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L'environnement: un enjeu indépendantiste

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

En lisant les résumés du dernier rapport du GIEC cette semaine, il m'est venu un certain découragement. Ce que le rapport dit, en gros, c'est qu'au cours des dernières décennies, beaucoup de discussions ont eu lieu sur la scène internationale, mais aucune mesure réellement concrète n'a été mise en place pour lutter contre le réchauffement climatique. Si rien n'est fait, il y aura des famines, des réfugiés climatiques et des morts par millions dans les prochaines années.

Étant porte-parole d'Option nationale pour l'environnement lors de la dernière campagne électorale au Québec, il m'est apparu essentiel d'expliquer, sur les trop rares tribunes qui m'ont été offertes, les problèmes que causera le réchauffement climatique. Il m'est également apparu fondamental de faire comprendre que pour jouer son rôle dans cette lutte, le Québec devait refuser toute politique favorisant l'exploitation du pétrole de schiste ou des sables bitumineux, incluant l'exploitation d'Anticosti et les pipelines d'Enbridge et de Trans-Canada, puisque cette exploitation émet de 25 % à 75 % plus de CO2 que le pétrole conventionnel. Enfin, j'ai expliqué qu'aucune loi votée par les hommes ne peut avoir préséance sur une loi de la physique et que de ne pas faire de l'environnement une priorité revient à prétendre que la gravité n'existe pas. Que pour négocier, le peuple québécois serait mieux représenté sur la scène internationale s'il avait, devant lui, un petit carton avec le mot «Québec», plutôt que celui du «Canada».

Le Canada est en effet parmi les pires États au monde en ce qui a trait à la lutte contre le réchauffement climatique : il a renié sa signature du protocole de Kyoto, a revu à la baisse ses objectifs de réductions d'émissions de CO2 à deux reprises et n'a pris aucune mesure concrète pour les atteindre. C'est donc sans surprise qu'il ne les atteindra pas.

Cela ne veut pas dire que le Québec pays serait nécessairement un exemple, le mouvement indépendantiste a aussi ses dinosaures, mais il aura au moins la chance de faire les choses différemment.

Le Canada ayant 30 % de son PIB issu du pétrole albertain, il protège l'exploitation du pétrole sur la scène internationale. Le Québec a la chance de ne pas avoir une économie basée sur ses ressources en hydrocarbures. Cela lui permettra de faire des choix différents de ceux du Canada et de prendre des mesures réelles afin de lutter contre le réchauffement climatique.

Malheureusement, lors de la dernière élection, les principaux partis politiques ont mis ce débat de côté. Ils ont préféré suivre les conseils de leurs analystes politiques, brandissant la peur comme élément de rassemblement des Québécois : la peur des turbans, la peur des référendums, la peur de la dette.

Les résultats de cette élection ont donné lieu à un foisonnement d'analyses, mais peu importe l'opinion, ils constituent un électrochoc pour une grande partie de l'électorat, surtout celle qui prenait pour acquis la progression historique de l'émancipation du peuple québécois. Il est souhaitable que ce séisme donne lieu à un réalignement des forces politiques du Québec d'ici les élections de 2018 et que l'environnement ait sa juste part au sein de cette renaissance.

Et c'est pour lutter contre le découragement, cet abandon consumériste, que nous devons militer, entre autres, pour un engagement plus concret et réaliste des partis politiques envers l'environnement.

Le mouvement indépendantiste doit s'approprier cet enjeu incontournable, mais il ne doit pas le faire à des fins électoralistes. Il doit se l'approprier afin de démontrer au peuple québécois que la création d'un État lui permettra non seulement de contrôler sa destinée culturelle et économique, mais aussi environnementale. L'environnement est l'ensemble des éléments naturels et culturels qui entourent un être vivant. Il est donc intimement lié à notre émancipation.

