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La modélisation de la géo-ingénierie

La géo-ingénierie, c'est l'ensemble des solutions fofolles proposées pour refroidir la planète, étant donné qu'elle se réchauffe. Quelques exemples: ensemencer l'océan avec du sulfate de fer pour développer le plancton, mettre des miroirs dans l'espace ou encore de la poussière en haute atmosphère.

J'ai assisté à une présentation du conférencier itinérant 2009 de la SCMO: Kenneth Denman. Sa présentation avait pour titre Le changement climatique : un choc d'idées scientifiques, politiques, économiques et éthiques .

Kenneth Denman y aborde le thème de la géo-ingénierie. Il ne l'a pas fait pour expliquer comment la technologie pourra nous sauver. Non, il s'est plutôt appuyé sur la façon dont les changements climatiques sont traités par les politiciens. Suite à un tel examen, il a prédit que d'ici 30 ou 40 ans, paniqués, ces derniers se tourneront vers la géo-ingénierie pour éviter que la situation ne se détériore encore plus.

Selon lui, pour pallier ces agissements et prévenir les éclaboussures, les scientifiques devraient modéliser dès maintenant les différentes solutions de géo-ingénierie possibles.

En résumé, ce qu'il propose est de transformer le scientifique en modélisateur de comportement de politiciens. Dans cette perspective, la responsabilité du scientifique repose dans la capacité de prévoir leurs agissements futurs et de se préparer pour avoir des réponses.

Je trouve ça d'une ironie infinie. Pourquoi les scientifiques ne seraient-ils pas en mesure d'influencer les politiciens pour prévenir le pire dont il est question? Maintenant.

Qu'est-ce que le charbon propre?

Photo d’un train au-dessus de Mr. Net

C'est en lisant un article dans Le Devoir qui traite du discours de Sarah Palin que je suis tombé sur le concept de «charbon propre». Notons que Barack Obama a aussi utilisé cette expression lors de son discours d'inauguration comme candidat démocrate aux élections présidentielles américaines.

Je recopie l'extrait du discours de Sarah Palin:

Dès janvier, avec un gouvernement McCain Palin sous allons contruire de nouvelles pipelines… plus de centrales nucléaires… créer des emplois grâce au charbon propre et nous orienter vers les sources énergie alternatives comme le soleil, le vent et la géothermie.»

et celui de Barack Obama:

As president, I will tap our natural gas reserves, invest in clean coal technology, and find ways to safely harness nuclear power.

Voir un terme, dont j'ignore tout, voisiner avec des concepts comme «centrale nucléaire» et «source d'énergie alternative», m'intrigue. Surtout que charbon propre, ça ressemble sérieusement à un oxymoron.

Je me suis donc attaqué à la question: Qu'est-ce que le «charbon propre»?

Premièrement, une note de traduction. On se doute que Mme Palin n'a pas fait son discours dans la langue de Molière. Le charbon propre est en fait, et on peut le lire dans le discours d'Obama, une traduction de clean coal. Ce terme est même parfois traduit en français par charbon écologique.

Une petite recherche nous mène à la Bibliothèque du Parlement sur un texte intitulé Du charbon propre?, la meilleure référence que j'ai trouvée sur le sujet.

On y apprend que le concept de charbon propre doit être utilisé avec le mot technologie. Il s'agit donc de technologies du charbon propre, qui «désigne de façon générale les technologies qui permettent de réduire l’impact environnemental de l’utilisation du charbon. Il n’existe pas encore de technologies qui permettent d’éliminer les émissions associées à cette utilisation. »

C'est donc une définition assez vague puisqu'à partir du moment où il y a réduction d'impact sur l'environnement, concept flou à souhait, on a affaire à du charbon propre. Les technologies auxquelles font références monsieur Obama et madame Palin sont en fait celles qui n'ont pas encore été inventées. Ils fondent leurs espoirs sur des technologies qui sont à inventer pour assurer, en partie du moins, un apport énergétique écologique.

