697 billets et 982 commentaires jusqu'à maintenant

La mouvante capitale du Canada

En lisant les Contes, légendes et récits de l'Outaouais de Martin Frigon, un paragraphe m'a parut d'une limpidité remarquable. Ce paragraphe résume en quelques phrases un pan important de l'histoire canadienne: le déménagement à Ottawa de la capitale du Canada.

C'est tellement bien tourné que je ne peux m'empêcher de le recopier ici, comme aide-mémoire et pour fin de référence. Et un peu pour vous aussi, tiens.

Ottawa ou Outaouais, selon qu'on adopte l'orthographe anglaise ou française (on conserve ordinairement la première quand il s'agit de la ville, reprenant la seconde pour la rivière), est une cité tout à fait nouvelle, qui doit son rang et sa fortune un peu à sa position stratégique et beaucoup aux prétentions discordantes des trois ou quatre capitales que s'est données successivement le Canada. Pendant les premiers temps qui suivirent l'union plus ou moins forcée des deux provinces Supérieure et Inférieure (1840), Kingston avait été la résidence du gouverneur de du Parlement. En 1843, l'un et l'autre se transportèrent à Montréal. En 1849,le parti conservateur anglais, le gouvernement de lord Elgin en faveur des victimes de l'insurrection bas-canadienne de 1837, souleva la populace anglaise de la ville. Le « mob » envahit le palais du Parlement qui fut livré aux flammes avec sa riche bibliothèque par ces émeutiers soi-disant loyalistes. La capitale fut alors transportée à Toronto mais le Bas-Canada réclamant sa part d'hégémonie, il en résulta un gouvernement nomade qui devait résider par périodes égales à Toronto et à Québec. Vers 1858, chacun réclamait contre les inconvénients de cette constitution bicéphales ; mais les localités rivales maintenaient plus que jamais leurs prétentions particulières à rester ou à redevenir le siège du gouvernement. En désespoir de cause on s'adressa à la métropole, et celle-ci, à la grande surprise de tous, trancha le procès en faveur d'une petite ville située dans une région à peine envahie par les défrichements et qu'on ne connaissait guère alors que sous le nom de Bytown, qu'elle avait reçu du colonel By, son fondateur. Le cabinet de Londres s'était décidé par des raisons stratégiques. Assise sur la rivière Outaouais, à la tête du canal Rideau, possédant par conséquent des voies de communication indépendantes du caprice comme du canon des Yankees, la nouvelle capitale se trouvait, en cas de guerre, à l'abri d'un coup de main. Les Canadiens se soumirent, non sans murmurer quelque peu, à la décision métropolitaine; et dix ans après, Ottawa, enrichi de monuments en rapport avec sa nouvelle situation, monta encore en dignité en devenant, par l'union de toutes les colonies britanniques de l'Amérique septentrionale, la capitale d'un empire aussi vase que l'Europe, entière, quoiqu'il ne contienne encore que quatre millions d'êtres humains, parmi lesquels un million deux cent mille environ, Canadiens, Acadiens ou métis Français représentent la race te la langue des premiers colonisateurs de la Nouvelle-France.

Référence: CONTES, LÉGENDES ET RÉCITS DE L’OUTAOUAIS, Martin Frigon, ÉDITIONS TROIS-PISTOLES, Chez les Français d'Amérique, H. De la Motte, p. 305-306

Lecture complémentaire: Martin Frigon raconte l'Outaouais (Cyberpresse)

QuebecTorrent, vecteur de la culture québécoise

QuebecTorrent, site de partage québécois de fichiers BitTorrent, fait face à une poursuite de 200 000 dollars intentée par une trentaine de producteurs de musique, de films et de télévision québécois. Plutôt que de fermer ses portes comme le ferait la plupart des gens devant une meute d'avocats, l'administrateur de QuebecTorrent, Sébastien Brulotte, relève le défi et leur tient tête. Bravo.

Une des mesures que QuebecTorrent a prise pour faire plaisir aux assaillants est de mettre en place « Un filtre […] pour éliminer à mesure que les membres les mettent en ligne plus de 10 000 titres (québécois) protégés par des droits d'auteur » (source: Technaute). C'est là toute une erreur selon moi. Ce qui fait la particularité de QuebecTorrent, c'est Québec, pas Torrent. Si le contenu québécois est retiré, QuebecTorrent ne deviendra plus qu'un site de torrent comme les autres.

C'est que, voyez-vous, il est nécessaire à la culture québécoise d'avoir un tel engin. Cela semble contre intuitif? Laissez-moi vous raconter comment j'ai utilisé QuebecTorrent depuis que j'ai découvert son existence, il y a un peu plus d'un an.

