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Léo Major honoré à Montréal?

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

À l'occasion des 70 ans de la libération de la ville néerlandaise de Zwolle par le Québécois Léo Major, la ville de Montréal doit saisir cette occasion afin d'entamer la procédure pour nommer une rue en son honneur.

Rue Léo Major

Le 14 avril 2015, la ville de Zwolle au Pays-Bas soulignera les 70 ans de sa libération de l'occupation nazie. C'est un soldat québécois qui, à lui seul, a chassé les nazis de Zwolle pendant la nuit du 13 au 14 avril 1945. Léo Major a, pour cet exploit inégalé dans l'histoire militaire moderne, reçu la médaille de conduite distinguée, seconde plus haute distinction du Commonwealth.

Comme chaque année, des fleurs seront déposées au pied du mémorial de guerre de Zwolle, érigé en mémoire de tous ceux tombés pour la libération de cette ville en 1945. L'Unifolié sera hissé pour commémorer les libérateurs, en particulier le « premier libérateur canadien Léo Major ».

En 2008, lors du décès de Léo Major, les Pays-Bas ont mis le drapeau de leur pays en berne. Au Québec, au même moment, le Journal de Montréal était le seul journal francophone à mentionner son départ en publiant un simple entrefilet. Aujourd'hui encore, l'exploit de Léo Major reste inconnu des Québécois.

Le programme scolaire au Québec couvre les deux Guerres mondiales en soulignant essentiellement la conscription imposée aux Québécois, ignorant les faits d'armes de nos soldats ayant combattu outre-mer. Il est temps que nous nous appropriions notre passé militaire, notamment en reconnaissant nos héros de guerre comme Léo Major.

Une ville des Pays-Bas commémore annuellement l'acte de bravoure d'un de nos compatriotes alors que rien n'existe dans la ville où il a grandi pour souligner ses exploits. En juin 2014, le Comité de toponymie de Montréal a ajouté le nom de Léo Major dans la banque prévisionnelle de toponymie. Montréal a ainsi toute la latitude pour suivre l'exemple de la « Leo Majorlaan » de Zwolle. Alors, à quand la rue Léo Major?

Rue Léo Major à Zwolle

Une rue « Léo Major » à Montréal?

Rue Léo Major

La Ville de Montréal peut maintenant nommer une rue en l'honneur du héros de guerre Léo Major. En effet, suite à la démarche entreprise par M. Christian Élie Fournier, le Comité de toponymie de Montréal a accepté le 12 juin 2014 d'ajouter le nom de Léo Major dans la banque prévisionnelle de toponymie. Cependant, cela ne garantit pas son emploi pour la dénomination d'un lieu de la Ville de Montréal.

Ayant grandi sur la rue Frontenac dans le quartier du Centre-Sud à Montréal, Léo Major a joint les rangs du régiment de la Chaudière, a participé au débarquement de Normandie, à la bataille de la Normandie, ainsi qu’à la libération de la Belgique et de la Hollande. Ses faits d’armes incluent la libération à lui seul de la ville de Zwolle aux Pays-Bas pendant une nuit d'avril en 1945, la capture de 93 prisonniers de guerre pendant une patrouille à la bataille de l'Escaut (1944) et le maintient avec 18 hommes de la colline 355 contre des centaines de Chinois durant la guerre de Corée (1950-53).

Avenue de la ville de Zwolle nommée en l

Léo Major est l'un des trois seuls soldats du Commonwealth britannique, et le seul Canadien à avoir reçu deux Médailles de conduite distinguée (Distinguished Conduct Medal) et le seul soldat à les avoir reçues dans deux guerres différentes. Une avenue importante de la ville de Zwolle a été nommée en son honneur : « Avenue Léo Major - Premier libérateur canadien de Zwolle (1921-2008) » .

En ce 100e anniversaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale et ce 70e anniversaire du débarquement de Normandie, voilà une occasion parfaite pour le maire de Montréal et de l'arrondissement Ville-Marie de rendre hommage à tous ces héros de guerre québécois qui, comme Léo Major, sont honorés en Europe, mais méconnus sur leur terre natale.

Bientôt une rue Léo Major à Montréal?