Le gouvernement du Canada n'est pas en reste. Il finance depuis 2005 les cartes routières technologiques du charbon écologique au Canada, un projet de Ressources naturelles Canada qui a pour mission «de déterminer les voies technologiques qui feront du charbon une ressource énergétique écologique et concurrentielle pour la production d'électricité». Les provinces qui ont le plus à gagner si cette technologie voit le jour sont, à cause des gisements houillers présents sur leurs territoires: l'Alberta et la Saskatchewan.

Le charbon est le combustible fossile le plus abondant sur la planète. C'est le seul dont on ne prévoit pas le tarrissement à moyen terme. Avec notre consommation d'énergie actuelle, il en resterait pour 417 ans alors que pour le pétrole, c'est plutôt 43 ans (source). Soyez certains qu'on en entendra parler abondamment dans les prochaines années.

Mise à jour: à lire sur le blogue du New York Times, The Enduring Allure of ‘Clean Coal’

La disparation de la banquise de l'océan arctique

Débâcle dans l’Arctique

Une banquise, c'est une couche de glace formée par la congélation de l'eau de la mer. Or, la banquise qui est présente en continue dans l'océan arctique depuis 14 millions d'années disparaîtra totalement vers 2012-2015. C'est de 30 à 40 ans plus tôt que ce que les pires scénarios du réchauffement climatique avaient prédit.

Ça va faire beaucoup de bruit lorsque la disparation de la banquise sera complète, croyez-moi. Ça va se passer un bon mois de septembre, le moment où la couverture de glace dans l'océan arctique est à son minimum.

Question de ne pas se faire prendre au dépourvu lorsque cette fonte totale surviendra, je vous propose d'écouter l'entrevue de Luc Desjardins du Service canadien des glaces et de Louis Fortier directeur scientifique du réseau Arcticnet à l'émission Les Années lumières du dimanche 3 août 2008. Vous pouvez télécharger la baladodiffusion de cette émission, l'entrevue est au début de l'émission (entre 2:40 et 13:00 dans le fichier audio). Vous serez ainsi paré pour comprendre ce qui arrivera à ce moment.

Informations complémentaires:
* Site web dédié à la couverture de glace aux pôles: The Cryosphere Today;
* Cryosphère: Portions de la surface de la Terre où l'eau est présente à l'état solide;
* Un film qui illustre la fuite de la glace arctique.

Le jour de ma retraite

Ce qu'il y a de bien lorsque l'on travaille au gouvernement fédéral, c'est que l'on connaît le jour de sa retraite.

Dans mon « Relevé de pensions et d'avantages sociaux (des avantages pour vous et votre famille) », il y est écrit que je peux toucher ma pension de retraite à partir du 2034/03/01. Autrement dit, le 1 mars 2034. J'aurai 57 ans, une moustache et de longues oreilles.

Un gros plan sur une bouche entrouverte d

2034, c'est tellement loin que ça a même pas l'air d'une année quand on regarde ce nombre. On va être arrivé à mi-chemin de l'échéance du plan vert des Conservateurs. C'est dire à quel point c'est loin.

Je vais pouvoir me concentrer uniquement sur le blogue à partir du 1 mars 2034.

Ou encore me télécharger sur internet.

Hahahaha!

Nicolas et moi

En effectuant des recherches pour le billet Les fournisseurs d’accès et le contrôle d’internet, une analogie, j'ai lu le discours de Nicolas Sarkozy sur ses mesures pour civiliser internet. Le commentaire suivant m'a fait sursauter (l'hyperlien est de moi):

D’un côté, des réseaux flambant neuf, des équipements ultra-perfectionnés, et de l’autre des comportements moyenâgeux, où, sous prétexte que c’est du numérique, chacun pourrait librement pratiquer le vol à l’étalage.

C'est que, dans un autre billet intitulé l'obscurantisme de l'ADISQ, j'avais moi-même comparé le type de solutions que Nicolas propose comme une pratique du Moyen Âge.

