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La bière St-Urbain: authenticité simulée

Ce n'est pas que je veuille me faire une spécialité des bières sans site web (cf: La bière Gros Cochon: billet 1, billet 2), mais je me dois de parler de la bière St-Urbain.

La bière St-Urbain, nouvellement arrivée sur les tablettes des dépanneurs québécois, essaie d'avoir une apparence de bière de microbrasserie. Or, si vous cherchez une adresse, que ce soit sur la caisse ou sur les bouteilles, vous ne trouverez rien.

Une caisse et une bouteille de bière St-Urbain

Le paragraphe de texte sur le côté de la caisse est recopié ici:

St-Urbain est une bière de chez nous, fabriquée à partir des meilleurs ingrédients et dans le respect de nos plus belles traditions. Brassée sans compromis en petites quantités, cette lager des plus désaltérantes propose des saveurs et des arômes riches et distinctifs, un collet généreux et une texture veloutée.

C'est vide de sens en svp. Une bière de chez nous: où ça, chez nous? On ne peut même pas savoir où elle est fabriquée! C'est quoi en petite quantité?

Informations prisent (La gousse craintive, Le Monde des Bières), la St-Urbain est brassée par Labatt. Pourquoi ne pas l'écrire à quelque part, si ce n'est dans le but de dissimuler la méga-entreprise derrière une apparence de micro-brasserie?

Note: Parions que d'ici une semaine, une petite recherche sur la bière St-Urbain mènera directement ici.

METRo à Toronto (II)

Mon passage au Free Software & Open Source Symposium a été des plus agréables. Mes commentaires en vrac.

Ma présentation a bien été. De l'intérêt de la part des auditeurs envers METRo mais aussi en ce qui a trait au logiciel libre au sein du gouvernement du Canada. Nous avons même eu droit à un article sur METRo dans InterGovWorld.com.

Ce qui est le fun avec un congrès de geeks, c'est que la technologie est utilisée à plein et d'une façon très efficace. Des exemples? Une étiquette pour les photos de la conférence sur flickr: fsoss2007 (368 photos en date de publication de ce billet). Je vous invite à trouver où est Miguel sur cette photo. Il y a aussi un aggrégateur de tous les billets ayant rapport à la conférence. Une belle façon de récupérer les informations déjà publiées sur internet par rapport à cette conférence. La valeur ajoutée est dans l'aggrégation de l'information, pas dans la création de nouveau contenu.

Vous pouvez me voir, et surtout m'entendre, en téléchargeant mon film à moi! Toutes les présentations ont été filmées et son disponible en format Ogg Theora. (Note pour ceux qui se demandent avec quoi lire ce format: VLC est votre ami).

Vous pouvez aussi jeter un oeil sur la présentation de l'énergique Marcel Gagné. Il nous a présenté comment mettre du bling sur sa station GNU/Linux. J'ai pris le nom de quelques applications en note, il me reste à les essayer. Peut être des nouvelles sur HDLC par la suite, si jamais je suis renversé.

Je ne vous ai pas oublié, chose promise chose due, Marcel Gagné vient, "originalement" comme il dit, de… Chicoutimi! Au FSOSS 2007, il y avait 2 présentateurs Québécois Saguenéens.

Quelques développeurs de la Mozilla fondation étaient présents. La mozilla fondation ne compte que 40 employés rémunérés! Imaginez, un logiciel utilisé par environ 40 millions de personnes par jour (source) développé par seulement 40 personnes!

L'obscurantisme de l'ADISQ

Ce billet est une réponse à la proposition de l'ADISQ au CRTC pour créer une loi (ou un règlement) afin que tous les octets qui circulent sur l'internet canadien soient contrôlés.

Le contrôle d'internet au Canada

Pourquoi contrôler internet au Canada? Pour faire en sorte que les octets transportant un contenu canadien aient priorité sur les autres. Pour que la culture canadienne, sans parler de l'exception québécoise, ait priorité sur tout le reste.

Si les octets du contenu canadien vont plus vites, c'est donc que les autres sont ralentis. L'ADISQ prêche donc contre la neutralité des réseaux.

