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1738 études sur l'indépendance du Québec

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

Je me suis récemment intéressé à la question de la création de l'armée d'un Québec indépendant et, lors de mes recherches pour rédiger la série de trois articles sur ce sujet, j'ai découvert un corpus important d'études sur l'indépendance publiées dans les années 1990 dans le cadre de la Commission d'étude des questions afférentes à l'accession du Québec à la souveraineté.

Malgré mes efforts et ceux de mon frère bibliothécaire, il m'a été impossible de trouver ces études en ligne. J'ai donc été contraint de passer quelques après-midis à la BAnQ pour photocopier ces études (à 15¢ la page).

Outre la richesse du contenu de ces documents, j'ai été marqué par le caractère concret des témoignages rapportés dans le Journal des débats de la Commission.

À l'époque où cette commission a siégé, en 1991 et 1992, ce que l'on nommait alors la souveraineté du Québec était un projet concret auquel des ressources gouvernementales étaient dédiées (par un gouvernement libéral!), et non un hochet électoral se référant à un projet aux contours flous et à l'échéance improbable. À la lecture de ces débats, le contraste avec l'époque ayant suivi le référendum de 1995 est manifeste.

Réalisant que ces documents étaient incontournables pour travailler sur des aspects concrets de l'accession du Québec à l'indépendance, il m'a semblé nécessaire de les rendre accessibles gratuitement en ligne. Mathieu Thomas, bibliothécaire militant que j'ai connu à Option nationale, m'a aidé dans cette tâche de libération de documents.

Fort surpris que ces documents ne soient pas déjà disponibles en ligne, Mathieu a contacté la Bibliothèque de l'Assemblée nationale afin de s'enquérir de la disponibilité des documents et des conditions d'accès. Il s'avéra que ces documents étaient en fait déjà accessibles en ligne, sur le site de la Bibliothèque de l'Assemblée nationale, mais qu'on ne pouvait y accéder qu'après une recherche (plutôt poussée) dans le catalogue. Autrement dit, ils se retrouvaient dans ce qu'on appelle le «Web caché» (aussi connu comme «Web invisible», «Web profond» ou, en anglais, «Deep Web»), cette partie du web qui n'est pas référencée dans les moteurs de recherche traditionnels tels Google.

Pour que ces documents puissent être repérées par une simple recherche Google, une solution était de créer une page web dédiée à ce seul sujet. Chaque document, débat, etc., associé à la Commission y seraient détaillé. Un hyperlien serait intégré à chacune des entrées, permettant un accès direct et facile à l'information enfouie dans le Web caché des collections numériques de la Bibliothèque de l'Assemblée nationale. Le summum serait d'ajouter un lien vers les résultats de la recherche menant à tous les documents publiés dans le cadre de cette commission: ils seraient ainsi tous indexés!

Ce travail complété, il serait donc plus aisé d'à la fois repérer et télécharger ces documents sur le web.

Mais où publier cette page sur le web? Nous avons choisi de publier cette liste de liens sur Wikipédia, dans un article consacré à cette Commission. Opter pour Wikipédia représentait la solution la plus simple: il s'agit d'un site dont la pérennité est assurée, autant que faire se peut. Aussi, je possède déjà depuis 2003 un compte sur cette encyclopédie en ligne et y ai développé une certaine expertise. Enfin, les articles de Wikipédia figurent bien souvent très haut dans les résultats de recherches Google, favorisant la visibilité et donc la diffusion de notre page.

Pour compléter l'article, Danic Parenteau a contribué à la rédaction de son introduction, clarifiant la différence entre cette commission et la commission Bélanger-Campeau.

Le résultat est maintenant en ligne! L'article sur Wikipédia est intitulé Commission d'étude des questions afférentes à l'accession du Québec à la souveraineté et contient les liens vers toutes les études et les échanges leur correspondant dans le Journal des débats.

À ma grande satisfaction, une recherche sur le web avec les mêmes mots-clés que j'avais utilisés à l'époque ("La défense d'un Québec souverain : ses pièges et ses possibilités") donne dans les premiers résultats un lien vers le texte de l'étude. Quiconque effectuant une recherche sur une étude publiée à la Commission trouvera donc dorénavant aisément le document en question en format PDF.

Grâce au lien vers les résultats de recherche de la Bibliothèque de l'Assemblée nationale, les titres des 1738 études déposées à cette Commission sont maintenant disponibles dans les moteurs de recherche!

Les militants indépendantistes investissent beaucoup de temps et d'énergie pour préparer l'accession du Québec au statut de pays. Dans ce contexte, il nous faut mettre des outils en place afin de permettre la recherche et la collaboration sur les sujets qui devront être étudiés en profondeur. Ceci devra être fait de manière non partisane, afin que toute la connaissance soit accessible et que le peuple québécois ait l'heure juste sur les projets et capacités du Québec-pays.

Cela dit, on aurait pu s'attendre à ce que les divers partis politiques indépendantistes consacrent un minimum d'efforts à des tâches de ce type. N'est-il pas inconcevable que, pendant toutes ces années, ni le Parti québécois, ni le Bloc Québécois n'aient fait le nécessaire pour rendre ces documents plus facilement accessibles en ligne, alors qu'ils avaient les ressources pour le faire?

