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Les nouvelles icônes des prévisions météorologiques (bis)

Cinq ans après la dernière mise à jour, Environnement Canada renouvelle sa page de prévision météorologique et par le fait même, nous offre de nouvelles icônes. Dans la continuité de ce j'avais publié à l'époque (2006, 2008), voici les gif animés des nouveaux icônes.

2013
icones_prevision_environnement_canada_2013_nestor.gif

2008:
Gif animé présentant les 45 icônes de prévision d’Environnement Canada en 2006

2006:
Gif animé présentant les 45 anciennes icônes de prévision d'Environnement Canada en 2008

Ma préférence va aux icônes de 2008.

Souffleuse, Stades olympiques et tempête de neige

Le 27 décembre 2012, il est tombé 45 cm de neige sur l'île de Montréal. En poids, ça fait 24 millions de tonnes. Si toute cette neige était enlevée par une seule souffleuse (C-2032D, 10 000 tonnes/heure), cela prendrait 100 jours et lui faudrait parcourir une distance de 31 000 km, soit le 3/4 de la circonférence de la terre.

SOUFFLEUSE À NEIGE AMOVIBLE C-2032D

Le 27 décembre 2012, il est tombé 45 cm de neige sur l'île de Montréal. En volume, ça fait 217 millions m³. Si toute cette neige était placée dans des Stades olympiques, il en faudrait 117 pour la contenir.

Mosaïque de 117 Stades olympiques

Références

  • Chute de neige 27 décembre 2012 à Montréal: 45 cm
  • Superficie île de Montréal: 482,8 km²
  • Volume total de neige Montréal: 217260000 m³ (217 millions m³)
  • Volume Stade olympique:1 869 158 m³
  • Nombre de Stades olympiques pour le même volume de neige: 116,23
  • Densité moyenne neige fraîchement tombée: 110 kg par mètre cube
  • Masse totale de neige tombée à Montréal le 27 décembre 2012: 23898,6 millions kg (23,8986 millions tonnes)
  • Souffleuse à neige amovible C-2032D, jusqu’à 10 000 tonnes/heure (10 000 000 kg/heure)
  • Largeur de la bouche de la souffleuse: 3,073 m
  • Hauteur de la bouche de la souffleuse: 2,254 m
  • Distance requise pour faire un volume de 217 millions m³ avec l'ouverture de cette bouche: 31366300,81 mètres (31366,3 km)
  • Circonférence de la Terre: 40 075 km

Mot du jour: pizzo

Pizzo: (Figuré) Nom de l'impôt révolutionnaire exigé par la mafia.
Source: Wiktionnaire

Exemples:
C’est à M. Milioto que M. Zambito remettait son « pizzo » de 2,5 % de la valeur de ses contrats ainsi qu’une ristourne de 3 % destinée à Union Montréal. Kathleen Lévesque, 17 octobre 2012.

Mot du jour: putatif

Putatif: adj. Qui est réputé être ce qu’il n’est pas.
Source: Wiktionnaire

Exemples:
Parmi les trois candidats putatifs, l’avantage de M. Couillard, insiste-t-il, est qu’il n’a pas participé à l’adoption de la loi spéciale sur le conflit étudiant. Antoine Robitaille à propos de la Course à la chefferie du PLQ, 26 septembre 2012.

Les autres candidats putatifs de cette course n’ont pas voulu commenter la rumeur. Hélène Buzzetti à propos de la Course à la chefferie du PLC, 27 septembre 2012.

Lettre à Gilles Duceppe d’une ancienne militante du Bloc québécois

Bravo Monsieur Duceppe d’aller scander bien haut votre indignation face à la division du vote. Vous ne faites que renforcer ma position.

Je suis justement lasse qu’on prenne mon vote pour acquis, comme si, peu importe ce qui se passait au Parti québécois, mon vote leur appartenait. Vous n’êtes pas sans savoir Monsieur Duceppe, ce qui arrive aux partis qui prennent leur électorat, leur population ou leurs militants pour acquis.  Vous avez été chanceux toutefois, vous pouvez toujours  prétendre que vous ne l’aviez pas venu venir, mais le Parti québécois n’a pas ce luxe.