En attendant le Messie

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

On me dit souvent, lorsque je discute indépendance avec des amis, que les problèmes du Québec se régleront avec l'arrivée d'un chef charismatique - René Lévesque est toujours donné en exemple - qui par sa simple parole unira les Québécois et les amènera au pays rêvé. Or, la théorie du Messie politique est erronée, ce sont les événements de l'histoire qui créent les chefs et non l'inverse.

Il est important, dans un premier temps, de remettre en contexte l'oeuvre politique de René Lévesque. Il est sans l'ombre d'un doute un grand homme politique québécois, mais il est faux de penser qu'il n'a eu qu'à se présenter et que les Québécois le suivaient dans tout ce qu'il proposait. Il a été actif en politique pendant 27 ans et a eu des succès extraordinaires comme la nationalisation de l'électricité et l'élection du Parti québécois en 1976. Mais il faut également souligner qu'il a connu des échecs, que ce soit lors des élections de 1970 ou encore le référendum de 1980. De plus, la population québécoise n'a pas toujours été derrière lui, bien au contraire. En janvier 1983, par exemple, quelque 30 000 syndiqués défilent devant l'Assemblée nationale et brûlaient des mannequins à son effigie. Il démissionnera en 1985, poussé à la porte par plusieurs membres de son caucus.

Le temps qui passe gomme les difficultés du parcours de René Lévesque de notre mémoire collective, ne laissant que les grands moments. Si bien que 25 ans après sa mort, il nous reste l'impression qu'il n'avait qu'à parler pour que le peuple emboîte le pas dans son projet politique. Or, cela n'a jamais été le cas, il a travaillé sans relâche, a connu des moments extrêmement difficiles et il est apparu dans un contexte où la société avait soif de changement et avait la démographie, grâce à l'arrivée de la génération des baby-boomers, pour appuyer ces changements.

Ce sont les événements qui révèlent les chefs. Ceux qui feront du Québec un pays sont autour de vous, ils travaillent chaque jour d'arrache-pied pour lui donner son indépendance. Ce n'est pas un seul homme ou une seule femme qui, par sa seule parole, fera la différence. Lorsque le peuple se mettra en marche, animé de la volonté de changer le parcours politique monotone du Québec, les nouveaux chefs émergeront et mèneront la population. N'attendons pas le moment où la personne opportune, c'est à nous tous de libérer le Québec, maintenant.

Anticosti: le PQ contrevient au principe de développement durable

Billet originalement publié sur le Huffington Post.

En ce début de campagne électorale, plusieurs enjeux seront mis de l'avant, notamment en environnement. Nous exposerons ici le point de vue d'Option nationale concernant l'exploitation du pétrole de schiste à Anticosti, proposée par le gouvernement du Parti québécois et soutenue par la CAQ.

Tout d'abord, l'exploitation du pétrole d'Anticosti ne peut-être reliée à une politique québécoise d'indépendance énergétique. En effet, comme il est noté dans le récent rapport de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec: « le gaz naturel et le pétrole ont des marchés qui dépassent de beaucoup les limites géographiques du Québec. Il n'y a donc pas de raison de lier la production de ces ressources à la consommation interne ». En d'autres termes, rien ne garantit que le pétrole d'Anticosti serait consommé, ni même raffiné, au Québec.

Par ailleurs, il est ici question d'une ressource pour laquelle, au même titre que les autres ressources naturelles, nous devons évaluer les effets de son exploitation sur l'environnement tant au niveau local que global. Sur le plan local, les problèmes soulevés par l'extraction du pétrole de schiste à Anticosti sont semblables à ceux liés au gaz de schiste dans la vallée du St-Laurent. En effet, dans les deux cas, la pollution affectant l'environnement immédiat provient essentiellement de la technologie extractrice, la fracturation hydraulique, et non du produit extrait.

La question se pose donc: pourquoi le moratoire du Parti québécois sur la fracturation hydraulique est-il valable dans la Vallée du St-Laurent, mais pas à Anticosti?