Ma découverte de QuebecTorrent

Lors de ma découverte de QuebecTorrent, j'étais vraiment excité. Tout ce contenu québécois maintenant à ma portée! Bien sûr des films mais moi, ce qui m'intéresse le plus et que l'on ne retrouve pas ailleurs, ce sont les documentaires et les émissions de télévision d'ici. Émissions de télévision sans les publicités. Wow!

Ça donne finalement une porte sur sa propre culture et sur ce qui se passe et se produit chez nous. Auparavant, il fallait se contenter de la culture américaine (et une peu de la française mais beaucoup moins). Maintenant, il y a du contenu québécois.

Comment est-ce que j'ai utilisé QuebecTorrent? Il y a 4 exemples qui me sont restés en tête. Ces exemples justifient amplement, selon moi, l'existence de QuebecTorrent et, tant qu'il n'y aura pas d'alternative viable et efficace proposée par les propriétaires des droits d'auteur, ce site mérite de demeurer en ligne.

1. Les Invincibles

L'émission Les Invincibles, saison 2, passait à la télévision le lundi soir à 20h (21h?). Or, il arrivait parfois que j'ai des activités ce soir-là, m'empêchant d'écouter cette émission. Le mardi matin, j'allais chercher sur QuebecTorrent le torrent de l'émission de la veille. Lorsque je revenais du boulot, l'émission au complet était sur mon disque dur.

Sans QuebecTorrent, quelles auraient été mes options? Enregistrer l'émission avec un magnétoscope n'est pas plus légal au Canada que de le télécharger. Mais, même si je l'avais enregistré avec un magnétoscope, quelle est donc la différence avec le fait de le télécharger avec QuebecTorrent?

2. Enjeux

J'arrive un bon midi à la cafétéria du bureau. On y discute du reportage de la veille diffusé à l'émission Enjeux: les sables bitumineux de l'Alberta. Ça a l'air impressionnant ces images-là et le reportage semble important. N'y aurait-il pas un convive qui ait enregistré l'émission, par hasard? Non? Bon…

La solution? QuebecTorrent! J'ai même copié le reportage sur un CD-ROM que j'ai donné à un ami par la suite pour qu'il le regarde. Je suis-ti pas un pirate rien qu'un peu!

Certes, le reportage est disponible sur le site de Radio-Canada. Par contre, ça ne fonctionne pas sur ma distribution Linux, les joies du format propriétaire choisie par une société d'état. De plus, je ne sais pas pour vous, mais regarder pendant 1 heure un petit écran avec une image d'une définition médiocre, ça me tente plus ou moins.

3. Chantal Hébert et Mario Dumont

Lundi midi, encore à la cafétéria du bureau. On parle de la leçon de Chantal Hébert administrée à Mario Dumont lors de l'émission Tout le monde en parle (TLMP) de la veille. J'adore Chantal Hébert. Son acuité intellectuelle comparée au mouvement brownien de Mario Dumont sur la même scène doit être délicieuse. Et en pleine campagne électorale en plus! Je ne peux attendre une hypothétique sorti en DVD de cette saison de TLMP. Que faire pour voir cette leçon? QuebecTorrent!

Maintenant disponible sur YouTube! (et tout aussi légal):
Partie 1 | Partie 2

4. Québec-Montréal

Vous vous souvenez de cette scène épique, dans le film Québec-Montréal, où le gars est avec sa blonde sur le bord de l'autoroute et lui explique que s'il veut aller gazer à Val-Alain, ce n'est pas pour économiser, c'est pour le principe.

Pochette du DVD de Québec-Montréal

Cette question de principe revenait souvent dans des conversations avec des copains et l'image de Val-Alain nous faisait bien rigoler. Bref, je voulais échantillonner cette discussion dans le film pour l'envoyer aux amis, en guise de rappel pouvant être utilisé au moment opportun. J'ai donc téléchargé Québec-Montréal sur QuebecTorrent pour se faire.

Quelques questions

Les ayants-droit voulant fermer QuebecTorrent offrent-ils une alternative aux services que rend ce site web?

Est-ce que l'utilisation que j'en fais enlève quelque chose aux créateurs?

Est-ce que la culture québécoise profite d'une meilleur diffusion grâce à QuebecTorrent.

Quelle autre option?

Comment, diantre, se fait-il qu'après plus de 10 ans de popularisation d'internet, l'industrie de la culture n'ait rien offert de mieux utilisant cette technologie? Pourquoi sa seule option est-elle de se tourner vers les tribunaux ou encore vers le gouvernement pour une nouvelle législation?

Le cercle vient d'être inventé. Tous les gouvernements et les lois du monde ne pourront le transformer en carré, même si les manufactures de lignes droites doivent fermer leurs portes.