Quand le Parti québécois m’accordera le droit d’user de mon propre jugement pour décider du parti qui me rejoint le plus, alors il aura déjà franchi une belle étape de maturité politique, ou peut-être de respect de la démocratie. Pour l’instant, le Parti québécois est le seul responsable du mécontentement, de la désillusion, du cynisme qui a habité plusieurs de ses membres, et même de ses députés. Vous ne pouvez en aucun cas nous reprocher de prendre position, de vouloir quelque chose de différent, de penser différemment, de vouloir mieux, et peut-être même, de pouvoir mieux.

Ce qui m’attriste, c’est qu’aujourd’hui le message que le Parti québécois, et que vous Monsieur Duceppe, tentez de nous faire avaler, c’est que peu importe si un citoyen est mécontent d’un parti, d’un chef, d’un programme, de la démocratie d’un parti, et bien s’il a toujours voté pour lui avant, il doit continuer de le faire. Peu importe ce qu’il pense. Ce message est défaitiste, vide, amer et sombre.

Ce qui m’apparaît paradoxal aussi dans ce discours, c’est que vous espérez qu’on ne vote pas massivement pour le PLQ encore une fois aux prochaines élections générales. Pourtant, si les citoyens qui n’aiment pas « le parti, le chef, le programme et la démocratie de parti du PLQ » doivent quand même voter pour le PLQ puisqu’ils l’ont toujours fait avant, le PQ n’est pas sorti du bois. Ceux qui font ça s’inscrivent dans un comportement corporatiste et électoraliste qui est loin d’être reluisant pour l’image de la politique au Québec. En sommes-nous là, en 2012 ? Vraiment ?

Je milite parce que je crois qu’on peut changer les choses, que les sociétés, comme les institutions démocratiques et davantage les partis, doivent se renouveler, s’adapter, s’actualiser et finalement veiller à la prospérité des générations suivantes. Vous entrez en profonde contradiction avec ces principes qui m’habitent. Aujourd’hui, à quelques jours d’un déclenchement électoral, à quelques semaines d’un probable gouvernement du Parti québécois, j’ai beaucoup plus d’espoir en voyant que certains osent encore quitter les rangs du PQ par principe qu’en voyant ceux qui les rejoignent à la hâte, par intérêt personnel.

Qu’on soit fédéraliste, souverainiste, de centre, de droite ou de gauche, le principe même de la démocratie repose sur le droit des citoyens d’appuyer le parti qui représente au mieux de leur connaissance leurs intérêts. Accordez-moi un peu de respect en faisant confiance en mon jugement : le Parti québécois n’est définitivement pas le parti qui représente le mieux mes intérêts et, en conséquence, il n’aura pas mon vote.

Le Parti québécois ne détient pas le monopole du vote souverainiste, nationaliste ou progressiste au Québec, comme il ne détient aucun vote d’aucune manière. S’il est passé maître dans l'art de contrôler son Congrès, je vous certifie que le Parti québécois ne pourra jamais contrôler où nous apposerons notre X aux prochaines élections.

Cette vieille politique, cet abrutissement populaire, cet engouement pour un militantisme servile qui remet rarement les choses en question ou en perspective, je veux en débarrasser les générations qui nous succéderont.

Moi, et tous ceux qui ont quitté vos rangs, au Bloc et au Parti québécois, dans les dernières années, nous avons décidé de nous investir ailleurs. Nous ne baissons pas les bras. C’est ce qu’on appelle une santé démocratique plutôt que de l’acharnement aveugle ou de l’attentisme inutile.

Et si j’utilise votre vocabulaire, vous comprendrez qu’aujourd’hui je nous souhaite qu’on divise tous massivement le vote et qu’aucun des vieux partis qui propagent un engourdissement social inavoué ne remporte cette élection. Le Parti québécois est incontestablement rangé dans ce camp.

Comprenez-moi bien, vous, Monsieur Duceppe, et les autres du PQ : mon vote, vous devez le mériter, il ne vous appartient pas. Il en va de même pour le vote de tous les citoyens du Québec.

J’ai quitté vos rangs par principe puis j’ai été quelques mois orpheline de parti. Mais, en réalisant que nous étions beaucoup trop à n’avoir plus de famille politique, il est devenu évident qu’il manquait un joueur essentiel sur la scène politique québécoise et qu’il y avait trop d’angles morts dans la vision du Parti québécois.

Aujourd’hui, je milite fièrement pour un parti où l’on fait de la politique autrement. On y cultive une politique assumée, claire, citoyenne, ambitieuse, contagieuse, renouvelée, et l'on est définitivement en terrain fertile pour réaliser l’indépendance du Québec.

