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L'ultime accomplissement d'Option nationale

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

Ainsi donc, les directions d'Option nationale et de Québec solidaire en sont venues à une entente de principe pour fusionner. À lire les modalités de ce projet, on peut constater qu'ON a respecté sa condition sine qua non : s'assurer qu'il y ait sur les bulletins de vote un parti politique s'engageant à enclencher le processus d'accession à l'indépendance dès son arrivée au pouvoir.

Il s'agit là d'un tour de force. Si cette fusion voit le jour, ON aura transformé QS en véritable parti indépendantiste. Pour avoir discuté avec de nombreux militants de QS, alors que j'étais candidat pour ON aux élections 2012 et 2014, je sais que beaucoup d'entre eux croient que c'est déjà le cas. Or, avec leur programme actuel, QS pourrait être au pouvoir pendant 100 ans, ne pas faire l'indépendance du Québec et respecter leur programme. Ne serait-ce que pour cet unique point, l'entente est remarquable. Pour en savoir plus sur cet aspect, je vous recommande l'analyse de Nic Payne sur les ondes de CIBL .

L'endroit où atterrira le présent chef d'ON aux prochaines élections me semble terriblement secondaire en regard de ce changement.

Une chose m'a toutefois étonné à la suite à cette nouvelle : l'importance accordée par les médias – tant dans la couverture journalistique qu'à la conférence de presse – au choix de circonscription où se présenterait Sol Zanetti. On s'entend que la fusion d'ON et de QS, et surtout la façon dont QS modifierait son programme, représente un changement majeur dans l'offre politique au Québec. L'endroit où atterrira le présent chef d'ON aux prochaines élections me semble terriblement secondaire en regard de ce changement. Ce traitement journalistique est un reflet de notre temps : on focalise sur les individus au détriment des idées.

Peut-être inspirés par cette couverture incomplète, certains prétendent que Sol Zanetti a signé cette entente pour lui-même. D'une part, il me semble qu'une personne moyennement normale se magasinant une job de député aurait tout intérêt à joindre l'un des deux partis qui s'échangent le pouvoir depuis plus de 40 ans. D'autre part, en exigeant une circonscription « prenable » pour son chef, ON ne fait que s'assurer que sa voix portera là où elle est la plus importante : à l'Assemblée nationale. C'est là sa mission, et c'est une bonne chose qu'à l'intérieur de l'éventuelle députation de QS, une voix forte puisse la porter.

Certes, les anti-ON et anti-QS sont mécontents de cette entente, et ils ne se gênent pas pour le manifester, répétant leur opinion déjà figée. Il n'y a pas lieu ici de s'en étonner. Ajoutons à ces derniers les esprits chagrins, souvent les mêmes, qui brandissent encore et toujours le spectre de la division du vote, qui fera élire une fois de plus les méchants libéraux. Qu'il soit justifié ou non, cet argument n'a mené à rien en 2012, pas plus qu'en 2014. Il y a tout lieu de croire que cela n'aura pas plus d'effets sur les élections de 2018. Le seul remède à cette impasse demeure l'élection proportionnelle, mais comme tous les partis — hormis le PLQ — désirent la mettre en place, l'issue ne saurait se trouver bien loin.

Quant au Parti québécois, advenant qu'il soit majoritaire aux élections de 2018, il pourra alors compter sur un allié en faveur de l'indépendance pour la campagne de 2022.

Quant au Parti québécois, advenant qu'il soit majoritaire aux élections de 2018, il pourra alors compter sur un allié en faveur de l'indépendance pour la campagne de 2022. En effet, le PQ n'aura plus à convaincre ce parti d'adopter une position clairement indépendantiste, car ON aura déjà fait le travail. Et si jamais le PQ n'est pas majoritaire en 2018, ce parti ou ce qui le remplacera, aura également un allié en QS/ON le jour où il s'engagera dans une démarche indépendantiste. Autrement dit, pour ce qui est de l'indépendance, cette entente marque des gains.

