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Augmentation des températures au Québec: 1960 à 2003

Couverture du rapport Vivre avec les changements climatiques au Canada : édition 2007

Ce billet est le deuxième d'une série portant sur le rapport Vivre avec les changements climatiques au Canada : édition 2007. Le lecteur pourra retrouver l'ensemble de cette série en consultant les billets portant l'étiquette Vivre avec les changements climatiques au Canada.

Lorsque l'on parle de réchauffement climatique, il est souvent question de ce qui arrivera au climat de la planète dans le futur. Mais qu'en est-il du passé récent? Et le Québec, lui, s'est-il réchauffé?

Extrait du rapport, page 181.

Dans des études récentes, Yagouti et al. (2006, sous presse) ont constaté un réchauffement notable du climat dans plusieurs régions du Québec méridional entre 1960 et 2003. Un réchauffement marqué des températures annuelles moyennes, entre 0,5 ºC et 1,2 ºC, a été constaté dans l’ouest et le centre du Québec méridional. Le réchauffement suit un gradient décroissant orienté d’ouest en est. Ainsi, dans l’est du Québec méridional, un réchauffement peu important et inférieur à 0,5 ºC s’est produit au cours de la même période. À la majorité des stations, on a constaté que le réchauffement a été plus rapide à partir de la deuxième moitié des années 1990 et a été plus prononcé la nuit que le jour, principalement en été. L’hiver et l’été constituent les saisons où le réchauffement le plus marqué a été constaté. Ainsi, par exemple, le centre et l’ouest du Québec méridional ont connu en été des augmentations des températures minimales variant entre 0,4 et 2,2 °C alors que, dans l’est, la majorité des stations n’a enregistré aucune tendance significative (voir la figure 5). Enfin, le réchauffement des températures hivernales et estivales s’est traduit par une évolution notable de plusieurs indicateurs climatiques, notamment les degrés-jours de croissance, les degrés-jours de chauffage, ou encore la durée de la saison sans gel. Le lecteur intéressé par une analyse détaillée de l’évolution des températures et des indicateurs climatiques dérivés pourra consulter l’ouvrage de Yagouti et al. (2006).

Interpolation de la tendance des températures annuelles moyennes entre 1960 et 2003
Figure 5: Interpolation de la tendance des températures annuelles moyennes entre 1960 et 2003. Les tendances présentées ici sont cohérentes avec les analyses faites à l’échelle du continent. Les masses d’eau imposantes à l’est du Québec expliqueraient la différence est-ouest (Yagouti et al., 2006).

Quant au climat du nord du Québec, l’analyse des données homogénéisées des quelques stations semble indiquer un réchauffement plus important que dans toute autre région du Québec au cours du XXe siècle. À Inukjuak, par exemple, où l’on dispose de la plus longue série de données climatiques, la tendance de la température moyenne annuelle est de +2,9 °C de 1922 à 2004. Toutefois, il faut noter que l’ensemble des stations nordiques (voir la figure 6), incluant Inukjuak, ont vécu une tendance nulle, voire légèrement négative entre 1950 et le début des années 1990, suivi par une période plus chaude d’au moins 1°C que les normales de 1961 à 1990. À titre d’exemple d’impact de cet épisode chaud, la température du pergélisol en surface a augmenté de près de 1°C en dix ans à plusieurs sites couvrant l’ensemble du nord du Québec (Allard et al., 2004).

Tendance des températures moyennes annuelles pour cinq stations nordiques non homogénéisées
Tendance des températures moyennes annuelles pour cinq stations nordiques non homogénéisées (M. Allard, communication personnelle, 2006).