Les partis politiques indépendantistes doivent s'extraire de ce «stratégisme du pouvoir» qui ne vise qu'à se faire élire, et consacrer davantage d'énergie à la diffusion des idées indépendantistes au sein de la population. Faire sortir des études et documents pertinents du Web caché (et il en reste encore beaucoup!) représente un exemple d'initiative qui aide le peuple à prendre le relais. Espérons que notre modeste contribution pourra inspirer d'autres actions du même type, qu'elles soient le fait d'individus ou de groupes.

Des Forces armées canadiennes à l'armée du Québec

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

L'accession d'un État à l'indépendance pose plusieurs questions capitales, notamment celle portant sur l'armée du pays qui serait créé. Tout projet sérieux d'accession du Québec à l'indépendance doit donc aborder cette question et fournir des réponses étoffées au peuple québécois. Afin d'inviter les Québécois à débattre de cet important sujet, j'ai esquissé sous forme de questions-réponses un portrait d'une armée possible pour le Québec.

Divisé en trois parties, les réponses aux questions donnent un point de départ pour permettre les discussions sur cet important sujet. La première partie exposait la mission et les alliances de l'armée du Québec et la deuxième partie la composition de l'armée du Québec. Voici la troisième partie où j'expose ce que serait la transition des Forces armées du Canada à l'armée du Québec.

Combien coûterait l'armée du Québec?

Le coût d'une armée du Québec serait étroitement relié aux missions qu'elle aurait à remplir. Il est possible de faire une estimation en comparant le budget des armées ayant des missions et des troupes semblables à celles indiquées dans la deuxième partie des questions-réponses.

En se basant sur l'armée néo-zélandaise, les Royal Marines ou la Légion étrangère, on peut estimer le coût annuel entre 2 et 3 milliards de dollars canadiens. Cette somme est inférieure à la proportion du budget militaire canadien correspondant au poids démographique du Québec (4,3 milliards selon le budget 2014-2015). Une armée du Québec représenterait donc une économie par rapport à ce que paient les contribuables québécois pour les Forces armées du Canada.

Cependant, il faut souligner que la création d'un ministère de la Défense serait coûteux. Cela permettrait par contre de créer des structures légères départies du poids administratif que le Canada traîne depuis la fin de la guerre froide.

Les Québécois économiseraient en n'investissant pas dans les domaines suivants:

Quel matériel pourrait-on récupérer des Forces canadiennes?

Il serait fort probablement possible de récupérer tout le matériel des unités de l'armée de terre sur le territoire québécois, incluant tout ce qui est à Valcartier (chars, artillerie, véhicules, etc.).

La négociation portant sur les avions CF-18 pourrait se faire à l'avantage du Québec, compte tenu qu'il possède la moitié de la flotte et que celle-ci pourrait avoir une grande valeur monétaire. Cependant, puisque les CF-18 ne seraient pas essentiels pour accomplir les missions de l'armée du Québec, il serait possible de les échanger contre d'autre matériel, comme par exemple celui du 25e Dépôt d'approvisionnement situé à Longue-Pointe. Il serait par la suite possible de faire l'acquisition d'avions de transport, d'attaque au sol et de surveillance du territoire.

Le Québec n'aurait aucun matériel provenant de la Marine royale canadienne.

Le Québec n'a aucune ressources en renseignement ou en espionnage électronique. Ce domaine devrait donc être développé entièrement, ce qui pourrait s'avérer coûteux.

Le Centre de recherche scientifique militaire serait situé à Valcartier, puisque les infrastructures et les équipements de recherche de l'armée canadienne sont déjà à cet endroit. Ce centre pourrait devenir un centre de recherche gouvernemental qui pourrait être utile aux autres ministères du Québec, en plus de la Défense.

Que proposer aux soldats québécois dans les Forces canadiennes?

Il y a fort à parier que, pour des raisons de langue et de culture, un grand nombre de Québécois présents dans les Forces armées du Canada voudrait rejoindre l'armée du Québec lors de la création du pays.

Il faudrait que le transfert des soldats d'une armée à l'autre se fasse sans difficulté. Pour se faire, il faudrait au minimum offrir aux soldats québécois présents dans l'armée canadienne:

  • La reconnaissance de leur rang;
  • La reconnaissance des années de services au Canada;
  • Un salaire et des avantages sociaux similaires.

Comment reconnaître les décorations et les grades militaires acquis dans les Forces canadiennes?

Une loi devrait être votée pour reconnaître les décorations et les grades militaires acquis dans les Forces canadiennes.

Actuellement, les militaires canadiens peuvent d'ailleurs porter certaines décorations étrangères (gagnées avec les Américains par exemple). C'est chose commune entre les armées.

Où seraient situées les bases militaires?

Les bases militaires de l'armée canadienne déjà présentes sur le territoire québécois seraient transformées en bases de l'armée du Québec. Il s'agirait de:

  • Saint-Jean-sur-Richelieu: formation
  • Valcartier: brigade d'élite
  • Longue-Pointe: quartier général national et centre logistique
  • Bagotville: composante aérienne

Les ports pour la garde côtière légèrement armée seraient situés à Québec pour la surveillance du fleuve Saint-Laurent, et à Sept-Îles pour la surveillance du golfe.

Où se trouverait l'école militaire?

Puisque Saint-Jean-sur-Richelieu possède déjà les infrastructures d'entraînement, cette ville deviendrait le centre nerveux de la formation militaire, tant pour les cours de base que pour les cours spécialisés.

Les professeurs sont d'ailleurs déjà sur place pour l'école des officiers de l'armée canadienne. L'école des recrues des Forces canadiennes se trouve elle aussi à Saint-Jean-sur-Richelieu et pourrait être convertie pour les sous-officiers du Québec.