Selon cette lecture, ce projet de fusion est une bonne nouvelle pour la progression de l'indépendance au Québec : le principal parti politique de gauche sera maintenant résolument indépendantiste dans son programme. Et si c'est là le dernier accomplissement d'ON, il s'agit d'une contribution beaucoup plus grande que ce que son score électoral lui aura permis d'espérer. Il ne reste qu'aux membres d'ON et de QS à avaliser la proposition.

Lettre aux Acadiens et aux francophones hors du Québec

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

Lors de mes deux campagnes électorales comme candidat pour Option nationale (ON), il m'est arrivé à plusieurs reprises de discuter avec des Acadiens. Lorsque j'expliquais qu'ON militait pour l'indépendance du Québec, ils avaient pour la grande majorité une réaction négative. Ils m'expliquaient que l'indépendance du Québec allait affaiblir les communautés francophones hors Québec, que leurs communautés seraient encore plus rapidement assimilées.

Amis acadiens et francophones hors Québec, le Québec pays sera plus utile à la prospérité de vos communautés qu'il ne peut l'être à l'intérieur du Canada. Voici pourquoi.

Observons d'abord que la survie de la langue française au Canada est étroitement liée au nombre d'habitants et au pourcentage relatif de francophones dans chaque province. Moins il y a de francophones dans une province, plus l'assimilation vers l'anglais y est rapide. Le déclin des communautés francophones est présentement rapide et avancé dans la majorité des provinces, alors même que le Québec fait partie du Canada.

Constatons ensuite que le Québec n'a aucun rôle officiel dans la protection de la langue française dans les autres provinces. C'est à chaque gouvernement provincial, sur son territoire, de même qu'au gouvernement fédéral, d'assurer cette protection. Que le Québec soit présent dans cette fédération ne représente aucune garantie que les autres juridictions protégeront le français. C'est d'ailleurs une réalité qui se vérifie tout au long de l'histoire du Canada. Prenons par exemple le règlement 17 de l'Ontario, qui fut en vigueur de 1911 à 1927, interdisant l'enseignement en français au-delà des deux premières années du primaire. Ou encore plus récemment, en 2003, alors que le gouvernement néo-écossais s'est fait blâmer de ne pas avoir suivi l'ordonnance d'un juge acadien, qui le sommait de construire des écoles françaises pour les Acadiens. On trouve de tels exemples dans chacune des provinces du Canada.

La présence du Québec dans la fédération canadienne n'assure donc aucune protection pour les communautés francophones des autres provinces. Le Québec lui-même peine à mettre en place des mesures de protection de la langue, notamment parce qu'il est soumis à la constitution canadienne. Comment pourrait-il aider politiquement les autres communautés francophones?

Même si leur gouvernement est menotté, rappelons que les Québécois ont déjà soutenu de façon indirecte les francophones des autres provinces. Avant la Révolution tranquille, cela se faisait grâce à un réseau d'entraide parallèle mis sur pied par l'Église catholique. Ce mouvement religieux, représentant l'écrasante majorité des Québécois francophones, a joué un rôle essentiel grâce aux prêtres québécois ayant mis sur pied des écoles de langue française dans les autres provinces. Avec la laïcisation de la société, ce réseau n'a plus les moyens, ni la mission, de soutenir de tels projets.

Lorsqu'il sera un pays, le Québec disposera de représentations dans les États étrangers, y compris le Canada. S'ajoutera alors tout un réseau d'institutions inexistant dans le Québec-province. Ces institutions auront des ressources pour promouvoir les intérêts et les valeurs des Québécois. Et comme la langue française sera une pierre d'assise de ce nouveau pays, la promotion de cette langue sera sans aucun doute au cœur de ses mandats. Ce soutient pourrait prendre la forme, par exemple, d'un réseau d'éducation calqué sur le modèle des collèges français, les « collèges québécois », dans les provinces du Canada.

Amis Acadiens et francophones de toutes les provinces du Canada, pourquoi défendre l'intégrité d'un pays qui, depuis sa création, utilise les outils politiques qu'il possède pour forcer directement ou indirectement votre assimilation? En appuyant l'indépendance du Québec, vous favorisez la création d'un pays francophone en Amérique du Nord qui sera en mesure de vous aider à sauvegarder votre culture. Le Québec province ne peut à peu près rien pour vous, alors qu'un Québec pays possédera les institutions, les moyens financiers et le mandat de renforcer les communautés francophones.