La tentative de colonisation française à l'île de Sable en 1599

Le pire de tous ces désastres fut la colonie française de l'île de Sable aux abords des bancs de pêche. Après le traité de Vervins, Henri IV parraina les entreprises de colonisation d'un personnage excentrique au nom exotique de Troilus de Mesgouez, marquis de La Roche-Helgomarche. En 1597, La Roche envoya à l'île de Sable une expédition de pêche qui parut être de bon rapport. L'année suivante, Henri IV accordait à La Roche des lettres patentes pour implanter une colonie en Amérique du Nord. Le roi investit plus tard douze mille écus dans l'entreprise.

Vue de l

Le projet se buta aussitôt à des difficultés. Peu de gens s'étaient portés volontaires, problème récurrent dans l'histoire de la colonisation française. La Roche se vit obligé de conscrire des gueux et des vagabonds. Il persuada aussi les autorités royales de lui vendre des criminels condamnés à mort et à qui on avait donné le choix entre la potence ou l'Amérique.

La Roche recruta un capitaine du nom de Thomas Chefdostel et lui ordonna de débarquer les colons à l'île de Sable. On n'aurait pu imaginer pire emplacement: une dune de sable désolée sur les confins du Grand Banc, à cent soixante kilomètres de la côte, battue par d'âpres vents et enveloppée des brumes épaisses de l'Atlantique. En 1599, les soixante colons de La Roche mirent pied à terre avec leur chef, le commandant Querbonyer, qu'accompagnait un petit détachement de soldats chargé de maintenir l'ordre. La Roche leur laissa des matériaux pour se bâtir des abris et un magasin, resta quelque temps et rentra en France. Il avait promis d'envoyer des navires de ravitaillement chaque année, et il tint parole en 1600 et en 1601. Les navires revenaient au moment convenu, mais la colonie ne put prendre racine, et La Roche perdit son crédit en métropole. En 1602, les colons se mutinèrent, assassinèrent les officiers dans leur sommeil et pillèrent le magasin. La Roche apprit ce qui s'était passé de pêcheurs qui étaient passés par là et retint le navire de ravitaillement. Les colons réussirent `tirer une maigre subsistance du poisson, des loups marins et du bétail ensauvagé qui avait été abandonné sur l'île par un navire espagnol. Il n'y avait pas de bois ou de pierre sur l'île, et les colons se mirent bientôt à vivre « comme des renards dans la terre ». Les vivres venant à manquer, ils s'étaient mis à s'entre-tuer. Au bout de quelques années, la plupart des colons étaient morts. Un navire retrouva onze survivants aux visages émaciés, aux cheveux emmêlés et vêtus de peaux de loups marins et les ramena en France.

Extrait du livre « Le rêve de Champlain » de David Hackett Fisher, Boréal, p. 137, ISBN-13 : 9782764620939

Gaston Tremblay, missionnaire

Logo de ptaff.ca

Il y a quelques années, j'eus la surprise d'apprendre qu'un de mes grands-oncles a été prisonnier de guerre en Malaisie pendant la Seconde Guerre mondiale. J'avais toujours vu ce conflit comme appartenant aux livres d'histoire, et jamais je n'aurais cru qu'un membre de ma famille ait pu y être impliqué aussi directement, encore moins fait prisonnier par l'ennemi.

Ce grand-oncle maternel, c'est Frère Gaston, missionnaire en Malaisie pendant 35 ans. Et heureusement pour la petite histoire familiale, il existe une version manuscrite de sa vie que nous avons retranscrite sur ptaff.ca.

Bonne lecture!

Le mur carmélite

Remontant la rue Henri-Julien jusqu'à la voie ferrée par un beau soir d'été, nous croisâmes un mur de pierre de 10 mètres de haut entourant une série d'édifices.

Mur du Carmel de Montréal

Bien que nous doutant qu'il s'agissait d'une institution religieuse, nous nous sommes demandé ce qui pouvait bien justifier la présence d'un mur aussi imposant. Servait-il à la protection contre les attaques des Indiens? Des Anglais? Des Américains?

Recherches effectuées, ce mur et ces établissements sont de style médiéval ont été construits en 1895-1896 (en seulement deux ans!) et constituent le Carmel de Montréal.

Le style utilisé a été développé 500 ans plus tôt sur un autre continent et répond à des critères, dont celui de défense contre l'ennemi, qui sont peu justifiés une fois transposés sur la rue Henri-Julien à la fin du XIXème siècle. La seule fonction du mur qui pouvait être utile à l'époque de sa construction est celle d'isolement de la communauté face au monde extérieur. On peut dire que la communauté est, effectivement, cloîtrée.

