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L' incroyable histoire des machines à pluie

La première fois que j'ai entendu parlé de pluie provoquée par l'homme, c'est par collègue de travail qui m'a raconté qu'il y avait eu de l'ensemencement de nuages au Saguenay dans les années 60. Il y aurait même eu, selon ses dires, des manifestations de la population au Saguenay Lac-Saint-Jean pour faire pression sur le gouvernement afin qu'il fasse cesser les machines à pluie.

C'était toute une surprise pour moi. De un, j'ignorais à ce moment qu'il existait pareille chose qu'une machine pour provoquer la pluie, de deux je n'avais jamais entendu parler de cette histoire dans ma région natale, encore moins de manifestations!

L'ONF vient de mettre en ligne un documentaire sur ces machines à pluie qui auraient créé des étés pluvieux au Saguenay Lac-Saint-Jean dans les années 60 et 70. Rien de tel que d'écouter un vieux Saguenéen nous raconter une histoire de son jeune temps!

Ces machines ont refait surface dans l'actualité récemment, la Chine aurait utilisé ces machines pour éviter la pluie lors des Jeux de Pékin. Et il y a quelques semaines, la ville de Mumbai a envisagé d'utiliser cette technique pour regarnir ses réserves d'eau potable qui sont à sec.

Je te télécharge de la main gauche

Je désirais ajouter à ma discothèque la pièce Je t'écris de la main gauche de Danielle Messia.

La vidéo est sur DailyMotion. Je pourrais utiliser Audacity pour l'enregistrer mais le son de la vidéo n'est pas vraiment bon.

Je me lance sur l'internet en général, pourquoi pas, pour voir si quelque chose pourrait en sortir. Je tombe sur le site français Starzik.com qui me promet un téléchargement de musique mp3 compatible tout baladeur.

La pièce que je cherche est disponible sans gestion de droits numériques (DRM) pour la modique somme de 0,99€. Je peux payer avec ma carte de crédit. Tiens, que je me dis, plutôt que de gosser 1 heure pour trouver cette pièce, je vais tout simplement l'acheter. Le coût est minime et j'ai tous les outils en main pour le faire, une simple carte de crédit. Pas besoin d'inscription et pas de contrainte de plateforme ou de logiciel. J'ai les mêmes droits et la même qualité audio que si j'avais le disque dans mes mains.

Je clique donc pour l'acquérir et, ô joie, je peux même télécharger la pièce dans le format sans perte FLAC, même qualité que sur un CD audio donc. Je peux aussi, sans frais supplémentaires, télécharger la pièce en format Ogg Vorbis, une compression avec perte qui a la caractéristique de faire un fichier plus petit, ce qui est pratique pour la transférer sur mon baladeur ou sur un autre ordinateur.

Cette transaction toute simple m'a amené à cette réflexion: Coudonc, c'était-tu si compliqué que ça?

La dernière CAM

Logo du métro de Montréal

Ça y est, c'est fini. À partir d'aujourd'hui, 1er juillet 2009, il n'est plus possible d'utiliser la petite carte de plastique pour voyager en transport en commun à Montréal. La CAM.

Cette carte mensuelle dont le design, surtout les couleurs, était toujours une surprise. Rarement une bonne. Un ami avait soulevé l'hypothèse, pour expliquer la singularité chromatique de la CAM, que le responsable du design devait être un employé de la STM ayant obtenu sa permanence dans les années '80. Indélogeable de son poste, sa palette de couleur n'avait pas été renouvelée depuis.

Je me souviens d'une CAM de février, elle était brun pâle avec des petits coeurs roses qui flottaient à sa surface. Une fois expirée, je l'avais posté à un ami vivant à l'extérieur du Québec pour lui illustrer tout ce qu'il manquait en étant au loin. Ou encore la fois où la STM avait transformé la CAM en publicité pour Loft Story. Ce mois-là avait été plus long que d'habitude.

