouvernement plus en rapport avec nos besoins et nos aspirations. Nous possédions des députés de notre choix, moins craintifs et plus indépendants que les conseillers précédents.

Maintenant qu'on nous accordait le droit de vote, il devenait plus facile de montrer à tous que nous étions, dans la province au moins, l'immense majorité.

Par ailleurs, le gouverneur restait assez indépendant et conservait un pouvoir personnel très étendu. Qui, par exemple, nommait aux fonctions publiques? Le gouverneur et son Conseil. C'est dire que, dans la pratique, les fonctionnaires jouissaient de pouvoirs plus étendus que nos députés et c'était dangereux pour la bonne administration du pays.

Tant que le gouverneur demeurait juste et bon, tout allait bien; mais quand il venait à se montrer défavorable aux Canadiens, comme ce sera bientôt le cas pour sir James Craig, il fallait s'attendre au pire.

Notre premier journal, “Le Canadien”

Il était question, vers 1805, de fonder un journal canadien qui exposerait les idées de la majorité et défendrait sa cause, journal semblable au Mercury des Anglais. Mais à cette simple rumeur, le Mercury protesta:

“Cette province est déjà beaucoup trop française pour une colonie britannique. La défranciser autant qu'il est possible devrait être notre but primordial. Le moment actuel est-il bien opportun pour lancer des publications tendant nécessairement à rendre la province encore plus française quand elle l'est trop? Et cela en opposition à un journal anglais dont les effets bienfaisants sont généralement reconnus… Après quarante-sept ans de possession britannique, il est temps que la province de Québec devienne anglaise!”

Le journal annoncé n'en parut pas moins pour la première fois le 23 novembre 18061. Fièrement intitulé Le Canadien(1), il fit tout de suite preuve d'une grande vigueur. Son apparition marquait une date dans notre histoire politique.

Nouveau gouverneur

Telle était la situation du pays quand, au mois d'octobre 1807, débarqua sur nos rives sir James Craig, le nouveau gouverneur de la province.

Craig était un soldat de carrière, poli, affable, et très digne d'allure; cependant son caractère autoritaire allait compromettre son action chez nous.

(1) Au premier rang des fondateurs du “Canadien” figurait Pierre Bédard.

L'invention de l'écriture

J'ai écris ce billet lorsque j'étais en pleine lecture de « Information Ages: Literacy, Numeracy, and the Computer Revolution » (référence 1 à la fin de ce billet). J'avais initialement l'intention de publier 2 billets, l'un relatant les débuts de l'invention de l'écriture et un second faisant un parallèle entre les révolutions reliées à l'écriture et le web sémantique.

Suite à mes réflexions, je me suis rendu compte que le deuxième billet devrait plutôt être de la taille d'un essai. Permettez-moi de me restreindre à la publication du premier.

L'enfance de l'écriture, le proto-cunéiforme (~ 3000 avant J.C)

Contrairement à ce qui trainaît dans mon imaginaire, il n'y a pas un gars qui s'est levé un matin et qui a pensé à un système pour transmettre de l'information par écrit. Non, ce n'est pas comme ça que ça c'est passé. C'est la fin d'un long processus qui s'est développé « naturellement ».

Au début, dans notre fameux Croissant fertile, plus précisément en Mésopotamie, est né ce qu'on appelle le berceau de la civilisation. Les terres étaient justement tellement fertiles et les pâturages si verts que les animaux et les denrées ne pouvaient plus se compter à l'aide des seules billes qui étaient alors utilisées. Ça faisait beaucoup trop de billes et en plus il fallait pouvoir différencier les espèces d'animaux entre elles, sans parler de ne pas les confondre avec ce qui poussait dans les champs.

Figurines d'argiles trouvées sur le site de l'ancienne ville de Susa (ajourd'hui en Iran). Ces figurines datent d'environ 3300 ans avant J.C.