Le gouvernement péquiste évoque à cet égard le critère de l'«acceptabilité sociale», en se fondant sur le fait que la principale différence entre ces deux endroits réside dans la faible population d'Anticosti (300 habitants) par rapport à celle, beaucoup plus grande, de la vallée du St-Laurent. C'est ce qu'expose le député Daniel Breton dans une récente vidéo où il justifie son appui au projet Anticosti, marquant par le fait même un revirement spectaculaire en regard de ses prises de position passées.

En outre, le gouvernement défend le projet Anticosti en faisant miroiter de possibles retombées économiques y étant associées. Tout ceci laisse voir que la grille d'analyse du Parti québécois, en ce qui a trait à des projets de développement économique ayant des effets sur l'environnement, est essentiellement la même que celle du Parti conservateur du Canada. Dans cette grille, la faune et la flore n'ont pas de valeur intrinsèque, l'humain étant la mesure de toute chose. En faisant sienne cette vision des choses, le Parti québécois évacue l'aspect environnemental du développement durable, n'en conservant que l'aspect économique et social.

Pour respecter le principe de développement durable, un moratoire devrait être imposé sur toute exploitation utilisant la fracturation hydraulique sur le territoire du Québec, que ce soit pour extraire du gaz ou du pétrole. C'est d'ailleurs ce que propose Option nationale dans sa plateforme (article 2.2).

Sur le plan global, maintenant, quelles seraient les conséquences de l'exploitation de pétrole de schiste au Québec ? La production de pétrole de schiste émet une quantité de CO2 de 25 à 75% plus importante que celle du pétrole conventionnel. Tout geste de l'État québécois menant à une plus grande exploitation du pétrole de schiste implique une plus grande émission globale de CO2 dans l'atmosphère.

Pour être cohérent dans sa lutte au changement climatique, le Québec ne devrait donc pas favoriser par ses politiques l'augmentation de la production de pétrole de schiste, que ce soit sur son territoire ou à l'extérieur. Cette réflexion s'applique à Anticosti, mais en poussant le raisonnement plus loin, on peut également inclure les pipelines qui passeront sur son territoire et qui suscitent l'enthousiasme du Parti québécois et de la CAQ. La mise en place de ces pipelines permettra l'augmentation de la production de pétrole non traditionnel en Alberta et au Dakota du Nord, ce qui produira aussi davantage de CO2.

Si le Québec province peut s'opposer à l'exploitation sur Anticosti, il est toutefois menotté lorsque vient le temps d'interdire le passage de pipelines sur son territoire. Seul un Québec disposant des pouvoirs d'un pays serait en mesure d'agir en ce sens. C'est pour des raisons comme celle-ci qu'Option nationale propose de réaliser l'indépendance du Québec dès son premier mandat, et fait de cet objectif le centre de son action politique.

Le refroidissement éolien n'est pas en degré Celsius

La vague de froid de l'hiver 2013-14 a donné lieu à de nombreux articles où le refroidissement éolien est utilisé. Or, le refroidissement éolien est très souvent utilisé avec des « degrés Celsius » en tant qu'unité.

Ceci est une erreur.

En effet, comme il est indiqué sur la page web d'Environnement Canada consacrée à la question:

Comme l’indice de refroidissement éolien n’est pas la véritable température, mais représente la sensation de froid sur la peau, il est indiqué sans le signe du degré.

Par exemple, « Aujourd’hui, la température est de -10°C et le refroidissement éolien est de -20 ».

Il suffit de rechercher le mot "éolien" dans les moteurs de recherche de journaux québécois pour tomber sur des exemples dans les derniers jours.