Selon l'ADISQ, il n'y a pas de difficulté technique puisque la Chine exerce déjà un contrôle sur internet à l'intérieur de ses frontières pour censurer le contenu étranger. Le Canada, après la Chine, devrait donc être le deuxième pays à contrôler internet sur son territoire.

Les dangers de la nouveauté

Les théologiens saint Augustin et Saint Thomas d'Aquin se méfiaient de ce que la curiosité pouvait faire aux fidèles. En effet, la curiosité pouvait faire en sorte que l'Église perde son pouvoir, menant les hommes vers des sphères de connaissances hors de son pouvoir1. Au Moyen Âge, l'Église avait plutôt une position contre la curiosité et les débats qui en découlaient. L'intelligence devait être utilisée pour la contemplation divine, non pour la recherche stérile de frivolités temporelles2. L'Histoire donna raison à leurs craintes, les Lumières mettant un frein à la souveraineté de l'Église sur la pensée en Europe.

Lors de la découverte du Nouveau Monde, une pensée émise par Jean de Léry dans son récit de voyage au Brésil, Histoire d'un voyage faict en la terre du Brésil (1578), fait le tour de l'Europe:

comment croiront-ils ce qui non seulement ne se peut voir qu'à pres de deux mille lieues loin du pays où ils habitent, mais aussi choses si esmerveillables et non jamais cognues, moins escrites des Anciens qu'à peine l'experience les peut-elle engraver en l'entendement de ceux qui les ont veuës ?

L'idée qu'il y ait des choses n'ayant jamais été connues par les Anciens (les sages de l'Antiquité) secoue le monde intellectuel de l'Europe. En effet, tout au long du Moyen Âge, on croyait que tous les phénomènes naturels, tous les animaux et toutes les sensations étaient connus et discutés par les Anciens. Tout le reste n'était qu'une nouvelle interprétation de ce qui était déjà connu.

Montaigne lui-même, que l'on ne peut accuser d'avoir été contraint par l'Église dans sa pensée, croyait que de s'intéresser aux nouvelles connaissances apportées du Nouveau Monde était un défaut, puisque cette curiosité faisait en sorte que l'on touchait à tout, mais que l'on en comprenait rien1.

Conclusion et Francis Bacon

Toute cette revue historique pour illustrer que l'ADISQ prône un retour en arrière. Ils tentent de barrer la route aux nouveaux moyens de communication, lire internet, en forçant une législation qui imposera l'ancien ordre des choses.

Ce n'est pas la première fois que l'arrivée d'idées nouvelles est combattue par les puissances en place. C'est ce que je tente d'illustrer par ma comparaison avec l'Église au Moyen Âge face aux connaissances apportées du nouveau monde.

Je terminerai par une citation de Francis Bacon, publié en 1620 dans son Novum Organum, en réponse à ces réfractaires aux nouvelles idées:

It would… be disgraceful, to mankind, if, after such tracts of the materials world have been laid open which where unknown in former times – so many seas traversed – so many countries explored – so many stars discovered – philosophy, or the intelligible world, should be circumscribed by the same boundaries as before.

Traduction de moi:
Il serait… déshonorant pour l'humanité, qu'après que de tels chemins, inconnus auparavant, au monde matériel aient été parcourus – tant de mers franchies – tant de pays traversés – tant d'étoiles découvertes – la philosophie, ou le monde intelligible, soit circonscrite par les mêmes frontières qu'avant.

Il semble que la blogosphère réagisse à l'unisson face à la proposition de l'ADISQ. Pleins de liens vers d'autres billets traitant du même sujet sur le blogue de Michel Dumais.

1:To Have and To Hold, Allen Lane, ISBN 0713994762, p.19-20
2: Raymond Klibansky, Erwin Panofsky und Fritz Saxl: Saturn und Melancholie - Studien zur Geschichte der Naturphilosophie und Medizin, der Religion und der Kunst. Suhrkamp, Frankfurt a.M. 1990. ISBN 3518286102.