Les habitants de cet endroit ont donc façonné des petites figurines en terre cuite qui représentaient des objets (image ci-haut). Un ovale représentait un poisson, un rond une vache, etc. (NDA: les associations sont fictives) Par la suite, ils ont inscrit des traits ou des formes à l'aide d'un objet pointu, le stylet, sur les figurines. Ces marques représentaient un nombre: un point représentait une dizaine, une barre une centaine, etc. À ce moment, vers 3300 avant Jésus-Christ, on venait d'inventer (de trouver ?) pour la première fois une représentation qui n'était pas une correspondance directe entre l'objet représenté et l'objet réel (une bille pour une vache, une figure pour un poisson).

Tablette avec de l'écriture proto-cunéiforme datant d'environ 3000 avant J.C.

Par la suite, les transactions se complexifiant à mesure que les villes croissaient (nous sommes toujours dans le Croissant fertile), le besoin est apparu, autour de 3200-3100 avant J-C, de comptabiliser des denrées de natures différentes (poisson ET vache) de manière concise. Alors, plutôt que d'utiliser des figurines, les habitants de la Mésopotamie à cette époque, les Sumériens, les dessinèrent tout simplement sur des plaques d'argiles divisées en petits rectangles en ajoutant un symbole, toujours à l'aide d'un stylet, indiquant le nombre. Les dessins des Sumériens se lisait de haut en bas (dans le sens des dessins) et de la droite vers la gauche. Cette technique passa par la suite, pour des raisons obscures, vers des dessins avec le haut orienté vers la droite et se lisant de la gauche vers la droite, le lecteur tournant la plaque de 90° dans le sens anti-horaire afin d'avoir les symboles dans le bon sens. On nomme cette écriture proto-cunéiforme (traduction de l'anglais proto-cuneiform).

L'écriture cunéiforme (~ 2600 avant J.C)

En 3000 ans avant J-C, à mesure que les villes florissaient, le nombre de personnes influentes, lire riches, augmentait lui aussi. Alors que les hommes les plus influents étaient reconnus par leur symbole, une quantité de plus en plus grande de gens plus anonymes faisaient du commerce et devaient être identifiés sur nos fameuses plaques d'argiles. Il était impossible aux gens d'alors de connaître tous les symboles les représentant, ils étaient trop nombreux. Comment procéder alors ? La solution utilisée par les Sumériens fut sûrement le rébus, c'est-à-dire la représentation phonétique de 2 objets combinés pour en identifier un troisième n'ayant aucun rapport avec les 2 autres. Un exemple de rébus en français peut être incarné par le dessins d'un sou et le dessin d'un grain de riz qui, une fois accolés et prononcés, donne le mot « souris » (sou+riz). Il est donc possible, avec ce stratagème, d'identifier les personnes par la façon dont leur nom est prononcé, et non de faire une association entre un sigle et une personne ou un objet. Cette astuce permet également, pour la première fois, de représenter des concepts qui ne sont pas nécessairement un objet, comme le fait qu'un pain soit cuit par exemple.

Également vers cette époque, les Sumériens cessèrent d'utiliser le stylet pour opter pour la pointe triangulaire, ce qui leur permettait de faire un trou plus ou moins creux et une ligne plus ou moins fine, ce qui permit d'augmenter le nombre de symboles par unité de surface à leur disposition. Ce sont les sigles dessinés avec la pointe triangulaire que l'on nomme écriture cunéiforme (voir l'image ci-dessous).