Il était aussi possible de faire chanter la CAM. En la tenant d'une main et en la faisant osciller avec l'index de l'autre. Dramatisation:

J'ai numérisé la dernière CAM, celle de juin 2009. Les CAM des derniers mois arboraient une photo d'une station de métro. Une différente à chaque mois. La dernière a été consacrée à la station McGill.

Recto de la CAM du mois de juin 2009

Verso de la CAM du mois de juin 2009

Toute cette beauté plastifiée a été remplacée par la temporellement neutre carte à puce Opus. Je ne la sors même pas de mon portefeuille pour passer la guérite… Ma rencontre mensuelle avec le petit monsieur, ou à la petite madame, du métro a été remplacée par une transaction avec une machine à pitons. Une de plus.

Ce qui n'est pas sans nous rappeler que la technologie n'a pas que des avantages. Elle emporte des fois avec elle des petits bouts de notre beauté quotidienne. Ou mensuelle.

Billet aussi publié sur P45.

4 règles d'or pour l'envoi de courriels à de multiples destinataires

Images avec une flèche et 4 enveloppes

Il arrive souvent que nous ayons à envoyer un courriel à un grand nombre de destinataires.

Que ce soit pour annoncer un événement, raconter nos aventures de voyage, communiquer des nouvelles ou encore pour solliciter nos contacts, il importe de suivre des règles simples pour s'assurer que le message convoyé par notre courriel atteigne nos destinataires, qu'il soit compréhensible et agréable à la lecture.

Voici la liste de 4 règles d'or à suivre pour que notre envoi à de multiples destinataires soit couronné de succès. Cette liste est le fruit de plus de 13 ans d'expérience avec les courriels, autant en tant qu'émetteur que de récepteur de ce type de courriels. Les irritants des envois défaillants sont souvent les mêmes et sont simples à corriger si l'on suit ces 4 règles d'or.

  1. Écrivez le message du courriel en texte en clair
  2. Soyez clair
  3. Faites un test
  4. Utilisez la copie conforme invisible (cci)

Règle 1: Écrivez le message du courriel en texte en clair

Votre courriel s'envole vers une myriade de systèmes informatiques qui ont des caractéristiques bien différentes les unes des autres. Pour minimiser la probabilité d'être victime d'une incompatibilité entre votre système et ceux de vos destinataires, il importe d'utiliser le plus petit dénominateur commun pour convoyer de l'information: le texte en clair.

Il s'agit en fait d'écrire le texte en clair dans le corps du texte du courriel, sans utilisation d'images ou encore de HTML, donc sans italique, caractères gras, de couleurs ou encore avec des polices de différents formats.

Autre avantage non négligeable du texte en clair, il permettra aux destinataires de faire du copier-coller du texte. Les informations seront ainsi recopiées sans erreur, dans la mesure où l'information initiale n'en contient pas. Ceci est essentiel pour effectuer une recherche sur une partie du contenu, visiter un hyperlien (impossible lorsque l'hyperlien est dans une image) ou encore recopier des informations dans un agenda électronique.

Il est possible de joindre des fichiers en pièce jointe. L'exemple classique de la pièce jointe est une image normalement destinée à être imprimée qui contient les informations pour un spectacle. Une telle pièce jointe est permise, tant et aussi longtemps que la même l'information est écrite en texte en clair dans le courriel.

Une note sur les formats d'images utilisés pour la pièce jointe. Le format BMP, qui est le format par défaut pour les saisies d'écran dans Windows(tm), est à proscrire. Il est inutilement lourd et pourra profitablement être substitué par le format JPEG ou PNG. Il suffit de le convertir en utilisant un outil standard d'édition d'image comme The Gimp.

Les mêmes règles s'appliquent pour les autres types de fichier en pièce jointe. Les fichiers Word(tm) sont à éviter le plus possible. Il est en effet peu probable que vous désiriez que tous vos destinataires éditent un fichier que vous leur avez transmis. Si vous devez absolument leur faire parvenir un fichier contentant du texte en pièce jointe, utilisez plutôt un format texte destiné à la lecture, par opposition à l'écriture, tel que le format PDF. Le destinataire sait ainsi que le fichier est destiné à être lu, sans plus. D'autre part, un fichier en format PDF a beaucoup plus de chance de passer à travers les filtres antipourriels (antispam).