Première curiosité, Nicolas et moi faisons tous deux références à l'époque du Moyen Âge mais pour des raisons diamétralement opposées; lui c'est le comportement qu'il assimile au Moyen Âge, moi c'est plutôt les mesures qui sont proposées par les ayants droits pour contrer ce comportement.

Deuxième point d'étonnement, deux personnes très différentes ont le même point de comparaison lorsqu'il est question de réglementation sur la technologie: le Moyen Âge. Pour moi, c'est suffisant pour faire de cette référence un lieu commun.

Puisque le titre de ce blogue est justement Hors des lieux communs, je promets de ne plus utiliser cet exemple à l'avenir lorsqu'il sera question de nouvelle règlementation sur la technologie.

Mon étonnement est tellement grand, que je propose une variante de la loi de Godwin:

Plus une discussion sur la réglementation de la technologie dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant le Moyen Âge s'approche de 1.

Les fournisseurs d'accès et le contrôle d'internet, une analogie

Nicolas Sarkozy l'a récemment suggéré pour la France. La Suède est en train d'étudier cette possibilité. Chez nous, Solange Drouin de l'ADISQ a demandé au CRTC de l'appliquer. Il s'agit de la suggestion de faire des fournisseurs d'accès internet (FAI) les responsables légaux de ce que circulent sur le réseau, notamment en ce qui concerne les oeuvres protégées par le droit d'auteur. Autrement dit, de faire des FAI les gendarmes d'internet.

C'est une très mauvaise idée. Voici pourquoi.

Le protocole à la base du réseau internet a été conçu de manière que, lorsqu'une communication est établie entre 2 ordinateurs, les noeuds par lesquels l'information transige n'effectuent aucun contrôle sur le contenu: ils ne font que transmettre aveuglément. C'est un des principes les plus importants d'internet: l'intelligence se situe aux bouts du réseau, pas à l'intérieur de celui-ci. Toutes les innovations qui sont apparues grâce à internet au cours des dernières années (pensez à google, wikipédia, YouTube!, ptaff.ca) l'ont été parce que les gens avaient le plein contrôle sur leur bout. Le protocole pour communiquer tous ces 0 et ces 1 lui, n'a pas changé d'un iota. Et, pour ce que l'on peut voir de l'avenir, ce n'est pas prêt de changer.

Visualisation des multiples chemins à travers une portion de l’Internet.

C'est ce principe-là que les politiciens et les gens de l'industrie de la propriété intellectuelle attaquent en voulant faire des FAI des contrôleurs de contenu. Les FAI ont été identifiés parce qu'ils sont la porte d'entrée sur internet. Ils possèdent des noeuds qui sont pratiquement incontournables pour le citoyen moyen qui veut accéder à internet. Ils ont donc été ciblés pour contrôler ce qui s'y passe.

Or, si les FAI doivent contrôler tout ce qui circule sur internet, cela pose d'énormes difficultés. C'est n'est pas pour rien que Solange Drouin de l'ADISQ a cité la Chine en exemple pour le contrôle d'internet. C'est que, pour exercer un contrôle qui est contre la nature du réseau, il faut avoir une approche, et les moyens, d'un système totalitaire.

L'analogie

Étudions l'ampleur de la tâche et les complications qu'entraînerait une telle décision au Canada. Pour ce faire, j'utiliserai l'analogie suivante:

  • les ordinateurs sont représentés par nos maisons;
  • internet est représenté par les routes;
  • les paquets de 0 et de 1 sont transportés les voitures;
  • posons que tous les ponts du Canada sont gérés par des compagnies privées (les FAI).

En dernier lieu, posons que l'alcool de contrebande pose un problème de société grave. Celle-ci est rendue monnaie courante, le gouvernement voit le revenu des taxes sur l'alcool fondre, les grands brasseurs du monde entier prétendent que la production d'alcool est menacée de disparaître si leur modèle de revenu n'est pas protégé (on aura reconnu les oeuvres protégées par le droit d'auteur). Pour combattre ce fléau, le gouvernement décrète que les compagnies privés qui sont en charge des ponts sont responsables si les véhicules qui circulent sur leurs infrastructures transportent de l'alcool de contrebande.