Tablette avec de l'écriture cunéiforme datant d'environ 2600 avant J.C

L'image ci-dessous représente l'évolution de 10 signes du proto-cunéiforme jusqu'au cunéiforme. De gauche à droite, la première colonne illustre l'origine proto-cunéiforme de ces signes, la deuxième leur rotation de la verticale à l'horizontale, les 2 deux dernières montrent la différence de représentation qu'a amené l'utilisation d'un stylet à pointe triangulaire.
Évolution de 10 signes cunéiforme

L'heureux mélange des Akkadiens et des Sumériens (~ 2300 avant J.C)

Vers 2500 avant J-C, des types connus sous le nom d'Akkadien sont venus s'établir dans le nord de la Mésopotamie. Ces gens parlaient une langue différente de celle des Sumériens. Commerce obligeant, il fallut reproduire les sons que les Akkadiens utilisaient afin de composer des rébus, pour pouvoir écrire leur langue. Éventuellement, les rébus représentant des sons dans une langue qui n'était pas la leur, les Sumériens reconnurent les symboles comme représentant le concept, et non la phonétique du mot. Le rébus consistant en un dessin de sou et un dessin d'un grain de riz n'aurait, par exemple, aucun sens pour un anglais (penny et rice), alors qu'avec l'usage, ils finiraient par assimiler le lien entre ces dessins et la souris, une mouse pour lui. Les gens qui possédaient les connaissances suffisantes pour pouvoir décoder et écrire ces concepts sont ceux que l'on nomme scribes.

La langue des Akkadiens comporte des inflections sur la fin des mots, comme la conjugaison des verbes par exemples, ce qui n'était pas le cas de la langue sumérienne qui était plutôt basée sur des mots monosyllabiques. Une fois que les Akkadiens eurent maîtrisés l'écriture et imposés leur contrôle sur la région, vers 2300 avant J-C, ils la dévelopèrent afin qu'elle puisse bien représenter leur langue polysyllabique.

Comme on peut le constater, les premiers textes écrits n'étaient pas en fait ce que l'on nomme aujourd'hui de la littérature mais plutôt des listes; liste d'objet, de possession, de transaction, de prières. Il faudra attendre la rencontre des Phéniciens et des Grecs pour qu'un autre niveau puisse être atteint, mais ça c'est une autre histoire.

Références

La première référence indique le livre que j'ai utilisé pour ce billet. Les images de ce billet ont été numérisées à partir d'illustrations dans ce livre. Elles proviennent respectivement des pages 58, 59, 61 et 60.

La deuxième référence pointe vers une revue qui traite du même sujet. Quoique moins intéressante, la revue est plus abordable (monétairement) et a la qualité d'être en français. Il doit présentement, décembre 2005, être disponible dans toute la francophonie.

  1. Information Ages, Literacy, Numeracy, and the Computer Revolution, Michael E. Hobart and Zachary S. Schiffman, The John Hopkins University Press, 1998, ISBN 0-8018-6412-7
  2. L'écriture depuis 5000 ans; HORS SERIE LES COLLECTIONS DE L'HISTOIRE N°29, octobre-décembre 2005

Crise de la conscription au Québec - 1944

En ce 11 novembre, quoi de plus approprié que de publier un court billet sur un sujet touchant notre histoire militaire.

J'aimerais, plus particulièrement, discuter de la crise de la conscription au Québec, qui a eu lieu en 1944. Je trouve que l'on entend toujours un seul côté de l'histoire, c'est-à-dire le côté que les méchants anglais sont venus chercher de force les pauvres bucherons Québécois dans leurs foyers. Voyons donc les faits.

Je dois tout d'abord dire que l'idée de la conscription ne m'enchante guère et qu'à l'époque j'aurais probablement été contre. Mais il est très difficile avec nos yeux de 2005 de juger les actions des gens en 1944, engagées dans une guerre terrible qui a fait probablement plus de 50 millions de morts à l'échelle de la planète. Jusqu'à 1944, l'armée canadienne n'était composée que de volontaires (la seule armée du genre de toute la 2e guerre mondiale!). Mais, après les dures campagnes d'Italie et la bataille de Normandie, l'armée canadienne commencait cruellement à manquer de soldats, particulièrement au sein des unités de combat. En 1942, le gouvernement avait fait un plébicite (référendum) afin de demander au peuple Canadien de le relever de sa promesse du début de la guerre, qui disait que le Canada allait seulement avoir une armée de volontaires. Le référendum fut accepté au ROC et connu une forte opposition au Québec. On a tout de même attendu 2 ans avant d'avoir recours à la conscription, et ce, seulement après la bataille de Normandie (6 juin 1944 - 25 aout 1944). Soit dit en passant, cette bataille a connu des ratios de pertes comparables aux terribles offensives de la 1ere guerre mondiale.