Quels seraient les uniformes de l'armée du Québec?

L'armée du Québec devrait rapidement se doter d'un uniforme distinct de l'armée canadienne. Les composantes terrestres, aériennes et maritimes auraient le même uniforme, mais auraient des signes d'identification spécifiques aux différents métiers (ailes de pilotes, parachutistes, etc.).

Quels seraient les noms des grades militaires de l'armée du Québec?

L'armée du Québec aurait un système de grade militaire distinct de l'armée du Canada. Les noms des grades militaires serait le même que les armées occidentales (capitaine, sergent, général, etc.) mais des identifications visuelles distinctes seraient créées afin de distinguer les militaires québécois.

Un comité de vétérans et d'historiens serait formé afin de formuler des recommandations à cet effet.

Que faire pour le nom et les types de médailles?

Il serait important de créer un comité formé d'historiens, d'anciens militaires et d'universitaires qui créerait un système de décorations et honneurs propres au Québec. Ce système devrait à la fois reconnaître et témoigner de l'histoire et des traditions du Québec, tout en marquant sa singularité.

Il ne faudrait pas pour autant rejeter tout ce qui rappelle l'héritage de la Grande-Bretagne ou du Commonwealth, car ce passé fait partie intégrante de l'histoire du Québec.

Biscuits à la paraffine

Fat-back and Molasses

Cette recette de biscuits à la paraffine est extraite de « Fat-back & Molasses » (p. 116), un livre des Les meilleures recettes d'antan des habitants de Terre-Neuve-et-Labrador, dont la première édition publiée en 1974 à l'occasion de leur 25e anniversaire fut vendue à plus de 25 000 copies.

Dans la recette originale, l'ingrédient principal est le parowax, contraction entre les mots paraffin et wax, mots qui se traduisent en français par cire de paraffine. La paraffine est un distillat obtenu lors du raffinage du pétrole, dont la forme solide prend le nom de cire. Il s'agit donc d'un produit pétrolier.

La paraffine est utilisée notamment pour la fabrication de chandelle, la préservation de viandes ou encore pour rendre brillants les bonbons et les pommes. Elle est blanche et inodore. La paraffine a un point de fusion entre 48 et 66°C, c'est pourquoi elle est souvent mélangée au chocolat, augmentant ainsi son point de fusion (le chocolat pur fond autour de 35°C).

Bien que comestible, la paraffine n'est pas digérée, passant à travers le système digestif sans être modifiée.

Je vous livre ici ma traduction libre de la recette. Si vous tentez la recette à la maison, n'hésitez pas à m'envoyer une photo pour que je l'ajoute à ce billet.

Recette de biscuits à la paraffine (parowax)

Ingrédients:

  • ½ bloc de cire de paraffine
  • 1 tasse de sucre en poudre
  • 1 paquet de pépites de chocolat
  • 5 tasses de Corn Flakes
  • ½ tasse de beurre d'arachide

Faire fondre la cire de paraffine et les pépites de chocolat. Ajouter le beurre d'arachide et le sucre en poudre. Mélanger aux Corn Flakes. Verser sur une blaque à biscuit ou sur du papier ciré pour refroidir. Des Rices Krispies peuvent être utilisés pour remplacer les Corn Flakes.

Jessie Hooper, Churchill Falls, Labrador

À quoi ressemblerait l'armée du Québec indépendant?

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

L'accession d'un État à l'indépendance pose plusieurs questions capitales, notamment celle portant sur l'armée du pays qui serait créé. Tout projet sérieux d'accession du Québec à l'indépendance doit donc aborder cette question et fournir des réponses étoffées au peuple québécois. Afin d'inviter les Québécois à débattre de cet important sujet, j'ai esquissé sous forme de questions-réponses un portrait d'une armée possible pour le Québec.

Divisé en trois parties, les réponses aux questions donnent un point de départ pour permettre les discussions sur cet important sujet. La première partie exposait la mission et les alliances de l'armée du Québec. Voici la deuxième partie où j'expose ce que serait la composition de l'armée du Québec. La troisième partie couvre la transition des Forces armées canadiennes à l'armée du Québec.

À quoi ressemblerait l'armée du Québec?

L'armée du Québec serait composée d'une force mobile légèrement armée, capable de se déplacer par voie aérienne et de se déployer dans une zone d'opération, n'importe où sur la planète. Elle aurait des soldats bien entraînés, mais peu nombreux, à l'image des forces spéciales. Avec au plus 9 000 soldats, cela permettrait de maintenir environ 1 500 soldats en opération dans un pays étranger. Il serait possible de les ravitailler à l'aide d'avions de transport et de les appuyer par des moyens héliportés et des avions légers comme des Super Tocano ou des AirLand Scorpion. La mobilité serait privilégiée à la protection (véhicule légers et rapides au lieu de chars lourds), car elle combine efficacité et économie de coût.

Cette force de soldats professionnels serait appuyée par une milice nationale ayant une présence dans les communautés (Régiment du Saguenay, Régiment de la Chaudière, etc.) et connaissant bien sa région. Cette milice serait composée d'un effectif entre 10 000 et 15 000 réservistes qui seraient équipés pour intervenir en cas de catastrophe naturelle. Ce type d'équipement serait moins dispendieux qu'un équipement militaire, car il n'aurait pas à répondre aux normes militaires (blindage, communications encryptées, etc.). Seules quelques centaines de réservistes seraient en service au même moment, avec un pic de quelques milliers pendant l'été, lors d'entraînements estivaux. Ces «garde nationaux» auraient également comme mission d'appuyer le noyau de professionnels dans le scénario improbable où le Québec devrait défendre sa souveraineté.