Bar dans une résidence de Villeray

Examinons les défis auxquels feront faces les compagnies privées qui gèrent les ponts.

Défi structurel

Bien qu'une certaine réglementation existe pour les véhicules qui circulent sur les ponts (limite de poids, type de véhicule, conducteur en état d'ébriété, etc.), cette réglementation est la même sur tout le réseau routier et le contrôle est effectué par les autorités responsables (police, ministères des transports, etc.).

Photo d’un poste de péage sur l’autoroute de l’État de Virginie

Avec cette nouvelle loi, les compagnies privées doivent contrôler tous les véhicules. Bien que certains ponts, pas tous, soient munis de guérites pour le péage, la plupart des gens y circulent sans s'arrêter (des cartes magnétiques permettent aux véhicules d'être identifiés, les propriétaires paient un montant mensuel ou reçoivent une facture à la fin du mois). Dorénavant, tous les véhicules devront être contrôlés. La circulation sur les ponts étant déjà problématique à cause des embouteillages, elle le sera encore plus puisque chaque véhicule devra s'arrêter à une guérite. Il faudra donc que les compagnies développent, testent et déploient ces systèmes. Comme il y a des centaines de compagnies différentes en charge des ponts, il y aura fort probablement des centaines de systèmes de guérites différents qui vont être mises en place. De plus les guérites devront aussi répondre aux critères de sécurité du gouvernement, ce qui fait que chaque modification du système devra être approuvée par des fonctionnaires, à moins que le gouvernement n'assouplisse la réglementation pour permettre d'effectuer plus rapidement des changements au système de guérite mais, ce faisant, ils diminuent la sécurité qu'ils sont supposés assurer.

Il y a, bien sûr, des véhicules qui pourront passer sans s'arrêter aux guérites. On pense aux ambulances, aux voitures des policiers, les camions de pompiers, les véhicules diplomatiques, militaires, etc. La compagnie en charge du pont pourrait même louer ou vendre des véhicules « autorisés », véhicules qui seraient dépouillés de toute installation permettant de transporter de l'alcool de contrebande ou, encore mieux, offrir un service d'autobus qui ne s'arrête pas aux guérites. Je reviendra sur ce système de transport plus loin.

Défi juridique

Nos compagnies n'ont aucune expérience ni en contrôle ni en fouille de véhicules. Elles doivent maintenant recruter du personnel et faire en sorte que ceux-ci empêchent tout véhicule de transporter de l'alcool de contrebande sur leurs ponts. Nommons-les les gendarmes. Ces gendarmes ne sont pas des policiers, ils n'ont ni la formation ni le code déontologique de ceux-ci mais, sur le pont, ils auront maintenant les mêmes pouvoir qu'eux. Quelles sont les règles qu'ils utiliseront? Quels recours auront les citoyens contre ces gendarmes? Comment faire pour conjuguer la vie privée et les fouilles systématiques?

Encore une fois, puisqu'il y a des centaines de compagnies privées, il y aura aussi plusieurs façons de faire respecter la nouvelle réglementation. Y aura-t-il moyen de connaître exactement les moyens et politiques mis en place par les compagnies pour faire respecter cette loi? Les textes de loi du gouvernement sont publics et nous pouvons toujours utiliser la loi d'accès à l'information. Cette protection n'existe pas dans le cas des compagnies privées.

Les contenants

L'alcool de contrebande est, parfois, aisément identifiable à l'étiquette. Mais, il est possible de transférer le liquide dans un autre contenant. Les brasseurs ont promis de mettre au point un contenant scellé, inviolable, qui permettra aux gendarmes sur les ponts de l'identifier immédiatement. Nomme-le un contenant certifié.