Mais qu'est-ce qu'il est arrivé de ces conscrits? C'est là que je suis décu de nos services d'informations et d'éducation, car on en parle jamais. Bien qu'on ait conscrit des centaines de milliers de jeunes hommes, on en envoya seulement 13 000 en Angleterre, dans des cantonnements. Et la plupart de ces jeunes étaient déjà membres de la Réserve (initialement seulement prévue pour la défense du pays). De ces 13 000, seulement 2663 furent envoyés au front. Et de ces 2000 hommes, à peine 69 furent tués. Voilà les chiffres. Dans nos écoles et nos universités on parle souvent de cette terrible crise de la conscription et du fait que le gouvernement a envoyé des milliers de jeunes vers leur mort. La vérité c'est que seulement 69 morts sur 42 042 tués au combat furent des conscrits. Je n'ai malheureusement pas le nombre de blessés conscrits, mais le nombre total de blessés canadiens s'élève a 53 145, pour la seconde guerre mondiale.

Sans poser de regard sur la nécessité ou l'inutilité de la conscription, voilà des chiffres que j'aimerais voir plus souvent dans les livres d'histoires.

Références:
http://en.wikipedia.org/wiki/Conscription_Crisis_of_1944
http://www.infoplease.com/ipa/A0004619.html

La Chine (troisième et quatrième partie)

Le présentateur, pour la troisième et la quatrième conférences, était Peter Foggin, professeur au département de géographie de l'Université de Montréal.

Moins bon communicateur que Fred Bild, il a su montrer plus de 100 acétates en 120 minutes pour un total d'au moins 400 photos. Et ce à chacune de ses 2 représentations. J'ai vu du pays!

Bien que d'une vertu pédagogique discutable, cette manière de procéder m'a fait prendre conscience de toute la diversité du peuple et de la géographie chinoise. Le concept de « Chine » représente maintenant une complexité et une réalité qui ne peut être réduite aux images qui peuplaient auparavant mon imaginaire.

Les valeurs chinoises

Le sujet de la troisième conférence était les valeurs chinoises. Mr. Foggin ayant été appelé à remplacer un autre conférencier au dernier moment, il n'a pas eu le temps de préparer son sujet à fond. Il a choisit de nous parler des valeurs chinoises vu à travers le prisme de son domaine d'étude, la géographie culturelle. En fait, il nous a plutôt montré des photos de ses voyages, il est né en Chine et y est allé à chaque année depuis 1987.

Il a couvert 9 points en 60 minutes, ce qui a donné lieu à un foisonnement de petits faits et très peu de réflexions. Je ne raconterai que la catégorie « en vrac », n'ayant pas de fil conducteur sur ce sujet qui semblait pourtant prometteur.

