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Mon amoureux

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Le mot « amoureux » est aujourd'hui utilisé comme l'équivalent du mot « conjoint ». Cette substitution est un artifice tentant de prolonger l'amplitude initiale des sentiments reliant 2 personnes. On n'a pas un conjoint, terme plutôt neutre il faut en convenir, on a un amoureux, ce qui est une tout autre chose.

Pour moi, l'expression « amoureux » reflète plutôt un sentiment exalté, que ce soit à la suite d'un coup de foudre, au début d'une relation amoureuse, d'un rapprochement d'un couple, etc. C'est dans la famille des mots que l'on glisse dans une conversation intime, en tête à tête avec des amis proches, pas lors d'une banale conversation de cafétéria pour désigner son conjoint.

Bref, lorsque j'entends ce mot pour désigner un conjoint, j'ai toujours un petit malaise. Le malaise est d'autant plus grand si je crois que lesdites personnes, bien que conjoints, ne le sont plus, amoureuses.

Afin de me familiariser avec la nouvelle signification de ce mot, je me suis un jour hasardé à l'utiliser avec un camarade pour désigner, innocemment, sa nouvelle conjointe. Erreur. Pour lui aussi, le mot était porteur de son sens original: il n'était pas au courant, ou habitué, à la permutation de ces deux termes. Il m'a vite fait comprendre, avec un « Wô » bien senti, que ce n'était pas son « amoureuse ». Je m'étais ainsi aventuré sur un terrain sur lequel je n'avais aucune intention d'aller.

À la suite de cette expérience, j'ai revu ma politique de vocabulaire et j'utilise ces mots uniquement dans leur sens propres. J'essaye aussi de ne pas trop m'étonner lorsque je l'entends dans les conversations mondaines, mais ça, c'est un exercice plus difficile.

Copulation reproductive au Québec

Comme on a accès au nombre de naissances par mois au Québec, on dispose aussi du nombre de copulations ayant mené à la reproduction: suffit de soustraire 9 mois.

Voici ce que ça donne sous forme graphique:

Nombre de copulations reproductives par jour au Québec

Première surprise, c'est au printemps (février à mai) que la copulation reproductive est la moins grande au Québec. Or, chez la plupart des mammifères, la période de rut a lieu au printemps alors que pour le Québécois, ce serait plutôt à l'automne (octobre à décembre).

Le creux du printemps pourrait être expliqué parce que les futurs parents ne veulent pas de naissance à Noël (ceux qui ont leur anniversaire trop proche de Noël ne la fête jamais, c'est du trouble pour aller visiter la parenté, etc.) ou encore parce que le printemps est une période de chasse active ce qui, paradoxalement, ne mènerait pas à la reproduction.

On peut aussi mettre en relation le cycle de la copulation reproductive avec le cycle des ruptures de couples. Quand on se sépare, on se reproduit moins. Corollaire: puisque l'automne les couples se séparent moins, ils se reproduisent plus.

Le pic du mois de décembre peut être expliqué par deux facteurs qui s'additionneraient pour compenser le grand nombre de séparations. D'une part, les vacances et les voyages qui ont souvent lieux à cette période relâchent le stress, favorisant la rencontre de l'ovule et du spermatozoïde, et d'autre part, la consommation abondante de boisson alcoolisée dégêne garçons et filles, favorisant les rapprochements des gamètes.

Quoi qu'il en soit, le Québec semble être un endroit unique au monde pour son cycle de copulation, les autres pays du Commonwealth mettant ces nombres disponibles (Australie, Royaume-Uni, Canada, Nouvelle-Zélande) sur internet ne montrent pas de cycle selon les saisons. Le Québec est bel et bien une société distincte!

Notes:

  • Comme les mois n'ont pas tous le même nombre de jours, le nombre de copulations a été divisé par le nombre de jours par mois. Février n'est ainsi pas désavantagé à décembre.
  • Le temps de gestation chez l'humain n'est pas exactement de 9 mois. On suppose que la tendance dans les copulations reproductives ne sera pas masquée par cette différence.
  • L'écart type entre les mois des différentes années varie entre 7% et 10%, pour une moyenne de 7,84%.
  • La variation entre le nombre de copulations maximal et minimal est de 35,17 copulations reproductive par jour, soit 16% de la valeur de la moyenne et plus de 3 fois l'écart-type (10,48). Nous considérons cette différence comme étant statistiquement significative.