Bouteille de Klein

Qu'adviendra-t-il des liquides dans les autres contenants? Seront-ils systématiquement saisis? Si oui, n'avantage-t-on pas ainsi les brasseurs commerciaux produisant les quelques contenants certifiés par rapport aux petits brasseurs et aux brasseurs artisanaux qui n'ont pas ces moyens? Si non, devra-t-on tester les liquides dans les contenants non certifiés avant de les laisser passer? Dans ce cas, quels seront les tests? qui sera en charge de l'analyse et comment pourra-t-on vérifier ou contester les résultats? Le conducteur ayant en main un contenant non certifié ne sera-t-il pas indûment ralenti dans ses déplacements?

De plus, si les contenants certifiés sont destinés à être ouvert pour en boire le contenu, comment peut-on s'assurer qu'un bricoleur n'inventera pas dans son sous-sol un bouchon permettant de mettre un autre liquide et de le reboucher? Ou encore d'imiter l'apparence du contenant certifié?

Le cas de la Chine

Voyons maintenant, tout en continuant notre analogie, pourquoi la Chine est en mesure d'effectuer ce contrôle.

Premièrement, le gouvernement chinois possède tous les ponts. Il n'y a donc qu'un seul type d'infrastructure à mettre en place.

Deuxièmement, le style de vie des Chinois est beaucoup moins axé sur les transports sur les routes que peut l'être celui des Canadiens. Cette réglementation touche donc, proportionnellement, moins de gens (quoique ce nombre soit sans cesse croissant).

Troisièmement, la Chine possédant tous les ponts, c'est sa propre réglementation qu'elle met en vigueur. Les Chinois possèdent donc les mêmes leviers contres les gendarmes des ponts que pour ceux des autres secteurs du gouvernement chinois, c'est-à-dire pas grand chose.

Donc, la réglementation peut être appliquée en Chine à cause du monopole étatique qu'il possède. Puisque les pays où ce contrôle est proposé (Canada, France, Suède) n'ont pas de monopole sur les ponts (les FAI) et qu'il est plus qu'improbable qu'il l'impose, la Chine n'est pas un exemple valable pour nos pays.

Notons que je n'ai pas eu à invoquer la liberté d'expression ou encore les droits de l'homme pour démontrer que la méthode chinoise ne peut s'appliquer ici. Je ne veux pas diminuer l'importance ou la valeur de ces arguments, seulement que je n'ai pas eu à les utiliser.

Anticipation

Tout en poursuivant la même analogie, supposons que, malgré tous les problèmes évoqués plus haut, le gouvernement décide tout de même d'aller de l'avant. Que se produira-t-il?

Dans un premier temps, ça ne fera pas l'affaire des compagnies privées responsables des ponts. Ce sont des experts en génie civil, pas en contrôle de véhicules. Mais, puisqu'ils y sont contraints, ils en profiteront pour faire des affaires, loi du marché oblige.

Les gens étant habitués à circuler librement et, surtout, rapidement, ils chercheront des moyens pour revenir à cette situation. Les compagnies possédant les ponts, sensibles à cette demande et aux opportunités commerciales, vont s'organiser en consortium pour proposer un système de transport efficace et rapide évitant les moyens de contrôle (pour l'autre côté de l'analogie, on parle ici de neutralité de réseaux). Ils auront ainsi un monopole, inévitable, sur les moyens de transport efficaces et auront ainsi tous les avantages que cette position implique dans un marché.

Il y aura aussi, bien sûr, un partenariat avec les grands brasseurs, les transporteurs vantant les mérites de ces produits, affichant de la publicité dans les autobus de la compagnie de transport, installant des magasins vendant ces produits aux terminus et aux gares routières.

Le summum de ce marché surviendrait si une même compagnie était un grand brasseur et possédait des ponts. Le potentiel commercial serait dès lors très, très intéressant.

Mais n'est-ce pas déjà le cas?

La fuite de la glace arctique

Il n'y a pas seulement l'augmentation de la température de l'air qui fait fondre la banquise arctique, les vents et les courants marins ont aussi un rôle à jouer. Moins bien compris, ils pourraient avoir une influence plus grande que prévue.