  • La politique de l'enfant unique date de la fin des années 70. Bien qu'applicable en milieu urbain, il fut difficile de la faire appliquer à la campagne, la main d'oeuvre familiale étant capitale et on préférait, quitte à n'avoir qu'un seul enfant, avoir un garçon. Mao considérait une grande population comme une richesse et non comme un problème. C'est pourquoi il a fallu attendre sa disparition avant la mise en place de cette politique. Cette politique cassait l'unité familial; le droit d'avoir une famille est une valeur très importante pour les Chinois.
  • Certaines municipalités chinoises, de part leur immense population, ont le même statut politique que les provinces. Il s'agit des villes de Beijing, Shanghaï, Chongqing, et Tianjin. Il y a aussi des régions dites « autonomes » qui n'ont, à ce que j'ai compris, rien d'autonome du tout. Il s'agit en fait de régions où vivent des minorités ethniques. J'y reviendrai plus loin.
  • Les Chinois ont maintenant le droit de voyager à l'intérieur du pays. Ils voyagent donc de plus en plus.
  • Cette nouvelle permission a créé une nouvelle classe sociale urbaine. Il s'agit des gens des campagnes qui sont venu habiter en ville. Ils n'ont pas le droit de résidence et aux services auxquels les habitants « légaux » ont accès. Cette classe est très nombreuse, 150 millions de personnes à travers la Chine, et favorise la création de « ghettos » ethniques, les gens se regroupant et s'aidant selon leurs origines.
  • Il y a des problèmes de logement en ville. Le gouvernement encourage aujourd'hui les gens à acheter leur appartement, alors qu'ils étaient autrefois subventionnés à 100%.
    La retraite pour les hommes est à l'âge de 60 ans et de 55 ans pour les femmes. Jusqu'en 1994, une semaine était composée de 6 jours de travail et d'un seul jour de repos.
  • La Chine est devenu un immense marché de consommation. Les gens veulent s'enrichir par tous les moyens. Lorsque Mr. Foggin a montré une photo d'un Wallmart en Chine, la foule s'est écriée d'un grand « haaaaa » scandalisé, alors que s'ils s'étaient arrêtés à y penser un instant, ils se seraient rendus compte qu'en achetant au Wallmart, les Chinois encouragent leur économie locale.
  • Les religions connaissent une popularité croissante et le communisme une popularité décroissante.
  • Les Chinois connaissent de graves problèmes de déforestation et de pollution, ce qui en fait une population très conscientisée de l'environnement.

Les minorités en Chine

Le sujet de cette quatrième et dernière conférence sur la Chine était les minorités en Chine. Sujet fascinant qui révèle une fois pour toute, la grande complexité de ce pays.

La Chine est composée de 56 nationalités officielles, dont 55 minorités. Cette classification a été faite par des anthropologue au cours des années 60. La Chine est en fait constituée de centaines d'ethnies. La plus grande partie de la population, 91%, est formée par les Hans, les vrais Chinois si l'on peut dire. À l'intérieur même des Hans, il existe des sous-groupes qui se considèrent comme une ethnie à part entière, les Hakka par exemple. Les Hakka habitent une forme de maison très spéciale appelée tu lou qui consiste en un immense tore dans lequel peut loger jusqu'à 80 familles. Voir une photo d'un village formé de tu lou est très impressionnant.

Il y a plus de 18 minorités qui ont une population supérieure à 1 million d'habitants.

Le drapeau de la Chine, bien qu'il n'existe pas d'interprétation officielle, représenterait certaines ethnies de la Chine: la grande étoile représenterait l'ethnie majoritaire, les Hans, alors que les 4 petites étoiles représenteraient les minorités Mandchous, Tibétains, Mongols et Huis.

Les minorités occupent des parties différentes de la Chine. Elles sont parfois très dispersées sur un grand territoire et d'autres fois extrêmement regroupé géographiquement. La grande majorité des minorités a une espérance de vie très faible, entre 40 et 50 ans, due à une mortalité infantile très élevée, allant jusqu'à 400/1000. Elles ont aussi un revenu moyen beaucoup plus faible, ce sont ces minorités qui forment la Chine pauvre. Plus une minorité est assimilée aux Han, plus elle a une condition économique élevé.

À l'intérieur d'une même ethnie, il y a souvent plusieurs langues qui sont très différentes. La langue principale de la Chine est le mandarin et elle existe sous 4 formes, celle du nord de la région de Beijing étant la langue nationale. Bien que s'exprimant sous diverses formes, toutes les formes de mandarin ont la même écriture.