En résumé:
• De 6 000 à 9 000 soldats d'élite, dont un groupe de 1000 soldats toujours prêts à être déployés n'importe où dans le monde;
• Milice nationale impliquée dans sa communauté;
• Force de surveillance garantissant l'intégrité du territoire.

À l'armée de quels pays celle du Québec pourrait-elle être comparée?

En termes de soldats et de budget, l'armée du Québec serait comparable à celle de :
• La Nouvelle-Zélande: une force régulière d'environ 7 000 soldats (2,7 milliards $CA de budget).
• Les Royal Marines britanniques: une force d'élite de 8 500 soldats qui est une branche semi-indépendante de l'armée britannique. Ils sont reconnus pour avoir les soldats les mieux entraînés de la planète.
• La Légion étrangère française: 7 700 soldats d'élite (3 milliards d'euros, ou 4,3 milliards $CA, de budget).

De quel type d'équipement l'armée du Québec disposerait-elle?

Au moment de la création de l'armée du Québec, cette question ne serait pas primordiale.

Il faudrait plutôt mettre en place un processus d'acquisition d'équipement flexible et sortir des programmes d'armement qui s'étendent sur des dizaines d'années. Nos adversaires potentiels seraient probablement des organisations non-étatiques qui sont très flexibles et qui peuvent s'adapter rapidement aux changements technologiques. L'armée du Québec devrait avoir un processus d'acquisition pouvant s'adapter rapidement à cette évolution.

La question de la surveillance du territoire serait intimement liée à une force aérienne. Drones et avions de reconnaissance seraient au cœur de cette surveillance. Il n'y aurait pas d'avion de chasse et d'interception, ce qui permettrait d'économiser des sommes importantes.

La mission la plus importante de l'aviation serait le transport de troupes vers l'étranger. Une capacité de transport est aussi un élément qui pourrait donner de la visibilité au Québec lors de missions internationales. Cette capacité pourrait être utilisée pour déplacer des vivres et autre matériel nécessaire lors d'un soutien d'aide humanitaire. Les avions de transport sont rares et l'impact politique d'un avion québécois livrant des sacs de vivres à une population en difficultés, par exemple, serait marquant.

La marine prendrait la forme d'une garde côtière légèrement armée pour faire face à des éléments criminels, mais insuffisamment armée pour engager le combat contre des navires de guerre modernes. Encore une fois, la technologie de drones maritimes, équipés de radars, caméras infra-rouge et autres systèmes de surveillance, permettrait de surveiller le golfe du Saint-Laurent, évitant ainsi les coûts importants d'une marine militaire traditionnelle. La composante maritime pourrait transporter des troupes vers un théâtre d'opération extérieur et assurer la patrouille et la souveraineté du golfe du Saint-Laurent, notamment en le maintenant libre de glaces en hiver.

Il serait logique de mettre les services de recherche et sauvetage sous le commandement d'une force militaire, par souci d'économies. Les services de recherche et sauvetage pourraient alors bénéficier des ressources de surveillance militaire, à des fins de sauvetage.

L'armée du Québec auraient-elles des «Casques blancs»?

Ce n'est pas une question qui relève de l'armée du Québec.

Les «Casques blancs» sont souvent définis comme des troupes entraînées et équipées, mais non armées, pouvant se déployer à l'extérieur des frontières d'un pays afin de venir en aide à la population d'un autre pays. Or, une armée est par définition une force armée.

La proposition de doter le Québec de Casques blancs pour construire des écoles est porteuse, mais cette force ne devrait pas être sous la responsabilité du ministère de la Défense car elle n'est pas une force militaire. Cette force devrait être sous la responsabilité du département des affaires étrangères ou encore d'un département de l'aide extérieure du Québec, à l'instar de l'Agence canadienne de développement international (ACDI) dans le cas du Canada.

Selon les circonstances, les Casques blancs pourraient ainsi être déployés de manière indépendante, accompagnés dans leur transport par des militaires, ou encore protégés par ces derniers lorsque déployés dans un environnement hostile.

Qui serait le commandant en chef de l'armée du Québec?

Le commandant en chef de l'armée du Québec serait un civil, le chef d'État. Il serait le supérieur du chef de l'état-major de l'armée (un général ou un lieutenant-général, selon la structure militaire qui serait choisie).

Le titre précis du chef du gouvernement est lié à la structure politique de chaque pays, il en serait de même pour le Québec. Par exemple, au Canada, c'est la reine, représentée par le gouverneur général, qui est commandant en chef de l'armée, tandis qu'aux États-Unis et en France, c'est le président qui assume cette fonction.

L'armée du Québec indépendant: mission et alliances

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

L'accession d'un État à l'indépendance pose plusieurs questions capitales, notamment celle portant sur l'armée du pays qui serait créé. Tout projet sérieux d'accession du Québec à l'indépendance doit donc aborder cette question et fournir des réponses étoffées au peuple québécois. Afin d'inviter les Québécois à débattre de cet important sujet, j'ai esquissé sous forme de questions-réponses un portrait d'une armée possible pour le Québec.