  • Le Devoir: « Ces derniers jours, la Saskatchewan et le Manitoba ont enregistré des températures de -30 °C qui atteignaient les -50 °C en tenant compte du facteur de refroidissement éolien.» Le temps froid se remet de la partie, 7 janvier 2014
  • La Presse: « Le premier vol du FTV2, hier, a été beaucoup plus discret. Avec une température de 21 degrés au-dessous de zéro, ou - 31 degrés avec le refroidissement éolien. », CSeries: décollage du deuxième avion d'essai, 4 janvier 2014
  • Le Soleil: « alors que le mercure affichait - 42 degrés en incluant le refroidissement éolien », Le froid glacial n'arrête pas les canotiers, 4 janvier 2014
  • Le Droit: « Un avertissement de refroidissement éolien est en vigueur : les températures ressenties avoisineront les -35 °C ce matin, notamment à cause des rafales de vent.  », L'hiver fait un retour remarqué, 7 janvier 2014
  • Le Quotidien: « Avec des températures ressenties frôlant les -50 degrés Celsius (avec refroidissement éolien), ce type de blessure survient en seulement quelques minutes. », Nouveau record de froid, 4 janvier 2014
  • Associated Press: « Records also fell in Oklahoma and Texas, and wind chills across the region were 40 below (-40 C) and colder. » Dangerously cold temps spread from U.S. Midwest to South and East, 7 janvier 2014

J'ai transmis cette précision à ces journalistes afin qu'ils puissent ajuster le tir dans leurs prochains articles.

Pour plus d'information sur mon opinion sur le refroidissement éolien, je vous invite à consulter ma page web consacrée à la critique de cet indice.

Réduire les permissions de l'application Facebook sur Android

Lors d'une mise à jour de l'application Facebook pour Android sur mon téléphone à poche, j'ai jeté un oeil aux permissions supplémentaires que je devais accorder à l'application pour bénéficier de la mise à jour.

Changement de permissions pour la mise à jour de l

En lisant les autres permissions de l'application, je constate qu'elle a autant de droits que moi-même sur mon téléphone. Sauf erreur, cette application est la seule autorisée par Facebook, et j'en suis donc réduit à accepter ces conditions ou simplement me passer de l'application. Dilemme.

Or, il est possible de contrôler les permissions des applications grâce à une fonctionnalité cachée sur Android. Il suffit d'installer App Ops Starter, qui elle ne requiert aucun permission spéciale, pour accéder au menu permettant de retirer des permissions aux applications.

App Ops Starter et Facebook

Je vous invite, tant qu'à faire, à étrangler les permissions d'autres applications invasives telles que Services Google Play et autres applications propriétaires.

Le timbre permanent comme valeur refuge (suite et fin)

Timbres permanents

À partir du 31 mars 2014, les timbres pour le Canada passeront à 85 ¢ l'unité. Or, les timbres permanents de Postes Canada, ces timbres valides à vie pour le tarif en vigueur au moment où il est utilisé, seront toujours bon à ce moment. Un timbre permanent acheté en 2012 pour seulement 61 ¢ aura donc pris 24 ¢ de valeur en deux ans, 39 % d'augmentation!

Postes Canada a d'ailleurs interdit la vente des timbres permanents suite à cette annonce le 11 décembre 2013. Vous ne trouverez en bureau de poste que des timbres à 63 ¢ et oui, il faudra remettre des timbres supplémentaires de 10 ¢ et de 2 ¢ lorsque le prix augmentera à 85 ¢ en avril.

Timbre à 63¢

En avril 2012, j'ai publié sur ce blogue un billet indiquant que les timbres permanents étaient une valeur refuge et que ce serait une bonne idée d'investir dans ces timbres. M'être écouté, j'aurais fait un placement avec un retour sur investissement d'environ 39 %, un taux impossible à battre pour un placement si peu risqué. Il faut en effet faire un placement à haut risque pour espérer avoir une telle rentabilité.

Timbres permanents

Par exemple, avoir acheté pour 10 000$ de timbre à ce moment, j'aurai pu les revendre après le 1er avril 2014 sur eBay ou Kijiji à un coût un peu moindre que 85 ¢ l'unité. Toutes les compagnies du Canada ont besoin de timbres, elles n'auraient eu aucune raison de ne pas en acheter à un prix moindre que celui offert par Postes Canada. Il est légal au Canada de revendre des timbres, comme vous pouvez en faire l'expérience en vous rendant au dépanneur au coin de votre rue. Et 10 000$ de timbre, ça ne prend pas beaucoup d'espace à entreposer, je n'aurais pas eu besoin de louer de local particulier. J'aurais fait près de 4000$ de profit avec peu d'effort!