Mon vote ira avec convictions, cœur et tête à Option nationale. Si ça vous embête, essayez de faire mieux qu’eux, et nous jaserons.

Pour l’instant, faites votre deuil, nous ne sommes plus des vôtres, nous ne divisons pas le vote péquiste, parce que nous ne leur avons jamais rien dû. Si vous l’aviez compris plus tôt, le Bloc québécois aurait peut-être plus que 4 députés et le Parti québécois ne serait pas en train de crier au feu et de paniquer en tirant dans tous les sens, sans trop savoir à qui il essaie de plaire et qui il est en train de sacrifier.

Le projet d’indépendance du Québec ne stagnera plus dans vos rangs, nous reprenons le flambeau. Nous faisons le pari qu’il faut parfois rebrousser chemin pour mieux repartir. Un peu comme dans la fable du lièvre et de la tortue : rendez-vous à la ligne d’arrivée! Ce jour-là, nous serons tous des frères.

Bien à vous Monsieur Duceppe,

D’une fière militante d’Option nationale,
Élisabeth Émond
20 juillet 2012

La « pastille » de Berri-UQAM

Pastille à la station de métro Berri-UQAM

La pastille de la station de métro Berri-UQAM est un lieu privilégié comme point de rendez-vous montréalais.

Comme la station Berri-UQAM est au croisement des lignes verte, orange et jaune, les voyageurs peuvent s'y rencontrer, qu'ils proviennent du sud, du nord, de l'ouest ou même de l'est. Étant située à l'intérieur des tourniquets, elle est réservée aux personnes utilisant le transport en commun.

La pastille est idéale pour s'asseoir et permet, selon nos savants calculs, à une dizaine de personnes d'y prendre place. Si on ajoute à cela les personnes pouvant être debout tout autour, on se rend aisément à capacité théorique d'une trentaine de personnes attendant dans ce haut lieu de Montréal.

Pastille à la station de métro Berri-UQAM avec plein de monde autour

La STM, pas folle, réalisa tout le potentiel attractif de la pastille et fut apposé un sceau doré indiquant les dates d'inauguration du transport public et du métro à Montréal, ce qui prend la forme d'un beau cheval tirant un tramway gravé dans une cenne géante.

Écusson sur la pastille indiquant les dates de fondation du transport en commun et du métro de Montréal

La pastille est si populaire que les employés de la STM n'ont aucun entretien à faire: elle est polie par les centaines de personnes qui s'y assoient quotidiennement!

Les erreurs de La Presse et du Journal de Montréal

Au cours du printemps 2012, La Presse et le Journal de Montréal ont chacun commis une bourde monumentale pouvant être associée à de la propagande, se discréditant aux yeux de la population supportant les étudiants dans leur lutte.

L'erreur du Journal de Montréal

Le premier à avoir commis une faute est le Journal de Montréal. Au lendemain de la manifestation monstre du 22 avril, probablement plus de 200 000 manifestants, le Journal n’en parlait pas en une.

Une du Journal de Montréal le 23 avril 2012

Il faut dire qu’ils s’étaient déjà pratiqués avec la manifestation du 22 mars, entre 100 000 et 200 000 manifestants, où ils avaient réussi à titrer que le mouvement perdait des appuis avec en arrière-plan une photo de la foule.

Une du Journal de Montréal le 23 mars 2012

Quelques jours plus tard, au lendemain du congrès du PLQ à Victoriaville, une photo de mauvaise qualité apparaît à la une du Journal. Aussitôt, une rumeur de traitement Photoshop, par laquelle le Journal aurait ajouté une brique dans les mains de l'émeutier, se répand sur les réseaux sociaux. Rumeur démentie le lendemain.

Une du Journal de Montréal le 5 mai 2012

L'erreur du La Presse

La faute de La Presse est d’avoir fait sa une avec les résultats d’un sondage indiquant que les Québécois appuyaient massivement la loi 78, loi spéciale jugée par plusieurs comme violant à la fois la charte québécoise et la charte canadienne des droits. Or, ce sondage a une méthodologie des plus douteuses.

Cela a soulevé l’ire sur la Toile. On ne badine pas avec les libertés civiles. Christian Bégin a signé un texte, assez représentatif de la colère ambiante, appelant une campagne de désabonnements de La Presse. Celle-ci a été diffusée et appuyée sur les réseaux sociaux.