Il y aurait sûrement eu moyen d'avoir un cloître avec des murs moins hauts et atteindre le même but, comme l'on fait les moines à Oka à la même époque. Mais pour les Carmélites, l'architecture typique de leur ordre religieux importait plus que l'optimisation des ressources nécessaires pour s'isoler. L'identité historique de leur ordre étant lié à cette architecture, ils ne se sont peut-être même pas posé la question.

Comme quoi, parfois, le symbole est plus important que la fonction.

L'influence des baby-boomers sur la société québécoise

Pyramide des âges du Québec, 2008

Fruits d'une fécondité retenue par la crise des années 30 et la Seconde Guerre mondiale, les enfants du baby boom ont, depuis leur naissance, formé la génération comptant le plus grand nombre d'individus. Ils sont même si nombreux par rapport aux autres générations qu'ils n'ont pas eu à s'adapter à la société: c'est la société qui s'est adaptée à eux.

Bien que le phénomène du baby boom soit commun aux anciennes colonies anglaises (Australie, États-Unis, Nouvelle-Zélande, Canada), sa marque a été d'autant plus importante au Québec que cette société était en retard par rapport à l'occident, bridé par un conservatisme religieux depuis les débuts du XXe siècle.

C'est la combinaison de ces deux facteurs (retard de la société québécoise par rapport au reste de l'occident et abondance relative des représentants d'une génération), qui est à la base de la Révolution tranquille. Les baby-boomers ont créé les institutions qui sont aujourd'hui la colonne vertébrale de l'État québécois: nationalisation de l'électricité, école obligatoire jusqu'à 16 ans, Caisse de dépôt et placements, Charte de la langue française, etc. Grâce aux programmes d'éducation, ils ont même choisi les valeurs et la vision de l'histoire qui allaient être transmises aux générations suivantes, incluant leurs propres réalisations.

En conséquence, non seulement les baby-boomers ont toujours vu la société comme étant faite sur mesure pour eux, mais ils ont aussi transmis cette vision à leurs cadets. Depuis le début des années 40, toutes les personnes nées au Québec n'ont donc qu'une seule lorgnette, celle de la société par et pour les baby-boomers.

Ce n'est pas un jugement ou un apitoiement que de faire pareil constat. C'est une simple réalité mathématique. Plus nombreux que les générations suivantes et ayant beaucoup à faire pour adapter l'État aux théories en vogue ailleurs en occident, les baby-boomers se sont attelés à la tâche et y ont très bien réussi. Aucune autre génération n'ayant été en mesure, numériquement parlant, de les surpasser depuis, ils sont restés à la barre de l'État et du discours de celui-ci.

Aujourd'hui, il semble que les baby-boomers sont peu solidaires avec les générations qui les suivent. Par exemple, les groupes en faveur de la hausse de frais de scolarité (recteurs, gouvernement, patronat) sont issus de cette génération, de même que ceux qui instaurent les clauses orphelines dans les conventions collectives. Les baby-boomers ont tendance à remettre en question des choses dont ils ont profité mais dont ils ne profiteront plus. À leurs rêves de jeunesse, ils ont substitué leurs intérêts.

En considérant tout ceci, quels sont les scénarios qui pourraient faire en sorte que les générations X et Y puissent prendre le contrôle de l'État?

Scénario 1: le cataclysme financier

Une crise économique ou financière dont les solutions pour s'en sortir se feraient au détriment de la population active pourrait être un germe de cette transition. Des clauses orphelines pour financer les fonds de pension et les coûts de soin de santé des baby-boomers pourraient causer une crise si elles sont adoptées à grande échelle.

Comme les baby-boomers sont nombreux et vont voter en plus grand nombre, il pourrait être électoralement sensé d'adopter des mesures économiquement contraignantes pour les plus jeunes. Il faudrait alors qu'en plus de sortir dans la rue, les générations touchées se présentent aux urnes et optent pour un parti politique qui refuse d'emprunter cette voix (en supposant qu'un parti politique fasse écho à ces préoccupations). L'élection d'un tel parti consacrerait alors la transition.

Scénario 2: l'union fait la force

Autre scénario possible, les générations trouvent une (ou des) cause commune et décident de prendre les moyens nécessaires afin que la société québécoise reflète leurs préoccupations. Ces causes peuvent inclure ou non les baby-boomers.