Références

* Ressources naturelles Canada. «Vivre avec les changements climatiques au Canada : édition 2007». Impacts et adaptation liés aux changements climatiques. Site de Ressources naturelles Canada [En ligne]. http://www.adaptation.nrcan.gc.ca/assess/2007/pdf/full-complet_f.pdf (Document consulté le 11 juillet 2008)
* Yagouti A., G. Boulet et L. Vescovi. « Homogénéisation des séries de températures et analyse de la variabilité spatio-temporelle de ces séries au Québec méridional », rapport no 4 dans Homogénéisation des séries de températures du Québec méridional et analyse de l’évolution du climat à l’aide d’indicateurs, Ouranos, Montréal (Québec), 2006, 140 p, .http://www.ouranos.ca/doc/Rapports%20finaux/Rapport_final_MDDEP_Ouranos_pro jet7%201%20.pdf> [consultation : 2 mai 2007].
* Allard, M., R. Fortier, O. Gagnon et Y. Michaud. Problématique du développement du village de Salluit, Nunavik., Une communauté en croissance sur un terrain sensible au changement climatique, rapport final, Centre d’études nordiques, Université Laval, Québec (Québec), 2004, 101 p., http://www.ouranos.ca/doc/Rapports%20finaux/Allard.pdf, [consultation : 2 mai 2007].

Températures et précipitations annuelles moyennes au Québec

Couverture du rapport Vivre avec les changements climatiques au Canada : édition 2007

Ce billet est le premier d'une série portant sur le rapport Vivre avec les changements climatiques au Canada : édition 2007. Le lecteur pourra retrouver l'ensemble de cette série en consultant les billets portant l'étiquette Vivre avec les changements climatiques au Canada.

En moyenne, quelle est la température et quelles sont les précipitations auxquelles le Québec à droit à chaque année?

Voici 2 cartes montrant les moyennes de températures et de précipitation annuelles du Québec.

Températures annuelles moyenne au Québec

temperature_annuelle_moyenne_quebec.jpg
Températures (en °C) moyennes annuelles au Québec entre 1966 et 1996 (Ouranos, 2004)

Analyse

Les couleurs représentent une différence d'environ 2°C. Le Québec, du nord au sud, a une différence de température de 17°C. Il y a une stratification est-ouest pour les régions de même température. La région la plus chaude est celle entourant Montréal. La région du Saguenay–Lac-Saint-Jean et la bordure du fleuve St-Laurent, de la ville de Québec jusqu'à la basse Côte-Nord, sont des incursions chaudes dans une zone plus froide. Il en est de même pour l'île d'Anticosti et la majorité de la Gaspésie. Cette zone plus chaude est due à la présence d'eau qui empêche ces zones de se refroidir rapidement en hiver (voir le billet La couverture de glace du golfe du St-Laurent).

Il y a une corrélation entre les zones de températures et la végétation de ces zones. Le frère Marie-Victorin avait d'ailleurs dressé une carte des températures et précipitations normales enregistrées à Montréal, Québec et Anticosti durant 40 ans, (1885-1924). Vous pourrez retrouver ces cartes sur le site de Nichole Ouellette (charmante dame au demeurant) consacré à la Flore laurentienne.

Précipitations annuelles moyenne au Québec

precipitation_annuelle_moyenne_quebec1.jpg
Précipitations (en mm) moyennes annuelles au Québec entre 1966 et 1996 (Ouranos, 2004)

Analyse

De façon générale, plus on est au sud du Québec, plus il y a de précipitations. Encore une fois, la bordure du fleuve St-Laurent influence le comportement normal que l'on pourrait s'attendre à voir: il y a plus de précipitations. La zone la plus sombre semble correspondre à la Réserve faunique des Laurentides. La chaîne de montagnes de cette région provoque probablement les précipitations par phénomène d'ascendance orographique.

Référence

* Ressources naturelles Canada. «Vivre avec les changements climatiques au Canada : édition 2007». Impacts et adaptation liés aux changements climatiques. Site de Ressources naturelles Canada [En ligne]. http://www.adaptation.nrcan.gc.ca/assess/2007/pdf/full-complet_f.pdf (Document consulté le 11 juillet 2008)

Vivre avec les changements climatiques au Canada

Il y a quelques semaines, j'ai demandé gentiment à Ressources naturelles Canada de me faire parvenir le document intitulé Vivre avec les changements climatiques au Canada: édition 2007 (aussi disponible en pdf).