Je me suis inspiré en partie des études déposées à la Commission d'étude des questions afférentes à l'accession du Québec à la souveraineté, initiée par le gouvernement de Robert Bourassa en 1991. Plus spécifiquement, l'étude rédigée par Charles-Philippe David La défense d'un Québec souverain : ses pièges et ses possibilités, où l'auteur exposait certains scénarios possibles pour l'armée du Québec. Pour la rédaction de mes réponses, j'ai opté pour une voie hybride entre les différents scénarios identifiés par David.

Mon approche prend par ailleurs comme prémisse que les missions de maintien de la paix de l'ONU ont gagné en complexité au cours des dernières décennies et nécessitent aujourd'hui des ressources différentes que lors de la guerre froide. Afin d'identifier un objectif pérenne pour déterminer la composition des forces armées du Québec, j'ai substitué «mission de maintien de la paix» par «missions contribuant à la paix et à la stabilité mondiale, et approuvées par le peuple du Québec». La mission ultime de la force armée du Québec serait ainsi reliée à la volonté du peuple qui sous-tend cette force armée, et non à une conjoncture particulière de l'histoire.

Afin de ne pas alourdir le texte, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique; ils ont à la fois valeur d'un féminin et d'un masculin. Ainsi, le mot « soldat » désigne autant une femme qu'un homme soldat.

Divisées en trois parties, les réponses aux questions donnent un point de départ pour permettre les discussions sur cet important sujet. Voici la première partie, où j'expose quelles seraient la mission et les alliances de l'armée du Québec. La deuxième partie porte sur la composition de l'armée du Québec et la troisième sur la transition des Forces armées canadiennes à l'armée du Québec.

Pourquoi une armée au Québec ?

Une force armée de l'État du Québec aurait cinq rôles:

  • Appuyer les autorités civiles en cas de crise, par exemple en cas de catastrophe naturelle (ex.: déluge au Saguenay, tempête de verglas de 1998, etc.);
  • Offrir un soutien opérationnel et logistique au gouvernement lors d'un événement important au pays (ex.: Jeux olympiques, conférences importantes de type G8, etc.);
  • Mener des opérations quotidiennes sur le territoire québécois (y compris dans le nord) et sur le continent nord-américain en collaboration avec nos alliés canadiens et américains afin d'assurer la surveillance et la souveraineté du territoire;
  • Mener des opérations extérieures en support à la communauté internationale;
  • Répondre à une attaque violente majeure d'un groupe non-étatique.

L'armée du Québec participerait-elle à des missions à l'extérieur de son territoire ?

Oui. Le succès du Québec sur la scène internationale reposerait en grande partie sur son intégration dans un ensemble mondial, avec le droit international comme base pour régler les conflits politiques ou commerciaux.

Grâce à la primauté de ce droit, le Québec pourrait exporter ses richesses et importer les matières premières essentielles à son développement. Il serait donc dans l'intérêt du Québec de participer au maintien de cet espace mondial et même à son élargissement. C'est pourquoi le Québec devrait considérer avec attention les diverses options de participation à des missions internationales visant le maintien de la stabilité mondiale. Ces missions pourraient prendre plusieurs formes, allant de l'implication diplomatique au soutien humanitaire jusqu'aux opérations de combat. Ces missions seraient, généralement, entreprises avec la participation et l'appui de nos partenaires internationaux les plus importants (Canada, États-Unis, Europe).

De plus, la présence militaire du Québec dans des missions extérieures prouverait le sérieux du Québec sur la scène internationale. Ce serait un moyen de se distinguer des autres pays avec des populations comparables dont l'implication sur la scène mondiale n'est pas significative. Le Québec pourrait ainsi avoir un rôle international comparable à celui de la Nouvelle-Zélande (4 millions d'habitants) ou de la Suède (9 millions), qui contribuent beaucoup plus à la sécurité mondiale que des pays aux populations comparables, comme la Grèce (10,8 millions) ou l'Autriche (8,5 millions).

L'armée du Québec participerait-elle uniquement aux missions de maintien de la paix de l'ONU ?

Non. Les missions de maintien de la paix sont habituellement définies comme les missions militaires approuvées par le Conseil de sécurité des Nations unies. Si l'armée du Québec participait seulement aux missions de paix, le pays du Québec soumettrait sa volonté au Conseil de sécurité, donnant un droit de veto à chacun des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.

Il n'est pas souhaitable qu'un de ces cinq pays, comme la Chine ou la Russie, puissent ultimement décider où et quand pourrait intervenir l'armée du Québec.

C'est pourquoi l'armée du Québec ne participerait pas seulement aux missions de maintien de la paix, mais bien à celles qui seraient identifiées par son gouvernement comme étant dans l'intérêt national du Québec.

L'armée du Québec ferait-elle partie du NORAD ?

Oui, le Québec devrait demander son admission au NORAD.

Le NORAD (Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord) est un partenariat entre le Canada et les États-Unis qui permet d'assurer la surveillance de l'espace aérien nord-américain. En raison de la situation géographique du Québec, tout laisse croire que le Canada et les États-Unis ne voudront pas d'une brèche dans la défense de leur territoire et préféreront dès lors inclure le Québec.

Cette alliance s'étendrait logiquement à la surveillance maritime. Le Québec assurerait la surveillance d'une partie du golfe du Saint-Laurent ainsi que d'une bonne partie de la voie maritime du Saint-Laurent, voie stratégique donnant accès au cœur du continent américain.