L'environnement: un enjeu indépendantiste (bis)

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

À la suite de la publication de mon texte sur l'environnement et l'indépendance, un ami et collègue m'a fait parvenir des objections à mon analyse. Comme les arguments qu'il avance reviennent souvent dans les discours portant sur l'indépendance du Québec, je publie ici mes réponses dans l'espoir qu'elles puissent servir ou en inspirer d'autres.

1. Un Québec indépendant ne changerait pas la situation mondiale désastreuse de l'environnement. Le Québec comme exemple? Je n'admets pas cet argument. Il y a de nombreux pays qui sont des exemples environnementaux et le reste du monde s'en moque.

Il est certain que le poids du Québec pays, dans les relations internationales ne serait pas celui des États-Unis, nous devons demeurer humbles concernant l'influence que nous aurions sur la scène internationale. Cela dit, elle ne serait pas nulle.

Il faut se mettre dans le contexte de la création d'un pays du Québec, émergeant d'un pays du G8, et qui aurait alors l'attention mondiale dirigée sur lui. Il serait alors possible d'avoir une certaine influence, notamment en environnement. Ce serait également vrai par la suite, puisque le Québec aurait un siège dans les instances internationales, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle.

Pour se convaincre de notre potentiel, pensons aux pays scandinaves dont on parle sans cesse lorsque vient le temps de comparer les indices de développement. Ces pays ne sont pas si importants, économiquement ou militairement, sur le plan mondial, pourtant ils sont très souvent pris comme modèles. Encore cette semaine dans le journal, on se demandait si Philippe Couillard allait s'inspirer «de l'Alberta et du Dakota du Nord ou de la Suède et du Danemark».

Le Québec pays peut avoir une influence comparable à la Norvège ou à la Suède, ce n'est pas une proposition extravagante.

2. Un Québec indépendant, dirigé par un gouvernement d'Option nationale s'opposerait sans doute au pipeline, mais qu'en serait-il d'un gouvernement libéral dans un Québec indépendant? Ou d'un autre gouvernement moins sensible à l'environnement? Ces partis existeront toujours après une éventuelle accession à l'indépendance. Et ils obtiendront probablement le pouvoir. Supposons que le Québec était indépendant le mois dernier. Le PQ aurait quand même été en faveur de l'inversion du pipeline…

Tout à fait d'accord.
Il est d'ailleurs important de souligner ce fait : le Québec pays est le début des revendications, non pas la fin. À ce moment, le Québec aura accès à tous les leviers pour décider de son avenir, ce sont là des questions de pays que nous aurons à nous poser.

J'ajouterais aussi qu'il ne faut pas mettre de conditions à l'indépendance : la liberté est une valeur en soi. Elle n'a pas à s'accorder aux autres valeurs des libérateurs (partis politiques, institutions, dirigeant[es], etc.). Le Québec sera un État démocratique dans lequel tous les partis politiques, toutes les voies politiques démocratiques, pourront s'exprimer et ce sera au peuple en fin de compte à faire son choix, pas aux fondateurs du pays.

Je dis d'ailleurs dans l'article que :
« Cela ne veut pas dire que le Québec pays serait nécessairement un exemple, le mouvement indépendantiste a aussi ses dinosaures, mais il aura au moins la chance de faire les choses différemment. »

3. Le Québec, quittant la fédération canadienne, aura sans doute comme principal effet de faire accélérer le développement des sables bitumineux (et non pas le contraire). Exemple : Les grands partis fédéraux du Canada n'auront plus à jongler avec le dilemme de faire plaisir aux environnementalistes de l'est du Canada. Le PLC est dans ce dilemme, il veut faire plaisir à deux bases électorales différentes. Sans le Québec, les intérêts de l'Ouest gagneront facilement dans un Canada amputé du Québec.

Le Canada a déjà la politique étrangère d'un pétro-État. La présence du Québec ne change présentement rien à cet état de fait.