Le lendemain de cette erreur, La Presse a fait une autre bévue, pouvant confirmer la mauvaise foi qui aurait causée la première. Lors de la 26e nuit de manifestation à Montréal, la journaliste de La Presse Gabrielle Duchaine a été arrêtée et un de ses gazouillis a alors été repris sur Twitter : « Toujours avec @fatrudel du JdeM en état d'arrestation. Le policier m'a dit se "calisser" du fait que je suis journaliste #manifencours #ggi » . Le lendemain, une partie de ce texte apparaît sur l’article en ligne de la journaliste, pour être ensuite retirée sans explication.

Cette modification a probablement été faite pour des raisons éditoriales, le style du commentaire jurant sensiblement avec le niveau de texte que l’on retrouve habituellement dans La Presse. Mais encore une fois, il n’en fallait pas plus pour que la rumeur de censure à des fins de propagande se répande dans les réseaux sociaux.

Pour chacun de ses deux journaux, la première erreur a créé un contexte favorable à la propagation d’une rumeur par la suite. Une lecture possible de cette propagation est de confirmer le manque de crédibilité des réseaux sociaux. Il faut plutôt y voir une mesure de la méfiance qui s’est installée chez ceux qui prennent leurs informations sur ceux-ci: ils croient que ces journaux manipulent leur information pour soutenir le gouvernement et n'hésitent pas à faire circuler des nouvelles confirmant cette opinion.

Malheureusement, ces grands médias s'adonnent peu à l’autocritique. Lorsque des journalistes se font molester par les manifestants, cela est déplorée, avec raison, par beaucoup d’entre eux. Cependant, il serait bien qu’ils poussent la réflexion jusqu’à se demander comment les manifestants ont pu en arriver là.

Mot du jour: inique

Inique : adj. (Du latin iniquus, inégal). Qui n'est pas juste, pas égal ; qui manque d’équité.
Source: Wiktionnaire

Exemple: La loi qui vient d'être adoptée est inique, ignoble, duplessiste. Françoise David à propos de la loi 78 adoptée par le gouvernement du Québec le 18 mai 2012.

Les deux agoras

Si le conflit sur la hausse de frais de scolarité perdure, c'est notamment parce que chaque camp a son agora. Dans chacun de ces lieux, les auditeurs entendent les opinions qui les confortent dans leurs positions, chaque orateur croit qu'il a la bonne stratégie puisque son public cible l'appuie.

Le gouvernement et les 55 ans et plus ont comme lieu de rencontre les médias de la seconde moitié du XXe siècle: radio, journaux et télévision. Les gens prenant essentiellement leurs informations à ces endroits appuient la hausse plus que la moyenne de la population. Émetteur et récepteur sont en phases.

Les étudiants et la génération Y ont comme lieu de rencontre les médias sociaux (Facebook, Twitter et blogues). Les gens prenant essentiellement leurs informations à ces endroits sont contre la hausse, plus que la moyenne de la population. Émetteur-récepteur, ils se confondent dans ce cas, sont en phases.

Line Beauchamp se cherche un emploi dans le nord

La nouveauté de ce conflit, c'est le second agora: les réseaux sociaux. Le rôle qu'il faut en retenir dans ce conflit n'est pas celui d'un outil pour convaincre, mais bien celui de lieu de rassemblement pour les opposants à la hausse, ce que ne leur permet pas les médias traditionnels. Et dans ce lieu, une culture est née.

On pourrait penser que le gouvernement réalisera bientôt l'importance des réseaux sociaux et investira ce milieu. Or, ce n'est pas aussi simple. La communication à sens unique d'un organisme ne passe pas dans ce milieu. Pour apprivoiser les réseaux sociaux, il faut vraiment jouer le jeu, être sincère dans sa démarche d'échange, respecter les interlocuteurs et accepter de modifier son discours en fonction des échanges. Ce n'est pas un déversoir à propagande. Les partis politiques traditionnels du Québec se sont formés avec la communication à sens unique. Changer cette façon de voir les choses risque d'être difficile pour ces partis, et on peut légitimement se demander s'ils en seront un jour capables.

À l'inverse, il est tout aussi improbable de voir les boomers se diriger en masse vers les réseaux sociaux. Certes, on trouvera toujours des exemples de sexagénaires branchées qui font exceptions à la règle, mais l'immense majorité restera branchée sur la planète télé.