La Chine (deuxième partie)

La démocratie est-elle possible en Chine ?

Le thème de cette deuxième conférence sur la Chine était « La démocratie est-elle possible en Chine ? ». Elle a été présenté par Fred Bild, dont j'ai fais une description la semaine dernière, qui cette fois arborait un joli noeud papillon.

En fait, selon les dires de Mr. Bild, la vrai question n'est pas si la démocratie est possible mais plutôt quelle forme elle va revêtir. Chose certaine, elle ne ressemblera à rien de ce que nous connaissons et ce seront les Chinois eux-mêmes qui décideront de sa forme, pas les étrangers. La Chine n'est plus une communiste, au sens économique du terme. Ce n'est plus à l'État de contrôler tous les moyens de productions. Bien sûr, l'État s'est gardé certains domaines de contrôle comme l'énergie et les matières premières mais pour ce qui est de l'économie, elle est, dans sa grande majorité, libéralisée. Cette libéralisation a donné naissance à une nouvelle «classe moyenne» (20% de la population gagne environ 10 000 $US/année), dans la mesure ou le Chinois moyen peu exister, classe qui bien qu'ayant amassé de l'argent, ne peut influencer d'aucune manière les décisions qui l'influence directement qui sont prisent par le gouvernement. Ils n'ont pas de député, de compté, ils doivent s'en remettre au Parti Communiste (60 millions de membres), seul et unique parti politique permis par la loi.

Il y a donc d'une part cette nouvelle classe, vivant pour la majorité dans la moitié sud-est de la Chine où l'on trouve 88% de la population de ce pays, et d'autre part la classe des paysans (50 à 60% de la main d'oeuvre chinoise est toujours agricole), car les paysans là-bas forment une classe sociale et non une profession, par oppostion à l'agriculteur de l'Occident. Les paysans, grâce aux réformes de Dang Xiaoping au début des années 80, avaient réussi a augmenter leur productivité à la hauteur de 7% par année, ce qui fit de la Chine un pays autosuffisant en nourriture pour la première fois depuis 200 ans. Ces paysans se retrouvèrent par la suite étouffés et exploités par les dirigeants, souvent local, de l'immense appareil d'état, immense puisqu'il faut bien trouver du travail aux millions de membres du parti. Les taxes levées par les dirigeants pour profiter de la nouvelle abondance des paysans ont fini par gruger leurs profits, de telle sorte que de nouveau la productivité agricoles a baissé, rendant la Chine encore une fois dépendante des pays extérieurs pour son approvisionnement en nourriture.

Il faut se souvenir, n'est-ce pas, que tous les empires de Chine sont tombés suite à une révolte paysanne. D'ailleurs, le nombre d'incidents dans les campagnes est soigneusement répertorié par le Parti pour avoir un indice de l'agitation. Ces incidents étaient au nombre de 10 000 en 1990 et de 74 000 en 1994. Ce sont les chiffres officiels du Parti qui sont rendus publics. Pourquoi le Parti divigulgerait-il ces nombres? une fois publiés, ne favorisent-ils pas un soulèvement global ? Il faut savoir que la valeur la plus importante pour le peuple Chinois, c'est la stabilité politique et sociale (les Chinois sont friands de sondages auprès de leur population depuis déjà quelques temps). En rendant ces chiffres publics, les dirigeants sensibilisent la population aux troubles présent, non pas pour qu'elle en cause plus mais pour qu'elle soit consciente des implications que ses gestes pourraient avoir.

Les dirigeants Chinois sont conscients de ces tensions et savent qu'ils doivent moderniser le fonctionnement de l'État. La question est de savoir comment ils vont s'y prendre.