Voici un film tiré de l'article Variations in the Age of Arctic Sea-ice and Summer Sea-ice Extent de Ignatius G. Rigor. Il s'agit de la couverture de glace de l'océan arctique entre 1979 et 2007. La couleur représente l'âge de la glace, plus c'est blanc, plus la glace est vieille. Les points rouges représentent les trajectoires de bouées dérivantes.

On constate que la couverture de glace diminue énormément dans les dernières années. La fuite de glace dans le coin inférieur droit se situe entre le Groenland et Svalbard.

Au mois de septembre dernier (2007), la banquise arctique a atteint un niveau minimal record depuis que l'on a des données sur son étendu. Il ne faut pas être surpris si la disparition de la couverture atteint encore un nouveau record au mois de septembre prochain.

Plus d'info: ptafflist

Un peu de Frank Zappa

Extrait d'un article sur les visionnaires du magazine Jobboom signé Jean-Sébastien Marsan:

En 1983, le compositeur américain Frank Zappa a sollicité un appui financier de la part de la société de capital de risque Rothschild Venture Capital. Le musicien avait conceptualisé un système de téléchargement de pièces musicales, numérisées ou analogiques, par téléphone ou par câble. L’industrie du disque vinyle disparaîtra un jour, plaidait Zappa. «Les consommateurs de musique consomment de la musique […] et pas spécialement des articles de vinyle dans des pochettes en carton.» Rothschild Venture Capital a rejeté le projet… Frank Zappa a été emporté par un cancer en 1993, peu avant l’explosion du téléchargement de musique au moyen d’Internet.

Source de la citation : Zappa par Zappa, Editions de l'Archipel, Paris, 2000, ISBN 2-84187-226-2, p. 360

Le potentiel militaire du One Laptop Per Child

Qu'advient-il lorsque les caractéristiques souhaitées par une oeuvre de bienfaisance sont les mêmes que la guerilla?

En primeur sur ptaff.ca, un article d'anticipation de Yannick Lemieux:
Du potentiel militaire du « One Laptop Per Child »

Bell Sympatico contrôle votre vitesse

Quelque part au beau milieu de son forum anglophone de support technique , nous apprenons que Bell Sympatico utilise maintenant un « gestionnaire de trafic internet pour restreindre les comptes qui utilisent une large portion de la bande passante durant les heures de pointe ». Les comptes utilisant une large portion de bande passante appartiennent essentiellement aux gens utilisant les applications dites poste à poste (P2P): bittorrent, amule, etc.

Premier constat: En procédant de la sorte, Bell Sympatico ne respecte pas la neutralité des réseaux, c'est-à-dire qu'une discrimination entre les applications utilisant internet est appliquée.

Note de traduction

En anglais, le terme utilisé pour le type de contrôle que Bell Sympatico effectue est « throttling », mot provenant de « throttle » qui signifie « valve ». Le grand dictionnaire terminologique propose, pour à peu près tous les champs lexicaux, le mot étranglement comme traduction de throttling.

Le mot « étranglement » dans le champ lexical génie mécanique a comme définition: « Diminution de débit grâce à un organe d'étranglement mis en place dans la conduite ». Si l'on considère que l'organe d'étranglement est un logiciel et que la conduite est la bande passante, la définition convient parfaitement à la pratique de Bell Sympatico.

Deuxième constat: Bell Sympatico, tout comme les FAI américains utilisant l'étranglement, a commencé la strangulation en catimini. Aucune annonce chez Bell Sympatico: il faut lire le quatrième article, en anglais, sur un forum de support technique fait par un Administrator. Les détails sur la façon dont se fait cet étranglement sont bien sûr inconnus des usagers. Toutes les spéculations sont dès lors permises.

Par exemple, Bell, tout comme Vidéotron, offre des services qui passent sur internet. Dès lors, qu'est-ce qui l'empêchera de prioriser son propre contenu? Même s'il ne le fait pas, Bell sera tout de même accusé d'exercer cette pratique. Mais comment faire la différence? En faisant confiance à Bell?