Les enjeux qui semblent rejoindre ces conditions sont ceux portant sur l'environnement ou sur la question nationale. Cela dit, le contexte actuel ne laisse pas penser qu'une telle mobilisation naîtra dans la population. Là aussi, il faudrait probablement un phénomène extérieur pour initier un tel mouvement. Si un événement comparable à l'explosion de la centrale nucléaire de Fukushima se produisait au Québec, la population se mobiliserait.

Scénario 3: le temps passe

Une dernière façon pour effectuer une transition est simplement d'attendre que les baby-boomers s'éteignent. Puisque leur espérance de vie est d'environ 80 ans, il faudra attendre encore entre 10 et 25 ans avant que cela se produise.

Selon ce scénario, les membres de la génération X seront, pour les plus vieux, proches de la retraite, ou pour les plus jeunes, à un stade avancé de leur vie professionnelle. Même si cela demeure une généralisation, ce n'est pas vers cet âge que les gens changent leurs modes de penser et de concevoir la société.

Pour les Y, ils se retrouveront à ce moment au cœur de la vie active. Il leur sera possible, s'ils s'en donnent la peine, de prendre le relais des baby-boomers pour influencer la société. Cela dit, la différence numérique avec la génération précédente étant à leur désavantage, ils devront lutter contre l'inertie. Mais comme il y aura un vide, ils rencontreront moins de résistance et se plairont sans doute à la prise de décision.

Conclusion

Selon cette perspective, il est peu probable que la société québécoise connaisse dans un futur prévisible un événement de l'ampleur de la Révolution tranquille. Les prochains défis mobilisateurs semblent être d'ordre économique: le vieillissement de la population coûtera trop cher aux personnes qui auront à supporter la charge économique des baby-boomers.

Cependant, des événements extérieurs peuvent causer une réorientation de la société. Dans le cas du Québec, cet événement devra toucher plus d'une génération pour avoir un effet notable dans la gestion de l'État. S'il y a lieu, de quelle nature sera-t-il? Environnemental, identitaire, économique? Difficile à prévoir mais selon toute vraisemblance, il viendra en réaction à un événement extérieur et non pas à une pulsion interne de la population.

Inspiration et lecture complémentaire:
François Ricard, La génération lyrique, - Essai sur la vie et l’œuvre des premiers–nés du baby-boom -, Climats, 2001, [1992], Coll. Sisyphe, 234 p

Article wikipédia de Léo Major: 12 juin 2011

What would Léo Major do?

L'article sur Wikipédia consacré à Léo Major est un d'un magnifique lyrisme. Ce ton n'est peut-être tout à fait pas approprié pour un article d'encyclopédie mais avec un homme comme Léo, qui a tout d'une légende excepté la notoriété, je crois qu'aucun autre style ne pourrait mieux décrire ses actes.

Afin de cristalliser cette version, j'en fais ici une copie avant qu'elle ne soit modifiée pour en faire un article neutre.

Léo Major

Léo Major, DCM avec agrafe (né le 23 janvier 1921 à New Bedford2, Massachusetts, et mort le 12 octobre 20083,4 à Longueuil, Québec) est un militaire québécois ayant servi dans le Régiment de la Chaudière des Forces canadiennes. Il s'est distingué par ses actes de bravoure lors de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée.

Seconde Guerre mondiale

Le débarquement allié en France

Léo Major s'enrôle en 1940 à l'âge de 19 ans. Il arrive en Écosse au début de l'année 1941. Il suit l'entraînement de commando en Grande-Bretagne avant le jour J.

Avec cinq autres soldats du régiment de la Chaudière, il participe à la capture de la Juno Beach en Normandie, et dès la première journée du jour J, il capture un véhicule blindé allemand (Hanomag Sd.Kfz 251), lequel contient du matériel de communication et des codes secrets de l'armée allemande.

Quelques jours plus tard, lors de sa première rencontre avec une patrouille SS, il tue quatre soldats, mais l'un d'eux réussit à enflammer un grenade phosphorescente. Avec l'explosion, Major perd un œil. Le médecin qui le soigne lui déclare : « Mon ami la guerre est finie pour vous. Vous allez retourner en Angleterre. », ce à quoi Major répond : « Pas du tout ! Désolé, mais j'ai une guerre à finir ». Il refuse d'être évacué.