Informations en vrac:

  • Le premier et dernier vote libre en Chine a lieu en 1912 (gagné par Sun Yat-sen). Que feront les Chinois pour le centenaire de cet évènement en 2012 ?
  • La Chine est le seul pays à être demeuré le même géographiquement tout au long de son histoire;
  • Pour devenir mandarin (grand conseiller) dans la Chine impérial, il fallait passer un test et ce test était ouvert à toute la population, peu importe la classe sociale, pourvu que c'était un garçon;
  • Dans les années 80, l'armée chinoise était dans tous les domaines: hôtellerie, commerce de détail, bordels, antennes paraboliques, etc. 80 % du budget militaire provenait de l'économie civile.
  • Le gouvernement chinois a défait ce pouvoir de façon pacifique;
  • Jusqu'en 1994, les autorités chinoises décidaient de pratiquement tout dans la vie des citoyens: domaine d'étude, travail, lieu de résidence, si vous pouviez vous marrier.
  • Wal-Mart s'approvisionne à 80% en Chine.
  • 20% à 30% de l'humanité s'est toujours trouvé dans la région des côtes chinoises.
  • Le revenu moyen d'un Chinois est de 3 $US/jour.
  • Même si les régions rurales connaissent aussi un progrès, celui-ci est moins marqué qu'en ville et, comme la croissance en ville est de plus de 10 % par année, l'écart économique entre la région rurale et la ville ne cessent de s'accroître.
  • Même la croissance d'après-guerre du Japon n'était pas aussi grande que celle des Chinois présentement (2005).
  • Il y a maintenant libre circulation des personnes en Chine. Les paysans le sont maintenant par choix, ils peuvent toujours partir s'installer en ville.
  • Ce que le pouvoir Chinois craint le plus, ce sont les syndicats indépendants, ça pourrait d'ailleurs être une des causes qui auraient déclanchées le massacre de Tiananmen, des syndicats indépendants se seraient manifestés dans la foule et les autorités auraient pris peur.
  • La Chine pourrait suivre le modèle de développement de Taïwan, qui s'est développé économiquement sous un régime central omniprésent et qui par la suite a dérivé tranquillement vers la société démocratique qu'elle est aujourd'hui. Si la Chine suit ce modèle et adopte le même type de démocratie que Taïwan, ne sera-t-il pas possible que le 2 pays se réunissent par la suite ?

La Chine (première partie)

La politique étrangère de la Chine

Une des choses qui m'avait étonné lorsque j'ai assisté à un des débats de la course à la chefferie du Partie Québécois qui portait sur le développement durable, c'est la présence de la Chine dans les discours de tous les candidats.

Voulant en savoir plus que ne pourrait jamais m'en apporter un topo de 5 minutes que l'on nous présente à la télé et nous faisant croire que nous sommes informés, je me suis inscrit a une série de conférences sur la Chine présenté dans le cadre des Belles Soirées de l'Université de Montréal.

La première conférence portait sur la politique étrangère de la Chine et le conférencier invité était Fred Bild, ambassadeur du Canada en Chine de 1990 à 1994 et professeur invité au Centre d'études de l'Asie de l'Est de l'Université de Montréal. Je me propose de vous faire l'énumération de ce j'ai appris dans cette conférence.

En introduction, plutôt que de résumer les quelques millénaires de l'histoire chinoise, Fred Bild a commencé son exposé en nous parlant de Zheng He, grand explorateur du XVe siècle. Zheng He effectua 7 voyages, de 1405 à 1433, dirigeant une flotte de 300 navires et d'environ 30 000 hommes. Il explora toutes les côtes de l'Asie du Sud-Est, toutes les îles de l'océan Indien et se rendit même jusqu'en Afrique d'où il ramena un girafe. Tout ça 70 ans avant Christophe Colomb.