J'ai reçu, à ma grande surprise, une brique de 450 pages séparée en 10 chapitres. Les informations et les graphiques colligés dans cet ouvrage constituent un survol climatique et une exploration de l'avenir du climat du pays que vous ne retrouverez nulle part ailleurs dans l'Univers.

Photo du livre « Vivre avec les changements climatiques au Canada »

Le Canada est séparé en 6 régions correspondant à 6 chapitres. Ce sont les experts de chacune des régions qui ont rédigé le chapitre de la section correspondante. Par exemple, le chapitre consacré au Québec a été rédigé par pas moins de 17 auteurs.

On y trouve des études de cas pour chaque région, les graphiques et les tableaux ont une bonne définition, sont exhaustifs et toutes les couleurs sont bien rendues, les citations sont nombreuses et faites comme elles se doivent (hyperlien et date de consultation sont monnaies courantes). Un bijou je vous dis.

Je vous propose dans une série de billets les extraits que je trouve pertinent.
On pourra les retrouver en visitant la section portant l'étiquette Vivre avec les changements climatiques au Canada.

Au bout du pétrole de Normand Mousseau

Suite à une entrevue de Normand Mousseau à la radio de Radio-Canada, je me suis procuré le livre de Normand Mousseau qui porte sur le deuxième liquide le plus abondant de la planète: Au bout du pétrole.

Le livre «Au bout du pétrole» sur le pare-choc avant d’une camionnette GMC

Tout d'abord, les défauts du livre:

  • Son prix, 25$ pour 150 pages;
  • Le manque de références (moins de 30 références pour tout l'ouvrage, avec certaines références comme « Voir le Devoir du 23 mai » qui mériteraient d'être plus précises);
  • L'opinion de l'auteur qui transparaît parfois directement dans le texte (parlant du Québec et du Canada, l'auteur écrit qu'« il a de plus le malheur de partager sa frontière avec un pays assoiffé prêt à presque tout pour assouvir ses besoins. », p. 115);
  • Seulement 6 graphiques et 3 tableaux, tous au début du livre;
  • Pas de liste des tableaux, pas de liste des figures;
  • Pas de bibliographie;
  • Pas d'index.

J'ai tendance à blâmer la maison d'édition, les Éditions MultiMondes, pour ces faiblesses. Ayant déjà lu un autre livre de cette maison d'édition, celui de Claude Villeneuve intitulé Vivre les changements climatiques, j'avais déjà éprouvé ce genre de frustration.

Malgré tout, le contenu de ce livre est bien divisé, pertinent et sera d'actualité pendant encore très, très longtemps. On fait un tour d'horizon avec l'auteur, et c'était d'ailleurs son objectif en écrivant ce livre, des différentes caractéristiques des hydrocarbures (origine, abondance, coût d'exploitation, etc.) et des impacts sur l'avenir énergétique de la planète. De plus, point qui me touche particulièrement, ces problématiques sont présentés dans un contexte québécois et canadien. Les politiques énergétiques des gouvernement du Québec et du Canada y sont décortiquées, de même que l'influence que les choix de ces gouvernements ont sur notre avenir.

Je retranscris ici pour vous, bande de chanceux, les extraits qui m'ont le plus surpris lors de la lecture du livre:

Guillement français, ouverture

  • En 1985, il restait 40 années de réserves de pétrole, calculées au niveau de consommation de cette année-là. Aujourd'hui, rien n'a changé: le niveau actuel des réserves de pétrole nous assure 40 ans de combustible, alors qu'on a consommé 66 milliards de tonnes de pétrole depuis presque 25 ans, ce qui représente 60% des réserve officielles de 1985. (p.17)
  • Avec plus d'un milliard d'habitants, environ 35 fois le Canada, l'Inde a consommé à peine 10% plus de pétrole que notre pays, en 2005. Quant à la Chine, qui compte environ 40 fois plus de citoyens que notre pays, elle a consommé à peine trois fois plus que le Canada au total, soit environ 335 millions de tonnes de pétrole contre 110 millions de tonnes pour notre grand pays. (p. 29)
  • Il est certain que toute augmentation significative de la production de pétrole à partir des sables bitumineux risque de créer d'importantes pénuries d'eau douce dans le nord de l'Alberta, mais aussi dans le reste de la province ainsi qu'en Saskatchewan, la province voisine. Pour parvenir à satisfaire leurs besoins, les pétrolières puisent déjà 7% de l'eau disponible dans les puits souterrains et les rivières de l'Alberta, asséchant les sols et vidant une nappe phréatique malmenée depuis longtemps par les fermiers. Aucun plan provincial n'est en place pour contrer cette pénurie. (p.57)
  • L'industrie des sables bitumineux à besoin d'un volume d'eau équivalent à celui de l'ensemble de la ville de Montréal sans disposer d'un fleuve au débit équivalent. (p.62)
  • Le charbon ne peut donc rivaliser avec le gaz naturel ou le pétrole lorsqu'il doit être transporté sur de longues distances. Ironiquement, sa position concurrentielle est appelée à se détériorer, dans un premier temps, à tout le moins, avec la hausse des prix du pétrole. L'encombrement du charbon limite donc son utilisation à des industries locales, ce qui implique que les grands producteurs de charbon sont également les grands consommateurs. C'est ce qu'on constate avec la Chine et les États-Unis, par exemple, laissant relativement peu de charbon pour le commerce international. (p.74)
  • Au rythme actuel, les gisements de gaz naturel d'Amérique du Nord seront épuisés en 2015, dans 8 ans, c'est-à-dire, demain. (p.84)
  • Déjà, les autorités albertaines commencent à chercher des alternatives au gaz naturel pour le traitement des sables bitumineux et on a entendu parler au début 2007, pour la première fois officiellement, de la possibilité de construire des centrales nucléaires afin de soutenir l'industrie de l'huile lourde en Alberta et en Saskatchewan. (p.85)
  • Le gouvernement libéral [de Jean Chrétien], sitôt en place, négocia et signa le traité de libre-échange de l'Amérique du Nord (ALENA), incluant une close de traitement national du pétrole, qui empêche le Canada de limiter les exportations de son pétrole vers les États-Unis à moins de diminuer proportionnellement sa propre consommation. Le Mexique, pourtant dans une position économique beaucoup moins favorable que notre pays, refusa de signer cette clause, préservant ses droits de regard à l'endroit de cette ressource essentielle. (p.117)

Guillement français, fermeture

Je recommande chaudement la lecture de ce livre. Avec la crise pétrolière que nous connaissons à l'échelle planétaire depuis quelques mois, et qui ne risque pas de s'éteindre de sitôt, des connaissances de base des hydrocarbures de la Terre sont essentielles pour comprendre ce défi qui se présente à l'humanité.

Au bout du pétrole / Tout ce que vous devez savoir sur la crise énergétique, Normand Mousseau, Éditions MultiMondes, 2008, 156 pages, reliure souple, ISBN 978-2-89544-125-0, 24,95 $

De l'origine des mots hydrogène et technécium

J'ai un peu honte. Moi, qui s'intéresse à l'histoire des science depuis quelques années déjà, je peux vous expliquer d'où provient le nom du technécium, mais j'ignorais d'où provenait le mot hydrogène.

Représentation de l’hydrogène

Attention, ça va être un choc, le mot hydrogène vient de hydro et gène, c'est-à-dire qui donne naissance à l'eau. Simplement. Un mot qui paraît si savant et qui est pourtant si simple.

C'est notre ami Lavoisier (le gars du rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme) qui l'a nommé ainsi en 1783 parce que cette substance réagissait avec l'oxygène pour donner de l'eau:


2H + O = H2O

Représentation du technicium

Pour le curieux, le technécium se nomme ainsi parce qu'on ne le retrouve pas à l'état naturel sur notre planète Terre. C'est un mot dérivé du grec technetos qui signifie «artificiel». Cet élément a été découvert en 1937, ce qui est très tard si on considère sa position dans le tableau périodique.

Il est étonnant que cet élément soit artificiel, si on regarde le tableau périodique des éléments, on voit que les pointillés autour de l'élément 43 (Tc) sont l'exception. Tous les autres éléments autour sont en trait plein, indiquant qu'un gars, ou une femme, fâché pourrait sortir de chez lui et réussir à en trouver.