Le Québec devrait chercher à maintenir des liens militaires étroits avec ses deux voisins dans ces domaines. Ceci s'inscrirait dans une logique de participation à la défense du continent nord-américain.

L'armée du Québec ferait-elle partie de l'OTAN ?

Le Québec ne devrait pas intégrer l'OTAN, mais plutôt chercher à obtenir le statut de partenaire.

L'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord) est une association de pays dont le but premier est d'assurer la défense des pays membres contre les menaces extérieures. Or, comme le Québec ne fait présentement face à aucune menace militaire conventionnelle, on peut questionner la pertinence qu'il aurait à intégrer l'OTAN, d'autant plus qu'une telle participation amène une série de contraintes, comme la défense mutuelle et automatique. Si la Russie, par exemple, attaquait l'Estonie, le Québec entrerait automatiquement en guerre contre la Russie.

Il existe une série d'autres statuts pour les pays non-membres de l'OTAN mais désirant collaborer à certaines missions. C'est par exemple à titre de partenaire non-membre que l'Australie a participé à la mission de l'OTAN en Afghanistan, ou que la Nouvelle-Zélande a participé à celle en Irak.

De plus, le statut de partenaire permettrait à l'armée du Québec de collaborer avec les forces armées des pays membres, développant notre armée en suivant les normes techniques de l'OTAN (armement, systèmes de télécommunications, chiffrement, etc.). Ceci faciliterait l'intégration de l'armée du Québec à une éventuelle force internationale, en tirant profit du système de logistique et d'approvisionnement de l'OTAN.

L'armée du Québec ferait-elle partie de Five Eyes ?

Il est improbable que le Québec puisse en faire partie, même s'il le souhaitait. Five Eyes désigne l'alliance des services de renseignement de l'Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni et des États-Unis (elle a entre autres été popularisée par les révélations d'Edward Snowden). Il s'agit essentiellement d'une entente qui permet l'échange de données de renseignement entre ces pays.

Il est improbable que le Québec soit invité à joindre ce groupe, car sa formation résulte de 60 ans d'opérations communes entre les pays membres, et elle est basée sur des liens de confiance étroits dans les domaines militaires et de renseignement. Chaque participant fait suffisamment confiance aux autres membres pour partager ses secrets les plus importants. Le Québec indépendant ne bénéficiant pas de ce lien de confiance avec les pays du Five Eyes, il aurait à le développer au cours des décennies.

Dans un premier temps, le Québec devrait tenter de créer des ententes bilatérales avec certains pays (États-Unis, Canada, Royaume-Uni, France) afin de partager des renseignements sur des sujets et opérations spécifiques.

Dodge RAM: le camion le plus écologique jamais construit ?

Billet originalement publié sur le Huffington Post. Les saisis d'écran de la publicité sont ajoutées dans cette version.

Grâce aux publicités ponctuant les télédiffusions des matchs du Canadien, l'amateur de hockey québécois a appris cette année qu'il existait des camions « écoénergétiques ». Ceci amène le sportif de salon à se demander: « diantre, qu'est-ce que l'écoénergie?» Les camions seraient-ils maintenant « écologiques » ?

Pub RAM

En fait, le néologisme qui désigne la consommation d'essence d'un véhicule - car c'est bien de consommation qu'il s'agit dans cette publicité - est plutôt « ÉcoNergie ». C'est ce mot qui est utilisé par Ressources naturelles Canada comme mesure de consommation du moteur d'un véhicule et c'est cette référence qui est utilisée par Dodge dans les caractères lilliputiens au bas de leurs publicités.

Tout indique qu'en substituant « Éco-énergie » à « ÉcoNergie » dans la publicité du RAM, Dodge utilise l'écoblanchiment, technique de marketing visant à donner à un produit une image environnementalement responsable.

Notons que j'introduis volontairement le tiret et le « N » majuscule pour faciliter la lecture dans cet article, car la différence visuelle entre écoénergie et éconergie est trop tenue. Ceci prouve par la même la pertinence du choix marketing de Dodge.

Quand on lit « Éco-énergétique », la racine « éco » peut faire référence au mot « Écologique » (ou encore « Économie »). Ce qui représente tout un gain, car votre camion devient, grâce à ce changement d'adjectif, potentiellement écologique.

Notons que d'autres marques utilisent des artifices semblables avec des noms de technologies comme « ÉcoBoost ».

Or, bien qu'il n'y ait pas de définition précise, l'éco-énergie est essentiellement utilisée dans le domaine de l'habitation et désigne les techniques d'efficacité énergétique et les modes de production d'énergie alternative (biomasse, solaire, etc.)

Il y a bien le gouvernement du Québec qui relie les concepts de véhicules et d'éco-énergie, mais la consommation maximale pour être désignée comme « éco-énergétique » est plus de moitié moindre (5,27 L/100km) que le camion le plus économique. Avec sa consommation, ni le RAM ni aucun autre camion jamais construit ne peut donc se meriter le qualificatif de « éco-énergétique » du gouvernement du Québec. Dodge ne peut donc invoquer cette définition pour justifier son choix.

On serait aussi tenté d'expliquer la confusion entre les deux mots par une traduction maladroite de l'anglais vers le français. Or, le terme anglais équivalent est «fuel efficiency», terme grammaticalement assez éloigné de « écoNergie/éco-énergie » pour invalider cette hypothèse.