Gaston Tremblay, missionnaire

Logo de ptaff.ca

Il y a quelques années, j'eus la surprise d'apprendre qu'un de mes grands-oncles a été prisonnier de guerre en Malaisie pendant la Seconde Guerre mondiale. J'avais toujours vu ce conflit comme appartenant aux livres d'histoire, et jamais je n'aurais cru qu'un membre de ma famille ait pu y être impliqué aussi directement, encore moins fait prisonnier par l'ennemi.

Ce grand-oncle maternel, c'est Frère Gaston, missionnaire en Malaisie pendant 35 ans. Et heureusement pour la petite histoire familiale, il existe une version manuscrite de sa vie que nous avons retranscrite sur ptaff.ca.

Bonne lecture!

La fin de semaine de 3 jours

Est-il préférable d'avoir le lundi ou le vendredi de congé? Voici quelques éléments de réflexions pour vous aider à faire un choix.

Vendredi en congé

Bonhommes qui dancent

Avoir vendredi en congé, c'est ajouter un second vendredi à sa semaine. En effet, le jeudi étant promu dernière journée de travail, il acquiert ainsi la principale qualité du vendredi. Il a dès lors des airs de ressemblance avec le vendredi, et pour peu que l'on se laisse aller, on peut aisément les confondre.

Or, le vendredi a bonne réputation. Le doubler est souvent considéré comme un grand avantage. Un bénéfice indéniable pour les personnes socialement actives est la possibilité d'avoir de la compagnie pour la soirée libérée: le jeudi soir. Ce soir-là est un haut moment de la semaine, même pour ceux travaillant le vendredi: la semaine est presque terminée, une petite dernière journée et c'est fini! Il est relativement aisé de trouver des personnes volontaires pour une activité extérieure, ce qui serait beaucoup plus difficile pour le terne dimanche soir.

Question productivité au travail, opter pour le vendredi de congé est probablement le choix le optimal… pour l'employeur. On sait que le vendredi est la journée de la semaine où il s'abat le moins de boulot. Or, si cette journée est chômée au lieu d'une autre, on ne se repose pas autant que l'on aurait pu. Le vendredi est habituellement une journée plus légère au travail, peut-être vaut-il mieux en profiter et alléger la semaine ailleurs.

Le trio vendredi-samedi-dimanche en congé est un trio d'énergie. Il ajoute une soirée d'activité, permet de prendre la fin de semaine par surprise en l'attaquant 24 heures plus tôt et termine le dimanche comme toutes les autres fins de semaine. Ce type de fin de semaine de 3 jours est idéal pour les personnes actives à l'extérieur de la maison.

Lundi de congé

Un lit.

Transformer le lundi en congé, c'est ajouter un second dimanche à sa fin de semaine. En effet, le lundi étant promu journée avant le retour au travail, il acquiert la principale qualité du dimanche. Il a dès lors des airs de ressemblance avec le dimanche, et pour peu que l'on se laisse aller, on peut aisément les confondre.

Or, le dimanche a mauvaise réputation. Le doubler peut sembler être un choix ennuyeux. Un des avantages du lundi de congé est d'allonger le temps de récupération pour une activité se tenant le samedi. Les mariages et autres épluchettes de blé d'Inde ont la grande majorité du temps lieu le samedi: jour officiel où tout le monde a congé et est disposé à la fête. Pour peu que l'on ait des dispositions à faire la fête, ou que l'on ait beaucoup de route à faire pour revenir à la maison, la journée suivante risque d'être affectée grandement. Si le lundi est aussi jour de congé, on pourra en profiter pour le transformer en jour de fin se semaine corvéable, sans trop de presse. Autrement dit, avoir un second dimanche, ça peut être très bien dans certaines circonstances.