La tondeuse à arbres

Comment se fait-il que les plus grands arbres dans une forêt soient tous de la même hauteur?

La forêt des montagnes Rocheuses

Est-ce un hasard? On peut en douter.

Est-ce que tous les arbres poussent au même rythme? Hum, il n'y a pas de raison. À partir du moment où il y en a un qui prend le dessus sur les autres, il devrait croître plus vite parce qu'il a plus de lumière. Force est de constater que ce n'est pas le cas.

Mais qui donc s'occupe de mettre tout ça égal? On peut penser à un géant qui fait le tour de la forêt le dimanche matin, après avoir bu son café de la taille d'un lac, et qui met ça a niveau à l'aide d'un taille-haie immense.

Si on exclut le dimanche et le café, c'est exactement le cas. Notre géant, c'est Zeus et le taille-haie, la foudre.

Un éclair tombant dans une forêt
Source: blaise.ca

Lorsqu'un arbre devient plus grand que les autres dans une forêt, la foudre s'occupe de le remettre à sa place en le choississant de préférence aux autres arbres lorsqu'un nuage vient à se décharger d'un surplus d'électrons. Ce phénomène a pour effet que les arbres composant la forêt sont contraints à avoir une hauteur maximale pratiquement uniforme.

Je pousserais même le raisonnement en affirmant que, si ce phénomène avait été absent, la végétation telle qu'on la connaît serait fort différente, les plantes auraient trouvé d'autres astuces pour accéder à la lumière car il y aurait eux quelques géants qui auraient fait ombre à tout ce qui les entoure. De plus, ces géants eux-mêmes auraient été favorisés et il y a fort à parier que les arbres auraient pu avoir un croissance plus rapide, un peu comme le bambou, ce qui est présentement à éviter car un arbre qui pousserait vraiment plus vite que ses congénères se feraient, littéralement, foudroyé.

Sur une note finale, je vous invite à aller voir un arbre atteint par la foudre: film 1, film 2.

Note: Ce billet est distribué sous licence Creative Commons BY-SA.

De la mescaline

Ce billet est le premier d'une série de trois portant sur les drogues hallucinogènes. Le lecteur pourra retrouver l'ensemble du triptyque en consultant les billets de ce blogue portant l'étiquette hallucinogène.

Tranche du livre « The hallucinogens »

Il y a quelques années de cela, mon frère m'a donné un livre qui était soumis à l'élagage à la bibliothèque où il travaillait à ce moment-là: The hallucinogens [1]. Ce livre, publié en 1967, est une monographie sur la question dont il porte le titre, les drogues hallucinogènes.

Il a trainé dans ma bibliothèque à la maison pendant quelques années, attirant le regard curieux des convives qui eurent la chance de passer un peu de temps dans mon salon. Je ne l'ai ouvert que récemment et, je dois dire, je ne suis pas déçu.

Contrairement à ce que le nom savant de monographie laisse présager, ce livre contient une bonne partie de témoignages et de notes des auteurs qui peuvent être lus comme un roman. Certes, des équations chimiques et des noms de molécules forment l'essentiel de son contenu, mais le texte qui peut être lu par le quidam de passage, comme moi, vaut largement le détour.

Je transcris ici un passage [2], traduit par moi, qui relate un des premiers témoignages (1922) d'une personne sous influence de la mescaline.