Pub RAM en anglais

Dodge semble lui-même jongler entre écoNergie et éco-énergie. Sur son site web, on parle d'écoNergie alors que dans son dépliant, il y est question d'éco-énergie. Peut-être que la direction de Dodge a réalisé que de désigner un camion comme étant « éco-énergétique » était abusif et a-t-elle demandé à ce que l'information sur leur site web soit corrigée? Les annonces télé et le dépliant du RAM seraient alors les restes d'une stratégie qu'ils désirent abandonner? Espérons-le.

Les techniques d'écoblanchiment, auxquelles semble appartenir la publicité du Dodge RAM, abondent dans les secteurs reliés à la consommation du pétrole. Lorsqu'un camion tire trois VTT dans une remorque et qu'on y accole le mot « écologie » ou un dérivé, vous êtes probablement témoin d'écoblanchiment. C'est d'ailleurs ce que je me dis, chaque fois que je regarde le CH à la télévision et qu'on m'explique que le RAM est « le camion le plus écoénergétique jamais construit ».

Léo Major honoré à Montréal?

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

À l'occasion des 70 ans de la libération de la ville néerlandaise de Zwolle par le Québécois Léo Major, la ville de Montréal doit saisir cette occasion afin d'entamer la procédure pour nommer une rue en son honneur.

Rue Léo Major

Le 14 avril 2015, la ville de Zwolle au Pays-Bas soulignera les 70 ans de sa libération de l'occupation nazie. C'est un soldat québécois qui, à lui seul, a chassé les nazis de Zwolle pendant la nuit du 13 au 14 avril 1945. Léo Major a, pour cet exploit inégalé dans l'histoire militaire moderne, reçu la médaille de conduite distinguée, seconde plus haute distinction du Commonwealth.

Comme chaque année, des fleurs seront déposées au pied du mémorial de guerre de Zwolle, érigé en mémoire de tous ceux tombés pour la libération de cette ville en 1945. L'Unifolié sera hissé pour commémorer les libérateurs, en particulier le « premier libérateur canadien Léo Major ».

En 2008, lors du décès de Léo Major, les Pays-Bas ont mis le drapeau de leur pays en berne. Au Québec, au même moment, le Journal de Montréal était le seul journal francophone à mentionner son départ en publiant un simple entrefilet. Aujourd'hui encore, l'exploit de Léo Major reste inconnu des Québécois.

Le programme scolaire au Québec couvre les deux Guerres mondiales en soulignant essentiellement la conscription imposée aux Québécois, ignorant les faits d'armes de nos soldats ayant combattu outre-mer. Il est temps que nous nous appropriions notre passé militaire, notamment en reconnaissant nos héros de guerre comme Léo Major.

Une ville des Pays-Bas commémore annuellement l'acte de bravoure d'un de nos compatriotes alors que rien n'existe dans la ville où il a grandi pour souligner ses exploits. En juin 2014, le Comité de toponymie de Montréal a ajouté le nom de Léo Major dans la banque prévisionnelle de toponymie. Montréal a ainsi toute la latitude pour suivre l'exemple de la « Leo Majorlaan » de Zwolle. Alors, à quand la rue Léo Major?

Rue Léo Major à Zwolle

Les fans de PKP

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

Ce qui fascine dans l'effet PKP n'est pas tant l'homme lui-même, il en dit trop peu pour se soumettre à une analyse, que ceux qui prennent sa défense. Ses fans lui prêtent des pouvoirs, savent lire entre les lignes de sa stratégie, qui sera assurément gagnante, et n'hésitent pas à offrir l'exégèse de ses silences.
Andrée Ferretti nous sert un parfait exemple de cette clairvoyance lorsqu'elle écrit dans un billet intitulé « L'intelligence révolutionnaire de PKP », rien de moins, que

ses silences et réponses évasives ne sont ni le fruit de son impréparation à la joute politique ni l'effet de son caractère orgueilleux. Elles relèvent de son intelligence des règles de base de la stratégie à adopter, quand on engage une lutte à finir avec l'ennemi. Elle lui permet de comprendre que toutes réponses, hic et nunc, aux questions sur ses intentions ne serviraient qu'à fourbir les armes de celui-ci.

Ferretti comprend ce que PKP veut réellement dire, et pense nous rendre service en l'expliquant, alors que l'intéressé refuse de le dire lui-même à la population.

Un autre exemple sur Twitter de compréhension de la stratégie de PKP, où une militante répond à mes questions sur son plan d'accession à l'indépendance :


Discussion sur Twitter d

Les admirateurs clairvoyants sont aussi légion sur Facebook. On peut le lire dans ce commentaire expliquant pourquoi PKP ne répond pas aux questions :

Commentaire pro PKP sur la page Facebook de ce dernier.

Il n'y a pas que des supporters, loin s'en faut. Les opposants sont nombreux, mais les partisans de PKP semblent avoir compris quelque chose que les autres ne peuvent saisir en l'écoutant.

En agissant de la sorte, les partisans de PKP ne rendent service à personne. D'une part, la méthode d'accession à l'indépendance que PKP adoptera, dans la mesure où il s'engagera concrètement à faire l'indépendance après la prochaine élection, ne correspondra probablement pas à ce qu'ils avaient envisagé. D'autre part, convaincre la population du Québec ne pourra se faire uniquement sur les réseaux sociaux. Il faudra que PKP s'adresse au peuple québécois à travers les médias traditionnels, médias qu'il se met à dos pendant cette course.