Pour maximiser le repos, le lundi est le choix optimal pour un congé. En effet, le lundi est une journée de la semaine assez occupée, même si la vitesse de pointe du mardi ou du mercredi n'a pas encore été atteinte. Rester à la maison le lundi permet de débuter la semaine de travail le mardi, lorsque les collègues travaillent déjà à un bon rythme. On évite aussi les bilans de fin de semaine des collègues puisqu'ils les ont déjà faits la veille. De plus, lorsque les collègues pensent à quelqu'un qui est à la maison le lundi, ils ne les envient pas vraiment. Personne n'envie le lundi d'un autre.

Bref, le trio samedi-dimanche-lundi en congé est un trio de marathonien. Il permet une plus longue période de récupération, diminue efficacement la charge de travail et passe pour le choix du professionnel. Ce type de fin de semaine de 3 jours est idéal pour les personnes cherchant à concilier travail-famille ou encore ayant un gros événement le samedi.

Luc Ferrandez

Luc Ferrandez est aujourd'hui un homme qu'une partie de la population québécoise se plaît à détester. La faute de ce politicien? D'abord, il est maire de l'arrondissement du Plateau Mont-Royal, ce qui autorise les médias, surtout ceux à l'extérieur de Montréal, à déverser leur fiel sur une personne associée géographiquement à une gauche utopiste et dépensière. Deuxièmement, et c'est là son immense faute, Ferrandez s'est attaqué à une valeur cardinale de la société occidentale: la migration pendulaire motorisée. Ou en termes plus crus, aux chars.

Qu'un seul homme soulève l'ire d'autant de gens simplement en inversant le sens du trafic sur quelques rues - ce qui relève d'ailleurs des pouvoirs qu'il possède - est paradoxal. Un politicien s'attaque dans un quartier à notre représentation de la société contemporaine, et on assiste à une mobilisation grégaire des survivants du XXe siècle pour s'opposer à ce comportement hérétique. Le Québec désire des politiciens qui feront « de la politique autrement », mais attention! il faut que cela se fasse sans toucher notre mode de vie. Du changement, mais sans que ça change.

L'humanité sera confrontée à moyen terme à des défis qui nécessiteront des changements beaucoup plus radicaux que d'inverser le trafic d'une rue sur 1000 mètres. Or, la réaction contre Ferrandez laisse songeur quant à la capacité des Québécois d'entreprendre les actions qui seront nécessaires dans un futur pas très lointain. Il ne sert à rien d'avoir des politiciens visionnaires si la population refuse de voir les choses autrement. Accepter qu'un maire de quartier puisse prendre des décisions sur le sens de trafic me semble un point de départ accessible.

Le mur carmélite

Remontant la rue Henri-Julien jusqu'à la voie ferrée par un beau soir d'été, nous croisâmes un mur de pierre de 10 mètres de haut entourant une série d'édifices.

Mur du Carmel de Montréal

Bien que nous doutant qu'il s'agissait d'une institution religieuse, nous nous sommes demandé ce qui pouvait bien justifier la présence d'un mur aussi imposant. Servait-il à la protection contre les attaques des Indiens? Des Anglais? Des Américains?

Recherches effectuées, ce mur et ces établissements sont de style médiéval ont été construits en 1895-1896 (en seulement deux ans!) et constituent le Carmel de Montréal.

Le style utilisé a été développé 500 ans plus tôt sur un autre continent et répond à des critères, dont celui de défense contre l'ennemi, qui sont peu justifiés une fois transposés sur la rue Henri-Julien à la fin du XIXème siècle. La seule fonction du mur qui pouvait être utile à l'époque de sa construction est celle d'isolement de la communauté face au monde extérieur. On peut dire que la communauté est, effectivement, cloîtrée.

Il y aurait sûrement eu moyen d'avoir un cloître avec des murs moins hauts et atteindre le même but, comme l'on fait les moines à Oka à la même époque. Mais pour les Carmélites, l'architecture typique de leur ordre religieux importait plus que l'optimisation des ressources nécessaires pour s'isoler. L'identité historique de leur ordre étant lié à cette architecture, ils ne se sont peut-être même pas posé la question.

Comme quoi, parfois, le symbole est plus important que la fonction.