Pendant la bataille de Normandie, il détruit un char d'assaut Panzer dans le village de Rots.

Il continue son service comme éclaireur et tireur d'élite, en insistant sur le fait qu'il n'a besoin que d'un seul œil pour voir avec son arme. Selon lui, « il ressemblait à un pirate. ».

Pays-Bas, été 1944

Lors de la bataille de l'Escaut dans le sud de la Hollande, Léo Major capture 93 soldats allemands a lui tout seul.

Au cours d'une reconnaissance, seul, il repère deux soldats allemands marchant le long d'une digue. Comme le temps est froid et pluvieux, il se dit, « je suis gelé et mouillé à cause de vous, vous paierez. » Après avoir réussi à capturer le premier Allemand, il tente de l'utiliser comme appât pour se saisir du reste de l'unité. Le second soldat avait tenté d'utiliser son arme, mais il fut rapidement tué. Léo Major continue sa mission dans le but de capturer le commandant de l'unité et la forcer à se rendre. La garnison allemande se rend après que trois autres soldats sont abattus par Major. Dans un village voisin, des troupes SS voyant des soldats allemands escortés par un soldat canadien tirent sur leurs propres camarades, en blessant quelques-uns et en en tuant sept. Major méprise le feu ennemi et continue à escorter ses prisonniers à la première ligne canadienne. Il ordonne alors à un char canadien de tirer sur les troupes SS.

Il revient au camp avec près d'une centaine de prisonniers. C'est pour cette action qu'il est choisi pour recevoir une Médaille de conduite distinguée. Cependant il décline l'invitation à être décoré. En effet, c'est le Général Montgomery qui doit lui remettre la décoration, mais Léo Major, qui le juge militairement incompétent, la refuse.

En février 1945, Léo Major aide l'aumônier du régiment à récupérer les corps de soldats d'un char Tigre pour les mettre dans un véhicule de transport : un Bren Carrier. Après avoir fini de charger les corps, l'aumônier s'assoit près du conducteur, Major prend place à l'arrière. Le véhicule roule sur une mine antichar et l'aumônier et le conducteur sont tués sur le coup, alors que Léo Major est projeté en l'air, avant d'atterrir durement sur le bas du dos, qu'il se brise. Sans connaissance, il est placé derrière un camion par des médecins pour le transporter vers un hôpital de campagne situé à 50 km. Le camion s'arrête toutes les 15 min pour qu'on puisse lui injecter de la morphine et qu'il supporte la douleur. De nouveau on lui dit que la guerre était finie pour lui et qu'il serait rapatrié vers l'Angleterre en raison de ses fractures au dos en 3 endroits, en plus de deux chevilles et quatre côtes cassées. Une semaine s'écoule et Major a l'occasion de fuir. Il réussit à obtenir d'une jeep passante qu'on le conduise à Nimègue, une ville où il avait précédemment rencontré une famille hollandaise, les Slepenbeck. Il séjourne chez la famille près d'un mois avant de rejoindre son unité en mars 1945.

Première Médaille de conduite distinguée

Au début du mois d'avril 1945, le Régiment de la Chaudière approche de la ville de Zwolle au Pays-Bas. Cette ville fait l'objet d'une forte résistance des troupes allemandes, durant les mois de mars et avril, 50 soldats canadiens perdent la vie chaque jour. Afin de connaître la force et la position de l'ennemi, le commandant du régiment demande deux volontaires avant de donner l'ordre à l'artillerie de pilonner la ville. Léo Major et son meilleur ami, Wilfrid « Willie » Arseneault, se portent volontaires9. Afin de garder intacte la ville, le couple décide d'essayer de capturer Zwolle seul.

Ils partent à la tombée de la nuit et arrivent à la ferme Van Gerner où ils ont des difficultés à communiquer avec le fermier et sa famille qui tentent de leur dire, sans parler néerlandais qu'il y a beaucoup d'Allemands dans la forêt près de la ferme. Ils quittent la ferme vers 23 heures. Peu de temps après, Arseneault est tué par des tirs allemands après avoir accidentellement donné la position de l'équipe. Furieux, Léo Major répond en tuant deux Allemands, mais le reste du peloton fuit dans un véhicule. Il décide alors de poursuivre sa mission seul.