Le nom des fichiers en pièce jointe doivent bien sûr suivre les 3 règles d'or pour nommer un fichier.

Règle 2: Soyez clair

Ce conseil s'applique bien sûr à toutes vos communications, mais il est encore plus important lors d'un envoi à plusieurs personnes. Souvent, vous avez une foule de destinataires et il serait impoli et improductif de devoir envoyer un 2ème courriel pour éclaircir un point qui était nébuleux dans le premier. Rappelez-vous que le nombre de questions qui se poseront à cause d'un courriel avec de l'information peu claire est multiplié par le nombre de destinataires.

Écrivez un sujet clair qui indique l'objet du courriel et qui pourra avoir une signification lorsqu'il sera lu dans un autre contexte. Évitez par exemple l'utilisation de:
Sujet: Spectacle vendredi soir
Allez-y plutôt avec
Sujet: Spectacle du groupe Truc le vendredi 15 mai 2009 à la Salle du Centre-Ville

Ne supposez jamais que les destinataires pourront fouiller eux-mêmes un site web pour trouver de l'information. Retranscrivez-la en texte en clair dans le courriel.

Envoyez également les hyperliens vers des pages qui contiennent de l'information précise et non la page d'accueil d'un site. Pour annoncer un spectacle, par exemple, on évitera:
http://NomDuGroupe.ca/
Écrivez plutôt:
http://NomDuGroupe.ca/spectacle/20080511/

C'est d'ailleurs entre autres pour cette raison que les sites web en Adobe Flash(tm) ou n'utilisant pas des URL de type REST sont de mauvais sites web. On ne peut envoyer un message pointant directement vers l'information souhaitée. Il faut toujours envoyer une série d'instructions en plus de l'URL du site.

Un truc simple pour déterminer si votre courriel est clair: est-ce que chacune de ces questions ont été répondue: Quoi? Qui? Où? Comment? Pourquoi? Combien?

Toutes ces questions ne s'appliquent pas à tous les courriels, le rédacteur saura auxquelles il faut répondre en fonction de l'information à transmettre.

Règle 3: Faites un test

Envoyez le courriel que vous destinez à plusieurs personnes à un seul ami ou à un collègue. Demandez-lui son opinion. Faites les corrections que vous jugez opportunes selon ses commentaires.

Mieux vaut déranger une seule personne 2 fois plutôt que 100 personnes 2 fois.Vous serez ainsi plus sûr que votre courriel atteindra son but et vous aurez l'esprit plus léger en sachant que vous avez déjà réussi une première fois avec succès.

Règle 4: Utilisez la copie conforme invisible (cci)

Gardez à l'esprit que les adresses électroniques dont vous êtes dépositaire sont en soi de l'information privilégiée, voire confidentielle. Il est plus qu'impoli de mettre toutes ces adresses dans le champ "à" ou encore "copie conforme", un endroit où toutes les adresses sont visibles par tous les destinataires. Vos contacts ne vous ont jamais autorisés à transmettre ces informations sur eux, et encore moins à les associer à un groupe de personnes (celles qui sont dans l'envoi).

Il est très aisé de faire suivre un courriel, plus le nombre de destinataires est grand, plus la probabilité qu'une copie de ces adresses se retrouve à un endroit indésirable augmente. Le courriel pourrait par exemple être envoyé sur un forum de discussion et être transformé en page web. Un robot collecteur d'adresses courriel passe par la suite sur ladite page web et voilà! les adresses de tous vos destinataires font maintenant parti d'une liste accessible à tous les polluposteurs de la planète.

Pour éviter de tels désagréments et pour ne pas soulever l'ire de vos amis, rien de tel que d'utiliser l'option copie conforme invisible pour les adresses de vos destinataires. Cette fonctionnalité méconnue du protocole courriel permet de cacher aux destinataires les adresses des autres destinataires du courriel. On sait ainsi de qui provient le courriel, mais non à qui il est destiné.