Le projet Wapikoni

Logo de la Wapikoni mobile

Le projet de la Wapikoni donne vie à chaque année à des dizaines de courts métrages produits par des Autochtones. Cela permet notamment aux Blancs d'avoir accès à une autre image des Autochtones que celle habituellement transmise par les médias: celle des revendications, des barricades.

Pour une fois, ce sont eux qui portent la caméra et qui décrivent leur réalité avec leurs mots, leur langage. Ce projet est porté par des formateurs et des intervenants qui, au fil des années, ont tissé des liens de confiance avec les communautés, plus particulièrement avec une population difficilement accessible: les jeunes Autochtones. C'est un projet qui, comme toute relation basée sur la confiance, a pris des années à construire.

Mais le raisonnement opaque du gouvernement Harper est venu mettre un terme à cette réussite. Pour ces gens, tout doit être quantifié et donner des résultats à court terme. Sinon, on coupe. Ainsi en est-il de la Wapikoni, car malheureusement, l'identité des peuples est comme la culture, elle cadre mal dans une grille d’évaluation.

Espérons que les pressions entendues dans les médias au cours des derniers jours auront raisons de ce manque de souplesse. Mais quoiqu'il arrive de la Wapikoni, il y a tout à craindre que d'autres projets de ce type meurent dans les mains des Conservateurs. Car lorsqu'on est myope, il n'y a pas qu’une direction qui semble floue, mais bien tout l'horizon.

Lectures complémentaires:

L'influence des baby-boomers sur la société québécoise

Pyramide des âges du Québec, 2008

Fruits d'une fécondité retenue par la crise des années 30 et la Seconde Guerre mondiale, les enfants du baby boom ont, depuis leur naissance, formé la génération comptant le plus grand nombre d'individus. Ils sont même si nombreux par rapport aux autres générations qu'ils n'ont pas eu à s'adapter à la société: c'est la société qui s'est adaptée à eux.

Bien que le phénomène du baby boom soit commun aux anciennes colonies anglaises (Australie, États-Unis, Nouvelle-Zélande, Canada), sa marque a été d'autant plus importante au Québec que cette société était en retard par rapport à l'occident, bridé par un conservatisme religieux depuis les débuts du XXe siècle.

C'est la combinaison de ces deux facteurs (retard de la société québécoise par rapport au reste de l'occident et abondance relative des représentants d'une génération), qui est à la base de la Révolution tranquille. Les baby-boomers ont créé les institutions qui sont aujourd'hui la colonne vertébrale de l'État québécois: nationalisation de l'électricité, école obligatoire jusqu'à 16 ans, Caisse de dépôt et placements, Charte de la langue française, etc. Grâce aux programmes d'éducation, ils ont même choisi les valeurs et la vision de l'histoire qui allaient être transmises aux générations suivantes, incluant leurs propres réalisations.

En conséquence, non seulement les baby-boomers ont toujours vu la société comme étant faite sur mesure pour eux, mais ils ont aussi transmis cette vision à leurs cadets. Depuis le début des années 40, toutes les personnes nées au Québec n'ont donc qu'une seule lorgnette, celle de la société par et pour les baby-boomers.

Ce n'est pas un jugement ou un apitoiement que de faire pareil constat. C'est une simple réalité mathématique. Plus nombreux que les générations suivantes et ayant beaucoup à faire pour adapter l'État aux théories en vogue ailleurs en occident, les baby-boomers se sont attelés à la tâche et y ont très bien réussi. Aucune autre génération n'ayant été en mesure, numériquement parlant, de les surpasser depuis, ils sont restés à la barre de l'État et du discours de celui-ci.

Aujourd'hui, il semble que les baby-boomers sont peu solidaires avec les générations qui les suivent. Par exemple, les groupes en faveur de la hausse de frais de scolarité (recteurs, gouvernement, patronat) sont issus de cette génération, de même que ceux qui instaurent les clauses orphelines dans les conventions collectives. Les baby-boomers ont tendance à remettre en question des choses dont ils ont profité mais dont ils ne profiteront plus. À leurs rêves de jeunesse, ils ont substitué leurs intérêts.

En considérant tout ceci, quels sont les scénarios qui pourraient faire en sorte que les générations X et Y puissent prendre le contrôle de l'État?