Est-ce qu'un futur gouvernement, élu avec l'aide des Québécois, pourrait changer cela? Peut-être, mais il reste à prouver d'une part que cela peut se faire, et d'autre part ce gouvernement serait lui aussi temporaire, un changement pouvant toujours survenir par la suite sans l'apport du Québec (les conservateurs seront encore là).

Quelle différence entre le Canada et le Québec alors, puisqu'un parti politique pourra toujours prendre des décisions négligeant l'environnement ou un autre sujet critique? Ou comme je l'ai souvent entendu : « À quoi sert-il d'être indépendant si c'est pour être un mini-Canada »?

La différence, c'est que ce sera aux Québécois de faire des choix pour les Québécois. En ce moment, plusieurs décisions sur notre territoire nous sont imposées par un gouvernement qui est élu en majorité par un peuple qui n'est pas le nôtre.

Les décisions du Canada sont prises en majorité par un autre peuple qui a des valeurs et des intérêts qui divergent des nôtres - sans vouloir qualifier ce peuple de meilleur ou de pire - et ce pouvoir s'accentuera dans l'avenir, en raison du déclin démographique du Québec par rapport aux autres provinces. Assumer et faire des choix qui concernent notre territoire, tant pour les humains que pour l'environnement, sont des raisons suffisantes pour faire du Québec un pays.

Les indépendantistes écossais ont une approche particulièrement intéressante concernant les partis politiques et l'indépendance. Leur Guide pour l'indépendance de l'Écosse présente «Les avantages de l'indépendance de l'Écosse - peu importe le parti au pouvoir» (p. xiv). Dans l'introduction, il est expliqué qu'en cas de création du pays, «le futur de l'Écosse sera dans les mains des Écossais», et qu'à l'inverse, les «décisions concernant l'Écosse resteront dans les mains des autres» (p. i). En remplaçant le mot «Écosse» par «Québec», nous avons là un excellent préambule pour un document semblable pour l'indépendance du Québec. La liberté des peuples reposant en effet sur des principes universels.

L'environnement: un enjeu indépendantiste

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

En lisant les résumés du dernier rapport du GIEC cette semaine, il m'est venu un certain découragement. Ce que le rapport dit, en gros, c'est qu'au cours des dernières décennies, beaucoup de discussions ont eu lieu sur la scène internationale, mais aucune mesure réellement concrète n'a été mise en place pour lutter contre le réchauffement climatique. Si rien n'est fait, il y aura des famines, des réfugiés climatiques et des morts par millions dans les prochaines années.

Étant porte-parole d'Option nationale pour l'environnement lors de la dernière campagne électorale au Québec, il m'est apparu essentiel d'expliquer, sur les trop rares tribunes qui m'ont été offertes, les problèmes que causera le réchauffement climatique. Il m'est également apparu fondamental de faire comprendre que pour jouer son rôle dans cette lutte, le Québec devait refuser toute politique favorisant l'exploitation du pétrole de schiste ou des sables bitumineux, incluant l'exploitation d'Anticosti et les pipelines d'Enbridge et de Trans-Canada, puisque cette exploitation émet de 25 % à 75 % plus de CO2 que le pétrole conventionnel. Enfin, j'ai expliqué qu'aucune loi votée par les hommes ne peut avoir préséance sur une loi de la physique et que de ne pas faire de l'environnement une priorité revient à prétendre que la gravité n'existe pas. Que pour négocier, le peuple québécois serait mieux représenté sur la scène internationale s'il avait, devant lui, un petit carton avec le mot «Québec», plutôt que celui du «Canada».

Le Canada est en effet parmi les pires États au monde en ce qui a trait à la lutte contre le réchauffement climatique : il a renié sa signature du protocole de Kyoto, a revu à la baisse ses objectifs de réductions d'émissions de CO2 à deux reprises et n'a pris aucune mesure concrète pour les atteindre. C'est donc sans surprise qu'il ne les atteindra pas.

Cela ne veut pas dire que le Québec pays serait nécessairement un exemple, le mouvement indépendantiste a aussi ses dinosaures, mais il aura au moins la chance de faire les choses différemment.