Une exception cependant. Lorsque vous organisez une fête, il arrive souvent que l'expéditeur désire que les autres personnes sachent qui a reçu l'invitation. Souvent, ces personnes se connaissent entre elles, la confidentialité des adresses courriel prend donc ici moins d'ampleur. Les destinataires pourront aussi constater qui a été invité et surtout qui ne l'a pas été. Ils pourront ainsi faire suivre le courriel aux laissés pour compte qui eux-mêmes pourront voir qui a été initialement invité. C'est un bon ingrédient pour une fête réussie.

Conclusion

En suivant ces 4 règles, vous maximiserez le potentiel des courriels en plus de respecter vos destinataires. Un juste mélange de technologie et de savoir-vivre pour réussir à communiquer son message et faire en sorte que celui-ci puisse se transmettre à d'autres personnes et à d'autres systèmes.

N'est-ce pas là toute la puissance de cette technologie?

The Pirate Bay, une base de données immortelle

Logo de The Pirate Bay à l’intérieur d’un phénix

The Pirate Bay est un site suédois permettant l'échange de fichier de type torrent, fichier permettant d'utiliser le protocole de transfert poste-à-poste BitTorrent. BitTorrent est essentiellement utilisé pour l'échange de fichiers de grande taille: films, musique et logiciels.

Les administrateurs du site The Pirate Bay sont actuellement devant les tribunaux de Suède. Ils sont accusés d'avoir fait la promotion de l'infraction aux lois sur le droit d'auteur (promoting other people’s infringements of copyright laws). Les audiences se sont terminées le 3 mars et le verdict sera rendu le 17 avril de cette année.

The Pirate Bay est le site le plus connu pour trouver des fichiers torrent. Cette poursuite est, de ce fait, une bataille capitale pour les ayants droit, notamment pour Hollywood.

Or, même si le juge comdamne les administrateurs de The Pirate Bay et ordonne de débrancher les serveurs, le service offert par The Pirate Bay reviendra en ligne. Avec les mêmes données. Voici pourquoi.

En mai 2006, la police suédoise a fait un raid sur les serveurs de The Pirate Bay. 3 jours plus tard, The Pirate Bay renaissait de ses cendres grâce à des copies de sauvegarde sur un serveur en Hollande (voir le film Steal this movie pour toute l'histoire).

Trois ans plus tard, les administrateurs de The Pirate Bay doivent sûrement être prêts. Et ils ne sont pas seuls. Une foule de gens les appuie, dont plusieurs ont de grandes habiletés avec la chose informatique. Si 3 personnes peuvent administrer un site comme The Pirate Bay, imaginez combien il y a de groupes un peu partout à travers le monde, prêts à prendre la relève. Tout ce qu'il faut, c'est une copie des données et de la configuration des serveurs, beaucoup de bande passante, un accès à des serveurs dans un pays où la législation sur les droits d'auteur est moins restrictive (la Slovaquie ou la Malaisie par exemple) et du financement.

Si j'étais à la place des administrateurs de The Pirate Bay, j'aurais préparé 2 ou 3 emplacements dans le monde, juste pour être sûr qu'il y en a au moins un qui fonctionne le jour où ce sera nécessaire. Il faut mettre le système de copies en place avant le jugement de la cour suédoise, ce qui me fait penser que c'est probablement déjà fait au moment de la publication de ce billet, puisque le jugement interdira probablement aux administrateurs de recommencer ailleurs. Sinon, à quoi bon? Si les mesures ont été mises en place avant le jugement, ils ne peuvent être accusés de façon rétroactive. À partir de là, ce seront d'autres gens qui s'occuperont des nouveaux serveurs et des frais qui y sont associés.

Il y a déjà eu un précédent de ce type, ici même au Québec. En juillet 2008, QuebecTorrrent avait été reconnu coupable et avait dû fermer ses portes. 6 jours plus tard, un clone de l'engin était en ligne: Torrent411. Sauf que cette fois-ci, le serveur était en Malaisie et non pas à St-Jérôme.