Qu'est-il arrivé à la flotte chinoise ? À partir de 1433, la Chine se replia sur elle-même et décida de vivre en autarcie. Elle brûla sa flotte militaire et, bien qu'ayant toujours des navires marchands, n'aura aucune force maritime digne de ce nom avant le XXe siècle. C'est pourquoi en 1840, la guerre de l'opium fut un succès pour les puissances occidentales tentant d'ouvrir le marché chinois. N'ayant presqu'aucun navire pour se défendre, les européens pouvaient naviguer à leur guise sur les rivières. Il faudra attendre ensuite en 1949 pour que Mao Zedong arrive à Pékin et puisse dire que la Chine de tient debout. Les Chinois sont présentement en train de se construire une vrai force maritime, ce qui n'est pas sans inquiéter ses voisins qui n'ont pas eu à tenir compte de cette force depuis 600 ans.

Après cette introduction qui plante le décors, on en arrive à la présente politique de la Chine. Commençons d'abord par introduire l'Organisation de Coopération de Shanghai, une réunion de 6 pays ( Russie, Chine, Kazakhstan, Kirghizie, Tadjikistan, Ouzbékistan) créée à l'initiative de la Chine ayant pour buts de »combattre le terrorisme, le séparatisme et l'extrémisme ». Il s'agit d'un premier effort de la Chine pour participer à une organisation multilatérale, auparavant elle préférait plutôt les négociations bilatérales, avec l'exception notable de l'ONU.

La Chine a aussi maintenant son propre sommet de Davos, sauf qu'il est à Shanghai. Et on peut être certain qu'aucune méga-corporation du monde ne manque un sommet économique qui a lieu en Chine.

Cette nouvelle orientation de la Chine laisse penser qu'elle adopte un virage dans sa politique étrangère. Elle veut s'intégrer pleinement au mode de politique occidentale, aux règles qui lui sont imposée de force depuis le XIXe siècle. Elle espérerait ensuite, une fois son influence établie, pouvoir les changer de l'intérieur.

Cette manière occidentale de concevoir les états et le droit international permet aux nations de faire ce qu'ils veulent sur leur propre territoire. Cette vision fait en sorte que la Chine peut, du moins essai, d'éviter la question du Tibet et surtout l'épineux problème de Taïwan.

Parlant de Taïwan, le détroit de Taïwan qui sépare l'île et le continent sert de voie maritime aux superpétroliers qui vont approvisionner le Japon et la Chine en pétrole. Il y a un chapelet de superpétroliers dans cette zone, un à tous les 3 km. Tout conflit sur cette île barrerait ce passage, ayant des conséquences énormes sur ces 2 pays. On peut donc penser que les protagonistes éviteront tout excès dans cette zone. Les États-Unis ayant un traité de défense du territoire Taïwanais et protégeant le Japon, la situation pourrait facilement dégénérer.

Le 28 février 1947 eu lieu à Taïwan un grand massacre (appelé l'incident du 228, pour le 28 du 2e mois) dont peu ont entendu parler. Ce massacre a fait entre 10 000 et 30 000 morts. La population Taïwanaise s'était rebellée contre le nouveau pouvoir du Kuomintang, fraîchement débarqué du continent en fuyant les troupes de Mao. Le Kuomintang a simplement tiré dans la foule et a ensuite interdit de parler de cet événement.

Beaucoup font un parallèle entre la présente croissance économique de la Chine et celle du Japon au début du XXe, rappelant que cette dernière est ensuite devenu une puissance impériale aux visées expansionnistes. On peut par contre difficilement comparer les présente forces armées du Pakistan, de l'Inde et de la Russie à celles des îles entourant le Japon au début du siècle dernier.

La croissance annuelle de la Chine est de 9,5% et ses dirigeants espèrent pouvoir la contenir à 7,5%. Cette croissance fantastique entraînera une pression incroyable sur la demande de toutes les matières premières. Cette demande mènera à une inflation planétaire sur ces matières, la plus sensible étant le pétrole et on peut dire que l'inflation a déjà commencée. Par rapport au présent poids économique de la Chine, je vous invite à lire un précédent message sur la ptafflist: Le monde est pointu

La ville avec le plus grand nombre de Chinois hors de l'Asie est Toronto.

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