Le Canada ayant 30 % de son PIB issu du pétrole albertain, il protège l'exploitation du pétrole sur la scène internationale. Le Québec a la chance de ne pas avoir une économie basée sur ses ressources en hydrocarbures. Cela lui permettra de faire des choix différents de ceux du Canada et de prendre des mesures réelles afin de lutter contre le réchauffement climatique.

Malheureusement, lors de la dernière élection, les principaux partis politiques ont mis ce débat de côté. Ils ont préféré suivre les conseils de leurs analystes politiques, brandissant la peur comme élément de rassemblement des Québécois : la peur des turbans, la peur des référendums, la peur de la dette.

Les résultats de cette élection ont donné lieu à un foisonnement d'analyses, mais peu importe l'opinion, ils constituent un électrochoc pour une grande partie de l'électorat, surtout celle qui prenait pour acquis la progression historique de l'émancipation du peuple québécois. Il est souhaitable que ce séisme donne lieu à un réalignement des forces politiques du Québec d'ici les élections de 2018 et que l'environnement ait sa juste part au sein de cette renaissance.

Et c'est pour lutter contre le découragement, cet abandon consumériste, que nous devons militer, entre autres, pour un engagement plus concret et réaliste des partis politiques envers l'environnement.

Le mouvement indépendantiste doit s'approprier cet enjeu incontournable, mais il ne doit pas le faire à des fins électoralistes. Il doit se l'approprier afin de démontrer au peuple québécois que la création d'un État lui permettra non seulement de contrôler sa destinée culturelle et économique, mais aussi environnementale. L'environnement est l'ensemble des éléments naturels et culturels qui entourent un être vivant. Il est donc intimement lié à notre émancipation.

Lettre à Gilles Duceppe d’une ancienne militante du Bloc québécois

Bravo Monsieur Duceppe d’aller scander bien haut votre indignation face à la division du vote. Vous ne faites que renforcer ma position.

Je suis justement lasse qu’on prenne mon vote pour acquis, comme si, peu importe ce qui se passait au Parti québécois, mon vote leur appartenait. Vous n’êtes pas sans savoir Monsieur Duceppe, ce qui arrive aux partis qui prennent leur électorat, leur population ou leurs militants pour acquis.  Vous avez été chanceux toutefois, vous pouvez toujours  prétendre que vous ne l’aviez pas venu venir, mais le Parti québécois n’a pas ce luxe.

Quand le Parti québécois m’accordera le droit d’user de mon propre jugement pour décider du parti qui me rejoint le plus, alors il aura déjà franchi une belle étape de maturité politique, ou peut-être de respect de la démocratie. Pour l’instant, le Parti québécois est le seul responsable du mécontentement, de la désillusion, du cynisme qui a habité plusieurs de ses membres, et même de ses députés. Vous ne pouvez en aucun cas nous reprocher de prendre position, de vouloir quelque chose de différent, de penser différemment, de vouloir mieux, et peut-être même, de pouvoir mieux.

Ce qui m’attriste, c’est qu’aujourd’hui le message que le Parti québécois, et que vous Monsieur Duceppe, tentez de nous faire avaler, c’est que peu importe si un citoyen est mécontent d’un parti, d’un chef, d’un programme, de la démocratie d’un parti, et bien s’il a toujours voté pour lui avant, il doit continuer de le faire. Peu importe ce qu’il pense. Ce message est défaitiste, vide, amer et sombre.

Ce qui m’apparaît paradoxal aussi dans ce discours, c’est que vous espérez qu’on ne vote pas massivement pour le PLQ encore une fois aux prochaines élections générales. Pourtant, si les citoyens qui n’aiment pas « le parti, le chef, le programme et la démocratie de parti du PLQ » doivent quand même voter pour le PLQ puisqu’ils l’ont toujours fait avant, le PQ n’est pas sorti du bois. Ceux qui font ça s’inscrivent dans un comportement corporatiste et électoraliste qui est loin d’être reluisant pour l’image de la politique au Québec. En sommes-nous là, en 2012 ? Vraiment ?