Plus la rapidité de la mise en service du serveur remplaçant The Pirate Bay sera grande, plus l'effet sur l'imaginaire sera important. Je prédis un clone de The Pirate Bay, avec un nouveau nom, en moins de 24 heures si jamais il devait fermer ses portes. Et à plus d'un endroit, s'ils veulent vraiment faire comprendre à quel point cette lutte juridique est futile.

Cette utilisation de la technologie est trop puissante et trop simple pour être contrainte de la sorte par la juridiction. La question n'est pas de savoir qui va gagner la bataille, il n'y a aucun doute, mais de savoir combien de temps elle durera.

Hors des lieux communs en papier

L'initiative du blogue en papier consiste à publier un billet en notes manuscrites plutôt qu'à l'ordinateur. Ça se passe le 5 mars chaque année depuis 2006. Une liste des billets en papier de l'an dernier est publiée sur le blogue d'Émile Girard.

Je trouve l'idée géniale. De plus, dans mon cas, l'étape manuscrite précède souvent l'écriture électronique. Je participe à cette initiative cette année en publiant le travail manuscrit qui précède la publication d'un billet.

Vous trouverez ici la numérisation des notes que j'ai prises pour la publication du billet Une solution alternative à l’énigme des 2 portes, rédigées au dos du carton de la publicité de l'Okanagan Spring que l'on voit sur la photo du billet qui porte sur cette bière.

Même s'il est écrit « par Vincent Finnerty », il s'agit de ma calligraphie et non celle de Vincent. Je rédigeais ce qu'il me racontait et pour souci de référence, j'ai écrit de qui venait l'histoire. Ça, c'est une habitude qui ne dépend pas du médium de publication.

Cliquez sur l'image pour la voir en haute définition.

Scripte du billet « Solution alternative au problème des 2 portes »

Perraultiser internet

Image du film « Pour la suite du monde »

Pierre Perrault est un documentariste québécois (1927, 1999) qui a donné naissance au cinéma-direct, plus tard rebaptisé cinéma-vérité en France. Le premier film de ce mouvement a été réalisé en 1963, il s'agit du premier film de la trilogie de l'Île-aux-Coudres: Pour la suite du monde.

Pierre Perrault, voulant donner un accès direct à ce qu'étaient vraiment les gens de l'Île-aux-Coudres, mit à profit une récente innovation technique: la synchronisation d'un magnétophone et d'une caméra. Aujourd'hui, cela peut sembler une évidence mais, avant cette époque, l'appareillage pour enregistrer le son était trop encombrant et la synchronisation avec l'image peu fiable. La bande sonore des documentaires était donc créée en parallèle et apposée aux images lors du montage. Tous les films qui n'ont pas été enregistrées en studio, avant 1963, ont une bande sonore artificielle.

Plutôt que d'utiliser une voix radio-canadienne hors champ, qui ne ressemble en rien au langage des canadien-français, Pierre Perrault laisse la parole aux habitants de l'Île-aux-Coudres afin qu'ils se racontent eux-mêmes. Ils s'expriment avec leur joual et leur tournure poétique des mots d'usage courant, mots qui composent leur quotidien. C'est la toute première fois qu'un documentaire présente des hommes tels qu'ils sont dans leur milieu, sans mise en scène ni artifice.

Ce n'est pas en Europe ni aux États-Unis que ceci s'est produit, mais bien chez nous au beau milieu du fleuve St-Laurent, sur une île dont les habitants étaient décrits jusqu'alors comme étant sans histoire parce que trop occupé à survivre.

D'une part, ce nouveau cinéma de Pierre Perrault a vu le jour grâce à la technologie de ce moment mais, d'autre part, Perrault a utilisé cette technologie non pour faire des films à succès, mais pour explorer les racines de son propre peuple, alors confronté au choc de la modernité au début de la Révolution tranquille. À l'inverse d'un cinéma d'isolement, c'est plutôt un cinéma universel qu'il a ainsi créé.