L'illusion des sens est le facteur intéressant à cette étape. Des objets forts ordinaires peuvent paraître tout à fait merveilleux. En comparaison, le monde normal tel qu'il nous apparaît à tous les jours semble pâle et morne. Des symphonies de couleurs sont perçues. Les couleurs luisent avec une délicatesse et une variété qu'aucun être humain ne pourrait produire. Les objets baignent dans des couleurs tellement vives, bougent et changent leurs teintes si rapidement que la conscience est à peine capable de suivre. Alors, après un bref instant, des arabesques colorées et des figures apparaissent dans un jeu sans fin, estompées par des ombres noires, ou brillant d'une lumière radieuse. Les formes qui sont alors produites sont de variétés charmantes; des formes géométriques de toutes sortes, sphères et cubes changeant rapidement de couleur, triangles avec des points jaunes desquels émanent des chaînes dorées ou argentées, tapisseries rayonnantes, tapis, dentelles en filigrane bleu ou sur un fond sombre, des rayures rayonnant en rouge, vert, bleu ou jaune, des motifs de carrées sur une broderie dorée, étoiles avec une teinte bleu, verte ou jaune, qui semblent être des réflexions de cristaux magiques, paysages et champs lumineux avec des pierres précieuses de plusieurs couleurs, arbres avec des fleurs jaunes pâles, et plusieurs choses dessous. En plus de ces objets, des personnes de forme grotesque peuvent fréquemment être aperçues, nains colorés, créatures fabuleuses, plastiques et bougeantes ou immobiles, comme dans une photo. À la fin de la psychose un homme avec les yeux ouverts voit des oiseaux blancs et rouges et, avec les yeux clos, des demoiselles blanches, des anges, la Vierge Marie et le Christ dans une couleur bleue pâle. Une autre patiente a vu son propre visage lorsqu'elle fermait les yeux.

C'est avec difficulté que j'ai traduit ce texte, les mots utilisés étant d'une grande précision dans la langue de Shakespeare. Ce qui me fait émettre la recommandation suivante: si jamais vous faites de la mescaline, ou une autre drogue hallucinogène, arrangez-vous pour ne pas être avec un unilingue anglophone ayant du vocabulaire, vous risquez de ne pas saisir grand chose.

Suite à cette lecture, j'ai compris pourquoi les dessins psychédéliques (consulter l'origine de ce mot, ça vaut le détour) proposaient une orgie de couleurs. J'ai aussi pris conscience, paradoxalement, que ces drogues offraient une expérience d'un autre niveau de conscience, me rappelant ainsi L'Heptade d'Harmonium ou encore la théorie des niveaux de conscience de Timothy Leary, très à la mode dans les années 60 et 70, les années psychédéliques.

L’autobus magique

De plus, les personnes à qui j'ai parlé de cette lecture et ayant eux-mêmes fait l'expérience de drogues hallucinogènes, principalement du PCP (ou LSD?) je crois, se sont tous montrés très enclins à me raconter leurs expériences. Le meilleur exemple que l'on m'ait donné est celui d'un voyage, on visite un autre endroit et on en revient avec de nouvelles sensations, de nouvelles expériences que l'on ne connaît pas ici. Curieusement, ces personnes ne désiraient pas consommer de nouveau des drogues hallucinogènes, elles étaient contentes d'en avoir fait l'expérience mais ne voulaient pas recommencer. J'en déduis que le pouvoir toxicomanogène de ces drogues est très réduit, sinon nul.

Sur le même sujet, je vous recommande l'écoute du témoignage de Claude Gagnon, artiste contemporain du Québec, qui nous parle de son expérience du LSD dans une capsule de l'expo 67 diffusée à Radio-Canada. Son commentaire est aussi inspirant et clair que le témoignage copié ci-haut.

Finalement, on m'a proposé de regarder de ce vidéoclip d'Alain Bashung, si jamais j'étais sous l'influence d'un hallucinogène. Bonne écoute!

[1]: Hoffer A & Osmond H (1967). The Hallucinogens. Academic Press, New York. ISBN 0-12-351850-4.
[2]: Ibid., p. 5

Je vais vous prendre un Antarctique. Sans glace s'il vous plaît.

Supposons qu'on laisse le char virer trop longtemps dehors et que la glace sur l'Antarctique finit par fondre, au grand complet. À quoi ressemblerait le continent ainsi libéré?

À ca:

L’Antarctique libéré de la glace

Sur l'image, on distingue en bleu pâle les limites actuelles des glaces des l'Antarctique. Cette image ne tient pas compte de la hausse du niveau des océans qui suivrait une telle fonte, ni de l'ajustement isostatique (un autre mot à ploguer demain au bureau) des terres ainsi libérées de toute cette glace.

Ah ben ça alors, l'Antarctique est composée d'îles. J'aurais jamais cru.