Scénario 1: le cataclysme financier

Une crise économique ou financière dont les solutions pour s'en sortir se feraient au détriment de la population active pourrait être un germe de cette transition. Des clauses orphelines pour financer les fonds de pension et les coûts de soin de santé des baby-boomers pourraient causer une crise si elles sont adoptées à grande échelle.

Comme les baby-boomers sont nombreux et vont voter en plus grand nombre, il pourrait être électoralement sensé d'adopter des mesures économiquement contraignantes pour les plus jeunes. Il faudrait alors qu'en plus de sortir dans la rue, les générations touchées se présentent aux urnes et optent pour un parti politique qui refuse d'emprunter cette voix (en supposant qu'un parti politique fasse écho à ces préoccupations). L'élection d'un tel parti consacrerait alors la transition.

Scénario 2: l'union fait la force

Autre scénario possible, les générations trouvent une (ou des) cause commune et décident de prendre les moyens nécessaires afin que la société québécoise reflète leurs préoccupations. Ces causes peuvent inclure ou non les baby-boomers.

Les enjeux qui semblent rejoindre ces conditions sont ceux portant sur l'environnement ou sur la question nationale. Cela dit, le contexte actuel ne laisse pas penser qu'une telle mobilisation naîtra dans la population. Là aussi, il faudrait probablement un phénomène extérieur pour initier un tel mouvement. Si un événement comparable à l'explosion de la centrale nucléaire de Fukushima se produisait au Québec, la population se mobiliserait.

Scénario 3: le temps passe

Une dernière façon pour effectuer une transition est simplement d'attendre que les baby-boomers s'éteignent. Puisque leur espérance de vie est d'environ 80 ans, il faudra attendre encore entre 10 et 25 ans avant que cela se produise.

Selon ce scénario, les membres de la génération X seront, pour les plus vieux, proches de la retraite, ou pour les plus jeunes, à un stade avancé de leur vie professionnelle. Même si cela demeure une généralisation, ce n'est pas vers cet âge que les gens changent leurs modes de penser et de concevoir la société.

Pour les Y, ils se retrouveront à ce moment au cœur de la vie active. Il leur sera possible, s'ils s'en donnent la peine, de prendre le relais des baby-boomers pour influencer la société. Cela dit, la différence numérique avec la génération précédente étant à leur désavantage, ils devront lutter contre l'inertie. Mais comme il y aura un vide, ils rencontreront moins de résistance et se plairont sans doute à la prise de décision.

Conclusion

Selon cette perspective, il est peu probable que la société québécoise connaisse dans un futur prévisible un événement de l'ampleur de la Révolution tranquille. Les prochains défis mobilisateurs semblent être d'ordre économique: le vieillissement de la population coûtera trop cher aux personnes qui auront à supporter la charge économique des baby-boomers.

Cependant, des événements extérieurs peuvent causer une réorientation de la société. Dans le cas du Québec, cet événement devra toucher plus d'une génération pour avoir un effet notable dans la gestion de l'État. S'il y a lieu, de quelle nature sera-t-il? Environnemental, identitaire, économique? Difficile à prévoir mais selon toute vraisemblance, il viendra en réaction à un événement extérieur et non pas à une pulsion interne de la population.

Inspiration et lecture complémentaire:
François Ricard, La génération lyrique, - Essai sur la vie et l’œuvre des premiers–nés du baby-boom -, Climats, 2001, [1992], Coll. Sisyphe, 234 p

Los Angeles - Chicoutimi: Jour 33

Lino sur la route

Los Angeles - Chicoutimi est une série de billets écrits par Lino Tremblay lors de son périple en vélo entre ces 2 villes. Vous pouvez consulter la série complète des billets en retournant sur la page d'accueil de cette section du site.

Jour 33

Date: 23 juin 2011
Emplacement: Chicoutimi, QC
Distance de Los Angeles (à vol d’oiseau): 4208 km
Distance de Chicoutimi (à vol d’oiseau): 0 km

Malgré ce qu'on pourrait croire, le trajet entre Boucherville et Chicoutimi (La Baie, en fait, où m'attendait mon auto) n'a pas été totalement dénué d'intérêt. Au contraire, après avoir vu tant de pays, il me semble avoir été plus en mesure de comparer notre province à d'autres endroits.