Aujourd'hui, une autre révolution technologique est survenue: internet. Le premier réflexe est d'utiliser cette technologie pour tenter de comprendre le monde dans sa globalité, dans son ensemble. Mais ce n'est probablement pas en visant des marchés internationaux à l'aide de produit culturel de masse, et certainement pas en faisant un culte au mégapixel ou à l'outil suprême de consommation numérique, que nous atteindrons la part de l'universel de l'homme.

C'est plutôt en racontant le particulier et ce que l'on connaît le mieux, nous, que nous parviendrons à toucher l'universel, et peut-être à percevoir des nouveaux aspects de l'homme. Dans cette optique, la technologie sert les mêmes fins que l'art.

Et tout comme Pierre Perrault créa le cinéma-direct à quelques kilomètres au sud de Charlevoix, sur une île isolée, de même nous pouvons nous-mêmes explorer les moyens technologiques, ou que nous soyons. C'est dans l'oeil de l'observateur que se trouve la beauté et cet oeil est superposé d'un cerveau qui se doit de travailler à communiquer ce qu'il voit, peu importe où il se trouve. La technologie doit être utilisée dans ce sens.


L'ONF, qui produisait les films de Pierre Perrault, a mis en ligne sur son fantastique site web les 3 films de la trilogie de l'Île-aux-Coudres en version intégrale:
1. Pour la suite du monde
2. Le règne du jour
3. Les voitures d'eau

Pour ceux qui préfèrent les voir sur leur télévision, vous pouvez aussi commander la trilogie en format DVD. Le coffret contient un livret dont la lecture mérite amplement sont achat. Et la publication d'un billet sur son blogue.

Le mythe de la voiture électrique (II)

La voiture Tesla

Dans ma tendre enfance, la voiture de l'avenir était la voiture volante. Aujourd'hui, la voiture de l'avenir est la voiture électrique.

Or, dans le contexte actuel si la voiture électrique remplaçait totalement les voitures à pétrole, ce serait un véritable désastre environnemental.

Nous avons déjà calculé sur ce blogue que, si toutes les voitures du Québec étaient dotées d'un moteur électrique, il faudrait construire une centrale hydro-électrique ayant une demi-fois la puissance de la centrale Robert-Bourrassa.

Nous pourrions toujours, au Québec du moins, construire une autre centrale hydro-électrique de ce genre. Si l'on suppose que contaminer la superficie de 2 ou 3 fois le Lac-Saint-Jean et déplacer 10 000 autochtones constitue une option écologique, nous pourrions nous en tirer de façon plus propre que de brûler vulgairement du pétrole dans les rues de nos villes.

Mais, pour beaucoup de pays sur la planète, notamment les États-Unis, la future production d'énergie électrique proviendra essentiellement de nouvelles centrales au charbon. Certes, la qualité de l'air des villes s'en trouverait grandement améliorée si nous avions des voitures électriques, mais le bilan total des émissions des gaz à effets de serre serait désastreux. Si l'efficacité énergétique d'un moteur électrique est exceptionnelle, jusqu'à 90%, celle de la combustion du charbon elle, l'est grandement moins, au mieux 40%.

Au premier degré, on penserait que l'on est super écologique en se propulsant à l'électricité. Mais en regardant attentivement la source de l'énergie, on constate que l'on a simplement déplacé le problème.

J'ai un truc tout simple, qui ne nécessite aucune nouvelle technologie ni aucune nouvelle infrastructure, pour diminuer de 50% la consommation de pétrole per capita : Embarquez 2 par char.

Ce billet est publié sous licence Creative Commons BY-SA.

Pour en finir avec les archives en ligne de Radio-Canada

Logo de Radio-Canada internet, derrière les barreaux

Lorsque j'écris à propos de diffusion de connaissance ou de beauté technologique, j'ai toujours l'impulsion d'ajouter une remarque cynique poignardant la cécité des gestionnaires des archives en ligne de Radio-Canada. À chaque fois. Je me retiens, mais j'aimerais bien me débarrasser de cette manie. Je rédige donc ce billet afin d'en faire une catharsis.

Qu'est-ce qui est frustrant à propos des archives en ligne de Radio-Canada?

Tout simplement qu'il m'est impossible de les écouter ou de les visualiser. Pour moi, c'est comme s'il n'y en avait pas.