Exercice laissé au lecteur: À quoi ressemble un Groenland sans glace?

La neige de ville et la neige des champs

La neige des champs, c'est bien connu, est beaucoup plus blanche que celle de la ville. Nous, citadins, aussitôt que la neige tombe, on se dépêche de la salir. Une photo en bordure de l'autoroute 40 saura nous en convaincre.

Neige après être tombée:

De la neige propre

Neige quelques heures plus tard:

De la neige salle

Albédo: rapport de l'énergie solaire réfléchie par une surface sur l'énergie solaire incidente.

On peut dire que l'albédo de la neige de ville est moins grand que celui de la neige des champs (un albédo de 0 c'est noir, un albédo de 1 c'est comme un miroir). Dites cette phrase-là, en ayant l'air sûr de votre affaire, à votre prochain dîner au bureau. Vous allez avoir du succès.

Qu'est-ce que ça implique dans la vie de tous les jours? À se dire que le printemps va arriver plus tôt en ville qu'à la campagne, la neige fondant plus vite ici parce que l'énergie du soleil est absorbée plus rapidement par un corps sombre (la neige salle) que par un corps blanc (la neige propre).

Or la neige, les eskimos le savent depuis longtemps, c'est un excellent isolant. Elle empêche la belle énergie du soleil de pénétrer dans le sol pour ensuite réchauffer l'air de la couche limite (de la surface jusqu'à 1 km d'altitude, à peu près). Une fois débarrassé de la neige, notre beau sol urbain peut accumuler la chaleur et la diffuser dans l'air pendant l'après-midi.

Une fois qu'il n'y aura plus de neige, ça va être le signal pour les terrasses en après-midi sur St-Denis. Je rêve de cette journée.

Implication des scientifiques dans les processus de décision: les présentateurs

Vous étiez au courant, n'est-ce pas, que je fais partie de l'organisation d'une session intitulée Implication des scientifiques dans les processus de décision qui aura lieu au prochain congrès de la Société de météorologie et d’océanographie. Mais oui, j'en ai déjà parlé dans un précédent billet.

Et bien ça y est, on a tout notre monde. En tout, cette session comptera 11 présentations et 2 affiches. Ça s'annonce très intéressant, surtout que l'on aura une belle demi-heure de discussions tout le monde ensemble une fois les présentations terminées.

Un avant-goût de ce que cette session va comporter:

  • Le scientifique Charles Lin qui a participé aux groupes de travail I (aspects scientifiques du système climatique et de l’évolution du climat) et III (solutions envisageables pour limiter les émissions de gaz à effet de serre) du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Il a donc reçu conjointement avec ce groupe le prix Nobel de la paix en 2007. Il viendra parler du passé, du présent et du futur du GIEC.
  • Jean-pierre Savard, du consortium Ouranos, présentera les impacts des changements climatiques sur les populations vivant sur les côtes au Québec.
  • Arelia Werner, de l'Université de Victoria, a fait la visite de plusieurs villes et villages de Colombie-Britannique pour expliquer aux autorités locales les conséquences des changements climatiques sur leur communauté. Elle vient nous raconter son expérience.

La liste complète des présentations ainsi que leur résumé est disponible dans la section « horaire » de la page web du projet: //ptaff.ca/cmos/2008/.

Comme la conférence a lieu à Kelowna, en Colombie-Britannique, et que certains d'entre vous m'ont fait savoir qu'ils ne pourraient y être cette semaine-là (25 au 29 mai), nous filmerons les présentations des personnes qui auront accepté de signer une licence Creative Commons BY. Nous procéderons de la même manière pour les fichiers des présentations.

Après le congrès, les fichiers et les vidéos pourront être téléchargés en format ouvert sur la page du projet. Par la suite, ô joie, je transférerai les vidéos sur YouTube et publierai une série de billets sur ces présentations. Un billet par présentation. Il vous sera alors loisible de commenter les présentations, poser vos questions, passer vos commentaires, etc.

Si tu ne peux pas amener tout le monde au congrès, emmène le congrès à tout le monde.

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