Cet étranglement de la part de Bell Sympatico soulève aussi d'autres questions. Qu'arrive-t-il aux autres FAI utilisant la technologie ADSL et passant par le réseau de Bell? Leurs clients subissent-ils eux aussi cet étranglement par cascade? Bien que m'affirmant que mon service n'est pas touché, mon FAI (AEI Internet) est-il un client de Bell plus respecté qu'un simple individu? Et à supposer que mon FAI n'utilise pas d'étranglement, serai-je averti s'il commence à utiliser cette technique?

Certes, ce n'est pas par plaisir que Bell Sympatico impose cet étranglement. En fait, Bell Sympatico commence à manquer de bande passante aux périodes de pointe, problème qui peut être amenuisé en jugulant les applications les plus carnivores, soient les applications poste à poste. Une autre solution serait d'augmenter la bande passante de leur infrastructure. La rumeur est que, Bell Canada ayant changé de propriétaire dernièrement, ce soit pour l'instant le statuo quo jusqu'à ce que la nouvelle direction décide où seront fait les investissements et coupures. L'étranglement est une solution logicielle ne nécessitant pas, ou très peu, d'investissement, c'est celle-ci qui aurait été adoptée.

Comment peuvent s'opposer les clients de Bell Sympatico? Je vois 4 moyens.

1 - Recours légaux. Bell Sympatico, comme tous les autres FAI, est lié par un contrat ou une entente d'utilisation qui peut, peut-être, offrir une protection contre l'étranglement. Je doute par contre que quiconque soit intéressé par une bataille juridique contre un horde d'avocats avec un financement quasi-infini.

2 - Nouvelle législation. Crise annoncée depuis 1999 par Lawrence Lessig dans son livre Code and Other Laws of Cyberspace, l'étranglement effectué par les FAI était prévisible. La littérature concernant le pour et le contre d'une intervention des gouvernements dans la neutralité d'internet est abondante. Puisque ce débat a lieu depuis un bon bout de temps chez nos voisins du sud et qu'aucune nouvelle loi n'a été promulguée, il y a fort à penser qu'un gouvernement Conservateur au Canada ne fera rien non plus, du moins à court ou moyen terme.

3 - Fuite des clients. Si les clients de Bell Sympatico optent pour un autre FAI, une fois leur contrat arrivé à échéance, peut-être cela aura-t-il un effet sur l'étranglement effectué par Bell. Encore faudrait-il que les clients qui quittent soient nombreux, que leur motif de départ soit clair et qu'ils soient certains de trouver mieux ailleurs. Des alternatives existent, notamment tous les joueurs mineurs tel que mon propre fournisseur. Cependant, si le réseau de Bell Sympatico ne peut supporter tout le trafic aux heures de pointe, il ne pourra pas plus le supporter si les clients font affaires avec des FAI étant eux-mêmes sur ce réseau. Il ne reste donc qu'à utiliser une autre technologie disponible, alternative pour l'instant réduite au câble, c'est-à-dire Vidéotron. Or, Vidéotron n'offre plus de forfait illimité et fait payer pour la bande passante utilisée supérieure à la limite fixée. Bien qu'ayant le mérite d'avoir une politique claire, ce service n'est pas équivalent à un forfait illimité chez Bell Sympatico.

4 - Combat technologique. Puisque l'étranglement est basé sur l'identification des applications poste à poste, il suffirait à ces dernières, tel qu'expliqué par Wayne sur la ptafflist, de se déguiser en d'autres applications. Cette solution, à mon avis, est simple et, une fois implémentée dans un ou des logiciels, se propagera rapidement sur les ordinateurs des utilisateurs. Oui mais, puisque l'étranglement prévient la congestion, toute cette mascarade ne risque-t-elle pas de ralentir tout le trafic de Bell Sympatico? Oui, et à ce moment-là, la seule option de Bell Sympatico sera d'augmenter la capacité de son réseau.

Parrions que, tout au long de cette épopée appréhendée, le contenu produit, vendu et diffusé par Bell Canada aura le champ libre et respirera librement sur son propre réseau. La charité bien ordonnée ne commence-t-elle pas par soi-même?

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