Lorsque je veux vraiment écouter une émission sur le site web de la SRC (lorsqu'il était question d'urler.tv par exemple), je dois me rendre chez un ami qui a un système d'exploitation propriétaire. Ça me fait penser à l'époque de l'avénement des premières télévisions, tout le voisinage allait chez le plus proche voisin qui en possédait une, s'asseyait en cercle dans le salon et écoutait l'émission du soir.

Je ne suis pas le premier, et sûrement pas le dernier, à me plaindre de cet état de fait:

Qu'ai-je donc de si spécial pour que je ne puisse pas consulter les archives en ligne de Radio-Canada?

J'utilise GNU/Linux comme système d'exploitation et Radio-Canada diffuse ses archives dans le format Windows Media, format qui n'est lisible directement que sur les systèmes d'exploitation Windows (propriétaire du format) et Mac. On pourrait juger que, si je tiens à demeurer marginal en utilisant ce système d'exploitation, je n'ai qu'à subir les conséquences de mes choix. La marginalité à laquelle j'appartiens est environ de la même dimension que celle utilisant des Mac, c'est-à-dire entre 4% et 5% des utilisateurs.

Pourtant, il semble qu'il existe des solutions:

Toutes ces solutions demandent un niveau d'expertise beaucoup trop élevé de la chose informatique pour les installer et les utiliser. De toute facon, aucune d'entre elles n'a fonctionné pour moi. Il est impensable qu'un site web de l'ampleur et de l'importance de Radio-Canada exige ces connaissances et cette expertise pour un exercice que tant d'autres ont réussi sans ces acrobaties logicielles.

Pourquoi les services internet de Radio-Canada ont-ils choisi ce format?

Réponse de Marie Tétrault,
Chef des communications, Nouveaux Médias
Radio-Canada

Dans le but doffrir une expérience audio-vidéo plus enrichissante et optimale, Radio-Canada a fait des choix technologiques accessibles au plus grand nombre dinternautes canadiens. Par ailleurs, concernant l'utilisation de Windows Media Player sur le site Internet de Radio-Canada, nous avons choisi le format de diffusion vidéo qui est le plus largement répandu afin d'atteindre le plus large public possible.

Réponse de Stéphane Bousquet
Chef de secteur Internet,
Radio française de la Société Radio-Canada

L'équipe des nouveau médias de Radio-Canada est en état de veille constant et effectue continuellement de la R&D pour évaluer les technologies de diffusion d'avenir qui soient à la fois accessibles au grand public, et économiques pour le diffuseur qui, faut-il le rappeler, est financé par les contribuables canadiens.

Notre adoption de la technologie Windows Media est d'abord et avant tout due à des impératifs économiques. Alors qu'il nous coûte une petite fortune de diffuser en RealAudio, la technologie Windows Media nous est offerte gratuitement tout en ayant une qualité sonore équivalente au RealAudio.

Ça semble vrai tout ça, non?

Sur un échantillon de 16 diffuseurs publics diffusant sur internet, Radio-Canada fait parti du club sélect, avec France 2, des diffuseurs publics dont il est impossible d'écouter les archives en lignes sous GNU/Linux (source: blogue.jauneorange.com). Si les 14 diffuseurs sont en mesure de rendre leur contenu accessible pour tout le monde, comment excuser le fait que la SRC ne soit pas capable? Même CBC y réussi!


Saisie d’écran du site de la CBC où on voit un extrait vidéo

Saisie d'écran sur le site de CBC sur une station GNU/Linux. Il est possible de visualiser des vidéos.

La réponse de Marie Tétrault ne tient donc pas la route. La SRC n'atteint pas le plus large public possible. Si c'était le cas, ce billet-là n'aurait pas sa raison d'être.