Mon principal constat est que la qualité de la Route verte dont on parle tant varie énormément. Oui, c'est vrai que la Route est souvent superbe (mon bout préféré étant la 132 dans les environs de Kamouraska), mais d'autres fois, elle est carrément dangereuse. Aussi, comme la plupart des pistes cyclables, la Route verte effectue parfois des détours tout à fait inutiles, à moins que les arrière-cours et les poulaillers vous intéressent. Autre chose qui m'irrite: les tronçons non pavés. Une piste cyclable sans asphalte, c'est un chemin de terre, point à la ligne. Il ne suffit pas d'y installer une affiche verte pour la transformer en piste cyclable.

La Route verte? Où ça?
La Route verte? Où ça?

Pour ce qui est des endroits, Sorel s'est mérité l'insigne honneur de figurer dans mon palmarès des villes les plus laides, en compagnie de Sudbury (Ontario), Erie (Pennsylvanie) et Beaumont (Texas). Par contre, certains villages agricoles - Yamaska, par exemple - m'ont agréablement surpris, surtout si on les compare à ceux de Nebraska.

Yamaska
Yamaska

Un autre région que je suis content d'avoir visité est Charlevoix, entre Baie-St-Paul et St-Siméon. J'ai toujours eu une préférence pour les endroits situés près d'un cours d'eau et bien garnis en côtes. J'ai donc été gâté dans ce coin, notamment sur la 362, qui relie Baie-St-Paul et La Malbaie. À St-Irénée, il y a des côtes qu'on ne monte pas, mais qu'on "arrache". Certains bouts, j'ai dû me lever et sortir tout mon petit change pour me rendre en haut sans zigzaguer ni mettre le pied à terre, ce qui a bien amusé les cyclistes qui descendaient la même côte avec leur vélo de 18-19 livres. Ça aura probablement été la seule occasion de tout le voyage où j'ai été dans le rouge, mais ça fait plaisir de faire un peu d'intensité après avoir fait du volume pendant plus d'un mois.

Port-au-Persil
Port-au-Persil

Après trente-trois jours de route, j'ai fait mon 6000e kilomètre en sortant de St-Félix-d'Otis, une dizaine de kilomètres avant La Baie. Pour ceux que ça intrigue, je n'ai pas manipulé les chiffres pour arriver si près de l'objectif fixé, mais bien le trajet au fur et à mesure du voyage - s'il avait fallu, je serais allé manger un cornet à Rimouski avant de rentrer à la maison.

Je ne sais pas si c'est à cause des indulgences que j'ai ramassées tout au long de l'hiver, mais j'ai eu une demi-journée de pluie dans tout le voyage. Le vent a beaucoup aidé aussi, bien que je l'ai eu contre moi assez souvent. Bref, mis à part un effet assez catastrophique sur mes finances et quelques marques sur les fesses (ce qui devrait s'estomper avec le temps dans les deux cas), ce voyage aura été mon plus efficace, tant pour la logistique que pour les conditions météo et le physique. Je n'ai pratiquement pas eu de problèmes avec le vélo, j'ai les genoux bronzés, les mains blanches (à cause des gants) et je suis presque en jambes pour le reste de la saison.

Merci à tous mes lecteurs, particulièrement à ceux qui m'ont écrit (par l'intermédiaire de ce site, par courriel ou sur Facebook) et qui ont fait un don à l'ACSM. Ma détermination à poursuivre vient en grande partie de vous!

Los Angeles - Chicoutimi: Jour 29

Lino sur la route

Los Angeles - Chicoutimi est une série de billets écrits par Lino Tremblay lors de son périple en vélo entre ces 2 villes. Vous pouvez consulter la série complète des billets en retournant sur la page d'accueil de cette section du site.

Jour 29

Date: 19 juin 2011
Emplacement: Boucherville, QC
Distance de Los Angeles (à vol d’oiseau): 4005 km
Distance de Chicoutimi (à vol d’oiseau): 361 km

Sur Columbus et Cleveland, il n'y a pas grand-chose à dire, mis à part que quelques tronçons de piste cyclable facilitent les déplacements dans Columbus (ce que je n'avais pas vu depuis longtemps dans une grande ville), et que la principale qualité de Cleveland est de se trouver sur les rives d'une étendue d'eau digne de ce nom (ce que je n'avais pas vu depuis le début de ce voyage), le lac Érié.