Ma mère est une pirate

J'ai écris dernièrement que ma mère n'est pas une pirate. À ma grande tristesse j'ai appris que, finalement, oui ma mère est elle aussi une pirate.

Pourquoi ma mère est aussi une pirate? Parce qu'il est illégal au Canada d'enregistrer une émission de télévision avec un magnétoscope.

Êtes-vous surpris? Pour moi c'est toute une nouvelle en tout cas. On est comme plus de monde, tout d'un coup, à s'être transformé en pirate, n'est-ce pas?

Métro de Montréal: affichage temporel

Vous savez, ces affiches à l'intérieur des stations du métro de Montréal qui vous indiquent dans quelle direction vous allez? Hé bien, y a un malin qui a pensé à utiliser les ronds blancs indiquant les stations à venir. Oui monsieur, il y a mis le temps, en minutes, que ça prend à partir de la station où vous êtes jusqu'à celle où il y a le rond blanc.

Direction et temps sur la ligne bleue du métro de Montréal
Direction et temps sur la ligne orange du métro de Montréal
Direction et temps sur la ligne verte du métro de Montréal

Simple n'est-ce pas? Ça me fait penser au gars qui a eu la présence d'esprit de mettre un code de couleur pour les fils de clavier (mauve) et de souris (vert) à l'arrière de votre ordinateur. Ou encore à l'autre qui s'est rendu compte que, lorsque l'on alimentait un appareil électrique qui indique l'heure, ce n'était pas une obligation de faire clignoter 12:00. Je vous aime!

Unijambiste recherché

J'ai un tas de bas, noirs pour la plupart, qui ont perdu leur partenaire. Je les garde depuis des années, leur laissant l'espoir qu'un jour, peut être, ils ne seront plus seuls.

5 bas noirs, seuls de leur espèce

Je me rends compte qu'il est vain d'attendre. Il faut qu'ils trouvent leur voie, malgré ce handicap. Si vous connaissez un unijambiste au grand coeur, dites-lui de me contacter. J'irai moi-même lui porter mes bas célibataires s'il accepte de leur donner une seconde vie.

Les voisins de Norman McLaren

En lisant la biographie de Norman McLaren, je vise que son film le plus populaire, réalisé en 1952, se nomme Voisins. Quelle n'est pas ma surprise lorsque je le trouve sur YouTube! (je l'ai aussi trouvé par la suite sur le site de l'ONF).

Vous l'avez peut-être déjà vu dans votre jeunesse, c'est le genre de court métrage dont quelques scènes me semblent particulièrement familières.

De ce film, McLaren dira:

I was inspired to make Neighbours by a stay of almost a year in the People’s Republic of China. Although I only saw the beginnings of Mao’s revolution, my faith in human nature was reinvigorated by it. Then I came back to Quebec and the Korean War began. (…) I decided to make a really strong film about anti-militarism and against war.

Fermez les lumières. Action!

L'énergie consommée par les voitures électriques

Ce billet est une révision importante d'un précédent qui était nommé Le mythe de la voiture électrique. Suite à une erreur de calcul soulignée par Wayne, erreur d'un facteur 10, mon analyse et mon commentaire ne tenaient plus la route. Étant donné que l'erreur a été soulignée quelques minutes après publication, je me permets exceptionnellement de remplacer l'autre billet par celui-ci.

La voiture électrique semble être une option de choix pour combattre le réchauffement climatique. En effet, quoi de mieux que l'énergie verte d'Hydro-Québec pour remplacer les hydrocarbures? Soit, usons de magie et supposons que, demain matin, toutes les voitures du Québec sont transformées en voitures électriques. ptaff.ca vous fait un spécial cette semaine, on vous fait ça gratuit.

Au Québec, de combien d'électricité aurions-nous besoins pour fournir la même énergie que nous donnes la combustion du pétrole? Le Québec a-t-il suffisament d'énergie pour ces futures voitures électriques?

Quelques notes avant de commencer:
* Utilisons, comme unité de mesure, la puissance de la centrale Robert-Bourrassa (LG2): 5 616 MW.
* Je sais que le moteur électrique est plus efficace que le moteur à combustion et que cela prendrait moins d'énergie pour avoir le même travail de nos automobiles si elles étaient électriques. Laissons cela de côté pour notre discussion, nous y reviendrons lorsque nous aurons les chiffres.
* Je ne pars pas de rien, j'ai déjà fait un calcul semblable pour vérifier s'il ne serait pas possible de remplacer notre consommation d'essence par de l'hydrogène produit par des cellules photovoltaïques (tant qu'à être vert, aussi bien l'être jusqu'au bout!).

Selon la Régie de l’énergie du gouvernement du Québec, la consommation totale du Québec est de 8,3 milliards de litres d’essence par année. Or, 1 litre d’essence fournit 34,8 millions de joules (MJ).