Il entre dans la ville de Zwolle durant la nuit et il se met à attaquer les patrouilles allemandes et à courir dans les rues de la ville en mitraillant et lançant des grenades dans les maisons vides afin de faire croire à l'invasion de la ville par les troupes canadiennes. Une dizaine de fois, il surprend des groupes de 8 à 10 soldats allemands : une fois capturés, il les dirige hors de la ville près des positions du régiment et les remet aux soldats canadiens français, puis retourne vers la ville pour continuer sa mission. Quatre fois dans la nuit, il doit forcer quelques portes de maison pour pouvoir se reposer et faire le point. Il tombe aussi sur le quartier-général des SS, et livre un combat rapide avec 8 officiers supérieurs, mortels pour 4 d'entre eux, les autres étant en fuite2. Il met le feu au QG de la Gestapo.

Au petit matin, il se rend compte que les dernières troupes allemandes ont quitté la ville et que Zwolle est libérée. Il se met à frapper à plusieurs portes mais les habitants sont trop effrayés pour sortir. Finalement, il rencontre des membres de la résistance qui lui présentent une enseignante d'anglais. Léo Major lui demande d'annoncer à la radio que la ville est libérée des Allemands. C'est alors que les habitants commencent à sortir. Il repart récupérer le corps de Willie Arseneault et le remet au fermier qui le garde jusqu'à ce que le régiment de la Chaudière le récupère pour l'enterrer. Il est de retour au camp à 9 heures. La population accueille le régiment canadien qui entre dans la ville libérée.

Pour ces actions, Léo Major reçoit sa première décoration Médaille de conduite distinguée (DCM), l'une des principales décorations britanniques pour acte de bravoure. Wilfrid Arseneault reçoit le Lion de Bronze à titre posthume en 1970 par la reine Juliana.

Guerre de Corée et seconde DCM

Lors de la guerre de Corée, l'armée canadienne demanda à Léo Major s'il serait volontaire pour aller en Corée5 et qu'il serait le millième soldat à s'enrôler pour cette guerre. L'armée canadienne espérait ainsi inciter d'autres Canadiens à s'enrôler car un héros de la Seconde Guerre mondiale donnait l'exemple. Léo Major est alors caporal avec le Royal 22e Régiment. En Corée, les Américains avaient perdu une colline importante (la 355) lors d'une attaque. La 5ème division américaine forte d'environ 10 000 hommes, s'étaient repliée en laissant une importante quantité de matériel derrière elle. Ils tentèrent sans succès de récupérer la colline et demandèrent l'aide de l'armée canadienne. Le colonel demanda à Léo Major s'il pouvait faire quelque chose. Léo Major demanda qu'on lui laisse carte blanche, qu'on lui laisse choisir ses hommes et que chaque homme après cette mission recevrait une bouteille de rhum et une permission. Le colonel accepta et Léo Major partit à la tombée de la nuit avec un peloton qu'il avait lui-même entraîné. Au matin, la colline était aux mains de Léo Major et son équipe5. Les Chinois lancèrent deux de leurs divisions (la 190e et la 191e) environ 14,000 hommes, en contre-attaque sans succès. Léo Major faisant preuve de courage et de détermination donna l'exemple et permit à son peloton de résister et de repousser une attaque chinoise venant des 4 directions pendant 3 jours5 avant d'être remplacés par d'autres troupes canadiennes. Un soldat avait été blessé et Léo Major le descendit de la colline sur ses épaules (on ne doit pas oublier qu'il avait eu le dos brisé en Hollande). Pour cette action Léo Major reçu sa deuxième DCM.

Honneurs

Léo Major est l'un des trois seuls soldats du Commonwealth britannique, et le seul canadien à avoir reçu deux Médaille de conduite distinguée et le seul soldat à les avoir reçues dans deux guerres différentes. Il est aussi le seul soldat connu pour avoir libéré une ville à lui seul11.

Le régiment de la Chaudière a créé un trophée en l'honneur de Léo Major et remis annuellement à la compagnie la plus efficace12.

Il fut reçu le 14 avril 1970 par la reine Juliana. Il reçut le titre de citoyen d'honneur de Zwolle le 14 avril 2005 à l'âge de 84 ans.