Cleveland
Cleveland

Par contre, j'ai vu plusieurs endroits qui m'ont fait regretter d'avoir renvoyé mon matériel de camping au Saguenay (je ne sais plus si je l'ai mentionné, mais j'ai décidé tôt dans le voyage de dormir dans des motels jusqu'à la fin). Le plus tentant a été un immense manoir abandonné, dans un coin tranquille de l'Ohio. Bien entendu, c'était interdit de trépasser sur les lieux, mais bon, personne ne l'aurait remarqué.

Décord de film d’horreur
Un vrai décor de film d'horreur, et j'ai manqué l'occasion d'y passer la nuit…

À Perry, juste avant de quitter l'Ohio, je suis passé près du centrale nucléaire. Comme je n'en avais jamais vu en vrai, je suis allé l'examiner de plus près. Cette centrale devait à l'origine être composée de deux réacteurs, mais un seul a été terminé. L'autre (celui qui ne boucane pas) n'a jamais été complété, faute d'argent (six milliards de dollars avaient déjà été consacrés au projet, quand même!). Non seulement la structure qui est toujours en place n'a-t-elle jamais servi, mais elle devrait probablement être reconstruite à partir de zéro s'il était décidé d'ajouter un deuxième réacteur, tant elle est vieille (elle date du début des années 1980). Il y aurait matière à comparaison avec certaines installations sportives du Québec, mais je vais m'abstenir.

Perry, OH
Perry, OH

Après un bref passage en Pennsylvanie (où Erie s'est mérité le titre de ville la plus laide de mon voyage), je suis arrivé dans l'État de New York. Finalement, ce n'est pas à Buffalo que je suis sorti, mais à Rochester. Comme les autres grandes cités visitées auparavant, Rochester (210 000 habitants, 1 000 000 avec la couronne) ne m'a pas coupé le souffle. Pour la première fois du voyage, j'ai refusé une chambre d'hôtel (ce qui n'est pas peu dire, compte tenu de mon seuil de tolérance aux motels cheap passablement élevé). Le soir de mon passage, c'était le festival de jazz. Les rues étaient pleines de monde - et surtout très sales. Pour ce qui est du night life, c'était quelque chose, mais je dois avouer que ça ressemblait plus à un gros Chicoutimi un soir de Rythmes du monde qu'à une rue St-Laurent ou Ste-Catherine par une belle soirée d'été.

C'est donc avec bonheur que je suis retourné sur les routes de campagne de New York le lendemain. Cet État a été un de mes préférés pour deux raisons. Tout d'abord, les accotemments sont démesurément larges (on pourrait y rouler à quatre de front par grands bouts) et la plupart du temps en bonnes conditions. Ensuite, il y a beaucoup de kiosques de petits fruits, surtout le long du lac Ontario. Je serais bien embêté d'expliquer pourquoi, mais j'éprouve un vif plaisir à manger des fraises en roulant - et surtout à jeter la queue dans le fossé d'un geste décidé et finalement m'essuyer les doigts sur mon cuissard.

Accotement de New York
Accotement de New York

Vingt-neuf jours après mon départ de Los Angeles, me revoici sur les routes cahoteuses du Québec. Encore une fois, j'ai été en mesure de constater à quel point notre réseau routier fait dur, et encore une fois, à quel point l'excuse de l'hiver rigoureux ne tient pas la route (ils ont cela aussi à cent mètres au sud des douanes, pourtant, l'asphalte est belle).

Il me reste moins de 600 km à faire maintenant. Entre Montréal et Québec, je roulerai sur la 132. Ensuite, je ferai un petit crochet sur St-Siméon, histoire de vraiment faire 6000 km. En plus, ça va me permettre d'affirmer que j'ai traversé à vélo tous les villages côtiers du St-Laurent en aval de Montréal, jusqu'à Blanc-Sablon au nord et Percé au sud.

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