Il faut donc obtenir pour une année l'équivalent de 289 milliards de millions (1015) de joules en électricité. De combien de centrales comme celle de Robert Bourassa a-t-on besoin pour produire cette énergie?

289 milliards de millions de joules pendant 1 année, c'est 9 200 millions de joules à chaque seconde, ou encore 9 200 mégawatt (MW). La centrale Robert Bourassa a une puissance de 5 616 MW. Il faudrait donc entre 1,6 et 1,7 centrales comme Robert Bourassa pour fournir une puissance de 9 200 MW.

Penchons-nous maintenant sur l'efficacité du moteur électrique. Au plus, le moteur électrique a une efficacité énergétique 3 fois supérieure à celle du moteur à combustion (90% vs 30%). En considérant cette efficacité, c'est environ 0,5 centrale Robert Bourassa qu'il faudrait pour produire les 3000 MW nécessaire.

Où Hydro-Québec irait-il chercher cette énergie? On peut penser au défunt projet Grande-Baleine: il aurait produit 3210 MW avec 3 centrales. Ou encore le Suroît avec 836 MW. Ou encore la dérivation de la rivière Rupert avec 888 MW. Ou peut-être économiser des kilowatts pour les mettre dans la voiture?

Le potentiel militaire du One Laptop Per Child

Qu'advient-il lorsque les caractéristiques souhaitées par une oeuvre de bienfaisance sont les mêmes que la guerilla?

En primeur sur ptaff.ca, un article d'anticipation de Yannick Lemieux:
Du potentiel militaire du « One Laptop Per Child »

Le grand dictionnaire terminologique: enfant de la loi 101

Pourquoi le gouvernement du Québec en est-il venu à créer l'Office québécois de la langue française et, plus précisement, le grand dictionnaire terminologique?

Excellente question.

On se souvient de la situation qui prévalait au Québec avant les années 60: les francophones étaient économiquement minoritaires alors qu'ils représentaient la majorité de la population.

À partir de 1969 et pendant toute la décennie qui suivra, « les gouvernements québécois successifs ont, sous la pression de l'opinion publique francophone et au milieu de tensions considérables, élaboré une véritable politique linguistique. Cette élaboration est jalonnée par trois lois importantes, avec leur cortège de règlements d'application: la Loi pour promouvoir la langue française (loi 63) adoptée en 1969; la Loi sur la langue officielle (loi 22), en 1974; la Charte de la langue française (loi 101) de 1977. »

En gros, la loi de 1969 propose le libre choix mais promeut l'usage du français dans la société. En 1974, le gouvernement de Robert Bourassa crée le projet de loi 22 qui consacre le français comme langue officielle du Québec tout en reconnaissant deux langues nationales, l'anglais et le français. Cette perspective sera éliminée par la suite par la loi 101 qui consacre le français comme langue officielle du Québec. Un crescendo dans les mesures faisant du français LA langue du Québec.

« La politique linguistique, enfin, prévoit l'existence d'organismes spécifiques pour admnistrer les lois. Depuis 1961, existait l'Office de la langue française, chargée d'améliorer la qualité de la langue au Québec. La loi 63 élargit son mandat en lui confiant un pouvoir d'enquête et de recommandation. La loi 22 le remplace par une Régie de la langue, aux pouvoirs étendus, qui doit veiller à l'application et au respect de la loi. La Charte de la langue française [loi 101], enfin, établit trois organismes: un Office, chargé des programmes de francisation et des travaux de terminologie; un Conseil, qui évalue la situation linguistique; une Commission de surveillance, véritable "police linguistique" s'occupant des contraventions à la loi. »

Qui s'en serait douté? Le grand dictionnaire terminologique est un enfant de la loi 101. L'anglais étant la langue technique par défaut dans les entreprises, le gouvernement de René Levesque décida de prendre le taureau par les cornes et de créer un organisme responsable de la francisation du langage technique, pour qu'il n'y ait plus aucune barrière à l'utilisation du français dans le milieu de travail des Québécois.

Référence:
Histoire du Québec contemporain tome II: Le Québec depuis 1930, Paul-André Linteau, René Durocher, Jean-Claude Robert et François Ricard, chapitre 41 - La question linguistique, pages 595-604

Texte révisé de la ptafflist.

Saison d’ouragans 2007 : constat incertain

Le National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) avait prévu, tel que rapporté sur HDLC le 04 juin 2007, que la saison d'ouragans 2007 serait un bon cru.

Il semble que ce ne soit pas aussi simple d'analyser les résultats, finalement.

Par expérience, c'est souvent très très difficile de savoir si un prévision, lorsqu'il est question d'atmosphère, est ratée ou non. Et jusqu'à quel point.

« Page précédentePage suivante »