Vraiment, les timbres permanents du Canada étaient une occasion d'affaire sur laquelle il aurait fallu sauter.

Note: S'il vous reste des timbres permanents, vous pouvez maximiser leur valeur en les utilisant après le 31 mars 2014.

Liste des valeurs québécoises

J'ai vu pour la première fois une liste des fameuses valeurs québécoises. Cette liste provient de la Demande de certificat de sélection du Québec (CST), un document officiel d'immigration délivré par le gouvernement du Québec aux travailleurs sélectionnés pour s'installer sur le territoire.

VALEURS COMMUNES [du Québec]

Les principales valeurs énoncées dans cette charte qui fondent la société québécoise sont les suivantes :

  • Le Québec est une société libre et démocratique.
  • Les pouvoirs politiques et religieux au Québec sont séparés.
  • Le Québec est une société pluraliste*.
  • La société québécoise est basée sur la primauté du droit.
  • Les femmes et les hommes ont les mêmes droits.
  • L’exercice des droits et libertés de la personne doit se faire dans le respect de ceux d’autrui et du bien-être général.

La société québécoise est aussi régie par la Charte de la langue française qui fait du français la langue officielle du Québec. En conséquence, le français est la langue normale et habituelle du travail, de l’enseignement, des communications, du commerce et des affaires.

*En sciences sociales, le pluralisme est un système d'organisation politique qui reconnaît et accepte la diversité des opinions et de leurs représentants (source).

Mot du jour: préjugé

Préjugé: n.m. (Déb. XVIIe). Cour. Croyance, opinion préconçue souvent imposée par le milieu, l'époque, l'éducation; parti pris.
Préjugé de race, de secte.Préjugés bourgeois, aristocratiques. Préjugé indéracinable, tenace.
Source: Petit Robert, Nouvelle édition revue, corrigée et mise en à jour en 1991.

Exemples:

  1. Ses préjugés d'enfance s'opposèrent à la complète émancipation de son intelligence. Honoré de Balzac
  2. Notre gouvernement a toujours un préjugé favorable pour la mise en valeur de notre potentiel pétrolier et gazier. Nathalie Normandeau, 16 juin 2011.
  3. Les groupes environnementaux s’inquiètent du préjugé favorable du gouvernement Marois envers l’exploitation pétrolière dans le golfe du Saint-Laurent. Alexandre Shields, 17 septembre 2013.

Apprendre l'arabe

Croissant, étoile et fleur de lys

Récipiendaire de la bourse Québec-Tunisie, j'étudierai l'arabe classique à Tunis tout le mois de juillet 2013.

Lorsque les gens de mon entourage apprennent mon intérêt pour cette langue, c'est une surprise pour eux. Pourquoi ne pas plutôt apprendre l'espagnol, parlé dans beaucoup de pays et plus accessible?

Trois raisons ont motivé mon choix à apprendre la langue arabe.

Premièrement, j'ai toujours senti une affinité avec les personnes originaires de cette région du monde. J'ai rencontré des Maghrébins dès mon arrivée à l'Université de Montréal, nombre d'entre eux étant étudiants en physique­, et j'ai alors découvert le plaisir d'échanger des idées avec eux. J'ai aujourd'hui plusieurs collègues maghrébins avec qui je retrouve ce plaisir oratoire. J'apprécie ces interlocuteurs, car ils me semblent culturellement plus enclins au débat que la moyenne des Québécois de souche, plutôt reconnus pour « ne pas aimer la chicane ».