Ce dont on peut être certain, c'est que si PKP gagne avec son unique réputation et ses fans inconditionnels, il ne faudra pas s'étonner si par la suite tout ce qu'il peut offrir, c'est une réputation et des fans inconditionnels.

Après une course où il n'aura joué, essentiellement, que de stratégie, PKP n'aura toujours rien prouvé politiquement. Cela n'implique pas qu'il n'arrivera à rien, mais la course à la direction du PQ n'aura pas été un test, tout au plus un concours de notoriété. Et les lendemains risquent d'être difficiles, alors que Facebook et Twitter ne pourront plus être les uniques véhicules médiatiques. Il faudra se frotter aux journalistes, présenter des projets concrets et surtout, répondre aux questions. Si les fans de PKP l'étaient un peu moins, il serait possible de savoir ce que PKP a dans le coffre. D'ici là, tout n'est qu'art divinatoire.

ptaff.ca cité par l'ombudsman de Radio-Canada

Dans une décision du 19 février 2015 portant sur l'utilisation du refroidissement éolien sur ses ondes, l'ombudsman de Radio-Canada cite la page humidex de ptaff.ca:

L’indice a d’ailleurs de nombreux détracteurs. Parmi eux, M. Miguel Tremblay, un physicien qui a cofondé ptaff.ca, un site web ouvert à tous et qui dit favoriser la propagation des idées et du raisonnement.

M. Tremblay y a consacré une longue analyse critique de l’indice de refroidissement éolien. Voici, à son avis, plusieurs raisons de s’opposer à l’utilisation de cet indice, comme, d’ailleurs, à l’indice humidex utilisé en été :
[…]

Et M. Tremblay de conclure que cet indice « plutôt que d'informer les gens sur une réalité, les induit en erreur ».

La plupart des critiques de M. Tremblay rejoignent celles du plaignant.

Oléoducs au Québec: le pétrole sera vendu au plus offrant

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

TransCanada et Enbridge, les deux compagnies désirant amener le pétrole albertain au Québec par oléoducs, utilisent comme argument principal l'autonomie énergétique canadienne pour faire accepter leur projet. Leurs deux oléoducs, Énergie Est et 9B, permettront selon eux de remplacer le pétrole importé au Québec par du pétrole canadien. Or, rien ne garantit que le pétrole transitant par ces oléoducs sera entièrement raffiné au Québec. Voici pourquoi.

Premièrement, le pétrole se vend et s'achète librement sur le marché mondial. Le pétrole mis en vente et transitant par ces deux oléoducs ne représentera donc pour les raffineries québécoises qu'un vendeur supplémentaire. Les raffineries québécoises achèteront, au moment où ils le jugent opportun, le pétrole léger le moins cher disponible sur le marché mondial. Le pétrole albertain, de moindre qualité, parce que lourd, ne sera qu'une offre parmi d'autres, et rien ne garantit que cette offre sera la plus avantageuse pour les raffineries.

Suivant la même logique marchande, les compagnies pétrolières qui feront passer le pétrole dans ces oléoducs vendront le pétrole au prix le plus élevé possible sur ce même marché mondial. Les raffineries du Québec ne seront que deux clients parmi tous ceux de la planète, et rien ne garantit que les raffineries offriront le meilleur prix pour le pétrole coulant dans les oléoducs.

Deuxièmement, le pétrole transitant par ces oléoducs ne peut être complètement raffiné au Québec. D'abord en raison du type de pétrole transporté, car les raffineries québécoises ne peuvent traiter qu'un pétrole de qualité supérieure (léger) au pétrole des sables bitumineux (lourd). Et même si les raffineries québécoises pouvaient utiliser le pétrole lourd il y en aura beaucoup trop : la capacité des deux oléoducs sera de 1,4 million de barils de pétrole par jour (bpj), alors la consommation québécoise est de 300 000 bpj, quatre fois moins que la quantité de pétrole qui y transitera. On peut donc conclure que la grande partie de ce pétrole devra être exportée. Cette exportation se fera notamment avec des superpétroliers, pouvant contenir 700 000 barils de pétrole, qui navigueront sur le fleuve et le golfe St-Laurent.

Seule la méthode coercitive permettrait de garantir le remplacement des importations québécoises de pétrole par du pétrole canadien. Les gouvernements devraient forcer les producteurs de pétrole albertain et les raffineries du Québec à conclure des contrats d'approvisionnement pour que cela survienne. Bien sûr, aucun gouvernement n'a envisagé cette possibilité. Les acheteurs, comme les vendeurs, ont avantage à avoir accès à un libre marché mondial du pétrole.

Notons au passage que cette argumentation est tout aussi valable pour une éventuelle production de pétrole au Québec. Le pétrole québécois serait lui aussi vendu sur un marché mondial et le serait au plus offrant, pas nécessairement aux raffineries québécoises contrairement à ce que laisse sous-entendre les compagnies rêvant à cette exploitation (Pétrolia, Junex, Corridor Resources, Questerre).

Au moment où le gouvernement du PLQ lance sa réflexion sur sa politique énergétique, dans laquelle il affirme que « tout le pétrole raffiné au Québec serait canadien ou américain d'ici à la fin de l'année », il est bon de rappeler que le pétrole est acheté et vendu sur un marché mondial et qu'on ne peut forcer des ententes. Ne nous laissons pas tromper par les campagnes de communication des entreprises et des gouvernements, le pétrole des oléoducs n'est pas destiné aux Québécois, mais bien à faire le maximum de profits.

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