Quant à la perception du rôle de Radio-Canada par l'équipe des nouveaux médias de la SRC, j'attire votre attention sur la perception totalement erronée qui émane d'un membre de cette équipe, Marie-Hélaine Laurence, sur les formats de diffusion, la propriété intellectuelle et les formats libres:

En réponse à votre question, nous n'utilisons pas les formats du domaine publique car nous nous devons de protéger la propriété intellectuelle de nos contenus. Par définition, les logiciels « open source » permettent aux gens d'accéder aux fonctions internes du lecteur et de faire ce qu'ils veulent avec les données qui s'y trouvent.

Vous pouvez consulter la réponse de Jean-François Fortin si vous ne comprenez pas jusqu'à quel point la madame est au grand large de la compréhension.

Finalement, un petit mot sur la gratuité du format Windows Media. Il est peut-être gratuit d'encoder des fichiers dans ce format, mais la pérennité des documents, sans parler de leur accessibilité, a été gravement négligée. Deux qualités qui sont au coeur même de la mission de Radio-Canada.

Dans un futur pas trop lointain, le gouvernement du Canada adoptera des principes qui devront être respectés pour tous les formats des documents de la Couronne. Ceci implique les sociétés d'état, dont Radio-Canada. Il serait plus que surprenant que le format propriétaire Window Media rencontre ces principes.

Que devra faire Radio-Canada ce jour-là? Elle devra réencoder toutes ses archives numériques dans un autre format. Et, lorsque la SRC devra mettre ces ressources pour ce travail, pour cette raison ou pour une autre, le concept de gratuité dont il était question ne s'appliquera plus tout à fait.

La gravité pour tomber dans un trou est toujours gratuite. Les moyens pour s'en sortir par la suite, c'est une autre paire de manches.

Ça va mieux là?

Un peu. Ça fait du bien en tout cas.

Blogues, Facebook, Twitter et tout ça

Livre au-dessus de l’oiseau bleu de Twitter

Paul Boutin nous annonce sur Wired que ça y est, les blogues sont morts. Il nous recommande de s'exprimer nous-même («expressing yourself») sur Flickr, Facebook ou Twitter.

La métrique utilisée pour en arriver à cette conclusion est simple: la position de votre publication dans une recherche sur google à l'aide des mots-clefs qui représentent votre article (billet, Twit?). Comme les grands sujets sont la plupart du temps déjà traités par des publications qui ont un PageRank plus élevé (wikipédia, blogues corporatifs), il est difficile de se tailler une place dans les premiers résultats d'une requête dans Google.

La solution proposée pour résoudre ce problème est de verser dans le volume et, donc, de raccourcir la taille du contenu proposé. C'est l'équivalent des canaux d'information en continue (RDI, LCN, CNN), mais sur le web. Comme il prend un certain temps pour réfléchir, avoir des idées et publier un bon texte, la compétition a le temps de faire la même chose. Ce qui fait que, pour se démarquer, il faut avoir de bonnes idées ou encore de grands moyens. La beauté du Twit, de Facebook et des informations en continues, c'est qu'il est aisé d'être prolifique et rapide puisque le contenu des messages est réduit à sa plus simple expression.

Le risque, c'est que qui parle beaucoup pense peu. Dans le cas des réseaux d'information en continue, plus d'images, moins d'idées.

Je ne nie pas que ces formats peuvent convenir à certains types de messages. Un paragraphe par exemple est suffisant pour les annonces classées. Le lecteur du 24 heures pourra par contre convenir que ce format n'est peut-être pas l'idéal pour expliquer la situation géopolitique mondiale tel que le conflit israélo-palestinien.

Les victimes de la mode du web, comme Paul Boutin, ont la propension à ordonner les technologies utilisées sur internet, plutôt que de regarder à quel type de communication ils conviennent. Ces plateformes ont sûrement leur utilité, je n'en doute pas, mais elles ne sauraient remplacer la solidité d'un texte bien bâti et articulé, même s'il doit être plus long à lire qu'un Twit (140 caractères maximum).

S'il y avait un Kasimir Malevitch des temps modernes, il inventerait la version numérique du Carré blanc sur fond blanc: un système de communication où la quantité maximale d'information que l'on peut échanger est d'un octet. Nous saurions à ce moment que nous avons atteint un point de non retour.

Carré blanc sur fond blanc
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