D'autre part, je crois que l'indépendance du Québec se fera grâce à l'appui d'une partie de nos concitoyens issus d’autres cultures. En effet, parmi les communautés sensibles à l’indépendance du Québec, il y a les Maghrébins, en particulier les Algériens qui ont libéré de haute lutte leur pays d’origine. Or, pour se rapprocher d'une communauté, il faut s'intéresser à sa culture. Et quel meilleur moyen que l'immersion et l'apprentissage de la langue pour ce faire? Nous devrions être particulièrement sensible à cet argument, nous qui défendons l'identité et la langue française au Québec.

Finalement, j'étais avide d'un défi intellectuel, et apprendre un nouvel alphabet et une nouvelle langue remplit pleinement ce besoin.

Ce sont ces raisons qui m'ont amené à l'apprentissage de l'arabe, il y a maintenant deux ans, et à partir l'étudier un mois en Tunisie. Et en suivant le conseil de Freud, j'ai comme objectif secondaire à ce voyage de libérer quelques photos sur Wikipédia illustrant les endroits que j'aurai la chance de visiter.

Et comme toujours, j'emporte le Québec avec moi.

Journalisme citoyen vs journalisme professionnel

Couverture du Journal de Montréal le 6 mai 2012

Fabien Deglise, journaliste au Devoir, était l'invité de l'émission de radio les Chemins de travers le dimanche 19 mai à Radio-Canada. Le thème de l'émission: « Le journalisme emporté par les réseaux sociaux ». Lors de la deuxième heure de l'émission, M. Deglise se désole de l'action des « journalistes citoyens », colportant ragots, ne vérifiant pas les informations qu'ils diffusent et cachant leurs affiliations (politiques, environnementales, commerciales, etc.). Il met ces journalistes en opposition aux journalistes professionnels, possédant une formation, vérifiant les informations et étant soumis à un code d'éthique. Comme exemple de traitement biaisé des journalistes citoyens, il prend le printemps érable, indiquant qu'à en croire son babillard Facebook et son fil Twitter, Montréal était à sang et en état de siège.

Or, les journalistes professionnels ne sont pas à l'abri des défauts du journalisme citoyen identifiés par M. Deglise. Dans un premier temps, suivre les évènements québécois du printemps érable sur LCN ou dans le Journal de Montréal, médias nourris par des journalistes professionnels, montrait ni plus ni moins un portrait semblable: Montréal était à sang et tenu en otage par les émeutiers. Le Conseil de Presse du Québec (CPQ) a d'ailleurs été particulièrement critique envers les médias traditionnels, Québécor plus que les autres, dans la couverture de ces évènements.

D'autre part, le code d'éthique auquel M. Deglise fait allusion est selon toute vraisemblance celui de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec. Mais à quoi sert un code professionnel s'il n'a aucun pouvoir coercitif? Et que penser de Québécor, qui refuse de reconnaître le CPQ, organe de surveillance de la presse du Québec mis sur pied pour contrebalancer la trop grande concentration des médias? Il n'a qu'à ignorer ses blâmes et ne pas couvrir ses constats dans ses propres médias, et voilà l'affaire réglée.

La concentration de la presse au Québec, comme dans beaucoup de pays dans le monde, a créé une catégorie importante de citoyens qui sont laissés pour compte dans la couverture médiatique, tant dans le traitement que dans les sujets couverts. Et c'est cela qui a favorisé l'éclosion des réseaux sociaux: une deuxième voix pour les producteurs et les consommateurs de contenus d'information, une voix « citoyenne ».

C'est ce qui explique en bonne partie la popularité de ces réseaux et c'est un sujet sur lequel M. Deglise fait malheureusement l'impasse dans son analyse. Offrir une vision manichéenne des médias sociaux ne fait pas avancer la compréhension de ce mode de communication, mais nous conforte plutôt dans l'opinion indémodable que « c'était mieux dans le temps ». Il y a certes de nouveaux problèmes créés par le journalisme citoyen, et il est important de les identifier. Mais il y a également des avantages indéniables, dont celui de donner une voix aux laissés pour compte de la couverture médiatique traditionnelle, professionnelle. Et ne serait-ce que pour cette cause unique, les médias sociaux constituent aujourd'hui une force qui peut changer le monde.

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