Il est inhumé au Champ d'honneur national du Fonds du Souvenir à Pointe-Claire, Québec, Canada.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Léo Major de Wikipédia en français (auteurs)

(Très) Petite histoire toponymique du Québec

Saint-Laurent

Lors d'un de ses voyages, Jacques Cartier nomma Saint-Laurent une petit anse sur les rives de ce qui deviendra la Côte-Nord. Peu après, un cartographe Français se trompa en recopiant une carte dressée par celui-ci. Il attribua le nom de Saint-Laurent au golfe au complet plutôt qu'à l'anse. Par la suite, la rivière de Canada prit le nom de son golfe et devint le fleuve Saint-Laurent.

Chicoutimi

Au temps de Jacques Cartier, la vallée du Saint-Laurent était occupée par les Iroquois. 75 ans plus tard, lors du passage de Champlain, les Iroquois avaient été remplacés par les Algonquins sur ce territoire. On ignore comment cela s'est produit (probablement dans la violence). Il nous reste, de cette occupation Iroquoise, leur toponymie notée par Cartier, dont les noms de Saguenay et de Canada.

Québec

L'expression province de Québec a été utilisée pour la première fois après la conquête de 1760. Ce sont les Anglais qui l'utilisèrent pour désigner le territoire qu'ils voulaient rattacher à l'administration de la ville de Québec. Le Québec dans « province de Québec » fait donc référence à la ville.

Référence

Mythes et réalités dans l'histoire du Québec, Marcel Trudel, 2006, Bibliothèque québécoise

Deux solitudes

Couverture du livre Two Solitudes

Les « deux solitudes », c'est une histoire d'amour. Tiré d'un roman de Hugh MacLennan publié en 1945, Two Solitudes ne contient qu'une seule phrase avec cette expression:
Two solitudes in the infinite waste of loneliness under the sun.

Les solitudes sont celles de Paul Tallard, moitié Canadiens français moitié Irlandais, et de Heather Methuen, Anglo-Canadienne issue d'une riche famille montréalaise. Amis d'enfance, ils ont grandi dans des milieux très différents, chacun étant au sein de sa classe sociale fortement conditionné par ses origines distinctes. Lorsque se déclare leur amour, la mère d'Heather et son entourage s'opposent à cette union.

Cette expression est aujourd'hui utilisée pour qualifier l'isolement des relations entre les Canadiens anglais et les Canadiens français. C'est d'ailleurs ce qui a attiré ma curiosité et qui m'a incité à lire ce livre.

Il n'est pas intuitif de comprendre pourquoi cette histoire a donné naissance à une expression aussi populaire de nos jours. Peut-être est-ce parce qu'elle porte un sens romantique et qu'elle est assez précise, même en ignorant l'origine exacte?

Mascouche, 1778

Un billet publié sur P45.

Mascouche, ce n’était pour moi qu’une insignifiante petite ville au nord de Montréal. Une vieille ville entourée de nouveaux projets immobiliers, convertissant les terres agricoles en habitations pour migrateurs pendulaires. La banlieue, quoi.

C’était avant de découvrir qu’un événement d’une rare violence s’y est déjà déroulé.

Ça s’est passé en 1778.

La Nouvelle-France n’est plus, conquise depuis huit ans déjà par les Britanniques. Aux côtés de l’occupant britannique, plus de 4000 mercenaires allemands. Les États-Unis, un pays depuis deux ans seulement, tentent d’envahir le Canada pour la seconde fois.

Au mois de mars, le gouverneur Carleton fait lever des troupes de Montréal à Trois-Rivières, afin d’être en mesure de repousser une attaque américaine dans la vallée du Richelieu. Partout, la réponse est rapide et positive. Partout, sauf à Mascouche.

Dans ce village, le capitaine de la milice locale essuie un refus de ses 32 hommes. Ces Mascouchois, de 16 à 60 ans, sont alors emprisonnés. Le commandant de Montréal envoie par la suite à Mascouche un détachement de troupes afin d’en faire un exemple pour toute la colonie. Ces troupes, en l’absence des hommes du village, pillèrent presque toutes les maisons et violèrent plusieurs filles et femmes.

On libéra ensuite les 32 habitants qui, retournant chez eux, trouvèrent leurs femmes et filles déshonorées. C’est le lieutenant-colonel Ehrenbrook, du régiment allemand de Rhetz, qui avait dirigé l’opération de répression de Mascouche.

Fin.

Référence:

Histoire populaire du Québec, tome 1 : des origines à 1791, Jacques Lacoursière, Septentrion, 1995, p. 440.

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