Je milite parce que je crois qu’on peut changer les choses, que les sociétés, comme les institutions démocratiques et davantage les partis, doivent se renouveler, s’adapter, s’actualiser et finalement veiller à la prospérité des générations suivantes. Vous entrez en profonde contradiction avec ces principes qui m’habitent. Aujourd’hui, à quelques jours d’un déclenchement électoral, à quelques semaines d’un probable gouvernement du Parti québécois, j’ai beaucoup plus d’espoir en voyant que certains osent encore quitter les rangs du PQ par principe qu’en voyant ceux qui les rejoignent à la hâte, par intérêt personnel.

Qu’on soit fédéraliste, souverainiste, de centre, de droite ou de gauche, le principe même de la démocratie repose sur le droit des citoyens d’appuyer le parti qui représente au mieux de leur connaissance leurs intérêts. Accordez-moi un peu de respect en faisant confiance en mon jugement : le Parti québécois n’est définitivement pas le parti qui représente le mieux mes intérêts et, en conséquence, il n’aura pas mon vote.

Le Parti québécois ne détient pas le monopole du vote souverainiste, nationaliste ou progressiste au Québec, comme il ne détient aucun vote d’aucune manière. S’il est passé maître dans l'art de contrôler son Congrès, je vous certifie que le Parti québécois ne pourra jamais contrôler où nous apposerons notre X aux prochaines élections.

Cette vieille politique, cet abrutissement populaire, cet engouement pour un militantisme servile qui remet rarement les choses en question ou en perspective, je veux en débarrasser les générations qui nous succéderont.

Moi, et tous ceux qui ont quitté vos rangs, au Bloc et au Parti québécois, dans les dernières années, nous avons décidé de nous investir ailleurs. Nous ne baissons pas les bras. C’est ce qu’on appelle une santé démocratique plutôt que de l’acharnement aveugle ou de l’attentisme inutile.

Et si j’utilise votre vocabulaire, vous comprendrez qu’aujourd’hui je nous souhaite qu’on divise tous massivement le vote et qu’aucun des vieux partis qui propagent un engourdissement social inavoué ne remporte cette élection. Le Parti québécois est incontestablement rangé dans ce camp.

Comprenez-moi bien, vous, Monsieur Duceppe, et les autres du PQ : mon vote, vous devez le mériter, il ne vous appartient pas. Il en va de même pour le vote de tous les citoyens du Québec.

J’ai quitté vos rangs par principe puis j’ai été quelques mois orpheline de parti. Mais, en réalisant que nous étions beaucoup trop à n’avoir plus de famille politique, il est devenu évident qu’il manquait un joueur essentiel sur la scène politique québécoise et qu’il y avait trop d’angles morts dans la vision du Parti québécois.

Aujourd’hui, je milite fièrement pour un parti où l’on fait de la politique autrement. On y cultive une politique assumée, claire, citoyenne, ambitieuse, contagieuse, renouvelée, et l'on est définitivement en terrain fertile pour réaliser l’indépendance du Québec.

Mon vote ira avec convictions, cœur et tête à Option nationale. Si ça vous embête, essayez de faire mieux qu’eux, et nous jaserons.

Pour l’instant, faites votre deuil, nous ne sommes plus des vôtres, nous ne divisons pas le vote péquiste, parce que nous ne leur avons jamais rien dû. Si vous l’aviez compris plus tôt, le Bloc québécois aurait peut-être plus que 4 députés et le Parti québécois ne serait pas en train de crier au feu et de paniquer en tirant dans tous les sens, sans trop savoir à qui il essaie de plaire et qui il est en train de sacrifier.

Le projet d’indépendance du Québec ne stagnera plus dans vos rangs, nous reprenons le flambeau. Nous faisons le pari qu’il faut parfois rebrousser chemin pour mieux repartir. Un peu comme dans la fable du lièvre et de la tortue : rendez-vous à la ligne d’arrivée! Ce jour-là, nous serons tous des frères.

Bien à vous Monsieur Duceppe,

D’une fière militante d’Option nationale,
Élisabeth Émond
20 juillet 2012