Les jeunes ne retourneront pas plus en arrière, après avoir connu ce nouvel espace qui n'est pas balisé par ceux qui ont construit l'environnement dans lequel ils baignent depuis leur naissance, que ce soit la famille ou l'école. Cet espace en est un de liberté pour eux, ils l'ont expérimenté et ils vont y rester.

Bref, la situation semble être dans un cul-de-sac. Personne ne sait comment cela va se terminer, jusqu'où iront les opposants. Et c'est peut-être un peu cette situation, cette sensation de vide que les plus jeunes n'ont jamais connu, qui soulève tant leur passion.

Lettre aux Saguenéens

Je parlais à ma mère au téléphone jeudi dernier. Suite aux bombes fumigènes lancées dans le métro de Montréal, elle m'a dit sur un ton survolté que « Montréal était pris en otage » par les étudiants.

Une couple de semaines plus tôt, suivant une publication de mon frère sur Facebook, un des ses amis Saguenéens a écrit que « Ouin c`est le pas le temp d`aller a mtl ,c`est le chaos ».

J'aimerais rassurer famille et amis au Saguenay: la grève étudiante ne change rien pour 99% des Montréalais, 99% de temps. La ville n'est pas en état de siège.

Pourquoi ma mère était-elle aussi effrayée? Probablement parce qu'elle a écouté la télévision pendant la journée, et qu'une meute de journalistes traitait le sujet comme une guerre civile. Il est certain que si on mitraille la rue à coup de vox pop pendant des semaines à la recherche d'automobilistes offusqués contre les étudiants qui font perdre de précieuses minutes aux honnêtes payeurs de taxe se rendant au travail, ils vont finir par en trouver.

Mais ces journalistes pourraient également faire des vox pop lorsqu'une voiture tombe en panne, ce qui survient quotidiennement, et cause un bouchon à un des principaux points d'entrée de l'île de Montréal. Ils pourraient s'acharner et demander aux automobilistes « que pensez-vous des personnes irresponsables qui n'entretiennent pas leur voiture et vous met en retard ce matin ? ». Les réponses seraient sensiblement les mêmes que pour la grève étudiante. Non, les gens n'aiment pas être retardés.

Oui, l'interruption de toutes les lignes de métro a causé des problèmes à des centaines de milliers de personnes. Mais l'impossibilité d'emprunter les transports en commun pour se rendre à son travail se produit toujours une ou deux fois par année. Là où cet événement revêt un caractère exceptionnel, c'est que toutes les lignes étaient touchées. Sans vouloir justifier le geste, on parle d'un arrêt de service de 200 minutes du métro, pas d'un acte de « terrorisme ». Aux deux stations que j'ai visitées ce matin-là, personne n'était effrayé. Certains ont même souri lorsque la possibilité que les étudiants en grève puissent être à l'origine de cette panne a été évoquée. C'est grave, oui, mais remettons les choses en perspective, le chaos ne s'est pas emparé de la ville.

Il est vrai que la grève étudiante a un certain impact économique sur la ville. On n'a qu'à voir le maire de Montréal gesticuler dans une sortie paternaliste pour s'en convaincre. Mais les coûts de ces émeutes ne sont qu'une goutte d'eau dans l'océan d'argent qui se brasse à Montréal. Les sommes dépensées jusqu'ici représentent 15 minutes du PIB de la ville (sources: 1, 2). Bref, ces sommes sont importantes dans l'absolu, plusieurs millions, mais une fois mises en perspective, on constate que ce n'est pas tant d'argent que ça.

Cela dit, amis Saguenéens, mon intention n'est pas diminuer l'importance des événements qui se déroulent en ce moment. Le Québec vit une crise sociale majeure, potentiellement la plus importante depuis des décennies. Mais les Montréalais n'en sont pratiquement pas affectés. Je me hasarderais même à avancer que la population en général n'est pas concrètement affectée. Ceux qui subissent directement les effets de cette crise, ce sont les protagonistes. D'abord les étudiants en grève, qui risquent de perdre une session, et d'autre part l'ordre établi. C'est surtout ça qu'on voit lorsque l'on ouvre la télévision, c'est l'ordre établi qui se défend. Pas le chaos, ni des Montréalais pris en otages.

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